Les lames du Cardinal

Bientôt adapté en jeu de rôle, la trilogie des Lames du Cardinal de Pierre Pevel me faisait de l’œil depuis quelque temps. Profitant d’une offre numérique de Bragelone (0,95 euros chaque tome), j’ai finalement pu les acquérir à vil prix et les lire.
Il s’agit d’aventures de capes et d’épées se déroulant au XVIIe siècle (1633 pour être exacte) dans un univers à la Dumas où la magie existe et les dragons, une ancienne race dont les derniers représentant ont forme humaine et peine à reprendre leur forme première, complotent dans l’ombre pour étendre leur domination sur le royaume de France. C’est dans ce contexte, que le Cardinal de Richelieu, machiavélique à souhait, reforme une unité d’élite, mi spadassin mi espion, afin de servir les intérêts de la Franche : les lames du Cardinal.
Respectant les codes du genre : les lames sont des combattants aguerris, avec un passé, une histoire commune et des petits secrets; ennemis est espagnol (nation en froid avec la France et dont la court est noyautée par les dragons) et draconique (sous la forme de la terrible société secrète de la Griffe noire); et les intrigues à tiroirs (les intérêts des lames et du Cardinal n’étant pas toujours au diapason).
Formant une trilogie complète, les trois volumes voient les lames se reformer, évoluer et finalement, non sans casse, disparaitre. Le premier tome, les Lames du Cardinal, voit l’unité des lames être reformée afin d’enquêter sur la disparition, à Paris, d’un gentilhomme espagnol, le tout alors que la Griffe noir complote pour s’implanter durablement en France. Le second tome, L’Alchimiste des ombres, repose sur une menace contre le trône de France, toujours par la Griffe noir, alors que le roi, et Richelieu, s’apprêtent à lancer une vague d’arrestation sans précédente dans l’histoire de France. Le dernier tome, finalement, Le Dragon des arcanes, voit les machinations d’une cabale interne à la Griffe noir touché au but et menacé de manière spectaculaire la ville de Paris elle-même. Un final explosif qui change le status quo des différents protagonistes.
Très agréable à la lecture, la trilogie des Lames du Cardinal m’a fait par moment penser à une compte-rendu, agréablement écrit dans l’ensemble, d’une campagne de jeu de rôle. A la lecture de ces romans d’aventures auquel, je le répète, j’ai pris beaucoup de plaisir, je ressort avec l’envie forte d’avoir le jeu de rôle entre les mains et d’y faire jouer mes propres aventures.

Métaphysique du vampire

Présenté comme un roman de vampire sans romance, Métaphysique du vampire narre, à la première personne, une enquête de Raphaël, un vampire de 500 ans, cynique et ironique, travaillant pour le Vatican comme exécuteur des basses besognes. Dans un monde où le fantastique est une réalité, il sert de bras armé du Vatican et, parfois, est « prêté » à d’autres puissances alliées.
C’est le cas ici; dans les années 60, il doit traquer et capturer un nazi en fuite pour le compte du MOSAD. Son enquête le mène à Rio où il traquera un homme particulièrement vicieux et paranoïaque. Le tout alors qu’une autre vampire, ancienne victime du nazi, et son frère simple d’esprit mais puissant télépathe s’emmêle. Ils ne sont d’ailleurs pas les seuls puisqu’un Loa vaudou aimerait aussi discuter avec le criminel en fuite.
Ce court roman (160 pages) est bien sympathique. Son héros cynique à souhait et son intrigue haletante. Ceci étant dit, et bien que j’ai été agréablement diverti, les critiques que j’avais lu du roman m’avait fait attendre quelque chose de plus profond/puissant/orignal; ce ne fut pas le cas. Cette attente déçue mise à part, je lirais sans doute le tome 2 à sa sortie.

