Transparences
L’être de l’autre monde
Huitième volume de la série des douze royaumes (après la mer des ombres, Le rivage du labyrinthe, la majesté des mers, le vent de l’infini, les ailes du destin, les rives du crépuscules , le royaume de l’idéal), l’être de l’autre monde se déroule dans notre monde. Il décrit en fait le second « exil » de Taiki, le kirin du royaume de Tai, né dans notre monde et qui y retourne après avoir été ramené une seconde fois sur Terre.
L’être de l’autre monde est, à mon avis, un roman destiné à ceux qui ont déjà lu le reste du cycle des douze royaumes. Il n ‘est, en effet, vraiment compréhensible que pour quelqu’un qui sait ce qui c’est passer dans les royaumes et qui connait Taiki. Ce dernier a en effet perdu la mémoire. Devenu adolescent, c’est un jeune polis mais solitaire qui fréquente un lycée japonais. Auréolé d’une rumeur de malédiction, ces gardiens vont se déchainer et tracer un sillage de morts et de destruction autour de lui. Un jeune stagiaire va se lier d’amitié avec lui et tenter de le protéger de la tourmente médiatique qui se déchaine tout en tentant de comprendre les aspects surnaturels de Taiki.
C’est un roman sombre, lent et mélancolique qui se dévoile au lecteur. Définitivement pas un de mes préférés de la série, il jette néanmoins un regard intéressant sur la période d’exil de Taiki, et propose une ambiance plus proche du roman fantastique que de Fantasy qui tranche aussi avec le reste de la série.
Zoo City
Récemment primé de l’Arthur C. Clarke Award 2011, Zoo City est le second roman d’une auteure, Lauren Beukes, sud-africaine. Se déroulant de nos jours à Johannesburg, Zoo City propose un univers à mi-chemin entre de l’Urban Fantasy et du Cyberpunk. Le premier car s’il s’agit de notre monde, une différence notable prend place : les personnes ayant commise un meurtre (accidentel ou non) ont un animal qui apparait et s’attache à eux. Outre de montrer ainsi à la face de tous le crime qu’ils ont commis, les Zoo développent également un pouvoir magique. Cyberpunk, car l’ambiance du roman est très noir dans un monde ou l’espoir de rédemption est bien maigre.
Zinzi December, une ancienne journaliste, est affublée d’un paresseux pour avoir tuer son frère. Après avoir fait son temps en prison, elle vit à Zoo City (le quartier « mal famé/pauvre » de Johannesburg) où elle vivote en recherchant des objets perdus (son don lui permet de les retrouver) et en écrivant des spams de pishing pour un parrain de la pègre à qui elle doit de l’argent. A court d’argent, elle doit accepter une enquête pour retrouver une jeune star de la musique disparue. Son enquête la mènera à se frotter à fort partie et à découvrir des secrets bien sombres.
Ce roman à l’ambiance noir est très sympathique. Le mélange entre un univers violent et pauvre avec une pointe de magie prend bien; tout comme le contexte peut habituel (l’Afrique du Sud) pour un lecteur européen comme moi aussi. J’ai par contre eu parfois le sentiment d’une intrigue un peu embrouillée et d’un manque de transition en douceur dans la lecture. Ceci étant dit, Zoo City reste un excellent roman qui a bien mérité son prix.
Avant le déluge
Il y a quelques mois, je terminais ma chronique de Rue Farfadet sur le souhait de pouvoir lire prochainement une suite. Je n’imaginais pas alors que le second tome des aventures du détective Sylvo Sylvain, Avant le déluge, sortirait si rapidement. Aussitôt vu, aussitôt lu, ce second opus plonge le détective, et son adjoint pixie, dans une enquête aux conséquences plus lourdes encore que dans Rue Farfadet.
Se déroulant quelques temps après (et je pense que la lecture du premier tome devrait être fortement conseillé pour bien prendre plaisir à la lecture du second), Avant le déluge débute alors que la situation de Sylvo Sylvain s’est bien améliorée. A la tête de sa propre agence de détective, il vit mieux et son spleen du à l’exil a bien diminué.
C’est donc un peu résigné, qu’il débute une enquête sur la disparition de l’ambitieux journaliste Jacques Londres. Mais rapidement, l’enquête tourne au complot d’état. Et c’est en courant derrière le célèbre voleur Alfred Lutin, que Sylvain se retrouve à découvrir, couches après couches, les secrets de la puissante Académie de magie. Le roman se termine d’ailleurs d’une façon apocalyptique, pour Panam et pour Sylvain.
Un second tome de très bonne facture qui a le bon goût de faire évoluer d’avantage l’univers mis en place. Il me semble de plus que les références détournées à la culture populaire sont bien plus présente dans ce tome que dans le précédent. Vivement la suite.
Ceux qui rêvent
Suite de Ceux qui sauront, Ceux qui rêvent débute une année après la fin du précédent. Toujours situé de nos jours dans un monde où la Révolution française a été un échec, ce roman mène Jean et Clara, maintenant installé ensemble et donnant des cours clandestins, vers les royaumes du Nouveau-Monde.
En effet, Clara est enlevée et Jean doit se rendre en Nouvelle-France afin d’empêcher son mariage forcé avec un riche industriel. Pour ce faire, il devra traverser l’Atlantique dans un paquebot, rentrer illégalement des les royaumes anglophones du Nouveau-Monde, traversé ces derniers et se rendre en Nouvelle-France. Et de là, qui sait, tenter de rejoindre le royaume libre d’Arcanecout.
