Iron Council

Troisième, et dernier roman, de la série Bas-Lag, Iron Council revient, par rapport au tome précédent (il se lit d’ailleurs de manière indépendante), en la cité de Nouvelle-Crobuzon.

Roman révolutionnaire, Iron Council suit deux histoires parallèle : celle de Judah, un golemiste de talent (il peut animer des golems faits de différentes matières) qui a participer, il y a de cela longtemps, à une révolte d’ouvriers qui construisaient un chemin de fer. Après avoir pris contrôle d’un train, ces derniers ont pris la fuite avec devenant le mythique Conseil de de fer. Judah lui est rentré à la Nouvelle-Crobuzon mais est parti à nouveau à la recherche du train pour les pervenir qu’ils sont en danger.

L’autre histoire est celle de Ori, un révolutionnaire qui prend par à des activités de plus en plus subversive avant de se retrouver au centre et en marge d’une des plus grandes révolutions que connaît la Nouvelle-Crobuzon.

Le tout alors que la cité-état est en guerre face à un ennemis qui semble déterminé à tous pour gagner la guerre…

Iron Council est un roman oscillant entre l’étrange, la Fantasy et la révolution industrielle. Avec une thématique éminemment politique, le roman est une réussite, bien qu’à titre personnel je trouve qu’au niveau des histoires racontées c’est le moins prenant de la trilogie.

Et d’Avalon à Camelot

Second recueil de Lucie Chenu sur les mythes arthuriens (le premier était De Brocéliande en Avalon) Et d’Avalon à Camelot propose dix nouvelles mettant en scène le mythe, dans le passé ou à l’époque contemporaine. Si tous les textes ne se valent pas, l’ensemble de l’anthologie est de bonne facture.
« Excalibur Circus » de Gudule est le récit d’une mère dont le fils a disparu après une représentation de cirque. Il est entré dans une attraction destiné à deviner son destin et n’en est pas sorti, l’épée figée dans la pierre à l’intérieur de l’attraction n’était également plus là…. Récit sympathique, mais sans plus.
« Trick or Treat » de Yael Assia suit les pas d’un jeune homme se croyant la réincarnation de Taliesin et qui est accro à la féerie. Mais le prix pour s’y rendre est élevé… Certainement pas la meilleure nouvelle du recueil, mais elle bien écrit et repose sur une bonne idée.
« Ce que chuchotait l’eau » d’Anne Fakhouri se pas à l’époque du mythe. Elle suit les pas du sénéchal Keu qui doit se rendre dans un fief éloigné afin d’en vérifier les comptes. Une très bonne histoire qui jette un regard intéressant sur le personnage.
« Le chevalier noir » de Lunan est une nouvelle qui, en se mettant dans la peau du chevalier noir, propose un point de vue intéressant sur l’origine d’Excalibur et des chevaliers de la table ronde. Si l’idée est bonne j’ai moins aimé son traitement.
« Voyage sans retour » de Rémy Gallart est une histoire de voyage entre les mondes qui tourne mal. Une tentative de modifier le mythe de Merlin qui, bien qu’agréablement écrite, m’a laissé de marbre.
« Le sacre du nouvelle an » de Dean Whitlock se déroule à notre époque et met en scène Mordred, Morgane et Galaad dans la quête d’Arthur et l’accomplissement d’une vengeance. Un très jolis texte qui interroge la fonction même du mythe arthurien.
« L’histoire du Haut-Portail » d’Estelle Valls De Gomis est une histoire sympathique qui pourrait se résumer en Gauvain chasseur de vampire à l’ère victorienne.
« Décharmé, peut-être » de Léonor Lara est mon second coup de cœur du recueil, un Perceval immortel qui retrouve la réincarnation de Merlin à notre époque. Une confrontation importante où Perceval tente de comprendre pourquoi il a failli et quel est le but de Merlin.
« Fata Morgana » de Sara Doke se déroule à notre époque et rejoue le mythe dans une famille riche. Morgana qui aime beaucoup son demi-frère Arthur  mais qui est tenu à l’écart par sa famille. Elle devient une neurochirurgienne réputée et est appelé pour sauver son frère après un grave accident. Un très très bon texte.
« Une légende est née » de Nicolas Cluzeau relate la quête de Gwnewyr afin de donner un héritier à Arthur. Une nouvelle aux tons historiques et fantastiques où la reine adultérine est présenté sous un jour différent. Un autre très bon texte.
Au final,  Et d’Avalon à Camelot est un très bon recueil. Les textes de Cluzeau, Fakhouri, Lara et Whitlock étant pour clairement au dessus du reste.
Rentre dans le cadre du challenge nouvelles et novellas.