Le Diable au piano

Recueil des nouvelles, dont certaines inédits, de Léo Henry, le diable au piano est une expérience de lecture forte. Les différents nouvelles qui composent ce recueil ont pour thème les écrivains, l’écriture et leurs créations. Se déroulant à divers époques, tantôt pulp, tantôt savant construction littéraire, une chose est sur les nouvelles sont exigeantes et laissent à bout de souffle celui qui les lit (lire le recueil d’une traite, laisse d’ailleurs, je trouve, le lecteur essoufflé et vidé).
Les nouvelles qui m’ont le plus marqués sont :
« Révélations du prince du Feu » une enquête policière mystique, au Brésil, qui voit se côtoyer Blaise Cendrars et Corto Maltese.
« Quand j’ai voulu ôter le masque, il collait à mon visage » une vertigineuse histoire sur Poe et son double, une nouvelle sur les textes et ceux qui les écrivent (peut-être un brin trop savante pour moi).
« Je suis de mon enfance comme d’un pays », probablement la meilleure nouvelle du recueil, un instantané de différents moments de la vie de Saint-Exupéry. La nouvelle m’a laissé au bord des larmes.
« Indiana Jones et la phalange du Troisième secret » propose une aventure du célèbre archéologue. Une nouvelle pulp et pleine d’aventure.
« Kiss kiss, bang bang » est une nouvelle sur James Bond. Il s’agit d’une intéressante réflexion sur le mythe du célèbre espion au travers d’une femme, une des nombreuses, avec qui il a eu une aventure. Déjà paru ailleur, cette nouvelle est, dans sa thématique, étrangement similaire à Skyfall, le dernier Bond en date.
« Fragement retrouvés dans une poubelle de salle de bains, hôtel Venceslau, chambre 604 » est le journal d’écrivain qui, croyant assister à une expérience psychologique, sombre peu à peu dans la folie. Une reflexion sur le syndrome de la page blanche ?
« Les trois livres qu’Absalon Nathan n’écrira jamais ». Situé dans un futur indistinct où les analyses génétiques peuvent déceler le talent, cette nouvelle est une plongée dans la psychés d’Absalon Nathan, un homme dans le comas mais au fort potentiel artistique; se lit comme une fable sur l’écriture.
Les autres textes sont tous de bonne facture, même si certain, comme je le disais plus haut, sont peut être trop riche de références que je n’ai pas. Dans tous les cas, un recueil qui ne peut laisser indifférent.

L’avis d’Efellle.

Rentre dans le cadre du challenge nouvelles et novellas.

49 jours

Dernier livre jeunesse en date du prolifique Fabrice Colin, La dernière guerre : tome 1 : 49 jours est un roman qu’il est difficile de chroniquer sans en dévoiler non seulement l’intrigue mais également les secrets. Il s’agit en effet d’un roman où le protagoniste, Floryan un jeune d’une quinzaine d’année, va de surprise en surprise emmenant le lecteur à sa suite.

Je commencerai donc par donner mon avis, puis je le détaillerai dans un billet qui  révèle beaucoup (si ce n’est tout) et que je déconseille fortement de lire pour celui qui voudrait profiter du roman. Je n’ai donc pas spécialement aimé 49 jours. Il est certes bien écrit, facile à lire (les chapitres sont nombreux mais courts) et tient en haleine (je l’ai lu quasiment d’une traite), mais hélas ses intrigues sont assez faibles. J’ai également l’impression d’avoir été trompé par la marchandise : le quatrième de couverture me proposait un roman sur l’au delà (Floryan meurt dans un attentat et se retrouve dans l’après vie où un ange lui propose la félicité éternel ou le saut dans un vortex pour une destination inconnue, lui laissant 49 jours pour ce décider). Je m’attendais donc à des intrigues entre enfert et paradis avec les hommes au milieu; je me suis malheureusement retrouvé avec un roman autre et des intrigues bien différentes….
Ni lisez pas la suite si vous ne voulez pas savoir !
Si le début du roman semblait tenir ces promesses, avec la découverte, comme il se devait, d’une communauté ayant choisi une troisième voies, la suite me laissa un peu perplexe. La communauté, qui cachait des secrets, se consacrait avant tous à l’exploration des brumes du vortex qui permette de se projeter dans le temps (avec plusieurs interdits que notre héros franchira allégrement).
Après avoir découvert que la communauté cachait de nombreuses choses, Floryan se projette dans le futur proche de la terre (plus loin ce n’est pas possible) et découvre un monde apocalyptique où l’humanité ne peut plus faire d’enfant. Il tombe amoureux. S’incarne plus ou moins dans ce monde, avant de devoir le quitter. Tous cela est entrecoupé de scène se déroulant « dans le royaume des morts » où Floryan découvre que les anges sont des extraterrestres qui cherchent à vider les hommes de leurs « âmes », extraterrestres responsables du cataclysme sur Terre pour augmenter la quantité d’humains arrivant sur la planète (il faut mourir dans un profond sentiment de révolte pour arriver là). Floryan plonge alors dans le nexus qui lui permet de se réincarner sur Terre dans un bébé en 2012 et donc, de là, tenter de rejoindre sa bien aimé en étant plus ou moins synchrone sur son âge à elle. Fin du roman (ou plutôt du premier tome).
Outre le fait que je ne comprend pas pourquoi Floryan ne tente pas de se réincarner à une époque où il pourrait déjouer les plans des « anges » (l’amour sans doute) et sauver l’humanité, je trouve tous l’intrigue un peu, comment dire, brouillonne. Je lirais surement la suite par curiosité (et parce que le roman se lit vite), mais cela me laisse quand même un peu froid.

