La trilogie vendéenne

La trilogie vendéenne, L’enjomineur 1792, 1793, 1794 de Bordage revisite l’histoire française en y entremellant du fantastique, un peu à l’image de ce qu’a réalisé Orson Scott Card avec son cycle d’Alvin le faiseur.

On y suit plusieurs personnages dont les destins se croisent et s’influencent. Les deux principaux vont faire un chasser croiser durant les trois ouvrages.

Emile, jeune homme abandonné enfant et élevé de le bocage vendéen par un curé éclairé. Celui que l’on dit fils de fée, traquera l’esprit du mal de la Vendée à Paris. Il cotoyera les êtres de la lune, et les suppôts du soleil, les membres de la société secrete des adorateurs de Mitra.

Cornuaud est une brute, engagé comme matelot sur un navire de la traite, il est ensorcelé par une esclave. Un démon a pris possession de lui qui le pousse à tuer les blancs. Cornuaud tracera son chemin de Nante au bocage de la Vendée, en passant par Paris laissant dernière lui une trainée de cadavres. Servant tours à tours sous les couleurs monarchistes et républicaines, il poursuivra sa quête pour sa survie et peut-être sa rédemption.

Si le premier volume se déroule principalement en Vendée et est teinté d’un légère optimiste, le deuxième opus (centré sur Paris) et le troisième (retour en Vendée) s’enfonce peu à peu dans la Terreur. La folie des hommes est présentées de longs en large, que se soit à travers des horreurs de la répression parisienne ou nantaise, ou dans la tourmente du conflit vendéen. Mais au final cette trilogie reste, à mon sens, la meilleur de Bordage depuis les guerriers du silence. Une fresque historique et humaniste, qui montre ce que l’homme peut de pire et de meilleurs.

A concise Chinese-English Dictionary For Lovers

A concise Chinese-English Dictionary For Lovers est le journal de Z. (tant son nom est imprononçable par les Anglais) une jeune chinoise de 23 ans que ses parents ont envoyé à Londres pour qu’elle y apprenne l’anglais. Là, elle tombe amoureux d’un sculpteur de 20 ans son ainé et découvre à travers lui la liberté et un type de vie qu’elle n’a jamais connu en Chine. Un voyage, seule, à la découverte de l’Europe terminera sa maturité.

L’ouvrage est écrit sous forme de journal intime, dont l’anglais s’améliore au fil du temps, sur treize mois. Chaque chapitre débute par la définition d’un mot du vocabulaire anglais.

A concise Chinese-English Dictionary For Lovers est un livre divertissant et intéressant, on y voit le choc culturel causé par la rencontre de deux modes de vie différents, et au final l’enrichissement que chacun peut y trouver. Une lecture plaisante.

D’autres avis sont disponible depuis chez BOB !

The Lies of Locke Lamora

The Lies of Locke Lamora est le premier petit bijou d’un jeune auteur. Il narre avec brio et truculence les péripéties de Locke Lamora et son gang de voleurs de haut vol, les Gentlemen Bastards, dans la ville de Camorr, une Venise improbable.

Locke est avant toute chose d’une prétention énorme et lui et sa bande s’amuse à élaborer les arnaques les plus complexes. Jusqu’au jour où lui aussi se fera manipuler. Il y laissera plus que des plumes, dans une histoire fort riche.

Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu un bouquin de fantasy si rafraichissant, à lire de toute urgence !

Jazz

Un homme marié de cinquante ans tire sur son amante de seize ans lors d’une fête, personne n’entant le coup de feu, la fille ne dis rien pour laisser le temps à son amant de fuir, au matin elle est morte.

A partir de ce fait divers Toni Morrison a écrit un roman qui fait maintenant partie de mon top 4 des meilleurs livres que j’ai eu l’occasion de lire. Jazz narre l’histoire des différents protagoniste de ce fait divers (le mari, sa femme, l’amante, la meilleurs amie de l’amante, etc.), touchant pour cela aux moments importants de l’histoire afro-américaine du début du siècle dernier (La grande migration, la vie à Harlem dans les années 20, le Jazz, etc.). Le tout narré par un narrateur inconnu qui suppose l’histoire, qui se trompe, qui rectifie; alors que sa narration devient comme un morceau de Jazz, donnant la voix à plusieurs instruments (les protagonistes de l’histoire) et capable de change à chaque lecture. Car, comme le narrateur le dis de lui même à la fin du livre, mais cette phrase peut s’appliquer au roman égallement : « Say make me, remake me. You are free to do it and I am free to let you because look, look. Look where your hands are. Now ».

