The Will to battle

Troisième tome de la tétralogie Terra Ignota de Ada Palmer, The will to battle est un roman dense dont il est difficile de parler sans dévoiler en partie l’intrigue des deux premiers tomes.
L’utopie qu’est notre planète au XXVe siècle est en effet en train de s’écrouler, après les révélations des tomes précédents les différents « groupes » qui ont remplacé les nations se regardent en chien de faïence et la guerre semble inévitable. Le lecteur suit les tentatives pour éviter, ou du moins retarder, le conflit.
Toujours servi par un narrateur dont l’objectivité et la santé mentale sont douteuse, le roman plonge dans les méandres de la politique du future, avant un final à la fois logique, abrupte et assez surprenant.
Oscillant entre discussion de philosophie politique, de jeu d’alliance, du poids du passé et de la meilleure manière d’organiser politiquement une société mondiale, ainsi que de sauver le futur lors d’un conflit pouvant potentiellement mener à la fin de la race humaine, The will to battle est un roman vertigineux. Le lecteur étant maintenant familier de l’organisation sociale du XXVe siècle, Ada Palmer peut alors développer d’avantage son propos.
Souffrant peut-être de quelques longueurs et d’une narration qui camoufle sous les oripeaux de la fiction des discussions de philosophie politique, The will to battle reste pour moi un roman marquant qui par son propos, sa richesse et sa complexité le font se rapprocher de classique tel que Dune ou Hypérion.

The City of Brass

Premier tome d’une trilogie de Fantasy basée sur les mythes et légendes orientaux.
The City of Brass débute au Caire, au dix-huitième siècle, et s’attache au pas de Nahri, une jeune femme, qui n’a pas connu ses parents, capable de détecter les maladies et de comprendre / parler toute les langues qu’elle entend, mais qui vit au jour en le jour, mi-voleuse / mi- arnaqueuse. Lorsqu’elle invoque, sans le vouloir (après tous la magie cela n’existe pas) un djinn, elle se retrouve projeté dans un monde de légendes vivantes et au seins d’intrigues qui la dépasse. Débute un voyage qui la mènera dans la cité Daevabad à la recherche de son passé et dans un nid d’intrigues liées à l’histoire de la plus grande cité des djinns….
Parallèlement le lecteur suit les déboires du plus jeunes fils du roi de la cité qui navigue entre intrigues de palais et son penchant à vouloir aider les plus démunis (les habitants mi-humains mi-djinns de la cité) qui le pousse, en croyant bien faire, à fréquenter des groupes aux intentions troubles…
The City of Brass est bien écrit et propose une Fantasy arabisante plaisante et pleines d’intrigues, j’attend avec curiosité et envie la suite.

Fix

Troisième, et dernier, tome de la sympathique série Mancer (après The flex et The flux) qui décrit un monde où les personnes dont les obsessions sont suffisamment fort peuvent plier la réalité à leurs désirs, au risque de s’attirer de la malchance en retour, voir de détruire une partie de la réalité (ce qui est arrivé à l’Europe durant la Seconde guerre mondiale).
Suivant l’histoire de Paul Tsabo, un mancer dont l’obsession est la bureaucratie et de sa fille, game-mancer, Fix conclut la série de manière très satisfaisante. Alors qu’il tente depuis plusieurs mois de donner aux mancers une image positive, tout en les protégeant, Paul laisse sa fille participer à un match de foot. Durant celui-ci elle utilise ses pouvoirs et la situation dégénère au point de menacer la réalité dans la petite ville américaine où se déroule la partie.
Traqué, Paul Tsabo perd sa fille au profit de Smach l’organisation qui traque les mancers et les fait rejoindre un collectif d’unimancer tous lié et qui tente de protéger le monde de ce qui se passe en Europe. Paul se lance alors dans une croisade pour récupérer sa fille qui le mènera en Europe; mais sa fille a-t-elle vraiment besoin d’être sauvée ?