Porcelaine

Second roman d’Estelle Faye, Porcelaine légende du Tigre et la Tisseuse est un roman de fantasy se déroulant en Chine et basée sur la mythologie chinoise.
Se déroulant en trois partie, le roman est une histoire d’amours et de jalousie basée sur un triangle amoureux composé de Xiao Chen, un fils de potier devenu comédien errant maudit par une divinité et transformé en homme-tigre immortel, de Brume, une fille d’immortel et de mortel, et de Li Mei une tisseuse qui verra l’homme derrière l’animal. L’histoire est bien sur baignée de surnaturel et joue sur les tragédies qui touchent les hommes lorsque les divinités se mêlent de leurs vies.
La première partie du roman se déroule au troisième siècle et suit Xia Chen dans ses premiers pas comme comédien et comme maudit. La seconde partie se déroule au XVIIIe siècle et voit une Xiao Chen sur de lui et blasé tombé amoureux d’une jeune tisseuse alors que son premier amour (une immortel) est libérée de sa prison est jalouse la tisseuse. Le dernière acte voit le trio amoureux se résoudre dans la douleur et le sang.
Le roman est bien écrit et rafraichissant. J’en ai apprécier la lecture et ai eu du mal à interrompre ma lecture. Il manque néanmoins à Porcelaine un petit quelque chose pour passer du status de bon roman à celui d’excellent roman. J’ai un peu de mal à mettre le doigt dessus, mais je dirais que j’ai parfois eu, lors de ma lecture, le sentiment de suivre un groupe d’aventurier dans un jeu de rôle; c’était chaque fois un sentiment bref et fugace mais que j’ai eu à plusieurs reprise. Je regrette également certains rebondissements et dénouements qui font trop appel à une sorte de Deus ex machina.
Ces réserve mise à part, Porcelaine reste un bon roman que j’ai pris plaisir à lire.

Contrepoint

Contrepoint est une anthologie, publiée chez ActuSF, qui était offerte à l’achat de deux ouvrages de l’éditeur. Les différentes nouvelles qui l’a compose peuvent maintenant s’acheter, en numérique, à l’unité. L’objectif de Contrepoint est de proposer une anthologie de nouvelles sans violences.
Je le dis tous net : j’ai peu goutté cette anthologie dans son ensemble. La plupart des textes m’ont paru un peu plat (peut-être est-ce du au thème, je ne sais) et certains un peu trop vulgaire ou à la limite du hors-sujet (violence sous-jacente par exemple).
Quelques textes sortent quand même un peu du lot. C’est le cas de :
« Petits arrangements intra galactiques » de Sylvie Lainé qui propose une nouvelle sympathique sur un naufragé de l’espace qui découvre, sur une petite planète, une ressource inespérée pour survivre. C’est pas la nouvelle de l’année, mais ça se laisse lire.
« Nuit de visitation » de Lionel Davoust conte l’histoire d’un vieil homme mourant qui voit un ami perdu de vu lui rendre visite à l’hôpital pour le libérer d’une vielle culpabilité. La nouvelle n’est pas indispensable, mais intéressera les fans de sa trilogie Léviathan.
« Avril » de Charlotte Bousquet est une jolie histoire d’amour, un brin fantastique, entre un robot et une humaine sur une Terre dévastée.
« Semaine utopique » de Thomas Day est un journal d’écrivain devant pondre une nouvelle pour l’anthologie. C’est très vulgaire et trash, mais ça m’a fait sourire.
Le reste est au mieux moyens. Le Sommaire :
•Qu’est-ce qu’on se raconte ? Préface de Laurent Gidon
•L’Amour devant la mer en cage de Timothée Rey
•Le Chercheur de vent de David Bry
•Petits arrangements intra-galactiques de Sylvie Lainé
•Nuit de visitation de Lionel Davoust
•Tammy tout le temps de Laurent Queyssi
•Avril de Charlotte Bousquet
•Permafrost de Stéphane Beauverger
•Mission océane de Xavier Bruce
•Semaine utopique de Thomas Day
Rentre dans le cadre du challenge nouvelles et novellas.