Un seul mot : magistrale.

Espèces d’espaces

Suite à une discussion avec une amie j’ai eu envie de relire ce superbe livre. Georges Perec y dissèque avec bonheur la notion d’espace. De courts chapitres traitent ainsi ses différentes dimensions : de la page d’un livre à la terre entière, en passant par les portes, la rue, la ville, la chambre, le lit, etc. Le tout au travers de réflexions personnelles, de projets de roman, d’actes de mémoires.

Le plus surprenant d’Espèces d’espaces c’est que la réflexion n’est pas élevée et pédante, mais au contraire très terre à terre, à un niveau où l’on a pas l’habitude de penser. Il est ainsi très facile de s’approprier les nombreuses idées simples mais bien pensées de cette essaie. Une lecture rapide, bonne pour la tête et bien pensée sur ce qui après tout est une des dimensions fondamentales de la vie : l’espace.

Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ?

Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ?, sous ce titre provocateur se cache un essai sur la lecture et sur la critique/discussion littéraire. Le postulat de l’auteur, lui même professeur de littérature, est qu’il est légitime et souhaitable de parler d’un livre que l’on n’a pas lu, et que même lorsqu’on lit un livre on n’en conserve que des souvenirs fragmentaires qui dépendent de notre vécu et de nos attentes. En somme, personne n’est capable de parler d’un livre qu’il a lu, car personne n’est capable de lire dans l’absolu un livre.

L’important pour l’auteur est de pouvoir situer un ouvrage par rapport au autre ouvrage, c’est ce qui forme la culture littéraire. Il met égallement en avant que lorsqu’on lit un livre, on le compare continuellement avec notre attente de ce qu’est un livre parfait. En fait lorsqu’on parle d’un livre qu’on a lu, on ne fait que recréer ce livre à l’aune de nos attentes; le livre ainsi discuté se trouve alors à mi-chemin entre le livre lu et notre vision d’un livre parfait.

Bayard nous invite ainsi à une réflexion, appuyée par des exemples littéraires, sur ce qu’est la lecture et ce que sont le commentaire et la critique des livres; il utilise pour cela des concepts tels que ceux de « bibliothèque virtuelle », de « bibliothèque intérieur », de « livre écran », ou encore de « livre fantôme ». Bien que je ne sois pas 100% d’accord avec la totalité de l’argumentation, notamment sur l’encouragement à la non-lecture (mais où est donc le plaisir du livre dans cela), j’ai trouvé la réflexion développée très stimulante et, en partie, décomplexante sur mes capacités d’analyse littéraire à un niveau universitaire.

Harry Potter and the deathly Hallows

Le dernier Harry Potter, vue que je ne souhaite pas gâcher le plaisir de la lecture pour ceux qui ne l’ont pas encore lu, je me contenterais de donner un avis succinct sur l’ouvrage. Je l’ai bien aimé, il est aussi bon que les précédents, donne beaucoup d’informations sur le passé des personnages et résout toutes les trames narratives posées par Rowling. Il a des défauts, mais ceux-ci sont inhérents au limites posées par Rowling elle-même (roman centré sur Harry Potter, se déroulant sur une année scolaire, pour citer les deux principaux). Bien que peu adepte des adaptations cinématographique du petit sorcier, je suis vraiment curieux de voir comment va être adapté ce dernier tome, tant cela risque de donner un filme chiant à mourir là ou le livre capte bien les tourments de l’adolescence.

Si vous voulez plus de détails, je suis sur qu’un petit coup de google vous permettra d’attendre des nombreux sites remplis de spoilers…

Wizard of the crow

Difficile de résumer Wizard of the crow tant ce roman est dense (plus de 700 pages quand même). Il narre l’histoire d’un pays d’Afrique imaginaire (The free Republic of Aburiria) dont le dirigeant est un dictateur, anciennement soutenu par l’occident (guerre froide oblige) et qui doit gérer à la fois les troubles dans son pays (des rebelles), les relations avec l’étranger (et notamment la banque globale) et les luttes intestines de ses ministres. Le tout alors que le dirigeant recherche des fonds pour lancer « marche vers le paradis », la construction d’une nouvelle tour de Babel.

