7th Sigma

Continuant de ma veine apocalyptique, je me suis mis dans les oreilles le dernier roman de Steven Gould qui est sorti il y a peu : 7th Sigma. Le pitch du « monde » : le nord du Mexique et le Sud des États-Unis a été dévasté par des insectes nanotechnologique (personne ne sait exactement d’où ils viennent) qui dévorent tous les métaux afin de se reproduire. Pour une raison tout aussi inexpliqués l’infestation ne c’est pas étendue. Le Sud des États-Unis est devenue « les Territoires » une zone où reignent une ambiance « far-west » et où les métaux sont bannis (la population utilisent de la céramique à la place, mais certaines choses, voitures, ordinateurs par exemple, ne peuvent pas entre les Territoires).
C’est dans ce nouveau far-west que vit Kim, un jeune adolescent fugueur. Vivant dans la rue, il rencontre Ruth une sensei d’aïkido qui vient ouvrir un dojo dans les Territoires. Ruth prend Kim comme élève et ses talents naturelles attirent l’attention d’un ranger qui va l’enrôler dans les services de renseignement des Territoires. Kim mènera donc divers enquêtes (trafiques de drogue, trafique d’armes) pour le compte des renseignements tout en devenant adulte.
Le roman est inspiré du célèbre Kim de Kipling (dont des situations ouvres les différentes partie de 7th Sigma) et reprend les grandes lignes de celui-ci. Je l’ai bien aimé mais reste un peu sur ma faim car le mystère des insectes n’est qu’effleuré et reste sans véritable réponse; où plutôt sans exploration direct de leurs origines. Il n’en reste pas moins que c’est un roman plaisant qui m’a fait passé un très bon moment.
Lu dans le cadre du challenge fin du monde.

Le bureau des atrocités

Après avoir découvert Charles Stross grâce au recueil de nouvelles Wireless, j’ai été pris d’une irrépressible envie de m’attaquer à sa série « The Laundry ». Un détour par une bibliothèque plus tard, je m’attaquais au Bureau des atrocités, suivi d’une novela : La jungle de béton. Bien m’en pris car ces deux histoires sont tous simplement géniales.
La laverie (The Laundry en anglais) est une agence secrète britannique chargée de la lutte contre ce que l’on pourrait appeler le « paranormale ». Cette administration (car elle fonctionne comme une administration avec tous ses problèmes de budgets, de guerre interne et d’open space) fonctionne dans le plus grand secret. Bob est un informaticien dans cette vénérable institution, un jour sa demande de passer en service de terrain est admise. Il devra alors jonglé avec un chef inquiétant, une ancienne cheffe revancharde, le service comptable et des créatures aux angles improbables.
La première histoire tourne autours de l’enlèvement d’une philosophe américaine aux USA, d’anciens nazis et d’une menace d’un autre monde. La deuxième tourne autours d’un programme informatique, du réseau de caméras de surveillance publique anglais, de basiliques et gorgones et des joies de l’administration publique.
L’univers du Bureau des atrocités est un mélange improbable entre les horreurs lovecraftiennes, James Bond,  les mathématiques, la philosophies, l’administration et l’humour british. Cela donne un cocktail détonnant d’action, d’explications mathématico-philosphiques fumeuses (j’aime beaucoup les applications de portable qui permette des effets « surnaturelles » ou encore les algorithmes de calcules sur ordinateurs pour asservir des « démons ») et d’horreur qui est super. Je vais d’ailleurs prochainement m’attaquer à la suite.

Supergods

Grant Morrison est un auteur de comics écossai qui se lance dans un essai sur les supers-héros. Curieux, je me le suis procuré. Grant Morrison propose un historique des comics basés sur sa propre expérience et construit en quatre grandes parties : Golden Age, Silver Age, Dark Age et la Renaissance. Il lie à l’histoire des comics son histoire personnelle dans le milieu.
Difficile de résumer l’intégralité de l’essai, mais il donne une place plus importantes aux héros DC (Superman et Batman notamment) qu’aux héros Marvel. Ceci étant dit j’ai trouvé une partie de l’essai intéressant, mais j’ai l’impression, peut-être fausse, que Morrison parle surtout des comics qui l’ont profondément marqué. La partie sur son parcours personnel est sans doute aussi passionnante pour un fan mais elle m’a laissé un peu froid.
Une impression donc mitigée au final pour un essai qui me semblait très prometteur.