I Have Placed My Sickness Upon You

Avec son challenge de lecture de nouvelles, Lune me pousse à chroniquer des nouvelles de manière indépendante. Pour celles qui valent la peine je le fait avec plaisir. « I Have Placed My Sickness Upon You » de Karin Tidbeck fait partie de celle-ci. 
Proposée gratuitement, en version écrite ou audio, sur Strange Horizons, « I Have Placed My Sickness Upon You » suit une dépressive profonde, qui est également la narratrice de la nouvelle) auquelle son psy propose un traitement expérimentale : elle doit s’occuper d’une chèvre (« sadgoat » par analogie à « scapegoat »). Sceptique au début, elle constate rapidement qu’elle va mieux alors que l’état de santé de la chèvre se détériore. Guérie, elle rend l’animal avant de réaliser celui-ce est utilisé pour d’autre patient. Elle décide alors de libéré la chèvre.
Je retrouve dans ce texte l’étrangeté et les qualités d’écriture qui m’avait déjà séduit dans Jagannath. Une bonne nouvelle, donc, d’une auteure que j’apprécie de plus en plus.
Rentre dans le cadre du challenge nouvelles et novellas.

Trafalgar

Recueil de nouvelles pouvant se lire individuellement mais formant, ensemble, un portrait plus vaste, Trafalgar est centré sur le personnage de Trafalgar Medrano. Cet argentin, membre de la bourgeoisie, vivant à Buenos Aires, appréciant le café noir sans sucre et régalant ses amis de ses nombreuses aventures est un marchand. Mais pas n’importe quel marchand, il commerce avec d’autres planètes.
Les différentes nouvelles se présentent comme des conversations entre Trafalgar et ses amis, dont Gorodischer se targe d’être. Dans ces échanges, Trafalgar narre différentes péripéties qui lui sont arrivés lors des ses voyages. Il s’agit pour la plupart d’aventures fleurant bon le space opera de l’âge d’or : une planète où les gens n’ont pas d’anxiétés ni d’imaginations, un monde dirigé par des femmes où Trafalgar profite d’une méprise, un monde d’obscurité où les habitants ont régressé, un monde où le temps fluctue, un monde où les morts marchent parmi les vivants, etc.
Si la science-fiction proposée ici est un peu surannée (l’ouvrage date de 1979 dans sa version espagnole), l’écriture est agréable et le contraste entre la normalité du Buenos Aires des années 70 et les aventures de Trafalgar est rafraichissant. Mon seul regret est de ne pas avoir pu me procurer Trafalgar dans sa version originale, c’est-à-dire espagnol, et d’avoir dû le lire en anglais.
Rentre dans le cadre du challenge nouvelles et novellas.

The Seafarer

Situé dans le même univers que The Alchemist & The Executioness, « The Seafarer » est une nouvelle de Tobias S. Buckell disponible gratuitement sur le site de Subterranean Press.

La nouvelle est centrée sur Alej. Ce soldat a du fuire le champ de bataille suite à la défaite de l’armée dans lequel il servait face au troupe de l’exécutrice. Trouvant refuge dans une cité encore libre, il rejoint l’équipage d’un navire dont l’équipement magique permet de purifier l’eau de mer. Homme de guerre, ces compétences sont utilisés par la flotte afin de servir de garde du corps à son capitaine. La flotte fait d’ailleurs face à un problème de taille car ces deux navires purificateurs d’eau ne fonctionne plus. Le seul mage, qui contrôle une cité fortifiée, apte à les réparer souhaite faire payer ses services lourdement.
Nouvelle agréable à lire, « The Seafarer » m’a replonger avec plaisir dans ce monde de Fantasy où l’utilisation de la magie fait poussé des ronces particulièrement néfastes.
Rentre dans le cadre du challenge nouvelles et novellas.

