Robopocalypse

J’avais beaucoup aimé le petit livre How to survive a robot uprising de Daniel H. Wilson, c‘est donc avec une certaine curiosité que je me suis mis dans les oreilles la version audio de son premier roman : Robopocalypse. Les prémices de celui-ci sont simples : dans un futur relativement proche l’humanité a intensifié sont utilisations de robots domestiques et de systèmes robotiquement assisté, une expérience scientifique tourne mal (ou trop bien c’est selon) et donne naissance à une IA consciente (Archos) qui décide d’exterminer l’humanité afin de pouvoir mieux l’étudier.

Le roman se présente ainsi comme une collection de témoignages de personnes marquantes qui vont participer à la guerre contre les robots. Le roman débute ainsi environs une année avant la guerre et se termine quelques années après le début de celle-ci, une fois la victoire acquise. Le lecteur / auditeur suit ainsi l’histoire d’un ado londonien doué pour l’informatique, d’un ingénieur japonais un peu trop amoureux des machines, d’une pré-ado américaine, d’un ingénieur/soldat en Afghanistan, d’un ouvrier à New York et d’un soldat de fortune aux Etats-Unis.

La trajectoire des ces différentes personnes marquent la guerre contre les robots et donnent une chance à l’humanité. Au travers de leurs histoire c’est le soulèvement des robots qui est décrit en détail. C’est un peu Terminator avec Archos dans le rôle de Skynet.

Le roman est très agréable et très cinématographique (Spielberg a d’ailleurs déjà acheté les droits). Centré sur l’humain et sur des individus c’est un récit haletant qui m’a beaucoup plus. Un bémol néanmoins, j’ai trouvé dommage qu’une grande partie du monde soit laissé de côté dans le récit (l’Afrique et l’Amérique latine par exemple) car je suis certain qu’en cas d’un vrai soulèvement des machines les régions du monde plus sauvages et/ou moins développées ne le vivraient pas de la même manière que l’Occident.

Pas lu dans le cadre d’un chalenge mais je réalise que cela rentrerait bien dans celui sur la fin du monde.

La Fraternité du Panca IV : Soeur Onden

Que dire du quatrième, sur cinq, tome (après Frère Ewen, Sœur Ynolde et Frère Kalkin) de la Fraternité du Panca ? Pierre Bordage fait du Pierre Bordage :

C’est donc du Space opera bien écrit, avec du voyage (plus vite, toujours plus vite), du dépaysement et de l’exotisme (mais moins que dans les trois tomes précédents). La quatrième sœur embarque donc, aussi, pour un voyage à l’autre bout de la galaxie à la recherche du cinquième chainon afin de reconstituer la chaîne quinte capable de sauver l’humanité de l’extinction. Elle affronte en chemin des ennemis du Panca, voie sa résolution testée et finit par trouver le dernier maillon de la chaine. Parallèlement on suit l’odysée d’un jeune garçon propulsé dans des couloirs temporels et de deux mercenaires chargés de découvrir la localisation des chefs de la Fraternité (on finit d’ailleurs par en apprendre un peu plus sur ces derniers).

Les grands thèmes sont également toujours de la partie : dispersion de l’humanité, fois dans la vie/l’univers/le hasard/l’être humaine, liens entre les branches de l’humanité, menace globale, etc. Au final un roman sympathique, mais même si le plaisir de la lecture est là, mon intérêt commence à fléchir un peu. La même chose sur quatre (bientôt sur cinq ?) tomes,. même bien écrit et divertissant cela lasse au bout d’un moment. Je dois dire que j’aurais apprécier un changement dans le « copié / collé », l’arrivée d’une surprise. Mais là non. Je lirais le prochain, mais deux ou trois tomes auraient sans doute était suffisent pour raconter cette histoire.

