Comme un roman

Hier, alors que je parlais de ce bouquin, j’ai été pris d’une envie soudaine de le relire. Aussitôt pensé, aussitôt fait ! Et Comme un roman est toujours aussi bon que dans mes souvenirs.

Pennac offre ici à la fois une réflexion sur la lecture et sur ce qu’est « être lecteur », mais également sur la pédagogie et l’école qui, parfois (souvent ?), tue le plaisir de la lecture. Tous cela d’une écriture fluide et agréable. Même si je ne suis pas convaincu à 100% par certaines de ces remarques (notamment sur celle pour redonner le gout à la lecture), ce roman (essaie ?) touche juste. Il n’a, de plus, presque pas vieilli : et si le langage des « jeunes » à changer, il exprime, dans le fond, toujours la même chose : la révolte adolescente et le rejet de ce qui est imposé.

Je ne résiste pas ici de reproduite « Les droits imprescriptibles du lecteur » :

1. Le droit de ne pas lire.
2. Le droit de sauter des pages.
3. Le droit de ne pas finir un livre.
4. Le droit de relire.
5. Le droit de lire n’importe quoi.
6. Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible).
7. Le droit de lire n’importe où.
8. Le droit de grappiller.
9. Le droit de lire à haute voix.
10. Le droit de nous taire.

Musiques de la Frontière

J’adore les romans de Léa Silhol, et j’aime encore plus ses nouvelles. Son écriture est à la fois gracieuse, complexe, évocatrice et me capture à chaque lecture. La semaine dernière j’ai donc eu envie de relire le recueil Musiques de la Frontière.

Au fils des différentes nouvelles de ce recueil émerge l’histoire du peuple Fay. Ces enfants de l’homme, nés à notre époque, enfermé car trop sublime, trop différent, dévoile ici leur histoire : la conquête de leur ville, Frontière, ville hors du temps et de l’espace, la terre promise des Fay que l’on doit trouver avant de pouvoir y entrer; des histoires tragiques, de fureurs, de glamours et de beautés, des histoires d’apaisement, d’amour et de paix retrouvée enfin. Au final une histoire qui se raconte dans ce superbe recueil, devenus, hélas, difficile à trouver.

L’écriture de Léa Silhol puissante et belle convient parfaitement à ces histoires de Fantasy urbaine. Un must pour tous les fan d’imaginaire et de littérature française.

The Dew Breaker

Après avoir lu Krik? Krak!, je me suis lancé dans la lecture d’un autre recueil de nouvelles d’Edwidge Danticat, nouvelles qui sont égallement liées entre elles (même d’avantage que dans Krik? Krak!). Ce lien est si fort que pour une fois je ne passerais pas chaque nouvelle en revue.

Les histoires qui se croisent dans the dew breaker confronte un Tonton Macoute « rangé » à des victimes de la violence de la dictature des Duvalier. La plupart des nouvelles se déroulent aux USA et posent des questions telles que la vie après la violence, le poids du passé pour la génération suivante et la capacité de l’homme à l’oubli, au pardon et à la vengeance.

Ces nouvelles qui se répondent, et au final forment un cercle ou la fin du recueil croise son début, sont tous simplement superbes. Bien écrites, elles vous prennent à la gorge, aux tripes et au cœur. The dew breaker vous laisse, au final, lessivé et sans voix. Une lecture forte et sublime qui laisse des traces.

Annie John

Ce court roman raconte la sortie de l’enfance et l’entrée dans l’âge adulte de Annie John une adolescente au caractère bien trempé vivant sur l’île d’Antigua. Chaque chapitre conte une anecdote, un bout de vie qui montre la transformation progressive de la petite fille vers la femme. Transformation qui passe par le rejet de valeurs maternelles, la découverte d’un lesbianisme latent (mais toujours en restant dans la subtilité).

Franchement je ne sais pas pourquoi j’aime cette nouvelle, l’histoire n’est pas spécialement trépidante, mais la puissance de l’écriture et l’universalité de son thème mon profondément touché. Une très bonne lecture, courte et rapide qui plus est.

La majesté des mers

Troisième volume du cycle des douze Royaumes (mais situé chronologiquement avant la mer des ombres et Le rivage du labyrinthe), la majesté des mers narre les premières années du règne du roi de En « actuel ». Le royaume de En est resté longtemps sans souverain et a donc sombré dans l’anarchie. C’est donc un royaume affaiblit et hautement corrompu que le nouveau roi a découvert, ce dernier étant, comme son Kirin, originaire du Japon et non des douze Royaumes. Pour compliquer le tout : le nouveau roi semble bien indolent et le Kirin doute des mérites de la royauté.