Stories of Your Life and Others

Recueil de nouvelles et novellas de Ted Chiang, Stories of Your Life and Others est un excellent recueil où le peu prolifique auteur, comme à son habitude, prend une idée et la pousse au maximum dans chaque histoire.
« Tower of Babylon » narre la fabuleuse aventure de la tour de Babylon qui s’élève ver le ciel pour permettre aux hommes d’atteindre le Paradis. L’histoire suit plus particulièrement le groupe de mineur qui entreprend le voyage de quatre mois pour atteindre le sommet de la tour et creuser leur chemin dans le socle rocheux du Paradis. Une fin intéressante pour une bonne nouvelle.
« Division by Zero » est une histoire ou s’entremêle des éléments de l’histoire des mathématique, et d’un homme et une femme en couple. Elle narre la descente en enfer de la femme, mathématicienne, qui a poser un théorème mathématiquement correct qui nie certains axiomes sur lesquels sont fondés les mathématiques.
« Understand » se passe dans un futur proche ou une drogue permet de réparer les dommages neurologiques subit par le cerveau. L’utilisation de cette drogue répare mais augmente également inintelligence de ceux qu’il soigne. C’est lors de l’étude de ces effets secondaire qu’un graphiste va atteindre une intelligence jamais atteinte au par avant…
« Story of Your Life » est une histoire racontée à la première personne par une linguiste qui est chargée, avec d’autres, par le gouvernement de converser avec des extraterrestres qui viennent d’arriver en orbite autour de la Terre afin de décoder leur langue. Son récit est présenté comme une conversation avec sa fille, décédée à l’âge de 25 ans dans un accident, et contient de nombreuses références à la vie de cette dernière. Le twist c’est que durant ce travail de plusieurs années, l’écriture et complexe des visiteurs va changer sa perception du monde et lui permettre d’appréhender la totalité de sa vie en même temps. Un très beau récit qui pousse le concept de causalité, l’idée du libre arbitre et l’influence du langage sur notre manière de penser très loin.
« The Evolution of Human Science » est un article scientifique sur les publications scientifique depuis l’apparition de méta-humains beaucoup plus intelligents que le reste de l’espèce.
« Seventy-Two Letters » est une novella se passant dans un monde de type victorien basé sur le pouvoir des noms de la Kabbale juive. On suit un jeune scientifique qui cherche à mettre au point un nom pour créer des golems agiles et plus autonomes. Ses travaux vont l’amener à travailler sur un projet portant sur la survie de l’espère humaine même.
« Hell is the Absence of God » suit la vie de trois personnes dans notre monde contemporain, enfin presque notre monde puisque dans celui-ci les anges de Dieu se manifeste régulièrement provoquand des phénomènes physique extrême, des miracles et des calamités (des personnes sont soignées alors que d’autres tuées ou contractes des cancers). Les trois personnages de l’histoire vont, pour des raisons différentes, chercher à se rapprocher de Dieu.
« Liking What You See: A Documentary » est un documentaire sur le projet d’une université américaine de rendre obligatoire pour ses étudiants de recourir à la Calliagnosia. En effet, dans un futur proche, les nanotechnologies permettent d’éteindre (ou de rallumer) certains circuits neurologiques du cerveaux. La Calliagnosia est une agnosie qui empêche la personne qui en souffre de percevoir la laideur ou la beauté des individus. Le grand débat est donc de savoir si la Calliagnosia volontaire est un bénéfice ou non pour les relations sociales et la société. Probablement une des deux meilleurs nouvelles/novellas du recueil.
Au final, Stories of Your Life and Others est un excellent recueil dont les moins bonnes histoires sont moyennes.
Rentre dans le cadre du challenge nouvelles et novellas.

