Les sept morts d’Evelyn Hardcastle de Stuart Turton

Un mix entre une enquête et le jour de la marmotte voila ce que propose Stuart Turton pour son premier roman. Son protagoniste principal se retrouve à passer de corp en corp dans la propriété isolée de Blackheath House, revivant plusieurs fois la même journée.. Peu de certitude sinon qu’il ne sait pas vraiment qui il est vraiment, que la fille des hôtes, Evelyn Hardcastle, sera assassinée le soir même, qu’il a deux autres concurrents qui ne vivent pas la journée de la même manière que lui, et qu’il doit trouver le coupable s’il veut pouvoir retrouver sa vraie identité et quitter la propriété.

A partir de cela, Turtout propose un roman qui se lit comme un Cluedo grandeur nature où le protagoniste principal doit creuser afin de découvrir les nombreux secret de la demeure, de ses propriétaires et des invités qui y sont réunis pour une petite fête. Si ajoute des questions l’identité du protagoniste principale, les raisons de sa présence ici et du passage de corps en corps et de la finalité de cette journée qui se répète encore et encore.

Les sept morts d’Evelyn Hardcastle est au final un roman passionnant où le lecteur va de surprise en surprise; une réussite.

A summer beyond your reach de Xia Jia

Paru en anglais suite à un crowfunding, A summer beyond your reach propose quatorze textes de l’autrice chinoise Xia Jia traduits en anglais par plusieurs traducteurs; une partie des textes sont inédits (en anglais), les autres étaient déjà parus en revues.

Les différents textes de ce recueil reprennent bon nombres de thématiques que l’ont peut trouvé dans une partie de l’imaginaire chinois : les tensions entre modernité et tradition, le role de la famille, les choix de vie et leurs influences sur le destin d’un individus, etc.

La pate de Xia Jia se sent dans une approche très humaine de ses personnages, nombre de ses nouvelles s’attaches à la description des sentiments des protagonistes, ainsi que sur de nombreux clins d’oeils à la culture classique chinoise et aux classiques de la science-fiction occidentale.

Le lecteur curieux pourra trouvé dans la chronique de Gromovar, bien plus fouillée que la mienne, un petit descriptif de chaque nouvelle. Pour ma part je me contenterai de dire que le recueil A summer beyond your reach est une lecture très agréable qui mêle réflexion sur la Chine et approche de thème classique de la science-fiction.

L’incivilité des fantomes de Rivers Solomons

L’incivilité des fantômes de Rivers Solomons, que j’ai audio-lu en VO, est un roman de science-ficiton se déroulant dans un vaisseau générationnel s’éloignant de la Terre afin de trouver un nouveau monde viable. Dans ce vaisseau un société rigide a été mise en place avec la classe dirigeante / supérieure dans les plus hauts ponts du vaisseaux et la classe servile dans les plus bas; la classe dirigeante est blanche, celle servile est noire. Ce point fait résumé à certain le roman en « une plantation de coton dans l’espace »;  ce en quoi ils n’ont pas totalement tort.

Mais le roman ne se résume pas totalement à cela. Déjà le société décrite ici est fermée, pas d’échappatoire physique possible en s’échappant dans des zones plus libres ou/et plus sauvages, ensuite le roman propose une intrigue : celle de Aster, esclave de par sa couleur de peau, mais métis, intelligente, brillante même, qui aide le chirurgien général du vaisseau (bien que ses compétences soient supérieures) et qui tente d’élucider le mystère de la disparition de sa mère qui connaissait le vaisseau comme sa poche.

L’incivilité des fantômes est un roman dur qui tient son lecteur en halène grâce à des mystères et à une histoire personnelle prenante.

Vagabonds de Hao Jingfang

Traduit en anglais du chinois par Ken Liu, Vagabonds de Hao Jingfang est un roman de science-fiction qui examine l’évolution d’une société martienne au siècle prochain.