Redemption in Indigo

L’écrivaine, originaire de La Barbade, Karen Lord livre avec Redemption in Indigo, son premier roman, un conte/histoire africaine merveilleusement mise en mot par Robin Miles.

Se déroulant au abord du village de Makendha, dans un pays africain indéterminé et à une époque incertaine, Redemption in Indigo conte l’histoire de Paama, une jeune fille sachant divinement cuisiné qui a été marié à un homme glouton. Quittant dès le début du roman ce burlesque, Paama se voit remettre par un djombi (un esprit) le Bâton du Chaos qui permet de manipuler la chance. Hélas pour Paama, cet objet contient un pouvoir volé à un djombi qui s’est égaré sur la voie de l’égo, un djombi à la peau indigo. Ce dernier va approcher avec plus ou moins de subtilité Paama afin de récupérer son pouvoir et, peut-être, trouver la rédemption.
L’histoire est simple et s’écoute comme un conte. C’est une vraie réussite qui envoute et diverti. La version audio est de plus tout a fait dans le ton d’un roman fortement relié à l’oralité.

Reamde

Gros techno-thriller de Neal Stephenson (plus de mille page, 38 heures en version audio), Reamde se déroule dans un futur proche et raconte comme, à la suite d’un simple virus, plusieurs personnes se retrouvent prise dans une cavale impliquant la mafia russe et des terroristes musulmans.

L’histoire est centrée sur Zula, une jeune fille d’origine érythréenne adoptée et élevée aux États-Unis par la famille Forthrast. Cette dernière, outre le fait de se réunir régulièrement dans une vallée reculée à la frontière avec le Canada, doit sa fortune à la compagnie de Richard (l’oncle de Zula) qui contrôle le MMORPG a succé T’Rain (construit pour favoriser l’émergence d’une économie virtuelle basée sur le « gold farming »). Ce dernier possède un grand chalet dans les montagnes canadiennes proche de la frontière américaine et a un passé de contrebandier entre les deux nations.
L’histoire est lancée lorsque Peter, le petit-amis de Zula, vend une liste de carte de crédit hackée à un représentant de la mafia russe. L’ordinateur de ce dernier se retrouve, involontairement, infecté par le virus Reamde qui encrypte tous le contenu de son disque dure et demande une rançon ridiculement basse qui doit être amenée dans une région du monde de T’Rain. Des données importantes pour la mafia y étant conservée, Peter et Zula sont enlevés par un mafiosi russe qui les emmènent en Chine, à Xiamen, afin de trouver les pirates informatiques et leur faire payer l’affront.
De cette situation de base, Neal Stephenson tire un roman à mi-chemin entre le thriller d’anticipation (l’action se passe dans un futur très très proche) et un road movie. L’enlèvement de Zula amène à une suite de rencontres et de conséquences inattendues que décrit le roman. Celui-ci suit alors les trajectoires de plusieurs personnages (Richard, Zula, un informaticien hongrois, une espionne britannique, un « agent de sécurité » russe, un terroriste islamique gallois et deux chinois), sur plusieurs continents. L’enlèvement par la mafia russe se transformant, dans un improbable retournement de situation, en un enlèvement par un terroriste islamique d’envergure internationale.
Plein de rebondissements et de fusillade d’anthologie, Reamde est un pavé allaitant [sic] haletant qui, dans mon cas, se laisse écouter avec plaisir. Une vraie réussite.

