The Obelisk Gate

Second tome de la trilogie de La terre fracturée, The Obelisk Gate débute là où le premier tome se termine. Il est toujours difficile de parler d’un tome 2 (3, etc.) tant l’intrigue dépend souvent des tomes précédents.
En tenter de ne pas trop en dire, il est néanmoins possible de pointer les éléments suivants :
– Le personnage de Nassun, la fille de Essun, a le droit au suivi de sa propre histoire, qui prend de l’ampleur avec ce tome.
– L’histoire de Essun prend de l’ampleur avec la description de la vie dans une communauté lors du début d’une cinquième saison.
–  Les origines des cinquièmes saisons, les « mangeurs de pierre », les mystères des obélisques, les gardiens : tous ses éléments sont abordés alors que le voile lève peu à peu sur le passé complexe de ce monde.
The Obelisk Gate est un très bon roman qui combine une écriture qui pousse le lecteur dans le roman, une aventure et des secrets passionnants, et des réflexions écologiques (sur les relations homme-nature) et sociales (sur les relations dominés-dominants, sur le vernis de civilisation de l’humanité, sur l’acceptation / le rejet de la différence) amenées avec tact, à propos et intelligence. Un prix Hugo 2017 qui est clairement mérité.

Children of Time

Vaste fresque de science-fiction, Children of Time de Adrian Tchaikovsky de déploie sur plusieurs millénaires et retracent le destin des derniers humains et de leurs héritages….
Débutant dans un futur éloigné où l’humanité à débuté son expansion dans l’univers (avec des technologies comme la terraformation, des vaisseaux pouvant se déplacer au quart de la vitesse de la lumière et des procédés de cryogénisation qui permette à des équipages du survivre au voyage).
Au début du roman la doctoresse Kern est sur le point de mettre la dernière pierre à une expérience de « uplifting ». Sur une planète terraformée dans ce but, une population de singe va être relâchée et un nano virus spécifiquement conçut pour va élever peu à peu, au fil des générations, leur intelligence au niveau humain. Un satellite doit contrôler l’expérience avec à son bord un humain cryogénisé attendant l’éveil de la population simiesque (un signal radio envoie des problèmes mathématique complexes en direction de la planète dans l’attente de l’envoie des solutions en retours).
Mais c’est sans compté un vaste mouvement anti-technologique dont un membre sabote l’expérience. Kern doit se réfugier dans le satellite et le cargo de singe est détruit. Se mettant en hibernation dans l’attente de secours, Kern est bien loin de se douter que la guerre qui éclate dans l’espace humain va renvoyer l’humanité des siècles en arrière.
Sur la planète le nano virus qui a pu se déployer va infecter les seules populations à sa disposition : les insectes, passagers clandestin de tous voyage stellaire (le reste des animaux de la planète ont été soigneusement immunisés au virus afin de ne pas biaiser l’expérience). Ainsi au fils des siècles c’est une population d’araignées qui va progressivement voir son intelligence se développer…
Dans le même temps, la Terre relève la tête et re-développe / re-découvre les technologies avancées. C’est sans compter le poison de la dernière guerre qui détruit peu à peu la planète. Dans un vaisseau arche, les derniers survivants de la race humaine (avec une technologie avancée mais moins qu’à l’apogée de la race humaine) fuit dans les étoiles à la recherche d’un monde terraformé viable. Ils arrivent bien sur dans le système de la planète expérience où Kern et le satellite avenacée les mettent en fuite…
Débute alors une histoire double s’étalant sur plusieurs millénaires : le suivit des derniers survivant de l’humanité et le développement d’une société arachnide, matriarcale et à l’intelligence différente. Un système biologique de transfert d’expérience crée des lignées d’araignées aux même noms que le lecteur peut suivre à travers l’histoire, provoquant un attachement aux différents protagonistes.
Les trajectoires des deux espèces les dirigent vers une confrontation inéducable qui semble vouée à répondre à une question : qui survivra ?
Children of Time est une fresque passionnante, bien écrit, agréable à lire, bien pensée qui pose la question de ce que serait une intelligence « autre », sur notre capacité à la reconnaitre comme tel et sur le développement d’une civilisation.