Under Heaven

Il y a une dizaine d’années, alléché par de nombreuses critiques positives lues ici ou là, j’avais tenté de lire la trilogie de la Tapisserie de Fionavar de Guy Gavriel Kay. A ma grande surprise, j’y avais trouvé une repompée de Tolkien et une écriture (du moins dans la traduction française) horrible. Pour dire je n’étais pas allé au bout du premier tome. J’avais donc catalogué Gavriel Kay comme un tâcheron de la Fantasy peu digne de mon intérêt.
C’était sans compté le temps qui passe et le fait que je continuais à lire sur le Net de nombreuses bonnes critiques de ses ouvrages. C’est donc avec une certaine appréhension que j’acquis la version audio de son dernier roman Under Heaven. Bien m’en pris car celui-ci est excellent.
Dans un monde, légèrement fantastique, inspiré de la Chine des Tangs (l’Empire de Kitai), Shen Tai, le second fils d’un général défunt, termine sa période de deuil de deux ans dans la solitude d’un lac de montagne où, pour honorer la mémoire de son père, il a passé les deux dernières années a y enterrer les morts de la dernière guerre entre Kitai et le royaume voisin de Tagor. Alors qu’il est sur le point de quitter les lieux deux événements vont boulverser le reste de sa vie : une tentative d’assassinat et le cadeau de 250 chevaux de la part de la reine de Tagor. Les chevaux tagoriens étant extrêmement réputé ce cadeau, en plus de le rendre riche, le place de facto dans une position importante dans les intrigues politiques qui agitent la cour de Kitai. Le reste du roman décrit le retour de Shen Tai à la civilisation et les conséquences de cet improbable cadeau sur sa vie et sur l’Empire.
Il y a dans ce roman de l’aventures, des intrigues politiques, de la romance. Il est bien écrit et extrêmement bien lu. C’est un vraie réussite et, pour moi du moins, une excellente surprise qui me donne envie de me pencher sur le reste de la production de Guy Gavriel Kay.

Elric : Les buveurs d’âme

Elric : les buveurs d’âme est un roman inédit de la saga d’Elric le nécromancien. Basée sur une nouvelle de Moorcock, mais étendue par Fabrice Colin, le roman est un inédit paru, pour le moment du moins, uniquement en français. L’histoire qui y est relatée se déroule peu après qu’Elric ait vu le Livre des Dieux Morts se désagrégé dans ces mains. Il fait alors le serment de ne plus utiliser stormbringer et l’enferme dans un fourreau spécialement conçu.
Avec son compagnon de route Tristelune, Elric se rend dans une puissante et lointaine cité où l’influence de Melniboné a été quasi inexistante. De là, ils cherchent à rejoindre une cité perdue dans la jungle afin de récupérer une fleure qui ne fleurit qu’une fois par siècle et qui serait susceptible de guérir l’albinos. Évidement rien n’est simple et deux autres trames narratives viennent se greffer à celle d’Elric : celle de deux princesses ,et d’un guerrier melnibonéen cousin d’Elric, qui cherche leur père disparu dans cette même cité, et celle d’un groupe de Melnibonéens cherchant à capturer Elric pour se venger de la chute de l’Empire.
Le récit est agréable à lire et propose un Elric faible et tiraillé par ses remords. Une touche de mythologie centre-américaine vient, de plus, construire une ambiance bien sympathique. Si ce n’est pas un récit indispensable de la sage d’Elric, il n’en reste pas moins qu’Elric : les buveurs d’âme a bien sa place dans le grand cycle créé par Moorcock. Une réussite en somme. 

Victimes et Bourreaux

Troisième anthologie des Imaginales, Victimes et Bourreaux présente des nouvelles de fantasy, mais pas seulement, tournant autour de son titre. Comme souvent dans les anthologies, il y a du très bon et du moins bon; mais globalement le niveau de Victimes et Bourreaux est bon, bien qu’un peu en dessous des deux premières. On y trouve donc, dans l’ordre :

La stratégie de l’araignée de Charlotte Bousquet une histoire d’inspiration africaine pour cette nouvelle narrant les tourments d’une femme accusée de sorcellerie. Mais le bourreau et la victime sont-ils vraiment ceux que l’on croit ? Une très bonne entrée en matière.

Qjörll l’assassin de mIchel Robert propose un western de fantasy où une équipe de chasseurs de prime tente de ramener un assassin à la civilisation alors qu’ils sont poursuivis par la version local des Indiens. C’est épique et très sympa à lire !

Porter dans mes veines l’artefact et l’antidote de Justine Niogret est une nouvelle de science-fiction se déroulant dans un cirque. Narrant à la première personne les tourments d’un cheval végétale et de sa cavalière. Si l’histoire m’a laissé froid, j’ai trouvé à l’écriture et à la narration une poésie envoutante qui rattrape la faiblesse de l’histoire.

Que justice soit faite ! de Maïa Mazaurette plonge le lecteur au moyen age et dans les tourments d’un prêtre devenue fou cherchant la justice des hommes en torturant un survivant de la peste noire. Ce n’est pas la meilleure nouvelle du recueil mais ce n’est pas la pire non plus.

Qui sera le bourreau ? de Pierre Bordage est une intéressante nouvelle de fantasy où un empereur cruel est jugé par ses victimes. Mais sont-elles si blanches que cela ? Une nouvelle fort agréable.

Ton visage est mon cœur de Nathalie Dau propose une réflexion sur la jalousie et l’amour aux travers des yeux d’un nouveau noble. Une fable champêtre bien sympathique également.