Cloud Atlas

Cloud Atlas est un roman de David Mitchel construit comme un sextet musical : six histoires sont ainsi proposées sous une structure A_B_C_D_E_F_E_D_C_B_A. Les différentes histoires, qui vont en progressant dans le temps et qui sont coupées lors d’un mini cliffhanger, sont liées par une marque de naissance que partagent les personnages principaux et par la présence de l’histoire précédente sous une forme ou une autre (un manuscrit, des lettres, un enregistrement, etc.) dans l’histoire suivante.
Chaque histoire émule un style littéraire et un type d’histoire. Peut-être est-ce du au fait que j’ai lu ce roman sous forme audio, mais ces styles et types ne m’ont pas frappé autant que Gromovar. La version audio anglaise a, par contre, bon goût de proposer un lecteur différent pour chaque histoire, donnant ainsi un ton distinct à chaque une.
Les six histoires proposées sont :
  • un journal de voyage dans le Pacifique au XIXe pour « Journal de la traversée du Pacifique d’Adam Ewing »,
  • une série de lettre d’un jeune compositeur tentant de vivre, dans les années 30, au crochet d’un compositeur célèbre en Belgique pour  « Lettres de Zedelghem »,
  • un thriller dans les années 70, mettant en scène une jeune journaliste cherchant à prouver des mensonges de la part d’un consortium nucléaire aux États-Unis pour « Demi-vies, la première enquête de Luisa Rey »,
  • les aventures d’un vielle éditeur à Londres qui se retrouve enfermé contre son grès dans un home pour personnes âgées dans « L’épouvantable calvaire de Timothy Cavendish »,
  • le témoignage d’un clone esclave ayant gagnés sa liberté dans une Corée futuriste et dystopiste dans « L’oraison de Somni~451 »,
  • et, finalement, le récit oral d’un hawaïen dans un futur post-apocalyptique qui ont vue les civilisations du monde s’effondrer dans « La croisée d’Sloosha pis tout s’qu’a suivi ».
J’ai passé un bon moment à écouter ces récits qui sont fort sympathique. J’ai néanmoins quelques réserves sur le roman pris dans son ensemble. J’ai en effet trouvé le lien unissant les différents récits un peu ténu et j’aurais apprécier plus d’audace ou de virtuosité de la part de l’auteur affin de tisser ces dernier entre eux. En l’état j’ai plus l’impression d’avoir lu six récits contenant des allusions sous formes de clin d’œil au précédent que d’un vrai roman structuré.
Au final donc une impression en demi-teinte : un bon moment, un roman intéressant et bien écrit mais qui manque d’un vrai liant pour devenir inoubliable.

Lightspeed Magazine 31

Numéros de décembre du magasin de SF et Fantasy Lightspeed, le numéro 31 propose des nouvelles et des interviews (qui peuvent être consultés gratuitement sur leur site) et une novella (exclusive à l’édition électronique). Trois nouvelles ressortent clairement du lot.
La novella de Ted Chiang « Story of Your Life » est une histoire racontée à la première personne par une linguiste qui est chargée, avec d’autres, par le gouvernement de converser avec des extraterrestres qui viennent d’arriver en orbite autour de la Terre afin de décoder leur langue. Son récit est présenté comme une conversation avec sa fille, décédée à l’âge de 25 ans dans un accident, et contient de nombreuses références à la vie de cette dernière. Le twist c’est que durant ce travail de plusieurs années, l’écriture et complexe des visiteurs va changer sa perception du monde et lui permettre d’appréhender la totalité de sa vie en même temps. Un très beau récit qui pousse le concept de causalité, l’idée du libre arbitre et l’influence du langage sur notre manière de penser très loin.
« The Perfect Match » de Ken Liu est une anticipation dans laquelle une compagnie, qui fait furieusement penser à Google, a développé une IA d’assistance personnelle qui utilise les données du quotidien pour émettre des recommandations : personnes avec qui sortir, activités, magasins, repas, etc. Les algorithmes de l’IA sont si performants que la majorité de la population a externalisé une partie de son libre arbitre. La nouvelle suit une tentative pour détruire cette IA. Une nouvelle tout simple qui fait froid dans le dos tant on y reconnait notre monde actuel à peine quelques pas dans le futur.
« Catskin » de Kelly Link s’attache au pas d’un jeune garçon, héritier d’une sorcière, qui effectue la vengeance de sa mère sous les ordres d’un chat. Dis comme cela ce n’est pas forcément très sexy, mais la nouvelle est vraiment bien écrite et l’histoire intéressante.
Ce numéro propose également deux nouvelles post-apocalyptiques, « Dreams in Dust » de D. Thomas Minton (une histoire d’eau et de désert assez moyenne) et « An Accounting » de Brian Evenson (une nouvelle très sympa, un cran au dessous des trois autres mais clairemet au dessus du reste, où un homme devient, par inadvertance, le nouveau messie et lance un culte cannibale), deux parties d’un feuilleton par J.T. Petty et Sarah Langan  (que je n’ai pas lues), et deux nouvelles SF, « Swanwatch » de Yoon Ha Lee (une station spatiale proche d’un trou noire qui accueille des repris de justice) et « Lazaro y Antonio » de Marta Randall (une histoire de pirates spatiaux ayant perdu la mémoire).
Le magazine est complété par de courte interviews de chaque auteur, par deux interviews de Junot Diaz et Tad Williams (retranscription de podcast de weird) et d’un extrait du dernier Dresden.
Au final un numéro qui vaut clairement la peine.
Rentre dans le cadre du challenge nouvelles et novellas.

