Résurgences

Résurgences est la suite direct de Transparences. Il débute quelques année après ce dernier par l’assassinat d’AnnX et l’enlèvement de Stephen, le criminologue qui l’a traquée puis aimée, par les services secrets français.
Débute alors une nouvelle traque : celle du Marksman, un tireur d’élite qui semble à même de reconnaitre AnnX sous tous ses déguisements et qui sème, lui aussi, une trace sanglante sur la planète. Un jeu psychologique complexe débute également entre Stephen et le représentant des services secrets qui le retient prisonnier. Le tout sous fond de révolte sociale grondante suite à l’élection d’un nouveau président de droite. Toute l’équipe du premier tome se remet au travail afin de déjouer les différents complots des services secrets et arrêter le Marksman.
L’écriture de Résurgences est aussi agréable à lire que le premier tome. L’histoire est allaitante et j’ai tourné les pages avec un plaisir non feint. Maintenant Résurgences a les même défauts que Transparences : des personnages tous surdoués capables de tout comprendre et de tout analyser. J’ai également le sentiment qu’Ayerdhal, l’auteur, se laisse un peu porter par sa critique du sarkosysme triomphant. Les critiques en termes lourd de Sarkosy alourdissent fortement le récit. Une bonne suite donc mais qui ne vaut pas le premier tome.

Embassytown

Embassytown est le dernier roman de China Miéville. Après avoir touché plusieurs genres, Miéville s’attaque à la SF avec un roman qui, à mon avis, sent le « Old School » tout en prouvant, une fois de plus, qu’il ne pense pas comme tout le monde.
Situé dans un futur où l’homme est devenu homo diaspora en colonisant les étoiles grâce à un mode de voyage utilisant le substrat de notre univers pour se déplacer. Si l’homme a rencontré plusieurs espèces extraterrestres intelligentes, aucune n’est aussi alien que les Ariekis. Ces derniers maitrises une technologie basée sur le vivant et parle la Langue. Un langage produit par deux bouches, qui a besoin d’une conscience derrière la prononciation pour être comprise (par les Ariekis), qui ne connait pas le mensonge, et qui utilise la réalité comme support. Un mot/ensemble de mots est ainsi toujours basé sur un objet du réel utilise comme base pour le langage.
A Embassytown, la ville où vivent les humains sur Arieka, les ambassadeurs sont les seules pouvant communiquer avec les Ariekis. Paire de clones identiques, reliés par de la cybernétique et entrainés à parler la Langue, ils sont les seuls aptes à se faire comprendre par les Ariekis. Avice est originaire de cette planète qu’elle a quittée comme pilote avant d’y revenir. Enfant, elle est devenu une comparaison dans la Langue et est ainsi « parlée » régulièrement par les Ariekis. La venu d’un nouvel ambassadeur atypique depuis une autre planète va provoqué une guerre, une révolution et des découvertes dont Avice sera partie prenante.
Si certain parle d’Embassytown comme le meilleur roman de Miéville (je ne peux l’y classer tant Perdido Street Station et The city & the city me paraissent nettement meilleur), il fait effectivement partie du « haut du panier ». Le parti pris, comme souvent chez Miéville, de ne pas donner d’entrée les clefs du monde décrit est assez déroutant durant les 50-60 première pages mais la persévérance s’avère payante. Décrivant une société ne connaissant pas le mensonge, Miéville propose une double réflexion sur les lien entre langage et processus cognitif, et langage et réalité. Le tout dans un enrobage SF « old school » agréable (à noter que les Ariekis ne sont pas totalement décrits et laissés ainsi dans le flou, choix volontaire d’après une interview dans le Guardian). Au final, une lecture exigeante au niveau de la langue mais très stimulante au niveau intellectuel et de l’imaginaire.

