Babel Tour

Babel Tour est un recueil publié par l’université de Paris Sorbonne et réalisé par des étudiants en Master d’édition. En tant que tel il est difficile de se le procurer et c’est bien dommage. En effet il contient à la fois des nouvelles, des poèmes et des photos sur thème de Babel, soit le double thème de la ville et de la communication.

Ne me voilant pas la face, je reconnais que ma principale motivation pour mettre la main sur cet ouvrage est la présence d’un texte de Léa Silhol en son sein. Et si ma fois ce texte, presque un essaie sur la différence, intéressant, il souffre d’un trop grand travail sur la langue qui en rend plus difficile d’en saisir le sens profond.

Mais surtout, et ,je dois l’admettre, à ma grande surprise les autres textes du recueil vont du bon à l’excellent, du fantastique au réalisme, de la ville moderne à la ville futuriste, et je ne regrette pas mon achat. Je ne peux, au final, que conseiller ce recueil d’excellente qualité à tous ceux que le thème de la ville inspire. Comme je le disais, je crains hélas qu’il soit difficile à se procurer, mais l’effort vaut la peine.

De Brocéliande en Avalon

De Brocéliande en Avalon est une anthologie proposant des nouvelles réécrivant le mythe arthurien en le plaçant à l’époque contemporaine. La majorité des neuf nouvelles de ce recueil ont été créées spécialement pour l’occasion. Ces nouvelles sont, dans l’ensemble, excellentes et agréables à lire.
« Retour sous le hêtre », de Jean Millemann, voit un écrivain prendre des vacances à Brocéliande et rencontrer une mystérieuse femme qui va peu à peu faire revenir des souvenirs anciens à sa mémoire. Ou quand Merlin et Viviane reviennent au XXIe siècle.
« Lancelot aux enfers », de Adam Roy, est une farce absurde où Lancelot se retrouve propulsé dans notre siècle à la recherche de Guenièvre. Le tout alors que deux agents français, parodies de Mulder et Sculy, mènent l’enquête. Objectivement une bonne nouvelle, personnellement je ne l’ai pas appréciés énormément, la moins bonne du recueil.
« Près du mur », de Deirdre Laurin, propulse l’histoire d’amour de Morgane et d’Arthur dans un futur incertain où deux pays, l’un démocratique, l’autre totalitaire vivent une guerre froide. La situation des deux pays me fait penser aux deux Corées dans laquelle une histoire d’amour improbable, reflet du passé prend place.
« Locataires découpés », de Rachel Tanner, voit une vielle Morgane lutter pour ne pas être expulsé de l’immeuble parisien où elle est locataire. Une nouvelle où apparait Merlin et qui est écrite sur un ton comique.
« Owein », de Nathalie Dau, reprend des personnages moins célèbres de la toile arthurienne et les met face à leur mémoire et leur amour.
« L’île close », de Lionel Davoust, nous mène là où les mythes vivent : sur l’île d’Avalon. Là Arthur et ses chevaliers rejouent sans cesse le mythe. Et pour certains d’entre eux la révolte gronde, ils veulent que cela cessent. Une réflexion sur l’imaginaire humain et sur les variations du mythe arthurien.
« Le quadragénaire et la dame d’argent », de Megan Lindholm, met en contacte un descendant de Merlin et une vendeuse de lingerie travaillant dans un grand magasin. Et soudain la magie opère et le quotidien prend une autre saveur… à moins bien sur que tous cela ne soit que le fruit d’une imagination débordante.
« Fort 53 », de Pierre Bordage, rejoue la rencontre ratée entre Perceval et le Graal, sous fond d’une guerre de tranché entre l’Europe chrétienne et le monde musulman. La fin de la guerre est-elle possible ?
« Désaccordé (Tuned in DAGDAD) », de Léa Silhol, pose une nouvelle pièce dans la toile qui éclaire les actions des cours féériques et des anges déchus sous un autre jour tout en étant totalement compréhensible en soi. Perceval, Galhad et Bohort reviennent aujourd’hui, Galhad souhaite vivre sa vie et est devenu un musicien, alors que ses deux compagnons souhaitent reprendre la quête. Sur le coup je suis partiale, j’adore Silhol, mais c’est selon moi la meilleur nouvelle du recueil.
Une bibliographie commentée du mythe arthurien clôt l’anthologie.

