Musiques de la Frontière

J’adore les romans de Léa Silhol, et j’aime encore plus ses nouvelles. Son écriture est à la fois gracieuse, complexe, évocatrice et me capture à chaque lecture. La semaine dernière j’ai donc eu envie de relire le recueil Musiques de la Frontière.

Au fils des différentes nouvelles de ce recueil émerge l’histoire du peuple Fay. Ces enfants de l’homme, nés à notre époque, enfermé car trop sublime, trop différent, dévoile ici leur histoire : la conquête de leur ville, Frontière, ville hors du temps et de l’espace, la terre promise des Fay que l’on doit trouver avant de pouvoir y entrer; des histoires tragiques, de fureurs, de glamours et de beautés, des histoires d’apaisement, d’amour et de paix retrouvée enfin. Au final une histoire qui se raconte dans ce superbe recueil, devenus, hélas, difficile à trouver.

L’écriture de Léa Silhol puissante et belle convient parfaitement à ces histoires de Fantasy urbaine. Un must pour tous les fan d’imaginaire et de littérature française.

La majesté des mers

Troisième volume du cycle des douze Royaumes (mais situé chronologiquement avant la mer des ombres et Le rivage du labyrinthe), la majesté des mers narre les premières années du règne du roi de En « actuel ». Le royaume de En est resté longtemps sans souverain et a donc sombré dans l’anarchie. C’est donc un royaume affaiblit et hautement corrompu que le nouveau roi a découvert, ce dernier étant, comme son Kirin, originaire du Japon et non des douze Royaumes. Pour compliquer le tout : le nouveau roi semble bien indolent et le Kirin doute des mérites de la royauté.

C’est dans ce contexte que le royaume devra faire face à une rébellion et à l’enlèvement du Kirin. Cette rébellion sera un test pour le nouveau roi qui devra démontrer sa capacité à gouverner.

Le roman est plaisant à lire, même si j’avais trouvé la traduction des deux volumes précédant plus fluide. L’histoire est bien menée et les personnages sont haut en couleur et originaux. Une très bonne lecture pour de la fantasy différente et de saveur asiatique.

La malédiction d’Old Haven

La malédiction d’Old Haven est un roman étrange. Bien écrit, il est sortit dans une collection pour adolescent mais ceux-ci risquent de ne pas avoir la culture nécessaire afin d’en comprendre toutes les subtilités. Mais en même temps ce n’est pas dramatique car l’histoire n’a pas besoin que ces subtilités soient comprises pour l’être.

Ainsi donc, le lecteur suit les péripéties de Mary, une orpheline de 17 ans qui découvre le monde après être sortie du couvent/orphelinat où elle a été élevée. Le monde parlons en : il s’agit de l’Amérique du Nord des années 1720. Mais une Amérique du Nord bien différente du notre monde. Des dragons y vivent, la sorcellerie existe, un Empereur, aidé par l’Inquisition, règne sur l’Amérique du Nord, des femmes y vénèrent des entités anciennes et aliens, et la technologie y est plus développée que dans la réalité historique (les automates par exemple.)

Mary part donc à la découverte du monde et devra rapidement faire face aux secrets de ses origines. Elle découvrira ainsi peu à peu l’histoire du village d’Old Haven, les secrets de ses origines, la sorcellerie, et sera amener à jouer un rôle majeur dans l’histoire du continent. Tous cela alors que de nombreuses personnes la traquent et la recherchent. Le livre est ainsi écrit comme un journal intime, écrit à postériori, narrant ces évènements.

Si l’histoire est plaisante à lire, elle souffre, à mon avis, d’un manque de fluidité dans les transitions entre les différents évènements qui y sont narrés. Par contre le patchwork improbable d’inspirations utilisé par Fabrice Colin prend très bien. Et ce n’était pas gagné; parmi les inspirations que j’ai pu identifier, et je suis sur d’en avoir manquées plusieurs, il y a l’œuvre de Lovercraft (extrêmement présentant), les mythes américaines (Jack O’Lanterns, par exemple), l’anime Cobra, Batman, les sorcières de Salem, etc.

Au final, donc, un livre, certes parfois un peu décousu et souffrant de certaines faiblesses (notamment dans la première partie), inventif, agréable à lire et plus profond qu’on ne pourrait le croire.

Anansi Boys

Fat Charlie mène une vie médiocre mais tranquille à Londres : un boulot de comptable minable, une fiancée avec une futur-belle mère exécrable, et surtout il vit loin de son père. Mais au final Fat Charlie n’est pas mécomptant de sa vie. Mais voila qu’un beau jour son père décède alors qu’il chantait une chanson dans un karaoké. Ce jour là la vie de Fat Charlie bascule.