La cinquième saison

La cinquième saison, the fifth season dans son titre original (langue de mon écoute/lecture, je l’ai lu en livre audio) est le premier tome de la trilogie de La terre fracturée dont le premier tome sort d’ici quelques jours en français.

N. K. Jemisin a gagné le prix Hugo pour se roman en 2016 (et également en 2017 pour le second tome, mais il faut me laisser le temps de le lire). La cinquième saison est un roman qui se part des atours classiques de Fantasy : un monde (The Stillness) caractérisé par une tectonique extrêmement instable et active qui détruit de manière régulière les civilisations (durant la cinquième saison, celle qui arrive après un événement tectonique puissant), des individus capable d’influencer ou de calmer la Terre (les Orogenes), des créatures sentientes liées à la Terre à l’agenda obscures, des obélisques de cristales flottant et se déplaçant à la surface du globe, une quête pour sauver ou détruire le monde, une « école de magie », … Le vernis de Fantasy se teinte de steampunk ou de technologies avec la maîtrise, imparfaite, de l’électricité, du verre, de l’acier ou encore de bio-implants…

Mais là ou Jemisin est très forte, c’est au niveau de son récit. Outre une plume agréable à lire et de qualité, Jemisin va utiliser les trops de la Fantasy afin de décrire comment une majorité domine et exploite une minorité. En effet les Orogenes sont si craints pour leur pouvoirs qu’ils ne sont plus considérés comme des humains. Tués à certains endroits, la plus grande puissance politique du monde, les enferme, les brise et les entraînes afin d’en faire des outils pour asseoir sa puissance (capable de calmer les soubresauts de la Terre, ils permettent de maintenir une région calme et donc de construire grandes villes et routes). Jemisin montre comment ils sont brisés et contrôlés de manière très fine.

Mais La cinquième saison n’est pas qu’un roman sur l’oppression d’une minorité, des thèmes comme l’écologie, la civilisation, les lois et la mémoire sont également très présents dans l’histoire.

L’histoire elle-même : le lecteur suit le destin de trois femmes (une enfant, une jeune femme et une mère de famille), toutes trois Orogenes. L’enfant est retiré à sa famille pour être formée à « l’académie », la jeune femme, Orogene compétente, est envoyé en mission avec l’un des plus puissants des siens, et la mère de famille, cachant ses pouvoirs, est lancée sur les routes afin de retrouver son enfant que son père a enlevé, alors qu’une cinquième saison qui s’annonce très longue débute…

La cinquième saison est un roman dont l’histoire est très agréable à lire, bien écrit et aux thématiques interessantes et bien amenés, maintenant je veux lire la suite….

Anno Dracula 1899

Recueil de nouvelles de Kim Newman, Anno Dracula 1899 propose une vingtaine de nouvelles (la liste complète peut se trouver sur la chronique de Gromovar) qui explore des uchronies littéraires (des sortes de « et si » se déroulant dans des univers littéraires) sur divers personnages et archétypes de la culture monstrueuse populaire. Un extrait du prochain tome de la série Anno Dracula se déroulant au Japon conclut le recueil.

Le lecteur retrouvera donc le monstre de Frankenstein, le docteur Jekyl (enfin son élixir), des super-héros, Edgard Alan Poe, le cinéma monstrueux, des vampires, des zombies, etc.

Le tout pour un recueil où la qualité des nouvelles est très bonne, avec certaines nouvelles qui sont juste superbes. La version audio est de très bonne qualité avec un bon lecteur (un bémol sur une nouvelle écrite pour l’audio qui n’est pas présentée dans sa version enregistrée original, qui avait plusieurs acteur, c’est dommage).

Bref un très bon recueil avec plusieurs pépites.