Midnight’s Children

Difficile de résumer ce foisonnant roman de Salman Rushdie qu’est Midnight’s Children. En effet, cette fresque, appartenant au genre du réalisme magique, retrace la vie de Saleem Sinai, un Indien né exactement à minuit le jour de l’indépendance de l’Inde.
 Sa vie, qu’il narre lui même, est une suite d’événements assez rocambolesques qui le place au center de l’histoire indienne (de l’indépendance au début des années 80, le roman étant paru en 81).  Il est tour à tour le jouet, l’instigateur ou le reflet de l’histoire : indépendance, coup d’état, partition du Pakistan, guerres, soubresauts politiques et économiques.
Mais Saleem Sinai partage avec d’autres enfants né à l’indépendance un pouvoir surnaturel. Lui peut lire dans les esprits et communiquer par l’esprit, d’autres peuvent voler, changer le plomb en or, etc. C’est aussi un peu leur histoire qui est narré dans Midnight’s Children.
Difficile d’en dire plus tant le roman est riches et les rebondissements nombreux. J’ai personnellement beaucoup apprécié son écoute, car oui je l’ai écouté et non lu. La version d’Audiolib est bien narrée et j’ai pris grand plaisir à la voix du narrateur. Maintenant si j’ai aimé ce roman, mon manque de connaissances concernant l’histoire de l’Inde m’a sans doute fait passer à côté de beaucoup de chose.

De la voiture au vélo

Bon, lorsque j’ai indiqué les différents ouvrages qui m’intéressaient pour la dernière édition de Masse Critique, j’ai coché l’ouvrage De la voiture au vélo : en route vers le changement. Mon récent achat d’un vélo à assistance électrique n’est pas étranger à ma curiosité.

Ma foi bien mal m’en a pris. Alors certes l’ouvrage se lit vite (une petite heure en lisant tranquille), mais que de poncifs : un chapitre sur les avantages de faire du vélo (de côté sportifs en passant par l’écologie et être tendance), un autre sur les difficultés rencontrées (le mauvais temps, la volonté, le manque d’exercices physiques, etc.), une apologie de bonheur d’être cycliste, un chapitre sur la manière « d’accompagner le changement », un autre sur les profils de cycliste et finalement un chapitre (sans doute le plus intéressant) sur les différents types de vélo.

Ce n’est pas que c’est mauvais mais ce qui m’a agacé c’est que l’ouvrage, écrit par un cycliste convaincu, me semble plus être une apologie du vélo qu’une vraie réflexion sur la mobilité urbaine au XXIe siècle. Et en fait c’est probablement d’un malentendu que surgit ma déception : je m’attendais à une réflexion élevée et sympa sur la pratique du vélo et je me suis retrouvé avec un ouvrage plein de bon sens, partisan et avec un niveau de réflexion un peu simple à mon goût. Dommage pour moi !

Transparences

Il y a quelques mois, en lisant le recueil d’entretiens Voix du Futur, je découvre l’existence d’un roman d’Ayerdhal, auteur que je n’avais jamais lu, appelé Transparences et qui semble être un cross over entre Les futurs mystères de Paris et Nikita. Mon âme de lecteur n’a fait qu’un tour et je m’étais promis de lire ce roman.
C’est maintenant chose fait et je ne le regrette pas. Transparences suit le parcours de deux personnes d’exception entre fin 1997 et septembre 2001. Ann X, une jeune femme mystérieuse au passé trouble qui sème avec une terrible efficacité la morte sur la planète entière. Particularité de Ann X : un don de transparence et de mimétisme impressionnant. Son visage apparait flou sur les clichés et les vidéos et elle est capable de prendre presque n’importe qu’elle apparence et de singer n’importe qu’elle attitude faisant d’elle un fantôme, un être transparent. Trouver et comprendre cette Nikita invisible est le principal enjeu du roman.
La seconde personne est un criminologue canadien travaillant à Interpol. Stephen est criminologue, chargé par Interpol de reprendre les nombreux dossiers en suspends. Ses recherches le mènent sur la piste d’Ann X et il engage avec elle une danse complexe afin de comprendre qui elle est et comment l’arrêter. Le tout est compliqué par l’implication de plusieurs services secrets, dont ceux américains, et par un jeu de piste aussi dangereux que fascinant. Stephen et Annx entretiennent une relation ambigüe qui semble pouvoir basculer à tout instant.
Transparences est un bon roman dont le chapitre d’ouverture est excellent et m’a scotché au livre durant plusieurs heures. La touche de fantastique constituée par les pouvoirs de transparence d’Ann X est bien gérer et ne déborde pas la force du récit. Je regrette peut-être une intrigue à tiroirs parfois un peu chargée et le côté « je sais tous /super intelligence » des principaux protagonistes. Je trouve toujours un peu agaçant le type de personnage capable, après cinq minutes, de décrire en détail la psychologie d’un individu.
Mais ces quelques bémols ne masquent pas le fait que Transparences est un excellent roman à l’écriture et l’histoire captivantes. J’ai ouïe dire qu’il y avait une suite que je vais sans doute pas tardé à me procurer.