On suit principalement l’histoire de Kamiti, un africain féru de spiritualité, diplômé d’une université indienne, et sans emploi, qui pour échapper à la police un soir ou il faisait la manche invente un personnage fictif (le Wizard of the Crow du titre) . Ce dernier prendra de l’ampleur et le fera rencontrer tous le gratin du pays, ainsi que jouer un rôle important dans les événement politique de la nation. Il est accompagné par Nyawira, une jeune femme membre d’un mouvement de rébellion.

Le roman se rattache sans peine au courant du réalisme magique, et de nombreux éléments fantastiques viennent ponctuer le récit (un ministre s’est fait agrandir les yeux pour devenir les « yeux du dirigeant » et mieux voir ses ennemis, le dirigeant gonfle et perd l’usage de la parole, etc.). Tout ces éléments servant à mettre en avant les différents éléments de l’Afrique contemporaine. Wizard of the crow est vraiment un roman excellent, très riche et agréable à lire. Le seul reproche qu’on pourrait lui faire et de contenir certaines longueurs; longueurs qui ne m’ont personnellement pas gênées mais qui pourrait en rebuter certains.

Hullabaloo in the Guava Orchard

Hullabaloo in the Guava Orchard me fait furieusement penser à Como agua para chocolate (Les épices de la passion en français) de Laura Esquivel. De ce roman indien se dégage en effet une ambiance proche du réalisme magique.

Hullabaloo in the Guava Orchard narre l’histoire de Sampath Chawla, jeune Indiens un peu mou de 20 ans, qui un beau jour décide de quitter l’appartement familiale pour aller s’installer sur les branches d’un « arbre à Guava ». Sa famille le rejoint bientôt et monte un petit business autour de sa prétendu sainteté qui attire rapidement des pèlerins venus de l’Inde toute entière. Si l’on ajoute à cela sa mère, obnubilée par la cuisine, son père, obnubilé par l’argent, et sa soeur, obnubilée par l’amour, des singes ivres et des fonctionnaires peu efficaces, on obtient un mélange des plus drôles.

Hullabaloo in the Guava Orchard forme, à un autre niveau de lecture, égallement une satyre de la société indienne; que cela soit au niveau des coutumes des ses habitants, de la stupidité de ses élites, ou encore de l’inefficacité de son administration. Au final une lecture courte (le livre fait à peine 200 pages), drôle et agréable.

Babyji

Babyji est un roman de « coming of age1 » se déroulant de le Delhi de la fin des années 80. Anamika est une adolescente de 16 ans appartenant à la caste des brahmanes. Anamika est une des meilleurs élèves de Delhi, elle est « prefect » dans son lycée, elle adore la physique, mais surtout Anamika se cherche. Elle découvre peu à peu sa lesbianité au travers de plusieurs aventures interdites. Avec une femme d’âge mur, avec l’employée de maison de caste inférieur, avec une camarade d’école, Anamika papillonne et s’interroge sur le sens de sa vie et de la Vie. Elle s’inspire pour cela de ces cours de physiques.

Alors qu’Anamika se découvre, l’Inde vit une petite révolution : la prise de mesures de discrimination positive envers les basses castes met le pays en ébullition. Des adolescents appartenant aux hautes castes s’immolent par le feu pour protester. La tentation d’étudier à l’étranger, les USA, est également grande.

Babyji met en parallèle l’arrivée à maturité d’une adolescente dont les préférences sexuelles sont fortement réprimé par la morale, et un pays dont le système de caste est peu à peu remis en question.

Le roman est très bien écrit et très bien maitrisé. Anamika a des aires de Lolita indienne. Franchement, au début le roman ne me plaisait pas plus que cela, c’est dans sa seconde partie que j’y ai découvert toute sa dimension politique pour finalement ressortir de ma lecture avec un sentiment d’avoir lu une très bon livre. Si vous aimez le genre « coming of age », vous ne pourrez qu’aimer ce roman, sinon vous y trouverez de bonne chose également, bien que le côté très sensuelle de l’histoire puisse en déranger certain.

1. Si vous savez comment dire « coming of age » en français et/ou espagnol, laissez un commentaire je suis intéressé !