Hangul Express de Léa Silhol

Publié en deux volumes, Hangul Express précipite la rencontre de nombreux files de la Trame dans une explosion d’action cyberpunk.

Le GRID, le monde virtuel, est en train de s’effondrer avec de nombreux runners prisonniers en immersion et d’une Fay et l’homme qu’elle aime. Pour les sauver les Fays de Frontière et les Izokage vont devoir mener une expédition de sauvetage dans le GRID. Mais une puissance de l’hiver y rode qui cherche une vengeance qui lui a été longtemps refusé…

Hangul Express est, pour moi, un pivot majeur dans l’œuvre de Silhol car c’est à la fois un roman d’action haletant mais aussi un moment où de nombreux pan de la trame s’éclairent et se laissent voir presque nu. Une vraie réussite doublé de la frustration de devoir attendre l’opus suivant pour savoir ce qui va se passer maintenant que tout est mis en mouvement.

Masshiro ni

Premier opus (dans l’ordre de numérotation de la série) des histoires japonaises de la trame silholienne, Masshiro ni propose six nouvelles, dont deux inédits, qui éclairent l’histoire de la famille Izôkage, famille de samouraïs japonaise qui a été maudite par un esprit de l’hiver. Les membres de la famille sont non seulement traqués par un esprit de l’hiver, mais ont aussi leurs âmes divisées en deux. Ils recherchent ainsi leur âme sœur. De plus, un pacte passé avec la cours de Seuil les lies aux Fays.

Les nouvelles ici présente raconte comme le premier Izôkage s’est retrouvé traqué par un esprit de l’hiver, un épisode mettant en scène un ceramiste en Europe au début du XXe siècle et la manière dont le pacte avec Seuil a été passé.

Quelques nouvelles donnent ensuite des aperçus de moments « contemporains » de la vie (et mort) des Izôkage.

Les nouvelles ici présentées donnent de la profondeur à l’histoire des Izôkage, et, pour ceux qui tente de rassembler les fils de la trame, un aperçu des derniers jours de Seuil qui  mèneront ensuite à Frontière.

Romaji horizon – gridlock coda

Avec ce nouveau roman Léa Silhol agrandit sa trame en y ajoutant un « royaume » virtuel : Le GRID qui se déploie en plusieurs niveaux (de plus en plus abstrait) dans les profondeurs du web mondial. Des équipements sophistiqués permettent d’y accéder et des mercenaires du virtuel, les Gridrunners, vendent leurs services au plus offrants pour le profit et pour la gloire et la reconnaissance de leurs paires.

Mais Romaji horizon c’est aussi un roman qui se situe dans l’histoire de Frontière et de celle des Fays japonais et de la famille maudite par l’hiver des Izôkage (voie Hanami sonata, notamment). C’est aussi, comme souvent chez Léa Silhol, un roman qui met en scène des histoires d’amours fortes (ici deux couples)  qui sont un des moteurs de l’histoire.

Tous commence lorsque le chef de la famille Izôkage est assassiné après une entrevu avec l’Empereur du Japon lors d’une crise sur le devenir des Fays japonais. L’amour de sa vie, la puissante Crescent, decide d’imposer au destin sa volonté et de transformer l’assassinat en tentative d’assassinat. Elle provoque alors la fuite de la victime dans le Grid, qu’elle rejoint également alors que l’esprit de l’hiver que hante les Izôkage  se joint à la « fête ».

Le roman fait alors un long flashback (la fin de la trame ouvrant le roman devra attendre le tome suivant) et se concentre sur la cadette des Izôkage , Gridrunner et Fay, et de la manière dont elle a rencontré, dans le Grid, son âme sœur un jeune Gridrunner de génie.

De la rencontre entre une jeune idéaliste et un Gridrunner cupide et égoïste va naitre une lutte contre une des plus puissantes multinationales de la planète dans laquelle chacun risque de perdre sa vie et son âme.

Romaji horizon est une histoire d’amour, un roman cyberpunk et une histoire de magie ancienne et nouvelle. C’est aussi un nouveau fils dans la Trame que tisse Léa Silhol qui donne une « couleur » nouvelle à cette dernière.

Hanami sonata

Hanami sonata propose un roman de Léa Silhol (publié ici pour la première fois) en deux parties qui se répondent. Hanami sonata se déroule à notre époque et fait se rejoindre des arcs narratifs concernant les Fays et la famille Izôkage au Japon.

