Summerland de Hannu Rajaniemi

Audio-lu en anglais, mais paru en juillet dernière en français chez ActuSF, Summerland de Hannu Rajaniemi est un sympathique roman d’espionnage.

Le roman se déroule en 1938 à Londres dans la communauté du renseignement et contre-espionnage britannique. Mais le monde dans lequel il se déroule n’est pas totalement le nôtre : en effet la découverte, au tournant du XXe siècle, de l’existence de l’au-delà a permis à la fois le développement de technologies de communication avec les morts mais aussi le moyen de maintenir les âmes des défunts au service de son pays.

C’est dans ce contexte que Rachel Whiter, une agente du SIS apprend qu’une taupe des soviétiques (super puissance dirigée par une intelligence supérieure amalgame de millions d’âme) se trouve dans les services secrets du pays; dans la partie des âmes mortes qui travaillent dans les services secrets.

La taupe ayant des relations et Rachel étant une femme, elle se retrouve reléguée au service comptabilité et se lance dans une opération clandestine pour que la vérité éclate, le tout sous le bruit des bottes qui annonce une futur guerre internationale en Espagne.

Summerland est un roman d’espionnage et d’aventure qui se lit avec plaisir. Le rythme de l’histoire s’accélérant fortement sur la fin m’a donné la sensation d’un petit problème de rythme. La fin me semble d’ailleurs suffisamment ouverte pour qu’un second tome soit envisageable assez facilement. Au final, un roman d’uchronie fantastique très divertissant.

The Sandman act III

Une année après avoir audio-lu les deux premières parties de l’adaptation audio du Sandman, je me suis jeté sur la troisième partie (sur probablement quatre vu ce qu’il reste du comics a adapté) dès sa sortie.

Adaptant deux arcs du comics (que je n’ai, je le rappel, pas lu) : Brief Lives et World’s End.

Le premier arc suit la quête de Morpheus et de Delirium à la recherche de leur frère disparu : Destruction. En plus de toucher à un mystère mentionné plusieurs fois auparavant, cet arc conclut l’histoire de Orphée, le fils de Morpheus.

World’s End se déroule dans une auberge à la croisée des mondes / dimensions où des voyageurs se retrouvent bloqués suite à une violente tempête. Pour faire passer le temps, les voyageurs se racontent des histoires de leur monde d’origine. A la fin de cet arc la raison de la tempête est esquissée et semble annoncer un acte IV très fort…

L’adaptation de Sandman dans son ensemble est brillante et les trois volets se retrouvent avec raison dans les meilleurs vente de Audible. Le plus dur maintenant est d’attendre la réalisation et sortie de l’acte final

Eyes of the Void de Adrian Tchaikovsky

Second tome de la trilogie The final Architecture (débutée avec Shards of Earth), Eyes of the Void débute peux de temps après la fin du premier tome. Le lecteur est toujours invité à suivre l’équipage du vaisseau de récupération « The Vulture God » dont les allégeances ont évolués depuis le premier roman.

En effet, le vaisseau et son équipage sont plus ou moins maintenant avec la force militaire « le Parthénon » et Idris, l’intermediary (capable de parcourir l’espace entre les systèmes sans passer par les voies existantes), les aides à développer leur propre intermediaries. Pendant ce temps les architectes continues à détruire des mondes et s’attaquent maintenant à des mondes qui étaient « protégés » par des ruines des Originators, une race ancienne maintenant disparu. Le tout alors que dans la sphère humaine des tensions de plus en plus fortes la dirige vers une guerre interne.

Quand Idris est enlevé, le reste de l’équipage du « Vulture God » se lance à sa recherche, mais Idris va peut-être découvrir l’origine des architectes et plus encore.

Eyes of the Void est un second tome fort sympathique de space opera, j’admet être curieux de connaitre la fin de la trilogie.

Las cosas que perdimos en el fuego de Mariana Enriquez

Les onze nouvelles fantastiques, se déroulant en Argentine, qui forment le recueil Las cosas que perdimos en el fuego sont autant d’uppercuts qui frappent le lecteur.