Elle bascule, car son père n’est pas n’importe qui : c’est Anansi l’araignée des mythes africains. Et non contant d’avoir un dieu comme père, Fat Charlie a aussi un frère, Spider, qui s’invite dans sa vie et la met sans dessus dessous : plus de travail, plus de fiancée, et la police qui s’intéresse à lui. Fat Charlie doit réagir pour sauver sa vie et, qui sait, découvrir sa propre nature.

Gaiman livre ici un roman dans la droite ligne de American Gods. Seulement il est beaucoup plus léger, on rit beaucoup et on suit avec plaisir une histoire bien ficelée et, malgré la légèreté du propos, joliment documenté. Une lecture très très agréable.

The Ladies of Grace Adieu

The Ladies of Grace Adieu est un recueil de nouvelles de Susanna Clarke. La meilleur manière de résumer ses nouvelles et son style d’écriture serait de dire que Clarke a écrit ce qu’aurait écrit Jane Austen si elle avait fait de la Fantasy. Ainsi toutes les nouvelles de ce recueil se déroulent dans le Royaume Uni des XVIIIe et XIXe siècles, écrites comme si elles étaient d’époque et mettant en prise des humains avec les êtres de Faerie. C’est très agréable à lire et elles sont, dans l’ensemble, d’excellentes factures. Par contre si vous n’aimez pas Jane Austen et la littérature du XIXe siècle vous n’aimerez probablement pas le recueil.

Dans l’ordre les nouvelles parlent de :

« The ladies of Grace Adieu » met au prise trois jeunes femmes, et leur vision de la magie, avec J. Stranger, un des plus grand mage d’Angleterre, et sa vision masculine de la magie.

« On Lickerish Hill » conte les péripéties d’une jeune épouse qui fait un pacte avec un lutin.

« Mrs Mabb », ou comment une jeune femme va lutter contre cette personnalité de la Faerie afin de récupérer l’homme qu’elle aime. A mon avis une des meilleurs histoires, avec celle de Mr Simonelli, du recueil.

« The Duke of Wellington misplaces his horse » se déroule dans l’univers de Stardust, et narre les péripétie du duc de Wellington au delà du mur.

« Mr Simonelli or the Fairy widower » est un extrait du journal du révérend Simonelli qui découvre, dans un coins perdu de l’Angleterre, ses origines féériques et les étranges coutumes des princes qui y habitent.

« Tom Brightwind or how the fairy bridge was built at Thoresby » ou comment un prince de féérie en voyage avec un médecin juif va construire un pont en une nuit.

« Antickes and frets » raconte les mésaventures de la Reine Mary d’Ecosse qui cherche à se venger de la Reine Elizabeth à travers la confection de vêtement aux coutures magiques.

« John Uskglass and the cumbrian charcoal burner » raconte les mésaventures du « Raven King », le plus grand magicien britannique de tous les temps, face à un charbonnier et aux Saints catholiques.

La trilogie vendéenne

La trilogie vendéenne, L’enjomineur 1792, 1793, 1794 de Bordage revisite l’histoire française en y entremellant du fantastique, un peu à l’image de ce qu’a réalisé Orson Scott Card avec son cycle d’Alvin le faiseur.

On y suit plusieurs personnages dont les destins se croisent et s’influencent. Les deux principaux vont faire un chasser croiser durant les trois ouvrages.

Emile, jeune homme abandonné enfant et élevé de le bocage vendéen par un curé éclairé. Celui que l’on dit fils de fée, traquera l’esprit du mal de la Vendée à Paris. Il cotoyera les êtres de la lune, et les suppôts du soleil, les membres de la société secrete des adorateurs de Mitra.

Cornuaud est une brute, engagé comme matelot sur un navire de la traite, il est ensorcelé par une esclave. Un démon a pris possession de lui qui le pousse à tuer les blancs. Cornuaud tracera son chemin de Nante au bocage de la Vendée, en passant par Paris laissant dernière lui une trainée de cadavres. Servant tours à tours sous les couleurs monarchistes et républicaines, il poursuivra sa quête pour sa survie et peut-être sa rédemption.

Si le premier volume se déroule principalement en Vendée et est teinté d’un légère optimiste, le deuxième opus (centré sur Paris) et le troisième (retour en Vendée) s’enfonce peu à peu dans la Terreur. La folie des hommes est présentées de longs en large, que se soit à travers des horreurs de la répression parisienne ou nantaise, ou dans la tourmente du conflit vendéen. Mais au final cette trilogie reste, à mon sens, la meilleur de Bordage depuis les guerriers du silence. Une fresque historique et humaniste, qui montre ce que l’homme peut de pire et de meilleurs.