Frères d’armes de Jeanne-A Debats est une histoire d’amitié, d’amour et de mort dans une citadelle qui forme des défenseurs du monde qui le protègent contre une invasion venue d’ailleurs. Il se dégage de cette nouvelle un sentiment d’étrangeté pour moi tant le monde décrit est étrange et peu décrit (le format imposant ce là). Une lecture sympathique mais « étrange » pour moi.

Désolation de Jean-Philippe Jaworski est pour moi la meilleure nouvelle du recueil ! Une histoire de nains et de gnomes se rendant dans une cité abandonnée habitée par un dragon… à moins qu’un lourd secret se cache dans ses murs. Un excellent récit du Vieux Royaumes.

Le deuxième œil de Sam Nell est un récit « boudhisant » où une jeune femme cherche la sagesse auprès d’un boudha en devenir. Sauf que celui-ci est un cyclope et qu’il lutte un combat contre les élèments. Une nouvelle sympathique mais le mélange fantasy et exotisme prend assez mal.

Au-delà des murs de Lionel Davoust est une nouvelle qui me laisse un sentiment mitigé. Présentant la réhabilitation d’un soldat ayant perdu la mémoire dans un monde magico-steampunk. Elle m’a semblé vaine durant quasiment toute sa lecture jusqu’à la chute final très bien trouvée. Mitigé je suis donc.

Le démon de mémoire de Paul Beorn ne m’a pas accrochée. Elle m’a si peu accrochée que je l’ai laissé tombée après quelques pages. Peut-être un effet de la lecture des deux précédentes nouvelles qui m’ont peu enclin à persevéré ?

Mazabaleh de Xavier Mauméjean est un récit biblique de Dieu et du Diable jouant (surtout Dieu) pour tester la foi de la création. Très sympathique et orignal.

Le livre des choses perdues

Gagné dans le cadre d’un concours des éditions J’ai Lu, le livre des choses perdues s’est révélé être une excellente surprise. Sorte de Labyrinthe de Pan se déroulant non pas, comme le film de Guillermo del Toro, en Espagne durant la guerre civil, mais à Londres au début de la seconde guerre mondiale.
David est un jeune garçon au porte de la puberté lorsque sa mère décède des suites d’une maladie. Son père se remarie rapidement et la naissance d’un petit frère suit dans la foulée. Introverti et aimant lire, David vit mal la cohabitation avec sa belle-mère et son demi-frère. Par moment les livres semblent lui murmurer des secrets. Passant dans un interstice d’un des murs du jardin, David est projeté dans un monde de conte de fées ou des versions sombres de nos contes vivent. Recherchant le roi et son mystérieux livre des choses perdues, David cherche un moyen de rentrer chez lui. En chemin il vivra plusieurs péripéties qui le feront grandir alors que les Sir-Loups et leur meute le poursuivent et qu’un « homme biscornue » semble vouloir lui proposer un bien curieux marché.
Le livre des choses perdues est un livre remplis de sombre magie où l’imaginaire reflète les tourments intérieurs d’un jeune garçon et la violence de la seconde guerre mondiale. Une vrai réussite à mi-chemin entre le Labyrinthe de Pan et le monde de Narnia.

La mission de l’ambassadeur

Après une trilogie et une prequell, Trudi Canavan revient au monde de Fantasy qu’elle a créé avec un classique du genre, sans doute suggérer par Bob afin d’augmenter ses chiffres de vente, la trilogie « 20 ans après ».

C’est ainsi que la mission de l’ambassadeur, le premier titre de cette nouvelle trilogie débute vingt ans après la fin de la première. La cité d’Imardin a changé durant se laps de temps : la Guilde des mages s’est ouvert au bas peuple et de fortes tensions existent entre mages d’origines nobles et mages plébéiens.; la cité a subit des modifications et les voies souterraines connus sous le nom de voie des voleurs sont devenus un endroit « dangereux »; une nouvelle drogue a fait son apparition dans les rues de la ville; et les rapports diplomatiques avec le puissant voisin du nord ont timidement repris.

On suit les deux héros de la trilogie précédente et, grand classique, leurs enfant dans trois récits qui, pour le moment du moins, n’ont pas vraiment d’impact l’un par rapport à l’autre : une vague d’assassinats perpétrés par un mage renégat contre les voleurs de la ville, une ambassade en terre Sachaka, et une lutte de pouvoir au sein de la Guilde. C’est bien écrit (la traduction m’a semblé aussi fluide que les quatre autres romans de l’auteure que j’avais lu en anglais), vite lu et … très convenu.

En effet, aucune nouveauté renversante dans la mission de l’ambassadeur. Il s’agit d’une Fantasy « commerciale » de bonne facture qui reprend de titre en tire les recettes du genre. C’est bien apprêté, c’est sympa à lire, il y a quinze ans j’aurais trouvé cela génial, aujourd’hui je trouve juste cela divertissant à petite dose.