L’être de l’autre monde

Huitième volume de la série des douze royaumes (après la mer des ombres, Le rivage du labyrinthe, la majesté des mers, le vent de l’infini, les ailes du destin, les rives du crépuscules , le royaume de l’idéal), l’être de l’autre monde se déroule dans notre monde. Il décrit en fait le second « exil » de Taiki, le kirin du royaume de Tai, né dans notre monde et qui y retourne après avoir été ramené une seconde fois sur Terre.

L’être de l’autre monde est, à mon avis, un roman destiné à ceux qui ont déjà lu le reste du cycle des douze royaumes. Il n ‘est, en effet, vraiment compréhensible que pour quelqu’un qui sait ce qui c’est passer dans les royaumes et qui connait Taiki. Ce dernier a en effet perdu la mémoire. Devenu adolescent, c’est un jeune polis mais solitaire qui fréquente un lycée japonais. Auréolé d’une rumeur de malédiction, ces gardiens vont se déchainer et tracer un sillage de morts et de destruction autour de lui. Un jeune stagiaire va se lier d’amitié avec lui et tenter de le protéger de la tourmente médiatique qui se déchaine tout en tentant de comprendre les aspects surnaturels de Taiki.

C’est un roman sombre, lent et mélancolique qui se dévoile au lecteur. Définitivement pas un de mes préférés de la série, il jette néanmoins un regard intéressant sur la période d’exil de Taiki, et propose une ambiance plus proche du roman fantastique que de Fantasy qui tranche aussi avec le reste de la série.

Zoo City

Récemment primé de l’Arthur C. Clarke Award 2011, Zoo City est le second roman d’une auteure, Lauren Beukes, sud-africaine. Se déroulant de nos jours à Johannesburg, Zoo City propose un univers à mi-chemin entre de l’Urban Fantasy et du Cyberpunk. Le premier car s’il s’agit de notre monde, une différence notable prend place : les personnes ayant commise un meurtre (accidentel ou non) ont un animal qui apparait et s’attache à eux. Outre de montrer ainsi à la face de tous le crime qu’ils ont commis, les Zoo développent également un pouvoir magique. Cyberpunk, car l’ambiance du roman est très noir dans un monde ou l’espoir de rédemption est bien maigre.

Zinzi December, une ancienne journaliste, est affublée d’un paresseux pour avoir tuer son frère. Après avoir fait son temps en prison, elle vit à Zoo City (le quartier « mal famé/pauvre » de Johannesburg) où elle vivote en recherchant des objets perdus (son don lui permet de les retrouver) et en écrivant des spams de pishing pour un parrain de la pègre à qui elle doit de l’argent. A court d’argent, elle doit accepter une enquête pour retrouver une jeune star de la musique disparue. Son enquête la mènera à se frotter à fort partie et à découvrir des secrets bien sombres.

Ce roman à l’ambiance noir est très sympathique. Le mélange entre un univers violent et pauvre avec une pointe de magie prend bien; tout comme le contexte peut habituel (l’Afrique du Sud) pour un lecteur européen comme moi aussi. J’ai par contre eu parfois le sentiment d’une intrigue un peu embrouillée et d’un manque de transition en douceur dans la lecture. Ceci étant dit, Zoo City reste un excellent roman qui a bien mérité son prix.

Avant le déluge

Il y a quelques mois, je terminais ma chronique de Rue Farfadet sur le souhait de pouvoir lire prochainement une suite. Je n’imaginais pas alors que le second tome des aventures du détective Sylvo Sylvain, Avant le déluge, sortirait si rapidement. Aussitôt vu, aussitôt lu, ce second opus plonge le détective, et son adjoint pixie, dans une enquête aux conséquences plus lourdes encore que dans Rue Farfadet.

Se déroulant quelques temps après (et je pense que la lecture du premier tome devrait être fortement conseillé pour bien prendre plaisir à la lecture du second), Avant le déluge débute alors que la situation de Sylvo Sylvain s’est bien améliorée. A la tête de sa propre agence de détective, il vit mieux et son spleen du à l’exil a bien diminué.

C’est donc un peu résigné, qu’il débute une enquête sur la disparition de l’ambitieux journaliste Jacques Londres. Mais rapidement, l’enquête tourne au complot d’état. Et c’est en courant derrière le célèbre voleur Alfred Lutin, que Sylvain se retrouve à découvrir, couches après couches, les secrets de la puissante Académie de magie. Le roman se termine d’ailleurs d’une façon apocalyptique, pour Panam et pour Sylvain.