Dingo

Dingo est le dernier ouvrage de Charles de Lint, auteur canadien et figure incontournable de la Urban Fantasy.

Ce, court (~200 pages), roman nous entraine dans une petite ville proche de la ville imaginaire de Newford. Miguel un jeune-homme de 17 ans y fait la rencontre de Lainey, une australienne de son âge dont il tombe immédiatement amoureux. Mais voilà, Lainey n’est pas une jeune fille ordinaire : elle et sa sœur jumelle sont des esprits animaux, capable d’être humaine et/où dingo. Pourchassée par leur père pour le compte d’un ancien esprit dingo très puissant enfermé dans un arbre. Miguel, Lainey, sa sœur et Jonny, le dur à cuire de l’école, devront déployé des talents d’ingéniosité et de courage afin de protéger les deux sœurs.

Résumé comme cela, Dingo fait penser à un roman pour adolescents/jeunes adultes; et ma fois il l’est. C’est un livre que j’aurais sans aucun doute adoré lire à ce moment là. Il est truffé de références discrètes qui parleront à ce public là (WOW par exemple). Néanmoins il peut également intéresser des adultes tant l’écriture de de Lint est agréable et ses talents de conteur éprouvés. Bien que parfois un peu simpliste (de peur de choquer le public cible ?), Dingo est un livre que j’ai pris plaisir à lire et que je conseil à toute amateur d’Urban Fantasy qu’un tout petit peu de « mièvrerie » adolescente ne fait pas peur.

Fo/Vea

Ceux qui me connaissent savent que je suis un grand fan de Léa Silhol, j’aime beaucoup la grande trame qu’elle tisse dans ses romans et ses nombreuses nouvelles. Fo/Vea ajoute un nombre substantiel de fils à la trame; fils qui sont aux limites des changements de couleurs de la trame.

A titre personnelle j’ai bien aimé les nouvelles de ce recueil. Elles font des liens entre divers pans de la trame silholéenne, et mettent en lumière des liens nouveaux. Je ne peux néanmoins m’empêcher de penser que la plupart des nouvelles (environs la moitié) sont en partie incompréhensible pour ceux qui ne connaisse pas un minimum l’œuvre de Léa Silhol.

La forme du recueil est également intéressante : il est en effet émaillé de nombreuses photos et puzzles divers. D’après l’auteur, il y a la matière à décoder certain pan de son œuvre. Détestant les codes dont je n’ai pas les clefs, j’ai tactiquement sauté cela afin de ne lire que les nouvelles. Une erreur peut-être, mais ma paix de l’esprit passe par cela.

Notre Dame aux Ecailles

Ce second recueil de nouvelles de Mélanie Fazi est à même de ravir tout amateur de fantastique. Avec une plume maniant les mots brillamment, Mélanie Fazi donne, avec Notre Dame aux Écailles, treize nouvelles, dont la plupart sont inédites, aux accents fantastiques plus ou moins marqués.

Elle nous mène pèle mêle de la France aux États-Unis en passant par la Sérénissime. Elle brosse un portrait de personnage plus ou moins torturés qui doivent faire fasse à un élément fantastique toujours amené avec tact.

Il ressort de ce recueil un sentiment de maitrise et un sens de la faille qui, à mon avis, place Mélanie Fazi au niveau de l’autre grand auteur fantastique français : Michel Pagel. Un recueil à lire absolument.

In the country of last things

Premier Paul Auster que je lis, In the coutry of last things est une très bonne surprise. Un roman noir, situé à la limite de l’anticipation, où l’on suit, à travers une lettre à son frère, les péripéties d’Anna Blume. Cette jeune fille est partie à la « City », une ville dont on ne connait pas le nom, afin d’y retrouver son frère journaliste disparu.

Le récit qui suit est surréaliste : dans la « City » la vie des hommes est broyée par le système. Des hordes de sans-abris vivent de la récupération, l’énergie est produite en réutilisant les corps des morts, un gouvernement totalitaire isole la ville de l’étranger par des murs de protection, etc. Tout dans la ville est à la fois absurde et familier ; en effet c’est notre système capitaliste poussé à son maximum, c’est l’effet destructurant de notre mode de vie à son paroxysme. Ce qui donne au final un roman étrange, avec une ambiance noire bien particulière qui me fait penser à celle du film Dark City, sans les éléments fantastiques (quoique…).

