Célanire cou-coupé

Lorsque j’ai débuté Célanire cou-coupé, une lecture pour un séminaire universitaire, je ne m’attendais pas à trouver un roman si intéressant et où le fantastique est si présent.

Lorsque Célanire Pinseau, une orpheline guadeloupéenne formée par des religieuses à Paris, débarque en Côte d’ivoire, alors colonie française, pour s’y occuper d’une école pour métisse, la colonie est loin de se douter des bouleversements qu’elle va vivre. En effet, Célanire cache de nombreux secrets (qui est-elle réellement, pourquoi porte-t-elle en permanence un foulard autour de son cou, …) et veut se venger de tous ceux qui lui ont fait du mal enfant; cette vengeance la mènera d’Afrique en Guadeloupe, en passant par le Pérou. Célanire n’est pas normal, elle magnétise tous ceux qui la côtoient, des morts mystérieuses semblent se passer dans son sillage, et ses idées choquent et fascinent à la fois (féministe, engagée pour la reconnaissance des cultures colonisées, …); mais surtout Célanire est à mi-chemin entre Frankenstein et les mythes créoles.

Ce magnifique roman m’a tous bonnement scotché et je l’ai lu quasiment d’une traite. Je ne peux que le conseiller à tous ceux qui aiment le fantastique amené par petites touches discrètes (ou le réalisme magique) et les histoires agréablement écrites.

Fire on the mountain

L’écriture simple, claire et précise de Anita Desai donne vie à deux femmes et une enfant dans un coin reculé de l’Inde qui se cherche une raison de vivre.

Le roman, divisé en trois partie, plonge à chaque fois dans la vie de ces trois personnages : Nanda Kaul, une vielle femme qui s’est retirée du monde pour être seul et ne plus penser aux failles de son passé, Raka, son arrière petite fille qui sa famille lui envoie pour passer l’été, car sa mère est malade, et qui est farouchement indépendante, une « copie » naturelle de sa grand-mère, et Ila Das, une amie de Nanda dont la richesse familiale a été dilapidé et qui doit maintenant travailler dans la pauvreté comme assistante sociale au près des villages ruraux de l’Inde. La vie et les relations de ces trois femmes sont disséqués dans Fire on the mountain jusqu’à la tragédie finale.

Le roman bien admirablement écrit m’a laissé une impression mitigée qui au final ne m’a fait ni apprécier ni détester ce roman.

Drown

Il y a des facette de la réalité de nos sociétés que l’on connait intellectuellement mais qui malgré cela reste trop éloigné de notre réalité quotidienne pour qu’on en saisisse ne serait-ce qu’une fraction; la vie des immigrants latino-américains aux États-Unis est pour moi une de ces facettes. C’est sans doute pour cela que la lecture du premier, et à ce jour seul, recueille de nouvelle de Junot Díaz, Drown, m’a fait l’effet d’un uppercut dans l’estomac.

Les dix nouvelles qui forment se recueil narre différente partie de la vie de Yunior, un jeune dominicain dont le père immigré aux États-Unis a fait venir sa famille, après cinq ans sans les avoir vue, à New York, puis, après quelques années, les a abandonné à nouveau pour de bon. Les dix nouvelles du recueil partage le même narrateur, Yunior, et sont écrit tantôt au présent, tantôt au passé. Elles narrent, dans un langage cru et direct, différents moment de sa vie en République Dominicaine et à New York. Le panorama d’un jeune immigré dominicain pauvre se trouve ainsi déroulé avec brio devant nos yeux. La dernière nouvelle du recueil qui revient sur l’histoire de son père clôt celui-ci avec à propos en permettant de connaitre enfin ce père dont l’absence marque l’ensemble des neuf autres nouvelles.

Drown, de par l’histoire qu’il raconte et la manière dont elle est racontée, est un recueil prenant qui laisse un arrière gout amère dans la bouche et qui m’a ouvert de nouveaux horizons; il me fait pour tous cela le rapprocher des excellents recueils de nouvelle d’Edwige Danticat que sont The Dew breaker et Krik? Krak!.