Incontournables de la Fantasy

Avec Incontournables de la Fantasy Stéphanie Nicot propose une courte anthologie destinée à un public adolescent (mais qui a des atouts pour séduire des lecteurs plus mures) consacrée à la Fantasy.
Ainsi, après une préface discutant rapidement les particularités du genre et son ancrage en terre francophone, l’anthologiste propose plusieurs textes qu’elle présente briévement.
Il y a trois textes que je n’ai pas lus dans ce recueil : « l’épopée de Gilgames » dont j’avais déjà eu l’occasion de lire une traduction, et deux extraits tirés de Bilbo le hobbit et d’Harry Potter, deux romans que j’avais également déjà lus. Les autres textes sont à mon avis plus interessants.
« L’apprenti sorcier » de Lucien de Samosate est le texte, écrit il y a presque 2’000 ans, qui a inspiré la fameuse scène du sorcier de Fantasia. Le texte, que je ne conaissais pas, est assez facinant à lire de part sa modernité.
« Frère Cerf » de Jane Yolen est une ré-écriture heureuse du conte celtique de l’homme qui se transforme en cerf durant la journée, de sa soeur et du chasseur. Un conte d’amours et de jalousie à la fin, bien évidement, tragique.
« Pour une poignée de cailloux » de Roland C. Wagner est une nouvelle parue à la fin des années 90 dans une anthologie de fantsy paru chez Mnemos (et que j’avais déjà lu). Elle présente une version humoristique de la chasse au dragon, vu du point de vu des dragons (qui ne sont pas plus gros qu’un chat). Plaisant.
« Le gardien » de Yoss est, selon moi, la meilleure nouvelle du recueil. Un village de paysans qui subit de nombreuses attaques de brigands, un guerrier qui y vit et un puissant mage qui rend le village invinsible en donnant la source de cette invinsibilité au guerrier. Une nouvelle qui parle avant tous de pouvoir et de tyranie; quand on sait que l’auteur est cubain, la nouvelle prend une dimension supplémentaire.
Pierre Bordage offre une nouvelle sympathique sans plus avec « L’autre bord ». Cette nouvelle suit deux lutins qui traverssent la forêt pour, peut-être, apercevoir des hommes.
« De sable et de sang » est sans doute la nouvelle la plus dirigée « ado » de l’anthologie. Charlotte Bousquet présente l’histoire d’une jeune escale au service d’un seigneur cruel. Se déroulant dans une région desertique, la nouvelle parle de cheveaux et de leur élue. Bien écrite, je l’ai trouvé très calbirée « jeunes filles en fleurs ».
« Seconde Noce » de Jaworski propose une traditionelle chasse au dragon (un chevailer, un dragon et une prisionière) qui, comme souvent avec cet auteur, se termine assez mal pour la gente masculine et d’une façon non-traditionelle.
Avec trois nouvelles inédits (Jaworski, Bousquet et Bordage), cette anthologie est une lecture agréable. Les deux extraits de roman sont de trop pour moi et parler « d’incontournables » est sans doute exagéré. Il n’en reste pas moins que la lecture de l’anthologie se justifie amplement, ne serait-ce que pour la nouvelle de Yoss.
Rentre dans le cadre du challenge nouvelles et novellas.