The Lies of Locke Lamora

The Lies of Locke Lamora est le premier petit bijou d’un jeune auteur. Il narre avec brio et truculence les péripéties de Locke Lamora et son gang de voleurs de haut vol, les Gentlemen Bastards, dans la ville de Camorr, une Venise improbable.

Locke est avant toute chose d’une prétention énorme et lui et sa bande s’amuse à élaborer les arnaques les plus complexes. Jusqu’au jour où lui aussi se fera manipuler. Il y laissera plus que des plumes, dans une histoire fort riche.

Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu un bouquin de fantasy si rafraichissant, à lire de toute urgence !

Harry Potter and the deathly Hallows

Le dernier Harry Potter, vue que je ne souhaite pas gâcher le plaisir de la lecture pour ceux qui ne l’ont pas encore lu, je me contenterais de donner un avis succinct sur l’ouvrage. Je l’ai bien aimé, il est aussi bon que les précédents, donne beaucoup d’informations sur le passé des personnages et résout toutes les trames narratives posées par Rowling. Il a des défauts, mais ceux-ci sont inhérents au limites posées par Rowling elle-même (roman centré sur Harry Potter, se déroulant sur une année scolaire, pour citer les deux principaux). Bien que peu adepte des adaptations cinématographique du petit sorcier, je suis vraiment curieux de voir comment va être adapté ce dernier tome, tant cela risque de donner un filme chiant à mourir là ou le livre capte bien les tourments de l’adolescence.

Si vous voulez plus de détails, je suis sur qu’un petit coup de google vous permettra d’attendre des nombreux sites remplis de spoilers…

Wizard of the crow

Difficile de résumer Wizard of the crow tant ce roman est dense (plus de 700 pages quand même). Il narre l’histoire d’un pays d’Afrique imaginaire (The free Republic of Aburiria) dont le dirigeant est un dictateur, anciennement soutenu par l’occident (guerre froide oblige) et qui doit gérer à la fois les troubles dans son pays (des rebelles), les relations avec l’étranger (et notamment la banque globale) et les luttes intestines de ses ministres. Le tout alors que le dirigeant recherche des fonds pour lancer « marche vers le paradis », la construction d’une nouvelle tour de Babel.

On suit principalement l’histoire de Kamiti, un africain féru de spiritualité, diplômé d’une université indienne, et sans emploi, qui pour échapper à la police un soir ou il faisait la manche invente un personnage fictif (le Wizard of the Crow du titre) . Ce dernier prendra de l’ampleur et le fera rencontrer tous le gratin du pays, ainsi que jouer un rôle important dans les événement politique de la nation. Il est accompagné par Nyawira, une jeune femme membre d’un mouvement de rébellion.

Le roman se rattache sans peine au courant du réalisme magique, et de nombreux éléments fantastiques viennent ponctuer le récit (un ministre s’est fait agrandir les yeux pour devenir les « yeux du dirigeant » et mieux voir ses ennemis, le dirigeant gonfle et perd l’usage de la parole, etc.). Tout ces éléments servant à mettre en avant les différents éléments de l’Afrique contemporaine. Wizard of the crow est vraiment un roman excellent, très riche et agréable à lire. Le seul reproche qu’on pourrait lui faire et de contenir certaines longueurs; longueurs qui ne m’ont personnellement pas gênées mais qui pourrait en rebuter certains.

Le rivage du labyrinthe I & II

Le rivage du labyrinthe est la deuxième histoire écrite dans le monde des XII Royaumes, mais chronologiquement elle se déroule avant le récit narré dans la mer des ombres.

L’histoire est celle de Taiki, le kirin (l’animal sacré) du royaume de Tai, celui qui désigne le roi. Alors qu’il n’était pas encore né, il fut emporté par une tempête magique au Japon. Il ne fut retrouvé que dix ans plus tard. L’histoire nous narre donc son enfance sur la montagne sacrée. De nombreuses informations sont ainsi donné sur les animaux mythiques que sont les Kirin. Mais c’est égallement l’arrivée à la maturité d’une kirin hors-norme qui est contée : une Kirin qui doute de son rôle et de sa puissance.

Tout aussi agréable à lire que la mer des ombres et porteur de nombreuses précisions sur le fonctionnement de l’univers des XII Royaumes, Le rivage du labyrinthe est néanmoins, à mon gout, inférieur au premier récit de ce cycle.