Le roman se déroule en effet en 2196, une centaine d’année après une guerre entre Mars et la Terre qui a aboutit à une situation tendue où Mars est devenue indépendante. Un fossé culturel sépare la Terre, vivant sur un modèle néo-libérale qui est très proche du notre, et Mars qui vit sous un régime plus communautaire (qui par bien des aspects fait pensé à une sorte d’utopie socialiste où la science et l’ingénierie tiennent une place prépondérante).

Le lecteur est invité à suivre Luoying, la petite-fille de dix-huit ans du gouverneur de Mars, qui revient d’un séjour de dix ans sur Terre où elle a été envoyée avec une vingtaine d’autres jeunes martiens en « échange culturel ». D’autres personnes la côtoyant sont également tours à tours le centre d’un chapitre.

Au niveau de l’histoire, Luoying lutte pour se ré-acclimater à la société martienne et comprendre les événements qui ont mené, il y a une douzaine d’année, à la mort de ses parents bannis de Mars.

Vagabonds est un bon roman de science-fiction dont l’ intrigue sert de base pour discuter des différentes formes de sociétés humaines possibles et de leurs travers. C’est aussi une réflexion sur la manière dont les nouvelles générations perçoivent les acquis et changements apportés par les générations qui les ont précédés.

Bref Vagabonds est une très bonne et interessante lécture.

Jardins de poussière de Ken Liu

Jardins de poussière est le second recueil de nouvelles de l’auteur et traducteur sino-américain Ken Liu. La petite trentaine de nouvelles présentées ici couvrent différents genres (fantasy, anticipation, Science-fiction, uchronie, etc.) de l’imaginaire et sont très intéressantes à lire; Ken Liu est un très bon auteur et cela se confirme une nouvelle fois avec ce recueil.

Ken Liu a un certain nombre de thématiques qui reviennent souvent dans ses écrits et les nouvelles du recueil ne font pas exception. Il est donc question ici de la rencontre en culture chinoise et nord-américaine, du poids de l’histoire et des décisions qui ont mené à « aujourd’hui », de l’impact humain de  nouvelles technologies et de la manière dont les ingénieurs et la science peuvent changer concrètement le monde.

Bref avec Jardins de poussière Ken Liu s’impose encore un peu plus à la fois comme un nouvelliste de premier plan et un constructeur de pont entre Chine et Occident.

Vorrh de Brian Catling

Trilogie composée de Vorrh, The Ersthwile et The Cloven, Vorrh narre une histoire de réalisme magique (ou de Fantasy historique, amis taxinomiste je te laisse débattre du sujet) centrée sur la forêt du Vorrh.

Située en Afrique, près de la ville colonial d’origine allemande de Essenwald, la trilogie débute peu après la première guerre mondiale pour se conclure lors de la seconde. La Vorrh est une forêt ancienne, le lieu du jardin d’Eden selon les légendes locales. Et il est vrai que cette forêt n’est pas comme les autres. Peuplées de cyclopes anthropophage, elle fait perdre peu à peu la tête aux personnes qui y séjournent trop longtemps.

De là de Catling propose le destin de plusieurs personnages, en Afrique et en Europe, qui s’entremêlent, de près ou de loin, pour former une fresque historique de la première moitié du XXé siècle.

Difficile de tous résumé tant le roman est riche de trame narrative mettant en scène un photographe, un cyclope exceptionnel vivant parmi les hommes, des anges déchus anciens gardien du Jardin, des hommes sans âmes travaillant à arracher le bois à la forêt, une aveugle qui a retrouvé la vu, un photographe, un retraité juif, etc.

Ces différents personnages sont la matière qui forme le destin de la Vorrh et peut-être de l’humanité elle-même dans une trilogie qui se lit comme un roman coupé en trois parties prenant toute son ampleur au fils des pages.

La fureur de la terre de Lionel Davoust

Troisième tome de la série Les dieux sauvages, et reprenant directement après le second tome, La fureur de la terre se concentre avant tous sur le siège de Loered, le Verrou du Fleuve, ville-forteresse qui est la clef de voute de la défense des royaumes de Wer.