Une excellente lecture, bien écrite et vite lue, et qui, en tous ce fut le cas pour moi, ne laisse pas tout à fait indemne.

La fraternité du Panca I : Frère Ewen

Ewen vit une vie heureuse avec sa femme enceinte et sa fille dans les montagnes de la planète où il a décidé de s’installer. Mais voila Ewen est un frère du Panca, une fraternité mythique reparti dans l’univers dont le but est la sauvegarde du genre humain. Un jour, à travers un implant cérébrale, Ewen est appelé, il doit quitter son monde pour en rejoindre un autre, distant de 80 ans de voyage, afin de donner son implant à un autre frère pour constituer le premier maillon de la mythique chaine quinte. Car l’humanité est en danger.

Au même moment, Olem, un jeune garçon quitte avec sa famille son village pour un voyage qui doit le mener dans le même système qu’Ewen. Son chemin semé d’embuches lui fera rencontrer l’amour, la belle Sayi, et frère Ewen.

Ce space-opèra de Bordage qui alterne deux focus de narration (Ewen et Olem) n’est pas en soi original; en effet Bordage ne fait que raconter encore et toujours la même histoire : une menace universelle sur la race humaine, un héro improbable qui doit se mettre en quête pour la contrer, une vision humaniste de l’expansion de la race humaine. Et pourtant, Bordage est un tel conteur, propose une vision si chatoyante de l’univers, que son roman se lit avec délice et plaisir. C’est d’ailleurs le premier d’un cycle qui en contiendra 5.

Faery City

Faery City n’est pas vraiment un roman comme les autres, en effet Mathieu Gaborit, l’auteur, c’est fait accompagné par Amandine Labarre aux illustrations. Au final, cette ouvrage est donc un court roman, presque une nouvelle, illustré.

On y suit les aventures de Brune, une jeune fille de 19 ans qui, suite au décès de sa grand-mère, part à la recherche de ses origines. Elle découvrira un Paris parallèle, refuge des êtres merveilleux depuis la Saint Bartélhémy où ceux-ci ont été sauvagement massacré. Elle devra également découvrir la signification d’un mystérieux tarot afin de prendre la place qui lui est due dans les Arcanes de ce monde féérique.

Cette histoire d’Urban Fantasy vaut surtout pour ses belles illustrations. L’histoire intéressante ressemble plus à un prologue ou une introduction à une histoire plus vaste. Personnellement je en peux qu’espérer qu’elle cette dernière sera racontée.

Northern Lights

En prévision de l’adaptation cinématographique, prévue en décembre, de Northern Lights (The Golden Compass au ciné), premier volet de la trilogie His Dark Materials, j’ai décidé de le lire avant de voir le film.

L’histoire, tous d’abord, est une quête « classique ». Une jeune fille, aux origines peu claire, élevée à Oxford, part pour un voyage afin de sauver un de ses amis enlevé par une mystérieuse organisation. En chemin, elle rencontre des alliés et des ennemis, et lève peu à peu le voile sur le mystère de sa naissance et les butes de l’organisation. Au final, une histoire connue, permettant l’identification des adolescents à l’héroïne de l’histoire. L’originalité n’est pas là.

L’écriture n’est pas originale non plus, mais est d’excellente qualité, Northern Lights est agréable à lire; rien à redire de ce côté là.

L’originalité se niche dans l’univers : un XIXe siècle parallèle, ou une église fragmentée est toute puissante. Chaque humain est lié à un daemon, un fragment de son âme qui prend une forme animale et accompagne toute sa vie « son humain », lui donnant un compagnon intelligent. Un monde où se trouve également un peuple d’ours blanc intelligent, véritable machine de guerre sur pattes. Un monde surtout où les scientifiques et religieux s’interrogent sur l’origine et les propriétés du « Dust ». Et c’est là toute l’originalité de ce premier livre, les autres se déroulent en partie sur d’autres monde : un Univers original, décalé mais pas trop. C’est également une critique voilée de l’extrémisme religieux et du fanatisme.

Au final, peut-être pas un chef d’œuvre, mais définitivement un livre à part dans l’abondant production actuelle.