Parallèlement aux péripéties vécues par Jean et Clara, le roman s’attache aussi aux pas d’Élan Gris, un jeune Lakota, qui quitte sa réserve sur les pas d’une vision pour rejoindre également l’Arcanecout. Guidé par son esprit totem, il devra lui aussi faire face à une population hostile pour atteindre son rêve.
Dans la veine du premier roman, mais avec une fin un peu plus optimiste (quoique…), Ceux qui rêvent prolonge ce dernier de bien belle manière en permettant l’exploration d’une Amérique uchronique monarchiste. Un roman donc fort agréable où seul l’utilisation d’une pointe de surnaturelle gâche un peu le « réalisme » de l’uchronie.
The Alchemist & The Executioness
Kraken
Kraken, le dernier roman de China Miéville m’était tombé des mains lors de ma première tentative de lecture. Curieux quand même de pouvoir connaitre la suite et fin de l’histoire, je me le suis procuré en version audio pour le terminer.
Le pitch de base était prometteur : le calamar géant naturalisé du British Museum disparait sans laisser de trace. Un des curateurs du musée qui a naturalisé l’animal est propulsé bien malgré lui dans le monde magique et étrange de la Londres occulte. La lecture est plus laborieuse : le roman est écrit, comment souvent avec Miéville, dans une langue soutenue et le nombre abondant de protagoniste et de groupe donne parfois un peu le tournis.
Il n’en reste pas moins que Kraken est un excellent roman pour celui qui persévère; définitivement pas le meilleur de l’auteur, mais un excellent roman quand même. L’intrigue, qui se transforme rapidement en un enquête pour retrouver le calamar géant et éviter un apocalypse de feu que voient tout les voyants de la ville, mène le lecteur à la découverte de multiples cultes cachés dans Londres. L’enquête est compliqué par la guerre des gangs que se mènent deux parrains de la pègre (dont l’un est réputé mort et l’autre une tête tatouée dans le dos d’une victime innocente), par l’intérêt que porte certaines puissances élémentaires à l’enquête, par une grève des familiers magiques et par le retour du croquemitaine londonien que sont les personnages de Goth and Sobby.
Si l’intrigue foisonnante semble partir dans tous les sens, elle fini par faire sens avec l’avancée du roman. Miéville réussit à nouveau le tour de force de rendre l’improbable et le bizarre probable et quasiment normal. Le lecteur du roman a de plus une voix profonde et grave fort agréable à l’écoute. Un roman exigeant, complexe et un léger cran en dessous des autres romans de Miéville que j’ai pu lire, qui démontre néanmoins une grande maitrise de la part d’un grand auteur.
Makers
Makers est l’avant dernier roman de Cory Doctorow; comme j’avais beaucoup apprécié Little Brother, je me le suis procuré en version audio et l’ai écouté ces dernières semaines.
Point positif, la lectrice de la version audio est très agréable à écouter et donne vie au roman. Celui-ci narre la vie de deux informaticiens-ingénieurs de génie qui débute par développer des machines à partir de déchets, avant de poser les base d’une nouvelle économie et, une fois l’échec de cette dernière, de développer des parcs d’attraction (rides) en open source et prendre de front l’attaque légal du géant Disney. Une journaliste-blogueuse et deux dirigeants d’entreprise sont également de « l’aventure ».
L’histoire de Makers est un peu fade et je pense que si je ne l’avais pas écouter j’aurais sans doute reposer le roman avant sa conclusion. Ceci étant dit, l’intérêt du roman réside d’avantage dans la vison du future proche qu’il propose : évolutions technologiques (imprimantes 3D, informatique, robots, lutte médicale contre l’obésité), sociales (nouveaux groupes), économiques (open source, mashup, …). A ce niveau là, Doctorow propose une vision intéressante du future et des luttes qui pourraient émergés entre tenant d’une nouvelle économie ouverte sur le monde et les tenants de l’ancienne (l’actuel) doctrine.
Même si l’exercice futurologique est intéressant, Makers manque, à mon goût d’un peu de souffle.
Daytripper
Je parle assez peu ici des comics, BD et autres aventures en cases. Il y a eu Watchmen et, de manière indirect, Fables; j’en lis pas mal pourtant mais souvent j’estime que cela ne vaut pas une note sur mon blog.
Daytripper est différent pourtant. Il s’agit, tout d’abord, d’une histoire terminée maintenant réunie en un volume; ensuite c’est une histoire écrite en anglais par deux Brésiliens et se déroulant au Brésil. Daytripper c’est l’histoire de Brás de Oliva Domigos, fils d’un écrivain à succès, auteur en devenir et, pour gagner sa croute, rédacteur d’élégies pour un journal local. Sa vie est sommes toute commune et banale et pourrait être la vie de tout à chaqun.
La poésie de Daytripper réside dans le dessin et dans la réflexion sur la vie, la mort et l’écriture qu’elle propose. En effet, à la fin de chaque chapitre (chaque numéro devrais-je dire), Brás meurt et une élégie pour lui est proposée. Sauf que chaque mort est un possible et au numéro suivant sa vie se poursuit (il y a parfois des épisodes dans le passé) comme si la mort du numéro précédant n’avait pas eu lieu. Se tisse ainsi une vie complète, avec ses différents points de ruptures possibles et, lors du dernier numéro, une mise en abime de l’histoire assez impressionnante.
Je suis venu aux comics par les supers héros et je découvre de plus en plus que le vraies perles sont à chercher à côté de ces derniers.