Wireless

Première lecture de Charles Stross, un auteur anglais, son recueil Wireless me fait à peu près le même effet que la première lecture de China Mieville. En effet, même manière très riche (entendant complexe) d’écrire, mais imagination prenant parfois la tangent (et de manière pas toujours euclidienne)… La comparaison m’est venu quasi immédiatement. Pourtant China Mieville m’avait fait un peu plus d’effet; sans doute le fait que ce dernier écrit plus du fantastique/fantasy là où Stross fait plus dans la SF.
Alors au menu de ce sympathique recueil on trouve :
  • Missil Gap une novella qui revisite la guerre froide : l’intégralité de l’humanité a été transporté dans un autre recoin de notre galaxie sur une gigantesque structure plate. Le lecteur suit des protagonistes des deux camps qui tentent de comprendre ce qui c’est passé. Très surprenant, la fin m’a paru un peu abscons.
  • Rogue Farm : une terre futuriste avec modification génétique et tous et tous, un fermier et sa femme confronté à l’arrivée d’une entité composite qui veut s’installer pour préparer son départ vers les étoiles…. C’est sympatoche et bizarre sans plus.
  • A colder war est une des grandes réussite du recueil. Un ensemble d’investigations des services secrets américains qui révèlent les différentes manigances de l’URSS qui cache sur le site de Tchernobyle l’entité endormie K-Thulhu. Une ambiance de fin du monde et d’horreur lovecraftienne très bien montée.
  • MAXOS une très courte nouvelle : ou quand l’humanité reçoit un spam cosmique….
  • Down on the Farm est une enquête de Bob Howard, le héros du Bureau des atrocités. Ce fonctionnaire britannique travaille pour une organisation qui gère le para-normal aux Royaumes Unis. C’est du Lovecraft décomplexé avec une grosse touche d’humour british. Dans cette nouvelle, il se rend dans un asile où se reposent les anciens de l’organisation. L’ordinateur qui gère le complexe semble avoir des ratés. Super sympa, la nouvelle m’a donné envie de lire les romans.
  • Unwirer est une uchronie écrite avec Cory Doctorow dans laquelle l’Amérique du Nord a rendu illégal l’Internet et les réseaux libre. C’est sympa mais, comme souvent avec Doctorow, j’ai le sentiment que la fiction cache mal des idées qui seraient mieux développée en textes argumentatifs.
  • Snowball’s Chance est une histoire de pacte avec le diable dans une Angleterre ravagée par les changements climatiques : fort sympathique.
  • Trunk and Disorderly est sensée être une nouvelle comique : pour dire elle m’a fait tant rire que je l’ai abandonée après dix pages…
  • Palimpsest est la vraie raison pour laquelle j’ai acheté ce recueil. Le lecteur suit l’histoire d’un agent de la STASIS une organisation qui veille à la survie de la race humaine. Pour cela elle utilise le voyage temporelle afin de ré-écrire continuellement l’histoire humaine et procède à de lourd travaux d’ingénierie cosmique pour rendre la terre viable à long terme. La novella fait instantanément pensé à La fin d’éternité d’Asimov tant par son thème que l’organisation qu’elle met en place. Et on y retrouve les mêmes éléments : un agent manipulé de tout part, une organisation surpuissante qui perd sa voie, le choix entre contrôle du temps et contrôle de l’espace, etc. Palimpsest est sans doute un peu moins lisible que le roman d’Asimov mais contient plus de ré-écriture du passé et d’itérations différentes des personnages. Une réussite dans tous les cas.
Un recueil au final très surprenant qui mérite amplement sa lecture.

Soft Apocalypse

Après un roman post-singularité et apocalyptique, je continue dans ma lancée avec un roman sur le devenir de notre civilisation après l’épuisement des principales ressources de notre planète : Soft Apocalypse de Will McIntosh.
Ici point de catastrophe violente qui détruit toutes les civilisations humaines en quelques instants, mais plutôt une lente décente qui débute par une crise économique sans précédent (40% et plus de chomage aux USA). Le roman, qui débute en 2023 et s’étend sur une douzaine d’année, suit les traces de Jasper. Ce jeune sociologue américain (car le roman se déroule aux USA) fait partie de la myriade de chômeurs et de sans-abris qui vivotent dans les villes américaines. Lui et sa tribu de « nomade » survivent de petits boulots et de la vente d’énergie collectée de manière « verte ». Au fil du temps on suit l’évolution de ce groupe vers une normalisation de leur statut au travers de petits boulots un peu plus fixe, puis vers une décente aux enfers alors que les crises se multiplient pour finalement (attention spoeilers généraux plus en avant) retrouver un semblant de civilisation et d’espoir.
Toute l’histoire se déroule avec en toile de fond la montée du chaos que les crises provoquent : montée de l’insécurité, terrorisme bio-technologique (avec des bambous OGM redoutable), neo-virus (mortels pour certains puis modifiant, en bien ?, les comportements ensuite), gangs plus ou moins anarchiques, crises financières et logistiques, etc.
Le roman est agréable et m’a bien plus. Il est d’un côté assez effrayant dans le sens qu’il ne base pas l’apocalypse sur un hypothétique événement cataclysmique mais plutôt sur ce qu’il risque d’arriver si nos sociétés continuent de consommer les ressources terrestres au rythme actuel. Quelques twists sont sans doutes discutables (je pense notamment au terrorisme bio-technologique) et la conclusion est intéressante. Elle montre en effet une possibilité de reconstruire une nouvelle civilisation humaine. En ce sens, la fin du roman est optimiste, mais dans le même temps, cet espoir est construit sur l’homogénéisation de la société et la transformation de l’homme par la technologie pour enlever ce qui pourrait être considéré comme mauvais en lui. Une fin que je trouve pour le moins ambigüe : sommes nous condamné a avancé en devenant autre grâce à la technologie ?
Lu pour moi, mais s’inscrit dans le cadre du challenge fin du monde.