Les Noëls électriques

Un recueil de nouvelles de Noël destiné aux adultes, voila un livre qui m’a intrigué. C’est donc avec impatience que j’ai ouvert ce livre et lue les différentes nouvelles qui ce cachent sous une magnifique jaquette dorée.

Comme tous recueil de nouvelles, Les Noëls électriques cache des perles et des nouvelles que je me serais passé de lire. Mais c’est avec plaisir que je reconnais qu’il y a ici plus de perles que nouvelles à oublier.

« Adaptation » narre l’histoire d’un libraire, ancien comptable, père d’une petite fille, et divorcé qui, la veille de Noëls, fait la connaissance des fantômes de Noël. Ces derniers ne sont plus que l’ombre d’eux même, mais ils seront néanmoins capable de lui apporter un peu de joie.

« Un contrôle de Noël » est un nouvelle jouissive sur une famille contrôlée par la brigade de respect des traditions de Noël. Une nouvelle déjantée mais c’est tellement bon !

« Noir comme neige » est une nouvelle noir sur le remord, le passé et la mort. Le tout dans un hôpital durant la nuit de Noël.

« Un léger moment d’absence » voit un lutin du père Noël consulté un psychiatre pour des problèmes d’identités. Une excellente nouvelle écrite au vitriol.

« L’arbre et les corneilles » nous parle de transmission des valeurs à une nouvelle génération. Une femme enceinte se soumet à une tradition familiale, et les corneilles lui apportent des fragments de son passé.

« Tchingumabob » fait partie des quelques nouvelles que je n’ai absolument pas aimées. Une histoire de voyage virtuel avec des créatures puissantes sur fond d’histoire d’amours. Vraiment mauvais !

« Evasion à Gui 5 » ou lorsque un ancien père Noël ayant péter un plomb s’échappe de l’asile et menace de tuer tous les enfants pas sage du monde. Les elfes auront fort à faire pour sauver Noël !!! Une autre nouvelle écrite au vitriol.

« Du chauffage au sol considéré comme arme d’attaque » est une enquête policière s’inspirant de Sherlock Holmes. Saint Nicolas mène l’enquète sur fond de guerre avec les pères Noël.

« Dans l’antre du docteur Coppelius » ou quand un draguer impénitent doit surveiller un enfant d’un magasin géant de jouets. J’aurais pu dire, ou comment faire une nouvelle d’horreur sur Noël.

« La mort des joujoux » la naissance et la déchéance du père Noël sur un ton humoristique. Pas mal, mais un cran au dessous du reste du recueil.

« Les harpes d’or », la guerre des tranchés de la première guerre mondial durant la nuit de Noël, poignant et dur.

« Noël dans la cathédrale de Reims » est une nouvelle composite formée de témoignage sur la fin de Noël, lâchés par l’ensemble de la communauté internationale et par l’économie.

« Soudain tout à changé » est une sympathique nouvelle sur la mort, les souhaits qu’on a lors de son vivant et le père Noël.

« Bienvenue à C*** Island » une nouvelle étrange, faisant pensé à la série « le prisonnier », se déroulant sur Christmas Island. Pas mal, mais également un cran en dessous.

« Le père Noël à des principes », le père Noël a été assassiné pour une banal histoire d’adultère. Une nouvelle policière fort sympathique.

« Le poney » est une autre nouvelle d’horreur (diffuse) sur Noël. Ou comment réagir quant des cadeaux assouvissant les souhaits profond de ceux qui les reçoivent comment à apparaitre.

« l’étoile du nord » est une nouvelle d’anticipation sur l’état de notre monde d’ici quelques décennies vu par les yeux d’un enfant. Touchant !

« Mystère et boules de Noël » une nouvelle sympathique, mais également un cran au dessous, sur l’amitié entre un chat et un lutin.

« Winter Wonderland Inc. » clôt le recueil sur une nouvelle qui dépeint au vitriol la multinationale tentaculaire de Noël au travers du récit d’un de ses employés (la personne chargée d’analyser les lettres au père Noël). Un récit fort sympathique.

Les Noëls électriques se termine par un texte d’analyse survolant les différentes traditions de Noël dans le monde.

Au final, je ne peux que conseiller ce superbe recueil qui ferrait, je le pense, un très jolie cadeau de Noël.