C’est dans ce contexte que le royaume devra faire face à une rébellion et à l’enlèvement du Kirin. Cette rébellion sera un test pour le nouveau roi qui devra démontrer sa capacité à gouverner.

Le roman est plaisant à lire, même si j’avais trouvé la traduction des deux volumes précédant plus fluide. L’histoire est bien menée et les personnages sont haut en couleur et originaux. Une très bonne lecture pour de la fantasy différente et de saveur asiatique.

Le vendeur de sang

Premier livre d’une série de livres en rapport avec la Chine que je dois lire pour un cours. D’emblée, je dois dire que si le vendeur de sang se lit facilement ce n’est pas un livre qui m’a plut.

Il raconte l’histoire de Xu Sanguang, de sa jeunesse jusqu’à l’âge de ses 60 ans. Ce Chinois de classe modeste, se mariera, aura trois enfants (dont un bâtard qui n’est pas de lui, mais cela il ne le sait pas au départ) et traversera l’histoire chinoise de la seconde moitié du XXe siècle. La grande constance de sa vie, c’est que à chaque problème (disette, maladie, etc.), il ira vendre son sang, le liquide qui le relie à ses ancêtres.

Ce roman est avant tous une chronique de la vie ordinaire d’un Chinois de classe modeste. Elle est ponctuée du petits évènements tragico-comiques. Objectivement le roman est plutôt bon; une fois de plus, il ne m’a pas vraiment plus.

La malédiction d’Old Haven

La malédiction d’Old Haven est un roman étrange. Bien écrit, il est sortit dans une collection pour adolescent mais ceux-ci risquent de ne pas avoir la culture nécessaire afin d’en comprendre toutes les subtilités. Mais en même temps ce n’est pas dramatique car l’histoire n’a pas besoin que ces subtilités soient comprises pour l’être.

Ainsi donc, le lecteur suit les péripéties de Mary, une orpheline de 17 ans qui découvre le monde après être sortie du couvent/orphelinat où elle a été élevée. Le monde parlons en : il s’agit de l’Amérique du Nord des années 1720. Mais une Amérique du Nord bien différente du notre monde. Des dragons y vivent, la sorcellerie existe, un Empereur, aidé par l’Inquisition, règne sur l’Amérique du Nord, des femmes y vénèrent des entités anciennes et aliens, et la technologie y est plus développée que dans la réalité historique (les automates par exemple.)

Mary part donc à la découverte du monde et devra rapidement faire face aux secrets de ses origines. Elle découvrira ainsi peu à peu l’histoire du village d’Old Haven, les secrets de ses origines, la sorcellerie, et sera amener à jouer un rôle majeur dans l’histoire du continent. Tous cela alors que de nombreuses personnes la traquent et la recherchent. Le livre est ainsi écrit comme un journal intime, écrit à postériori, narrant ces évènements.

Si l’histoire est plaisante à lire, elle souffre, à mon avis, d’un manque de fluidité dans les transitions entre les différents évènements qui y sont narrés. Par contre le patchwork improbable d’inspirations utilisé par Fabrice Colin prend très bien. Et ce n’était pas gagné; parmi les inspirations que j’ai pu identifier, et je suis sur d’en avoir manquées plusieurs, il y a l’œuvre de Lovercraft (extrêmement présentant), les mythes américaines (Jack O’Lanterns, par exemple), l’anime Cobra, Batman, les sorcières de Salem, etc.

Au final, donc, un livre, certes parfois un peu décousu et souffrant de certaines faiblesses (notamment dans la première partie), inventif, agréable à lire et plus profond qu’on ne pourrait le croire.

Anansi Boys

Fat Charlie mène une vie médiocre mais tranquille à Londres : un boulot de comptable minable, une fiancée avec une futur-belle mère exécrable, et surtout il vit loin de son père. Mais au final Fat Charlie n’est pas mécomptant de sa vie. Mais voila qu’un beau jour son père décède alors qu’il chantait une chanson dans un karaoké. Ce jour là la vie de Fat Charlie bascule.

Elle bascule, car son père n’est pas n’importe qui : c’est Anansi l’araignée des mythes africains. Et non contant d’avoir un dieu comme père, Fat Charlie a aussi un frère, Spider, qui s’invite dans sa vie et la met sans dessus dessous : plus de travail, plus de fiancée, et la police qui s’intéresse à lui. Fat Charlie doit réagir pour sauver sa vie et, qui sait, découvrir sa propre nature.

Gaiman livre ici un roman dans la droite ligne de American Gods. Seulement il est beaucoup plus léger, on rit beaucoup et on suit avec plaisir une histoire bien ficelée et, malgré la légèreté du propos, joliment documenté. Une lecture très très agréable.