Mordre le Bouclier

Mordre le Bouclier est la suite de Chien du Heaume; le roman débute peu après la fin du précédent. Chien du Heaume a perdu plusieurs doigts et se morfond dans sa condition d’estropiée. Elle va néanmoins repartir sur les routes avec Bréhyr afin d’accomplir une vengeance. Bréhyr, une guerrière de près de 60 ans, recherche le dernier de ses anciens tortionnaires encore en vie : Herôon. Celui-ci est parti participer au croisade, c’est donc dans un fort situé sur le chemin du retour que Bréhyr et Chien du Heaume vont l’attendre. En chemin elle rencontre un chevalier estropié et une jeune femme avec une arbalète qui vont les accompagner.
Mordre le Bouclier n’est pas un roman d’aventure, c’est plus un roman intimiste se déroulant dans un moyen âge sombre et sale. Les lieux ne sont jamais nommés, les réflexions des personnages sont plus importantes que leurs interactions avec le monde extérieur. C’est presque d’ailleurs plus une fable médiévale qu’un roman de Fantasy.
La postface de Jaworski (cris du Fanboy qui est en moi : hiiiiiiiiiiiiiii) est très intéressante et apporte un éclairage savant sur le roman. Néanmoins, je dois dire que je n’ai pas apprécié Mordre le Bouclier plus que cela. C’est un roman différent d’une grande partie de la production de Fantasy actuelle et pour cela il est intéressant, mais perso je n’ai pas adhéré plus que cela.

Robopocalypse

J’avais beaucoup aimé le petit livre How to survive a robot uprising de Daniel H. Wilson, c‘est donc avec une certaine curiosité que je me suis mis dans les oreilles la version audio de son premier roman : Robopocalypse. Les prémices de celui-ci sont simples : dans un futur relativement proche l’humanité a intensifié sont utilisations de robots domestiques et de systèmes robotiquement assisté, une expérience scientifique tourne mal (ou trop bien c’est selon) et donne naissance à une IA consciente (Archos) qui décide d’exterminer l’humanité afin de pouvoir mieux l’étudier.

Le roman se présente ainsi comme une collection de témoignages de personnes marquantes qui vont participer à la guerre contre les robots. Le roman débute ainsi environs une année avant la guerre et se termine quelques années après le début de celle-ci, une fois la victoire acquise. Le lecteur / auditeur suit ainsi l’histoire d’un ado londonien doué pour l’informatique, d’un ingénieur japonais un peu trop amoureux des machines, d’une pré-ado américaine, d’un ingénieur/soldat en Afghanistan, d’un ouvrier à New York et d’un soldat de fortune aux Etats-Unis.

La trajectoire des ces différentes personnes marquent la guerre contre les robots et donnent une chance à l’humanité. Au travers de leurs histoire c’est le soulèvement des robots qui est décrit en détail. C’est un peu Terminator avec Archos dans le rôle de Skynet.

Le roman est très agréable et très cinématographique (Spielberg a d’ailleurs déjà acheté les droits). Centré sur l’humain et sur des individus c’est un récit haletant qui m’a beaucoup plus. Un bémol néanmoins, j’ai trouvé dommage qu’une grande partie du monde soit laissé de côté dans le récit (l’Afrique et l’Amérique latine par exemple) car je suis certain qu’en cas d’un vrai soulèvement des machines les régions du monde plus sauvages et/ou moins développées ne le vivraient pas de la même manière que l’Occident.

Pas lu dans le cadre d’un chalenge mais je réalise que cela rentrerait bien dans celui sur la fin du monde.

