J’aime beaucoup les livres de Pierre Bordage, ils oscillent en général entre de grandes fresques colorées et des histoires crasses encrées dans un présent légèrement avancé dans le temps. Mais ses livres sont emprunt d’un humanisme fort et, en général, contienne toujours une lueurs d’espoir, même faible, pour le genre humain.
Porteurs d’âmes fait partie de la deuxième catégorie, celle des histoires crasses. A Paris, dans un futur qui pourrait être demain, nous suivons l’histoire de trois personnages : Edmé un inspecteur de la crim’ désillusionné et à bout de souffle, Léonie une jeune libérienne, clandestine et esclave sexuelle récemment auto-libérée, et Cyrian un jeun étudiant de bonne famille qui est sur le point de rejoindre la confrérie des Titans, un groupuscule composé de « l’élite de la France ».
Ces trois personnages vont évoluer et se croiser autour de trois intrigues, bien entendu entremêlées : un charnier découvert dans la Marne, une machine qui permet de faire embarquer son âme comme « passager clandestin » dans une autres personne, et la quête de liberté et d’émancipation de Léonie. Le tout sur fond d’extrême droite toute puissante et de corruption moral et financière de l’administration rampante.
Porteurs d’âmes montre ce que pourrait devenir l’Europe si elle laisse cours aux parties les plus sombres de son âme; mais le roman porte égallement en lui le germe de l’espoir, l’humain possède égallement en lui les capacités d’aimer et de comprendre son prochain, capacités qui seront peut-être notre salvation. Un roman dur, donc, mais qui ouvre des pistes de réflexion intéressantes, même si, à mon sens, ce n’est pas le meilleur qu’aie écrit Bordage.