La première partie du roman, Le maître de Kõdõ, est la version longue de la novella éponyme parue dans  le second volume du recueil  Sacra .  Le lecteur y suit le voyage de plusieurs Fays au Japon afin de venir en aide à une jeune Fay prisonnière de la GRID, un monde virtuel comme on peut en voir dans le genre cyberpunk. La famille en question, les Izôkage, ont une longue histoire faite de malédiction et de relations compliquées avec l’hiver. Cette première partie relate un moment important dans l’histoire des Fays puisqu’il représente l’éveil complet de Crescent (pour ceux qui connaisse le reste du Dit de Frontier). Il s’agit également du début (enfin du second début) d’une histoire d’amour qui a traversé le temps.

La seconde partie, La maîtresse d’échos,  fait un bond dans le temps à l’époque où la ville de Frontier a été (re)trouvée et où les Fays tentent de stabiliser leurs relations avec le reste du monde. Il propose à la fois un aperçu de ce qui arrive aux Izôkage et aux Fays, mais aussi, et surtout, une conclusion (provisoire) de l’histoire d’amour qui s’est nouée entre le « chef » de famille des Izôkage et Crescent, la prophétesse du peuple Fay.

Hanami sonata est à la fois une histoire d’amour, à l’image de celle proposée dans Possession Point, mais aussi un jalon important qui éclaire à la fois l’origine des Fays et d’une famille japonaise très liée au surnaturelle. Une agréable lecture dans tous les cas; un indispensable (comme souvent) pour ceux qui tenter de deviner l’intégralité de la Trame.

340 mps

Nouveau recueil de Léa Silhol, 340 mps (la vitesse du son) propose neuf textes, dont six inédits, autour du thème de l’obsession. Les divers textes contiennent peu de créatures de fantasy (on y croise néanmoins quelques Fays, les gardiens des portes, …) mais beaucoup d’humanité. C’est en effet au cœur d’un des éléments qui nous constitue que Silhol va recherche le moteur de ses personnages et de ses histoires.

D’obsession il est donc question : obsessions pour les objets, pour les gens pour les sensations, c’est le tour de ce sentiment obsédant qu’il est question ici. Les textes sont, comme toujours, très bien écrits et prenants (au cœur, à l’esprit et aux tripes). Une mention d’ailleurs particulière pour le choix des textes, Léa Silhol a été anthologiste et cela se ressent dans ses recueils dont la construction est toujours murement réfléchies; cela se sent et cela donne une plus values au recueil bien au delà des textes pris individuellement.

Je suis fan des écrits de Silhol, cela doit se voir sur ce blog, mais rarement ses textes m’auront donné le sentiment de parler aussi de moi (ou en tous cas d’une partie de moi).

Le recueil s’ouvre pas un court texte coup de poing (« Wild ») dont je ne dirais rien de plus; il faut juste le lire !

Il continue avec « Folding / Unfolding ». Une lettre d’une mère à sa fille qui raconte son obsession avec les éventails et la manière dont sa collection a été construite. Un des textes qui me parle, je ressens, en moins violent, parfois ces mêmes élans pour les livres et les jeux de rôles…

« The Cat & the Choker », déjà publié en revue auparavant, est centré sur un membre de la famille des Usher, les gardiens des portes, qui part à la recherche, dans la grande maison familiale, d’un magnifique bijou qui apporte beauté à celle qui le porte, mais qui est aussi une sentence de mort. Un très beau texte sur le prix de l’obsession.

« Sous l’Aiguille » est un court texte qui mêle tatouage, magie, amour et vengeance. Déjà paru, il y a près de 16 ans, dans la revue Elogy, le texte est plaisant.

« Traverser sous les Roues des Voitures » est un texte qui prend aux tripes sur les choix de vie, l’admiration pour un artiste et ce que cela représente dans une vie. Un texte pour lequel, une fois encore, je perçois des échos atténués, et un peu distordus, de mes propres sentiments.

« Faiseurs d’Étoiles » suit une jeune auteure qui tombe sous la coupe d’un éditeur parisien qui, sous prétexte d’en faire une nouvelle star littéraire, abuse d’elle et lui fait écrire un roman qui n’a plus rien d’elle. Une victime lucide mais en partie consente, des personnages pour qui toutes ressemblances avec des personnes existants ne peut-être que fortuites (et lointaine), un texte mordant.

« Winter Wonderland INc » est la dernière réédition de ce recueil, un jeune homme se retrouve engagé comme Le père Noël : bonne paye, travaille au pôle nord, mais tant de secrets….

« Le Dernier des Dark Boys » voit une femme parler de son tatouage à une ado et de là déroulé le fil de sa vie amoureuse avec son dernier « Dark boy » et comment cela a marqué sa vie. Une nouvelle où le lecteur pourra apercevoir frontière et vivre à nouveau ses tourments amoureux de l’adolescence dans tous ces excès mais aussi dans la manière dont cela nous marque. Une nouvelle fois une nouvelle qui a trouvé chez moi un écho, de manière assez surprenant en fait tant c’est éloigné de ma propre histoire…

« Arena » est une conversation entre un ange et une humaine qui se rappel la construction du temple de Jérusalem. Si c’est la nouvelle qui m’a le moins parlé et plus du recueil, elle le conclut assez logiquement.