The Shoemaker’s holiday

The Shoemaker’s holiday est une comédie urbaine écrite par l’auteur britannique Thomas Dekker et qui a été jouée pour la première fois en 1599. Elle s’attache au péripétie d’un jeune gentleman qui pour rester au près de sa belle se fait fabriquant de chaussure.

La pièce est relativement convenue pour une audience moderne. Elle contient de nombreux jeux de mots plus ou moins salaces et une galerie de personnages (principalement des artisans) haute en couleur. La fin heureuse de la pièce ne surprendra personne.

L’intérêt principal de cette pièce est avant tous culturel; il s’agit en effet d’une des premières pièces mettant en scène de manière positive la « classe » émergente des artisans. Elle appartient également à un nouveau type de pièce (au XVIe et XVIIe) qui ne prend pas comme scène le passé mais la ville de Londres de son époque.

The Man-eater of Malgudi

The Man-eater of Malgudi est un roman étrange dont l’histoire tend à l’absurde : dans la petite ville indienne imaginaire de Malgudi, Nataraj est propriétaire d’une petite imprimerie. Sa vie s’écoule lentement sans souci jusqu’au jour où il rencontre Vasu et que celui s’installe dans les combles de son imprimerie. Vasu est taxidermiste, mais surtout c’est un chasseur carnassier aux idées bien tranchées et dont le comportement et le physique sont dignes d’un bulldozer. La présence et de Vasu va entrainer le pauvre Nataraj dans des situations les plus extrême les unes que les autres, et jouer terriblement avec ses nerfs.

Si la lecture de ce roman est plaisante, et la chute finale plus tôt bien trouvée, je garde de sa lecture un sentiment mitigé. The Man-eater of Malgudi n’est pas un mauvais roman, loin de là, mais une fois sa lecture terminée je ne peu pas dire que je l’ai aimé, ni détesté d’ailleurs. Un sentiment bien étrange qui vient peut-être de ma difficulté à donné un sens à l’histoire tant celle-ci frise parfois le ridicule.

Breath, eyes, memory

Breath, eyes, memory est le premier roman qu’a écrit Edwidge Danticat, une auteur que j’apprécie particulièrement. Écrit à la première personne, ce roman narre l’histoire de Sophie, une haïtienne élevée à Haïti par sa tante qui au début de l’adolescence part rejoindre sa mère émigrée à New York. Là, après plusieurs années, elle tombe amoureuse d’un homme plus agé et quitte la maison familiale pour se marier avec lui. Plus tard encore elle entreprendra un voyage vers son passé et pour lutter contre les démons de ses origines et donner à se fille nouvelle née une enfance plus sereine que la sienne.

Le roman est écris avec finesse et aborde la douloureuse question du viol, dont est issue Sophie, de la transmission entre génération et de l’expérience migratoire. Malgré la violence du sujet, Breath, eyes, memory ne m’a pas fait, comme les autres livres de Danticat, l’effet d’un coup de point mais plutôt celui d’un long chant triste et mélancolique que l’on entendrais un jour de brume. Un roman magnifique portant une histoire simple en apparence mais complexe par sa profondeur.

Kanthapura

Kanthapura est un des « classiques » de la littérature indienne contemporaine de langue anglaise. Raja Rao, son auteur, propose ici un roman en anglais mais qui se veut fondamentalement indien dans sa rédaction.

On y suit l’histoire d’un petit village indien, Kanthapura, dans les années 30 alors que le gandhisme se repend en Inde. C’est bien sur à son introduction dans le village et aux nombreuses conséquences que le mouvement d’indépendance aura pour ses habitants que nous convie Raja Rao.

Si l’histoire est intéressante, c’est surtout la manière dont elle est racontée et la manière dont le roman est écrit qui m’ont interpelé. En effet, la narratrice du roman est une habitante de Kanthapura qui raconte après coup et sous forme de commérages les différents évènements dont elle a été actrice et témoin. Il émane donc de la narration un sentiment de masse, les nombreux noms des habitants du village sont lancés à la cantonade comme si le lecteur savait qui ils étaient, de proximité et de vitesse propre aux commérages. Mais dans un sens c’est là toute l’indianité du roman qui fait passé à la fois le débit de parole propre à l’hindi (du moins c’est le but annoncé par l’auteur dans sa préface et qui me semble atteint) et le sentiment de nombre qu’un pays de la taille de l’Inde impose à ceux qui s’intéresse à lui.