Présentant les tenants et aboutissant d’une menace vielle de 50 ans sur la réalité elle-même et sur ceux qui lutte contre elle, Fix propose des réponses, une fin très satisfaisante et une perspective différente sur les mancers. Au final une série très bien faites et agréable à lire.

Anno Dracula 1’000 Monsters

Cinquième opus de la série Anno Dracula, situé dans une uchronie littéraire (un monde où Dracula a gagné à la fin du livre éponyme et est monté sur le trône de l’Empire britannique, et où le lecteur croise des personnages de fictions et ayants réellement existé),  Anno Dracula One Thousand Monsters situe son intrigue peu de temps après le premier tome au Japon, en 1899.

Suivant un groupe de vampires ayant fuit le régime de Dracula, et cherchant une terre d’accueil, l’histoire propose une plongée dans le monde vampirique nippon constitué de lignées (les Yokais) aux formes et psychologies parfois très éloignées de l’humain.

Mené par Geneviève Dieudonné, Kostaki,, Daniel Dravot, et Christina Light, des personnages déjà aperçu dans les autres tomes de la séries (et notamment Geneviève qui a une place importante), l’intrigue se déroule principalement dans Yokai Town, la cité où sont confinés les créatures surnaturelles du pays. Pris dans des intrigues locales, les vampires européens vont se trouver entre le pouvoir ancien de la puissante reine de l’hiver et celui, plus récent, de la société secrète de la Vague noir. Et bien sur au dessus de tous cela plane l’ombre de Dracula dont les desseins semblent également englober l’Asie…

Toujours rempli de références à la culture populaire (dont celle du Japon que je connais moins bien), ce cinquième opus donne également des détailles sur la passé de Geneviève. Bien écrit, il est agréable à lire (et donc mon cas à écouté, la version audio, narré par la même voix que les tomes précédents, est de qualité), mais il reste néanmoins un roman plus mineurs dans la série, aux enjeux moins intéressants (le lecteur sait qui va s’en sortir) et qui transforme un peu le monde vampirique en un grand cirque aux transformations les plus fantaisistes.

Tool of War

Troisième roman situé dans le même futur (après Ship Breaker et The Drowned Cities), Tool of War est à la fois une conclusion à la « série » et une synthèse qui réunit dans la même histoire l’ensemble des personnages principaux des autres romans.
Situé dans un futur marqué par le déclin des états-nations, par la montée en puissance des cités et des multinationales, par le changement climatique (l’ensemble des villes de la côte Est des États-Unis, par exemple, ne sont plus qu’un gigantesque marécage), par l’augmentation des inégalités et par l’existence d’humains « OGM », le roman suit le destin de Tool, un soldat redoutable crée entièrement en laboratoire (en mixant sur une base humaine des gênes animaux).
Après s’être rebellé contre ses maîtres, Tool s’est fait discret. Mais sous sa férule, les différentes factions qui se faisaient la guerre dans les cités « englouties » (The Drowned Cities) sont soit vaincues soit sous son commandement. Attirant l’attention de ses anciens maîtres, il réchappe de peu à la mort et débute une fuite qui le mènera dans un puissant port indépendant et peut-être jusqu’à faire vaciller la multinationale qui l’a fait naître…
Labélisé « Young Adult », Tool of War est bien écrit et intelligemment mené. Le lecteur qui connait déjà Bacigalupi retrouvera ici, sa patte dans la description d’un futur ou se côtoie à la fois le meilleur et le pire du progrès.