The Apocalypse Codex

Dernier tome en date de la série The Laundry (une série suivant les aventures d’un informaticien/espion au service de la couronne britannique travaillant pour une agence extra-secrète qui lutte contre des horreurs sans nom sortie tous droit des écrits de Lovecraft) , The Apocalypse Codex voit l’agent Bob Howard envoyé en mission pour superviser des intervenants extérieurs à l’agence (ce qui ne devrait pas exister).
Il va donc devoir enquêter, enfin surveiller deux personnes enquêtant, sur les agissements d’un pasteur néo-évangéliste américain qui se rapproche un peu trop du premier ministre. L’enquête qui devait être simple et « de routine », si ce n’est que se passant sur le sol américain dont l’agence « paranormale » est un peu plus disons brutal que son équivalent britannique, se transforme rapidement en une course contre la montre afin d’éviter le réveil d’une horreur venant d’une autre dimension.
The Apocalypse Codex est à la hauteur des autres romans de la série. Le metaplot de celle-ci avance même de plusieurs pas à l’issue de ce volume. J’admets néanmoins avoir eu un peu de mal à franchir les 100 premières pages qui exposent la situation, la suite vaut par contre vraiment l’effort.

The Girl with the Magic Hands

The Girl with the Magic Hands est une nouvelle (48 pages) de Nnedi Okorafor disponible uniquement en format numérique et dont les bénéfices de la vente vont à l’ONG Worldreader qui promeut la lecture, via, notamment, le don de liseuse, en Inde et en Afrique.
Nouvelle positive (elle mériterait sans problème de se trouver au sommaire de l’anthologie non-violente Contrepoint), The Girl with the Magic Hands raconte l’histoire de Chidera, une jeune fille africaine de 11 ans qui, ayant une famille malheureuse, n’est pas spécialement heureuse elle-même. En allant chercher de l’eau, elle tombe un jour sur des esprits qui lui font don d’une dessin sur la main. A partir de ce jour elle développe un talent artistique pour le dessin qui l’a rendra non seulement heureuse, mais qui fera le bonheur de sa famille et de son village tout en revivant les traditions anciennes.
Extrêmement bien écrite et prenante, cette nouvelle envoie un message fort pour l’apprentissage, la persévérance et la réalisation de soi. Une vraie réussite, doublée d’un grand plaisir de lecture.
Rentre dans le cadre du challenge nouvelles et novellas.

Ritual of fire

Troisième roman se déroulant dans l’univers du jeu Fireborn, notre monde où la magie (karma) est réapparue sur Terre provoquant divers phénomènes inexpliqués, rendant la magie opérante à nouveau et réveillant des êtres anciens et puissants, tel que les dragons réincarnés dans des individus normaux.
L’action de tous les romans se déroulent à Londres dans un futur indistinct, Ritual of fire ne fait pas exception. Le roman débute lorsque qu’un agent du MI5, et la politicienne qu’il protège, survivent, contre tout attente à un attentat. L’agent du MI5 se retrouve accusé de ce dernier et prend la fuite aidé par un mystérieux musicien. Commence alors pour cet agent, qui est en fait un Scion, un dragon réincarné, une longue quête pour démasquer, et arrêter, un complot d’une grande ampleur. Les « gray gentlemen » sont menace sortie du fond des âges qui ont silencieusement remplacé les figures importantes de la vie publique britannique. La réunion des Scions d’une même couvée et leur union contre ce danger commun est le thème du roman.
Raconté comme cela, le roman peut sembler assez basique. Il est néanmoins bien écrit, la narration alternant entre l’histoire principal et des sous-histoires montrant un moment clef de la vie de chaque protagoniste. Je reprochais aux deux tomes précédant de trop jouer sur la corde de la découverte du monde magique. Bien que Ritual of fire n’échappe pas totalement à ce travers, Jordan Ellinger l’esquive néanmoins avec élégance en mettant ensemble des personnages plus ou moins avancé dans la quête de leurs origines et en distillant dès le début du roman de nombreuses information. Quelques clins d’œil aux autres romans sont même sympathiquement posés dans le roman.
En conclusion, je peux dire que des trois romans se situant dans l’univers de Fireborn paru à ce jour, Ritual of fire est le meilleurs.