Les différentes nouvelles ont plusieurs point en commun : récit court, baignant dans le fantastique, ayant souvent un protagoniste féminin, se terminant abruptement sans donné d’explications ou d’épilogues.

Las cosas que perdimos en el fuego forme donc un recueil où la violence du quotidien rencontre le fantastique de manière crus et violentes. C’est un recueil qui fouille dans ce cas l’humanité a de plus sombres et qui le fait bien. Les lecteurs de Notre part de nuit retrouveront même ici la visite d’une maison hantée qui est une version plus ancienne d’une scène retravaillée du roman.

Tercer mundo despues del Sol

Tercer mundo despues del Sol, derrière ce titre en forme de clin d’oeil se cache une anthologie de quatorze textes de science-fiction / imaginaire écrits par des auteurs latino-américains. Ces différents textes portent un regard sur le présent et sur des devenirs possibles.

S’il peut être difficile de comparer des textes dont le principal point commun est l’origine géographique de leurs auteurs, il y a quand même quelques grandes thématiques qui émergent : réflexion sur l’identité, sur la modernité des cultures dites traditionnelles, sur le rôle de la technologie sur un continent qui utilise plutôt que créé, sur le rôle de la mémoire, sur la représentation des minorités.

Au final Tercer mundo despues del Sol propose une plongée dans plusieurs textes fort intéressants et d’auteurs que je connais beaucoup moins car peu publié ici en Europe.

How High We Go in the Dark de Sequoia Nagamatsu

How High We Go in the Dark est le premier roman de Sequoia Nagamatsu. Le roman, se déroulant dans un futur proche, suit le déroulement d’une épidémie qui provoque des mutations incontrôlés des organes du corps humains.

Changeant de point de vu à chaque chapitre, avec des personnages qui réapparaissent dans la narration, et avançant dans le temps, How High We Go in the Dark débute par la libération d’un virus pris au piège du permafrost et se poursuit par les différents stade d’une épidémie extrêmement virulente.

Montrant à la fois le devenir d’individus et les réponses, et changement, des sociétés à cette menace, le roman s’attarde aussi sur les évolutions technologiques que l’épidémie provoque (du développement d’animaux pour la greffe humaine, et ce qui se passe lorsque des mutations se produisent dans leurs cerveaux, jusqu’au voyage spatiale).

Le roman propulse le lecteur loin dans le futur et se termine avec la révélation de l’origine du virus, loin dans le passé, et sur une note métaphysique.

How High We Go in the Dark est un roman agréable à lire mais qui ne restera pas dans ma mémoire comme un grand, voir un bon roman.

The Sandman act I & II

Je  n’avais jamais lu le célèbre comics The Sandman c’est donc avec une certaine curiosité que je me suis lancé, l’année dernière déjà, dans l’écoute de son adaptation audio. Une adaptation qui tient plus de la pièce radiophonique (bruitages, plusieurs voix, musique) que du roman audio d’ailleurs.

Les deux actes parus jusqu’à aujourd’hui adaptent les arcs des volumes 1 à 6 (trois volumes par acte). Je les ai écouté en version anglaise mais les retours lus sur les versions francophones (acte 1, l’acte 2 sort prochainement)  sont bons également.

Et effectivement cette adaptation est passionnante. Aussi bien le choix des voix et le bruitage que l’histoire. Se déroulant dans l’univers des supers-héros DC (Batman,  Superman, Wonder-Woman …), l’auditeur est invité à suivre les aventures du Sandman, un être qui est à la fois la personnification des rêves et le Rêve lui même. C’est un Éternel, un membre d’une fratrie présente depuis le début de l’univers et qui sera encore là à la fin de celui-ci.

Lorsque débute l’histoire, Morphée, le Sandman, est emprisonné par un mage humain durant plusieurs décennie et, à sa libération dans les années 80, il se lance à la recherche de ses trois artefacts (un bijou, un casque et un sac de sable) qui lui ont été volés. Suit ensuite plusieurs histoires mettant en scène la personnification du rêve dans ses divers taches et offices.