Le roman suit donc toujours Mériane, la héraut de Wer, qui organise la défense de la cité face aux hordes du dieu Aska. En parallèle le lecteur suit les tentatives de rallier de nouvelle force dans le royaume et l’expédition en territoire ennemis de la mystérieuse rôdeuse et de son « acolyte ».

Toujours aussi agréable à lire, La fureur de la terre distille de manière parcimonieuse les révélations sur la chute de l’Empire, la nature de Wer et Aska, et celle de la rôdeuse; à ce point le lecteur attentif aura des hypothèses mais pas de certitudes. Arrivé à la fin du roman je n’ai qu’une envie : lire la suite; mais également une petite frustration avec le sentiment que le roman aurait sans doute pu être pus condensé et se perd parfois dans quelques longueurs. Davoust écrit bien et cela passe, mais la matière aurait pu se préteur à plus de concision. Maintenant la suite, vite vite….

Hangul Express de Léa Silhol

Publié en deux volumes, Hangul Express précipite la rencontre de nombreux files de la Trame dans une explosion d’action cyberpunk.

Le GRID, le monde virtuel, est en train de s’effondrer avec de nombreux runners prisonniers en immersion et d’une Fay et l’homme qu’elle aime. Pour les sauver les Fays de Frontière et les Izokage vont devoir mener une expédition de sauvetage dans le GRID. Mais une puissance de l’hiver y rode qui cherche une vengeance qui lui a été longtemps refusé…

Hangul Express est, pour moi, un pivot majeur dans l’œuvre de Silhol car c’est à la fois un roman d’action haletant mais aussi un moment où de nombreux pan de la trame s’éclairent et se laissent voir presque nu. Une vraie réussite doublé de la frustration de devoir attendre l’opus suivant pour savoir ce qui va se passer maintenant que tout est mis en mouvement.

Lent de Jo Walton

Sorti en 2019, Lent est le dernier roman publié aujourd’hui de Jo Walton. Il s’intéresse à la vie de Girolamo, en français Jérôme Savonarole, moine dominicain à Florence dans la seconde moitié du XVé siècle.

Lent débute peut de temps avant la mort de Lorenzo de Medici alors que Girolamo, doté du don de voir les démons, exorcise un couvent de nones. Le lecteur suit ensuite sa vie jusqu’à sa mort. C’est là que le roman prend une tournure surprenante digne du film Un jour sans fin.

Pour une raison expliqué dans le roman mais que je tairais ici, Girolamo se retrouve à vivre à nouveau sa vie, mais avec le souvenir des « essais » précédents. Et le roman prend alors son ampleur en proposant divers version de ce qui aurait pu être alors que Girolamo tente de sortir de ces répétitions en gardant Dieu au cœur des ses préoccupations.

Jo Walton donne ici un roman très intéressant qui tourne autour de plusieurs de ses marottes : l’Italie, l’histoire, l’uchronie personnelle, le sens à donner à sa vie. Une vrai réussite.

Contes et récits du Paris des merveilles

Proposant six nouvelles se déroulant dans l’univers du Paris des merveilles de Pierre Pevel, Contes et récits du Paris des merveilles est un sympathique recueil qui ouvre l’univers de Pevel à d’autres plumes.

Deux nouvelles du recueil sont de Pevel lui même et reprennent les personnages des romans (l’une d’entre elle est inédit il me semble alors que l’autre avait déjà été publié), les quatre autres nouvelles (de la plume de Catherine Loiseau, Bénédicte Vizier, Sylvie Poulain et Benjamin Lupu) sont également très biens.

Reprenant des personnages secondaires des romans ou de nouveaux personnages, toutes les nouvelles sont des histoires d’enquêtes ou de cambrioles mettant en scène Paris et la part de magie qui y est présente depuis la révélation de l’existence des mages et de la Féerie.

Un bien beau recueil qui devrait en amené d’autres.