Krik? Krak!

« Krik? » demande le publique, « Krak! » répond le conteur avant de commencer son histoire. C’est par ces deux mots que commence la narration d’une histoire à Haïti, et c’est par ces deux mots que Edwidge Danticat a décidé de nommer son recueil de nouvelles. Des nouvelles qui nous parles de Haïti et des femmes. L’écriture puissante de Danticat et les thèmes qu’elle aborde font que chaque nouvelle est un coup de point que l’on reçoit. Un recueil fort donc, mais d’une beauté sublime et d’un écriture limpide et évocatrice.

« Children of the sea » narre le destin tragique d’un boat people perdu en mer et de sa petite-amie restée à Port-au-Prince, alors qu’une sanglante révolution vient d’avoir lieu.

« Nineteen Thirty-Seven » raconte les derniers jours d’une femme emprisonnée, le destin de sa fille, et le rituel secret qui les lient.

« A wall of fire rising » suit la vie familiale d’une famille pauvre, de l’amour d’une mère pour son fils jusqu’au rêve impossible d’un père sans estime de soi.

« Night Women » : la vie d’une mère et prostituée dans sa « cabane » à la fois lieu de vie avec son fils le jour et lieu de travail la nuit.

« Between the pool and the gardenias » : une femme, employée domestique à Port-au-Prince, trouve un nourrisson abandonné, elle le prend, il meurt, son amour pour lui aura de tragique conséquence pour elle.

« The missing peace » : une femme à la recherche de sa mère, un village et son charnier, une adolescente qui devient femme. Une histoire de maturité et de tragédie.

« Seeing things simply » : une adolescente pose nu pour une peintre française. Une plongée dans les mentalités haïtiennes et dans l’estime de soi d’une femme en devenir.

« New York day women » : une Haïtienne à New York voit sa mère dans la rue, elle la suit et découvrira un pan de la vie de sa mère qu’elle n’aurait jamais soupçonné.

« Caroline’s wedding » : une longue nouvelle qui narre les préparations du mariage d’une américaine d’origine haïtienne, ses relations avec sa mère et sa sœur, née en Haïti. Une nouvelle sur la perte d’une fille, sur la transmission de l’identité et, quelque part, sur l’exil et la nature humaine.

« Epilogue: Women like us » : un épilogue en forme de plaidoyer pour l’écriture et la mémoire ancestrale.

The Ladies of Grace Adieu

The Ladies of Grace Adieu est un recueil de nouvelles de Susanna Clarke. La meilleur manière de résumer ses nouvelles et son style d’écriture serait de dire que Clarke a écrit ce qu’aurait écrit Jane Austen si elle avait fait de la Fantasy. Ainsi toutes les nouvelles de ce recueil se déroulent dans le Royaume Uni des XVIIIe et XIXe siècles, écrites comme si elles étaient d’époque et mettant en prise des humains avec les êtres de Faerie. C’est très agréable à lire et elles sont, dans l’ensemble, d’excellentes factures. Par contre si vous n’aimez pas Jane Austen et la littérature du XIXe siècle vous n’aimerez probablement pas le recueil.

Dans l’ordre les nouvelles parlent de :

« The ladies of Grace Adieu » met au prise trois jeunes femmes, et leur vision de la magie, avec J. Stranger, un des plus grand mage d’Angleterre, et sa vision masculine de la magie.

« On Lickerish Hill » conte les péripéties d’une jeune épouse qui fait un pacte avec un lutin.

« Mrs Mabb », ou comment une jeune femme va lutter contre cette personnalité de la Faerie afin de récupérer l’homme qu’elle aime. A mon avis une des meilleurs histoires, avec celle de Mr Simonelli, du recueil.

« The Duke of Wellington misplaces his horse » se déroule dans l’univers de Stardust, et narre les péripétie du duc de Wellington au delà du mur.

« Mr Simonelli or the Fairy widower » est un extrait du journal du révérend Simonelli qui découvre, dans un coins perdu de l’Angleterre, ses origines féériques et les étranges coutumes des princes qui y habitent.

« Tom Brightwind or how the fairy bridge was built at Thoresby » ou comment un prince de féérie en voyage avec un médecin juif va construire un pont en une nuit.

« Antickes and frets » raconte les mésaventures de la Reine Mary d’Ecosse qui cherche à se venger de la Reine Elizabeth à travers la confection de vêtement aux coutures magiques.

« John Uskglass and the cumbrian charcoal burner » raconte les mésaventures du « Raven King », le plus grand magicien britannique de tous les temps, face à un charbonnier et aux Saints catholiques.