Le tout forme une histoire passionnante qui se laisse écouter avec plaisir. Franchement jeter y une oreille vous ne le regretterez pas.

Malfaiteurs du Paris des Merveilles

Après Contes et récits du Paris des merveilles, Malfaiteurs du Paris des Merveilles reprend le même principe : plusieurs nouvelles se déroulant dans l’univers créé par Pierre Pevel et qui se décline maintenant aussi en BD (les Artilleuses).

Ici ce sont les malfrats (voleurs et petites frappes) qui sont à l’honneur, mais dans des textes où ceux-ci sont souvent « au grand coeur » et œuvre en fait aussi un peu pour le bien commun.

Ce sont donc six nouvelles fort sympathiques et se déroulant à divers époques du Paris des merveilles qui sont ici proposées. A noté qu’une des nouvelles est de la plume de Pevel et met en scène les Artilleuses.

Je suis clairement preneur pour plus d’aventures et de recueils, ils forment des lectures très plaisantes.

Faraway Collection

Sous le titre de Faraway Collection se cache cinq nouvelles, publiées par Amazon en audio (la forme sous laquelle je l’ai lu) et en numérique, proposants des réécritures modernes de contes de fées.

Deux nouvelles sont plaisantes mais un cran au dessous :

« The prince and the troll » de Rainbow Rowell est une sympathique, mais anecdotique, histoire d’amour entre un travailleur de « la route » et une troll vivant sous un pont; le tout dans un monde de contes de fées contemporain.

« The wickeds » de Gayle Forman suit les trois méchantes de Blanche Neige, Cendrillon et Raiponce qui, des années après leurs déchéances, revisitent leurs histoires, décident de se venger et découvrent que les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent être… Une nouvelle sur la place des femmes dans la société fort maline.

Trois nouvelles sont excélentes :

« Hazel and Gray » de Nic Stone projette deux ados amoureux dans une maison closes angoissantes alors qu’ils fuient des beaux-pères toxiques. Une revisite réussie de Hansel et Gretel.

« The Cleaners » de Ken Liu explore ce que pourrait être notre société si les souvenirs laissaient des traces sur les objets du quotidien.  Au travers des regards de plusieurs protagonistes, Liu décrit les changements à l’organisation et aux gens qu’une telle chose impliquerait. Une nouvelle bien écrite et intéressante basée sur « la princesse et le petit-pois »

« The princess game » est une enquête policière dans un lycée américain où des jeunes filles sont assassinées dans une mise en scène macabre les représentant en princesses de contes de fées. La nouvelle est composée des mémos audios d’un des enquêteurs, un jeune policier sorti de l’académie juste pour l’occasion, et qui revit peut-être un peu trop ses années d’étudiants pour le bien de l’enquête. Les principaux suspects étant l’équipe de foot américain qui se surnomme entre eux « les princes ». Un thriller sans rien de fantastique diablement efficace et bien écrit.

 

Pour quelques heures-lumières de plus…

Récemment j’ai, enfin, trouvé le temps de rattraper près de trois ans de retard dans ma lecture des sorties de la collection de novellas « Une Heure-Lumière ». Voila mes impressions de lectures :

Waldo de Robert A. Heinlein est une novella écrite en 1942 qui propulse le lecteur dans un futur où l’énergie rayonnante est utilisée pour alimenter à distance l’ensemble des inventions de l’humanité. Lorsque des pannes à l’origine inconnue apparaissent, l’entreprise derrière la distribution de l’énergie doit faire appel à Waldo, un scientifique brillant mais misanthrope. Une histoire bien écrite mais un peu datée sur différentes manière de percevoir le monde et la science.

Acadie de Dave Hutchinson se déroule dans un futur lointain où l’humanité a essaimé dans l’espace. Dans la Colonie, une constellation d’habitats spatiaux cachée, Duke est un  humain normal vivant parmi ceux ayant décidé de modifier leurs génomes, chose interdite. Il est « président » et doit veiller à la sécurité de la Colonie. Lorsqu’une sonde semble les avoir trouvé, une course contre la montre se lance pour se sauver… Acadie est une novella intéressante à la chute bien amené et surprenante.