Un second tome de très bonne facture qui a le bon goût de faire évoluer d’avantage l’univers mis en place. Il me semble de plus que les références détournées à la culture populaire sont bien plus présente dans ce tome que dans le précédent. Vivement la suite.

Ceux qui rêvent

Suite de Ceux qui sauront, Ceux qui rêvent débute une année après la fin du précédent. Toujours situé de nos jours dans un monde où la Révolution française a été un échec, ce roman mène Jean et Clara, maintenant installé ensemble et donnant des cours clandestins, vers les royaumes du Nouveau-Monde.

En effet, Clara est enlevée et Jean doit se rendre en Nouvelle-France afin d’empêcher son mariage forcé avec un riche industriel. Pour ce faire, il devra traverser l’Atlantique dans un paquebot, rentrer illégalement des les royaumes anglophones du Nouveau-Monde, traversé ces derniers et se rendre en Nouvelle-France. Et de là, qui sait, tenter de rejoindre le royaume libre d’Arcanecout.

Parallèlement aux péripéties vécues par Jean et Clara, le roman s’attache aussi aux pas d’Élan Gris, un jeune Lakota, qui quitte sa réserve sur les pas d’une vision pour rejoindre également l’Arcanecout. Guidé par son esprit totem, il devra lui aussi faire face à une population hostile pour atteindre son rêve.

Dans la veine du premier roman, mais avec une fin un peu plus optimiste (quoique…), Ceux qui rêvent prolonge ce dernier de bien belle manière en permettant l’exploration d’une Amérique uchronique monarchiste. Un roman donc fort agréable où seul l’utilisation d’une pointe de surnaturelle gâche un peu le « réalisme » de l’uchronie.

The Alchemist & The Executioness

The Alchemist & The Executioness sont deux courts romans (novellas dirait-on en anglais) de Fantasy se déroulant dans le même univers écrit par Paolo Bagigalupi, pour le premier, et Tobias S. Buckell pour le second. Écrit à la première personne, ils ont étés, si je me fie aux dates de sorties, probablement écrits pour être lu (la version audio est sortie six mois avant la version papier).
Le monde de Fantasy proposé est assez classique, le seul twist est que l’utilisation de magie provoque l’apparition de ronces envahissantes, quasiment impossibles à détruire et qui ont submergé de nombreuses terres et cités. Par voie de conséquence, l’utilisation de la magie est interdite et punie de mort. Mais cela n’empêche pas de nombreuses personnes de continuer à utiliser de petits sortilèges provoquant l’extension des ronces.
The Alchemist, de Paolo Bagigalupi, présente la vie d’un alchimiste désargenté qui utilise son énergie pour trouver un moyen non-magique de détruire les ronces. Vivant avec la dernière servante qui lui reste et sa fille, dont la maladie l’oblige a utiliser illégalement un peu de magie pour la maintenir en vie, il trouve une solution. Une fois cette solution présenté au maire de la ville, il se retrouve en prison et obligé d’utiliser son invention pour assouvir les désirs de puissance du maire.
Le texte est bien écrit et narré par une voix lasse qui est parfaitement dans le ton du personnage. The Alchemist est un roman fort agréable sur l’espoir, l’amour et l’avidité des puissants.
The Executioness, de Tobias S. Buckel, débute dans la même ville que The Alchemist, et suit l’histoire d’une jeune bouchère qui, pour soulager son père malade, doit porter l’habit du bourreau qui exécute les citoyens coupables d’utiliser la magie. Lors de sa première exécution, la ville est attaquée par des pillards qui capturent les jeunes enfants. La bourreau va alors se lancer sur les routes afin de les sauver. Tour à tour garde dans une caravane marchande et générale d’une armée « rebelle »; elle va entrer dans la légende et découvrir que les pillards n’agissent pas sans motivations ni raisons.
Roman également agréable, The Executioness a un titre qui prête à confusion. En effet, je m’attendais à un texte qui présentait la situation de la ville du point de vue du bourreau chargé des sentences envers les pratiquants de la magie. Je me retrouve avec un roman qui narre les aventures d’une jeune femme singulière dont « bourreau » n’est au final que le nom de guerre. Cela n’enlève rien à la qualité du roman, j’ai juste l’impression d’avoir « lu » un texte différent de celui auquel je m’attendais.