The clockwork dynasty

Le nouveau roman de Daniel H. Wilson, The clockwork dynasty, est plus léger que ses précédents romans (dans le sens où il s’appuie moins sur des évolutions technologiques actuelles).
Un peu steampunk sur les bords, il suit deux histoires en parallèle, un chapitre sur deux : la première est l’histoire de June. Cette jeune universitaire est spécialisée dans les automates anciens, sujet qui la fascine depuis qu’elle a hérité de son grand-père, d’un mystérieux mécanisme qu’il a ramené de Leningrad et qui a été perdu par « un ange » sur le champ de bataille. La seconde est l’histoire de Peter, un automate conscient, éveillé en 1700 à la cour du tsar Pierre le grand, et qui tout en vivant pour l’honneurs et la justice, découvre ses vraies origines.
La rencontre de June et Peter va mettre en branle une course contre la montre pour sauver les derniers automates encore en vie aujourd’hui.
Roman d’aventure assez compact, The clockwork dynasty tient à la fois de l’histoire secrète (des automates construits avant l’humanité sont conscients et mènent une lutte secrète à travers les âges), de Transformers (franchement j’y ai pensé tous le long du roman, les similitudes sont frappantes, en moins pyrotechniques et de taille plus modeste) et de la course poursuite / en avant.
Une lecture agréable, très bien servit en version audio par deux voix de qualité, pour un roman d’aventure et d’évasion.

Borne

Borne est un roman écrit à la première personne par Rachel, une jeune femme qui survit comme elle peut dans une cité au nom inconnu, probablement nord-américaine, dans un futur proche.

Dernière nouvelle de Jeff Vandermeer,

La vie est rendu difficile par l’effondrement des gouvernements face aux montées des conflits et des changements climatiques. La ville elle même était sous le contrôle de « La Compagnie » qui inondait le marché de créatures bio-manufacturées. La Compagnie ne contrôle maintenant plus rien, des créatures bio-artificielles peuvent se trouver en liberté dans la ville ou la nature, polluée, environnante et un ours géant, Mord, intelligent, pouvant voler contrôle de manière lâche la cité en envoyant ses proxys terrorisé la population.

C’est dans ce contexte que Rachel, et son compagnon un dealer ancien de La Compagnie, survivent du mieux qu’ils peuvent. Lorsque Rachel découvre Borne, une créature bio artificielle pouvant changer de forme et intelligent, et l’éduque pendant quelques temps leurs destins et celui de la ville est sur le point de changer. Coincés entre les manigances du Magicien, en lutte contre Mord, les dangers de la ville, les secrets de La Compagnie et Borne, les choses vont changer pour tous le monde….

Borne est un roman étrange, situé dans un futur où le familier côtoie l’étrange, avec une intrigue haletante. Une très bonne lecture…

L’avis de Gromovar

Dragon of Ash & Stars

Dragon of Ash & Stars : The Autobiography of a Night Dragon est un roman de fantasy écrit à la première personne. Elle narre la vie d’un dragon dans un monde de Fantasy divisé entre en deux royaumes ennemis (séparé par une mer et dont l’un maitrise l’art de domestiqué les dragons).
Stormfall, un des noms de du dragon-narrateur, est né dragon sauvage, noir comme la nuit il a pour lui sa couleur rare et son intelligence. Capturé et « domestiqué », il sera tour à tour dragon pécheur,  garde mouton, animal de traite, gladiateur, criminel, pour finalement se retrouver en position de sauver un Empire.
De son histoire, il y a une évolution de la perte de l’innocence à la violence des hommes et des dragons. L’histoire de Stormfall est un voyage qui peut à tous moment se terminer dans la haine et la violence.
Dragon of Ash & Stars est un roman que j’ai pris plaisir à lire et dont la structure se prête bien à l’audio.