L’enfance attribuée de David Marusek se déroule à la fin du XXIe siècle alors que les traitements de régénération rendent les humains quasiment immortel et que les IA personnelles sont une réalité.  L’artiste Sam Harger tombe amoureux de Eleanor Starke, une politicienne ambitieuse . Ils filent le parfait amour et se voit proposés de devenir parent; un luxe dans un monde d’immortels. Mais quand un bug, ou une attaque, dans le système détruit la vie de Sam que reste-t-il ? Une novella intéressante mais qui, je trouve se perd un peu dans son propos entre son début et sa fin.

Abimagique de Lucius Shepard est une histoire d’amour malsaine racontée du point de vu de l’homme qui tombe amoureux de Abimagique (Abi). Il narre comment il est devenu fou de cette femme magnétique adepte de croyances new-age et de sexe tantrique. Mais lorsque ces croyances semble devenir une réalité et qu’il se retrouve pris dans une lutte mystique qui le dépasse saura-t-il faire les bons choix. Une novella fantastique un peu glauque comme Shepard sait si bien les écrire.

Le temps fut de Ian McDonald est une enquête menée par un bouquiniste qui découvre une étrange lettre dans un recueil de poésie. Il va découvrir une histoire d’amours à travers le temps. Cette novella d’histoire de voyage dans le temps est émouvante et fort sympathique.

La survie de Molly Southbourne de Tade Thompson fait suite à Les meurtres de Molly Southbourne. Elle suit Molly, enfin une copie de Molly car l’original est morte, qui découvre comme vivre, survivre seule dans le monde. Elle découvre aussi que Molly n’était pas la seule à créer des copies d’elle même depuis son sang et que plusieurs groupes s’intéressent de près à ce genre de pouvoir. Comme la première novella, ce récit est un thriller fantastique/weird fort sympathique.

Les agents de Dreamland de Caitlin R. Kiernan est un récit lovecraftien où deux agents de renseignements (US et UK) travaillent « ensemble » afin de comprendre et d’éviter une invasion d’entités venus d’au delà de Pluton. Entre enquête, fantastique et conspiration, Les agents de Dreamland  est une novella dense et brillante mettant en scène l’histoire réel, les mythes de Lovecraft et les théories conspirationnistes.

Vigilance de Robert Jackson Bennett est une novella brutale se déroulant dans un futur proche où l’Amérique sur le déclin assume sa violence avec une émission de télé-réalité, Vigilance, qui lance des citoyens armés dans un endroit du pays afin de tuer tous le monde ou d’être tué. Percutante, violente, sans espoirs, Vigilance est un novella qui laisse une trace.

Parue en 1938, La Chose de John W. Campbell est un classique dont est fortement inspiré le film Alien. Dans une station de l’Antarctique, une équipe de scientifique découvre une créature extraterrestre congelée. En voulant l’étudié, il l’a réveille et la créature « devient » une partie de l’équipe. Sans suite un huit clôt angoissant pour savoir qui est humain et qui ne l’est pas. Si le techno-jargon utilisé dans le récit a un mal vieillit, ce n’est pas le cas de l’intrigue et de l’écriture qui fait de La Chose un classique.

Ormeshadow de Priya Sharma est sans doute l’une des 3-4 meilleurs novellas de la collection. Il s’agit d’un récit d’apprentissage où l’imaginaire n’est que peu présent, et en même temps essentiel au récit. Fin du XIXe siècle, la famille du jeune Gideon Belman est ruinée et doit quitter Bath pour revenir dans la ferme familiale où vit son oncle et sa famille. Débute alors un récit d’entrée dans la vie adulte où se percute des rancœurs familiales, des styles de vie et des secrets. Le tout sous « l’ombre » de la légende des Belman qui veut que le bout de terre connus sous le nom de « Orme » et qui s’étend vers la mer est en fait un dragon endormi sous la garde de la famille Belman, mais ce n’est qu’une légende n’est-ce pas ? Ormeshadow est presque un roman par sa longueur et propose des portraits de personnages écrits avec justesse et émotion.