Empire Game

Second cycle dans la série des Princes-Marchands, Empire Game se déroule une vingtaine d’année après cette première série et s’intéresse à l’évolution de « notre monde » et de celui dans lequel les survivants du Clan se sont réfugiés.
Pour rappel, le Clan était un regroupement de famille, venu d’une terre parallèle, dont les membres avaient la capacité de se déplacer entre « notre terre » et la leur. Ils s’étaient enrichis en pratiquant le trafic de drogue (leur monde était d’un niveau technologique proche de notre moyen-âge). Découvert par le gouvernement américain, l’antagonisme entre le Clan et les USA s’était assez mal terminé pour les USA et très mal pour le Clan dont les survivants se sont réfugié sur une troisième terre parallèle nouvellement découverte où une révolution venait de remplacer la monarchie en Amérique du Nord.
« Aujourd’hui » (soit presque deux décennies plus tard) les choses ont évolués dans les deux terres parallèles. Chez « nous », l’état est devenu super paranoïaque et surveillé de très près ses citoyens (caméras, surveillances électroniques, drones, testes génétiques,…) dans la crainte d’un retour du Clan. Dans le même temps, l’exploitation des plusieurs terres parallèles a permis une croissance économique importante.
Chez « eux », les survivants du Clan se sont organisés et, au grand jour, ont épousé la cause de la révolution et mènent un plan d’avancée technologique au pas de charge afin d’être près le jour où les États-Unis les retrouveront.
Empire Game suit à la fois les événements dans notre monde, où Rita Douglas, une orpheline qui porte, sans le savoir, le gêne récessif permettant de voyager entre les monde est sur le point de se voir manipuler par son gouvernement dans la position de devenir leur super-espionne, et ceux du monde d’à côté où la mort prochaine du père de la révolution menace le gouvernement mis en place. La rencontre de ces deux mondes semblent inévitable alors qu’une menace plus ancienne et puissante porte son ombre sur tous…
Empire Game est un très bon roman, bien écrit et passionnant. Maintenant je veux lire la suite (qui ne devrait tarder à sortir)….

The Wind in His Heart

Nouveau roman de Charles De Lint, le premier à destination d’un public adulte en huit ans, The Wind in His Heart est un gros roman (plus de 500 pages) où De Lint reprend les différents éléments qui caractérisent ses écrits.
Le lecteur y trouvera donc : un lieux : la reserve indienne située dansHierro Maderas Mountains (près de la ville imaginaire de Santo Del Vado Viejo); des personnages qui se cherchent ou qui fuient leur passé (Steve Cole, une rockstare supposément mort qui vit en ermite dans le desert depuis des décennies, Thomas Corn Eyes un jeune amérindien qui a le don de double vu mais rêve de quitte la reserve, Sadie Higgins une ado perdue et désœuvrée, et Leah Hardin une blogeuse de Newford qui vient pour enquêter sur la rockstare disparue), une tension en modernité et tradition (le village versus les casinos), des créatures de l’autre monde, etc…. Lorsque tous ces personnages se retrouvent dans la reserve et que le conflit entre les modernes et les traditionalistes escalade avec l’implication des esprits, les vies de chacun seront entraînées dans des directions insoupçonnées…
Sans être, de loin, son meilleur roman, The Wind in His Heart est un De Lint pur jus où l’écrivain montre une nouvelle fois tous son talent pour dépeindre des histoires humaines où le surnaturel côtoient notre monde quotidiennement pour qui sait le voir. Le roman aurait peut-être mérité d’être plus court, il a quelques longueurs, mais il m’a quand même beaucoup plus. Un mot finalement sur la version audio dont le lecteur, Tom Stechschulte, a une voix très grave / mature qui, si elle va bien pour le point de vu de Steve Cole, est parfois un peu surprenante pour les personnages féminins ou plus jeunes.