La Fraternité du Panca IV : Soeur Onden

Que dire du quatrième, sur cinq, tome (après Frère Ewen, Sœur Ynolde et Frère Kalkin) de la Fraternité du Panca ? Pierre Bordage fait du Pierre Bordage :

C’est donc du Space opera bien écrit, avec du voyage (plus vite, toujours plus vite), du dépaysement et de l’exotisme (mais moins que dans les trois tomes précédents). La quatrième sœur embarque donc, aussi, pour un voyage à l’autre bout de la galaxie à la recherche du cinquième chainon afin de reconstituer la chaîne quinte capable de sauver l’humanité de l’extinction. Elle affronte en chemin des ennemis du Panca, voie sa résolution testée et finit par trouver le dernier maillon de la chaine. Parallèlement on suit l’odysée d’un jeune garçon propulsé dans des couloirs temporels et de deux mercenaires chargés de découvrir la localisation des chefs de la Fraternité (on finit d’ailleurs par en apprendre un peu plus sur ces derniers).

Les grands thèmes sont également toujours de la partie : dispersion de l’humanité, fois dans la vie/l’univers/le hasard/l’être humaine, liens entre les branches de l’humanité, menace globale, etc. Au final un roman sympathique, mais même si le plaisir de la lecture est là, mon intérêt commence à fléchir un peu. La même chose sur quatre (bientôt sur cinq ?) tomes,. même bien écrit et divertissant cela lasse au bout d’un moment. Je dois dire que j’aurais apprécier un changement dans le « copié / collé », l’arrivée d’une surprise. Mais là non. Je lirais le prochain, mais deux ou trois tomes auraient sans doute était suffisent pour raconter cette histoire.

Under Heaven

Il y a une dizaine d’années, alléché par de nombreuses critiques positives lues ici ou là, j’avais tenté de lire la trilogie de la Tapisserie de Fionavar de Guy Gavriel Kay. A ma grande surprise, j’y avais trouvé une repompée de Tolkien et une écriture (du moins dans la traduction française) horrible. Pour dire je n’étais pas allé au bout du premier tome. J’avais donc catalogué Gavriel Kay comme un tâcheron de la Fantasy peu digne de mon intérêt.
C’était sans compté le temps qui passe et le fait que je continuais à lire sur le Net de nombreuses bonnes critiques de ses ouvrages. C’est donc avec une certaine appréhension que j’acquis la version audio de son dernier roman Under Heaven. Bien m’en pris car celui-ci est excellent.
Dans un monde, légèrement fantastique, inspiré de la Chine des Tangs (l’Empire de Kitai), Shen Tai, le second fils d’un général défunt, termine sa période de deuil de deux ans dans la solitude d’un lac de montagne où, pour honorer la mémoire de son père, il a passé les deux dernières années a y enterrer les morts de la dernière guerre entre Kitai et le royaume voisin de Tagor. Alors qu’il est sur le point de quitter les lieux deux événements vont boulverser le reste de sa vie : une tentative d’assassinat et le cadeau de 250 chevaux de la part de la reine de Tagor. Les chevaux tagoriens étant extrêmement réputé ce cadeau, en plus de le rendre riche, le place de facto dans une position importante dans les intrigues politiques qui agitent la cour de Kitai. Le reste du roman décrit le retour de Shen Tai à la civilisation et les conséquences de cet improbable cadeau sur sa vie et sur l’Empire.
Il y a dans ce roman de l’aventures, des intrigues politiques, de la romance. Il est bien écrit et extrêmement bien lu. C’est un vraie réussite et, pour moi du moins, une excellente surprise qui me donne envie de me pencher sur le reste de la production de Guy Gavriel Kay.

Elric : Les buveurs d’âme

Elric : les buveurs d’âme est un roman inédit de la saga d’Elric le nécromancien. Basée sur une nouvelle de Moorcock, mais étendue par Fabrice Colin, le roman est un inédit paru, pour le moment du moins, uniquement en français. L’histoire qui y est relatée se déroule peu après qu’Elric ait vu le Livre des Dieux Morts se désagrégé dans ces mains. Il fait alors le serment de ne plus utiliser stormbringer et l’enferme dans un fourreau spécialement conçu.
Avec son compagnon de route Tristelune, Elric se rend dans une puissante et lointaine cité où l’influence de Melniboné a été quasi inexistante. De là, ils cherchent à rejoindre une cité perdue dans la jungle afin de récupérer une fleure qui ne fleurit qu’une fois par siècle et qui serait susceptible de guérir l’albinos. Évidement rien n’est simple et deux autres trames narratives viennent se greffer à celle d’Elric : celle de deux princesses ,et d’un guerrier melnibonéen cousin d’Elric, qui cherche leur père disparu dans cette même cité, et celle d’un groupe de Melnibonéens cherchant à capturer Elric pour se venger de la chute de l’Empire.
Le récit est agréable à lire et propose un Elric faible et tiraillé par ses remords. Une touche de mythologie centre-américaine vient, de plus, construire une ambiance bien sympathique. Si ce n’est pas un récit indispensable de la sage d’Elric, il n’en reste pas moins qu’Elric : les buveurs d’âme a bien sa place dans le grand cycle créé par Moorcock. Une réussite en somme.