The Graveyard Book

The Graveyard Book (traduit en français par L’Étrange Vie de Nobody Owens, au lieu d’une traduction plus littéral par « livre du cimetière« ) est un ouvrage « jeune adulte » de Neil Gaiman. Il s’agit d’une version contemporaine du Livre de la jungle où la jungle est habillement remplacé par un cimetière et ses nombreux animaux par des esprits, vampire et autres créatures.
Il débute par le meurtre de tout une famille sauf celle d’un petit garçon qui va être recueilli par les « habitants » du cimetière voisin qui vont lui donner le nom de Nobody Owens. Le roman décrit sa vie de son plus jeune âge jusqu’à l’adolescence. De nombreuses aventures avec les différents habitants surnaturelles du lieu et les autres vivants émanent son enfance.
Loin d’un ouvrage lugubre, The Graveyard Book est au contraire un livre palpitant et lumineux. Un peu de mystère, de nombreux personnages truculent et le plaisir d’écouter Neil Gaiman lui même lire son roman. Une vraie réussite.

Résurgences

Résurgences est la suite direct de Transparences. Il débute quelques année après ce dernier par l’assassinat d’AnnX et l’enlèvement de Stephen, le criminologue qui l’a traquée puis aimée, par les services secrets français.
Débute alors une nouvelle traque : celle du Marksman, un tireur d’élite qui semble à même de reconnaitre AnnX sous tous ses déguisements et qui sème, lui aussi, une trace sanglante sur la planète. Un jeu psychologique complexe débute également entre Stephen et le représentant des services secrets qui le retient prisonnier. Le tout sous fond de révolte sociale grondante suite à l’élection d’un nouveau président de droite. Toute l’équipe du premier tome se remet au travail afin de déjouer les différents complots des services secrets et arrêter le Marksman.
L’écriture de Résurgences est aussi agréable à lire que le premier tome. L’histoire est allaitante et j’ai tourné les pages avec un plaisir non feint. Maintenant Résurgences a les même défauts que Transparences : des personnages tous surdoués capables de tout comprendre et de tout analyser. J’ai également le sentiment qu’Ayerdhal, l’auteur, se laisse un peu porter par sa critique du sarkosysme triomphant. Les critiques en termes lourd de Sarkosy alourdissent fortement le récit. Une bonne suite donc mais qui ne vaut pas le premier tome.

Embassytown

Embassytown est le dernier roman de China Miéville. Après avoir touché plusieurs genres, Miéville s’attaque à la SF avec un roman qui, à mon avis, sent le « Old School » tout en prouvant, une fois de plus, qu’il ne pense pas comme tout le monde.
Situé dans un futur où l’homme est devenu homo diaspora en colonisant les étoiles grâce à un mode de voyage utilisant le substrat de notre univers pour se déplacer. Si l’homme a rencontré plusieurs espèces extraterrestres intelligentes, aucune n’est aussi alien que les Ariekis. Ces derniers maitrises une technologie basée sur le vivant et parle la Langue. Un langage produit par deux bouches, qui a besoin d’une conscience derrière la prononciation pour être comprise (par les Ariekis), qui ne connait pas le mensonge, et qui utilise la réalité comme support. Un mot/ensemble de mots est ainsi toujours basé sur un objet du réel utilise comme base pour le langage.
A Embassytown, la ville où vivent les humains sur Arieka, les ambassadeurs sont les seules pouvant communiquer avec les Ariekis. Paire de clones identiques, reliés par de la cybernétique et entrainés à parler la Langue, ils sont les seuls aptes à se faire comprendre par les Ariekis. Avice est originaire de cette planète qu’elle a quittée comme pilote avant d’y revenir. Enfant, elle est devenu une comparaison dans la Langue et est ainsi « parlée » régulièrement par les Ariekis. La venu d’un nouvel ambassadeur atypique depuis une autre planète va provoqué une guerre, une révolution et des découvertes dont Avice sera partie prenante.
Si certain parle d’Embassytown comme le meilleur roman de Miéville (je ne peux l’y classer tant Perdido Street Station et The city & the city me paraissent nettement meilleur), il fait effectivement partie du « haut du panier ». Le parti pris, comme souvent chez Miéville, de ne pas donner d’entrée les clefs du monde décrit est assez déroutant durant les 50-60 première pages mais la persévérance s’avère payante. Décrivant une société ne connaissant pas le mensonge, Miéville propose une double réflexion sur les lien entre langage et processus cognitif, et langage et réalité. Le tout dans un enrobage SF « old school » agréable (à noter que les Ariekis ne sont pas totalement décrits et laissés ainsi dans le flou, choix volontaire d’après une interview dans le Guardian). Au final, une lecture exigeante au niveau de la langue mais très stimulante au niveau intellectuel et de l’imaginaire.