Provenance

Nouveau roman de Ann Leckie, dont la trilogie des Chroniques du Radch est parue en français en 2016 et avait fait coulé pas mal d’encre (en bien et en mal) dans la blogosphère, Provenance se déroule dans le même univers, quelques temps après la trilogie, mais se lit de manière totalement indépendante.
J’avoue avoir eu un avis un peu mitigé sur Les Chroniques du Radch, c’est donc avec une curiosité teintée de prudence que je me suis attaqué à la version audio. Et bien, pour faire court, Provenance est un bon roman que j’ai pris grand plaisir à lire.
Le lecteur y suit Ingray, une jeune femme adoptée dans une puissante famille, qui, pour se faire bien voir, monte un plan audacieux afin de libérer de prison le fils d’une autre puissante famille qui a volé des reliques de valeurs; son but est de découvrir où ces dernières ont été cachées et de pouvoir les retrouver.
Evidement son plan ne va pas se dérouler comme prévu. Son retour chez elle, avec le prisonnier libérer, va lui faire prendre conscience des biais de la société dans laquelle elle vit. Les conséquences des Chroniques du Radch (la destruction d’une porte stellaire et l’organisation d’une réunion des races pensantes) vont se faire sentir sur sa planète. Devant faire face à une invasion et à l’intérêt de l’ambassadeur d’une race extraterrestre, Ingray aura fort à faire pour garder le contrôle sur sa vie.
Provenance est certes un roman à l’intrigue sympathique et bien menée, mais c’est aussi une réflexion sur l’identité d’une culture; et plus précisément sur les artefacts qui fondent cette identité. Le format plus court (il s’agit d’un roman pas d’une trilogie) évite également de diluer le propos. Provenance est donc pour moi une réussite.

La bibliothèque de Mount Char

Pas mal de chroniques ont parlé de La bibliothèque de Mount Char de Scott Hawkins, et elles ont toutes pointées sur la difficulté de parler du roman sans en déflorer l’intrigue pour celui ou celle qui souhaiterait le lire.
Donc pour ceux qui veulent garder un élément de surprise lisser ce paragraphe et arrêter vous ensuite. La bibliothèque de Mount Char, que j’ai lu en VO et en version audio, est roman entre le fantastique et le mythologique, remplis de rebondissements, à l’écriture sérielle marquée (penser comics ou séries TV), et qui fait penser par moment à des oeuvres d’Urban Fantasy lorgnant du côté des mythes (Amercian Gods par exemple mais pas seulement et pas entièrement). C’est très bien, un bon page turners, mais au vue de la hype sur le sujet je m’attendais à quelques choses d’un peu plus profond. Mais que cela ne vous retienne pas de passer un super moment avec un très bon bouquin.
Pour ceux qui n’ont pas peur d’en savoir un peu plus et bien saché que le roman suit douze jeunes gens, se faisant appeler des bibliothécaires car chacun d’eux maîtrise un catalogue qui leur octroient des capacités surnaturelles (parler avec les morts, soigner, parler toutes les langues, etc.). Ils ont tous été adopté par une mystérieuse figure ancienne et très très puissante.
Hors cette dernière est portée disparu et une force surnaturelle les empêches de rejoindre la Bibliothèque. Débute alors une enquête pour comprendre ce qui est arrivé au Père. Entre magie, rebondissements, trahisons et passé, c’est le futur du monde qui se joue.
La bibliothèque de Mount Char est fun, bien pensé et rapide. Une adaptation en séries TV ou en comics serait sans doute du plus belle effet.

The Stone Sky

Troisième, et dernier, volume de la série La terre fracturée, The Stone Sky termine de manière magistrale cette série.
Comme pour le tome précédant, il est difficile de parler de la fin d’une série sans dévoiler les arcanes de ses intrigues. Néanmoins le lecteur trouvera ici la réponse aux différentes questions et mystères restés en suspens dans les autres tomes : l’origine des obélisques, des mangeurs de pierre (« stone eaters »), de la catastrophe, des gardiens….
L’écriture est toujours aussi prenante et le récit alterne, comme dans le second tome, entre Essun et sa fille, en y ajoutant le suivi de la création des obélisques dans le lointain passé du monde. Il sera beaucoup question de voyages et de déplacement (avec peut-être quelques longueurs dans le déplacement de la communauté qui a accueilli Essun).
Au final La terre fracturée est une série qui conjugue avec bonheur et maitrise aventures, construction d’un monde originale, réflexions intelligentes sur les relations entre groupes sociaux et les mécanismes de la domination et enjeux écologiques.