Au final donc un roman passionnant mais dont la lecture n’est pas toujours facile; l’identification des différents personnages et le sentiment de collectivité invite à se laisser porter et pourrait rebuter les plus précis des lecteurs. De même, l’utilisation de nombreux mots d’hindi et la sensation de « fuite en avant » de la narration donne parfois un peu le vertige. Mais l’effort en vaut la peine tant le roman dépeins avec sucés la lutte pour l’indépendance vue depuis le « quidam ».

Kim

Inde : fin du dix-neuvième siècle, époque du Raj britannique, Kim est un jeune orphelin de père irlandais et de mère indienne qui vit dans les rues de Lahore. Intelligent, malin et rompu à la survie, il fait la rencontre d’un moine tibétain à la recherche d’une rivière mystique. En décidant de l’accompagner, Kim se lance dans une aventure qui lui ferra visiter l’Inde entière. En effet, identifier comme enfant d’un occidentale mais également repérer par le chef des services secrets britanniques en Inde, il recevra une éducation occidentale et sera utiliser dans le même temps par les services secrets.

Histoire double, Kim nous fait suivre en effet l’adolescence de son héros éponyme mais également la quête d’illumination d’un vieux moine tibétain. Se faisant, le roman brosse un portrait de l’Inde et de ses différents habitants. Le travail de Kim pour les services secrets ajoute un verni de mystère et danger à l’histoire. De plus le romain aborde une question fondamentale de l’adolescence : « qui suis-je ? »; et ce au travers des interrogations Kim qui est à la fois un occidentale, mais également un indien, un bouddhiste, un hindouiste, un brahmane, un intouchable, etc. au grès des ses métamorphoses.

Si le romain est indéniablement de bonne facture, il ne m’a pas énormément plus. La faute sans doute à une histoire parfois un peu alambiqué et une écriture pas toujours abordable au première abord.

The Alchemist

The Alchemist est une pièce de théâtre jouée pour la première fois à Londres en 1606. Il s’agit d’une des premières pièces dont l’histoire se déroule à Londres, dans le quartier de Blackfriar pour être préci, à l’époque contemporaine (c-à-d 1606).

Une prostituée et deux rufians utilisent en son absence la maison du maitre de l’un d’eux afin d’escroquer plusieurs personnes. Ainsi l’un des compères se fait-il passer pour un alchimiste/devin/prêtre des fées pour convaincre une galerie de personnages crédules (un chevalier, un drapier, des anabaptistes, un marchand de tabac, etc.) de leur verser de fortes sommes d’argent en échange de prodiges divers.

La pièce est légère et prête de nombreuses fois à sourire. Ceci dit, il ne s’agit pas non plus d’un chef d’œuvre intemporel et, si sa lecture m’a été plaisante, je n’en garderais pas non plus un souvenir impérissable.

Their eyes were watching god

Zora Neale Hurston est considérée par beaucoup comme une des pionnière de la littérature afro-américaine et son roman Their eyes were watching god comme l’un des jalons marquants de cette dernière.

L’histoire est celle de Janie Crawford, une mulâtre dans le sud des États-Unis du début du XXe siècle. Le roman narre sa vie depuis la fin de son adolescence jusqu’au début de sa vieillesse. Il raconte l’histoire de ses trois mariages, l’un qui la ferra femme, le second qui la rendra riche et le dernier qui la rendra heureuse dans une vie simple.

Le roman est de bonne qualité mais il ne me marquera guère plus que comme un pierre posée dans ma culture général de la littérature afro-américaine. L’utilisation d’une écriture de « type phonétique » pour les dialogues afin de rendre au mieux l’afro-américain a de plus nuit un peu à mon immersion dans le roman. Une lecture que je ne conseillerais qu’à ceux intéressé par l’histoire littéraire afro-américaine.