Un étranger en Olondre

Premier roman de Sofia Samatar, Un étranger en Olondre se présente comme le journal de voyage de Jevick de Tyom, le fils d’un marchand de poivre originaire d’une région du monde qui ne connait pas l’écriture.
Ayant eu un précepteur étranger, Jevick est une des rares personnes de sa nation qui sait parler, mais aussi et surtout lire et écrire la langue de Olondre, l’Empire au delà de la mer qui est connus pour être un phare de culture et de civilisation.
S’embarquant, à la mort de son père, pour Olondre, Jevick se retrouve hanté par un ange, le fantôme d’une femme morte, de sa nation, qui souhaite qu’il écrive sa histoire. Pris dans des enjeux qui le dépasse, Jevick va faire un voyage à la fois spirituel et physique qui vont l’amener à mieux comprendre la culture d’Olondre et à mieux se comprendre.
 Un étranger en Olondre est un roman à la saveur bien particulière. Présenté sous la forme d’un journal de voyage, et donc écrit à la première personne, c’est un roman qui prend son temps pour faire avancer son intrigue. Cette dernière progresse par à coup, entre digressions, anecdotes et réflexions sur Olondre.
Dans un monde de « low fantasy », Sofia Samatar développe des thèmes universels : la place de l’écrit et des livres, l’impact de la religion et des croyances, l’altérité, l’intégration…
Un étranger en Olondre est un livre fort qui m’a séduit à la fois par son écriture riches et complexes, mais aussi par son rythme lent et, parfois, tortueux qui conjugue récit et construction d’un monde singulier et unique.

La servante écarlate

Avec la sortie de la série TV adaptée du roman de Margaret Atwood La servante écarlate et les évènements politiques actuelles qui font que les thématiques du roman sont en plein dans l’actualité, j’ai eu envie de lire ce classique des littératures dystopiques.
J’ai donc jeté mon dévolu sur la version audio spéciale sortie il y a peu. Elle contient le texte original, une fin étendue et quelques mots de Atwood sur son roman et la situation du monde aujourd’hui.
Ecrit à la base comme la transcription d’un ensemble de cassette retrouvée dans une maison, et poursuivi par une conférence par un historien analysant le document (l’édition spéciale ajoutant une séance de questions/réponses à la conférence), le texte se prête assez bien à l’adaptation audio, qui plus est des extraits musicaux débutes chaque cassette (le texte venant effacer la musique après quelque temps).
La servante écarlate est le témoignage d’une jeune femme dans une Amérique divisées et en guerre dont une partie est devenue une République religieuse. Outre le fait que la science, les comportements libéraux et « déviants » et les croyances et pratiques religieuses « autres » ne sont plus acceptés, le statut des femmes a passablement régressé. Les pollutions, nucléaires et chimiques, ont rendu une partie importante de la population stérile, les femmes montrant des aptitudes à procréer font partie d’une caste de servantes qui sont prêtées à l’élite dans le but d’engendre des enfants.
Le récit montre le quotidien d’une telle servante, en revenant également sur la manière dont la démocratie américaine a disparue et les droits des femmes ont été perdus. La vie quotidienne des femmes y ait évoquées, les privations, les faux privilèges et la résistance également.
La servante écarlate, bien qu’ayant été écrit dans les années 80, est un roman d’une violence inouïe et qui n’a que très peu vieillit. Il a le double mérite de montrer que qu’aucuns droits acquis ne l’aient à jamais et que l’histoire est un grand balancier qui oscillent entre des périodes de plus grandes égalités et des périodes de barbaries. Une lecture, à mon sens indispensable.

Within the Sanctuary of Wings

Dernier tome des mémoires de Lady Trent de Marie Brennan, Within the Sanctuary of Wings clot la série avec la grande découverte de Lady Trent qui modifia la connaissance des dragons et du très ancien Empire draconique.
Toujours écris à la première personne, ce dernier tome se déroule dans l’équivalent imaginaire de l’Himalaya à la recherche du cadavre d’un dragon inconnu découvert dans les glaces. Rapidement séparé de son groupe de rechercher, Isabela Trent passera du temps dans une vallée reculée où elle fera une découverte majeure.
Toujours aussi bien écrit, Within the Sanctuary of Wings termine la série de manière satisfaisante sur des révélations et découvertes qui répondent aux principales interrogations soulevé par la série. Peut-être parfois un peu prévisible, je l’ai trouvé un peu en dessous du reste des romans de la série. Il n’en reste pas moins que c’est une lecture indispensable pour celui qui aime dragons, ère victorienne et aventures.