Focus : Léa Silhol

De manière général je ne fais pas beaucoup d’articles « spéciaux » sur mon blog. Je l’ai créé pour garder une trace de mes lectures et c’est ce que je fais, parfois avec un peu plus de détails, parfois avec un peu moins et toujours avec pas mal de fautes d’orthographe et de grammaire (malgré toute ma bonne volonté la langue française à l’écrit ne se laisse pas dompté).
Mais de temps à autre il me prend l’envie de tenter quelque chose, j’ai donc décidé, au grès de mes envies, de proposer de petit focus sur certains auteurs qui me plaisent beaucoup et dont je pense que vous devriez les lire; au moins pour voir si à vous aussi ils pourraient vous plaire.
Une petite tempête dans un verre d’eau a secoué il y a peu la blogosphère SF sur le rôle du blogueur. Certains auteurs semblant croire que le blogueur était là pour assurer leurs promotions, Lhisbei a donné une réponse claire et que je partage sur son blog : en résumé simplifié « je suis sur mon blog chez moi et je fais ce que je veux ! »
Ceci étant dit, j’ai lu aussi ces derniers temps plusieurs éditos / coup de gueule / poste de blog mettant en évidence l’équation simple : un auteur pour continuer à écrire (dessiner / produire / etc.) doit pouvoir gagner quelque chose (c’est le cas dans l’édito de Comics Box de ce mois, c’est ce que dit Bellamy, ou encore Léa Silhol de qui il sera question tantôt). Au final l’argument est le même : « si vous aimez un auteur / un illustrateur / une série de comics achetez ce qu’il fait pour qu’il puisse continuer à le faire. » Auquel certains ajoutent : « et faites le avant que ce dernier arrête, après il sera trop tard pour venir lui dire que vous ne trouvez plus ses œuvres ».
Les focus que je souhaites faire sont donc à la fois une manière de donner un coup de projecteur sur un auteur que j’aime, mais aussi un acte un peu militant (et égoïste) pour essayer de vous donnez envie de découvrir un auteur que j’aime pour qu’à votre tour vous l’aimiez (ou pas…)
Pour ce premier focus j’ai décidé de vous parler de Léa Silhol. Une auteure qui a pour moi une double importance. Elle a été une des éditrices de feu les éditions Oxymore dont les ouvrages m’ont fait découvrir nombre d’auteurs devenus aujourd’hui centraux dans les littératures de l’imaginaire francophones aujourd’hui (Jean-Philipe Jaworski et Mélanie Fazi, par exemple), mais m’ont également donné goût à la nouvelle.
Mais après, ou avant c’est selon, d’avoir été éditrice, Léa Silhol est aussi auteure. Une auteur qui commence à publier au début de ce siècle et qui, après une (trop longue) éclipse entre 2008 et 2014, s’est remise à être publiée depuis 2015. Ce qui a changé, c’est que pour garder son indépendance et maintenir son intégrité, elle a décidé d’être publiée par Nitchevo Factory, une structure dédiée a apporter soutient aux artistes la formant et dont l’édition est seulement une de ses activités.
Ses ouvrages sont publiés via une plateforme d’impression à la demande ce qui implique, bien que cette dernière livre les libraires, que les livres sont moins présent sur les étals des libraires et donc du coup souffre d’un manque de visibilité.
Cela étant dit qu’est ce que Léa Silhol écrit et pourquoi je trouve cela bien ?
Et bien, elle écrit de la Fantasy au sens large : ré-écritures de mythes et légendes, Urban Fantasy, Réalisme Magique, etc. Elle écrit d’ailleurs admirablement bien. Pour moi elle a son meilleurs niveau lorsqu’elle écrit des nouvelles, là où son écriture riche et précise frappe le plus fort. Mais j’aime aussi ses romans, même si certains lui reprochent un style trop chargé (à titre personnel, je trouve que ces derniers romans parus sont plus agréable de ce côté là).
Elle développe surtout un univers commun, qui a comme nom officiellement officieux « La Trame ». Tout est lié chez Léa Silhol et chaque histoire, chaque personnage, chaque événement, trouve une place sur une trame plus large.
Là où le lecteur potentiel pourrait craindre de tomber, sans le vouloir, sur des ouvrages auxquels il ne comprend rien, chaque livre est en fait une porte d’entrée possible dans « La Trame » qui se tient seul. La lecture d’autres livres venant donner plus de profondeur à l’ensemble.
Dans sa bibliographie je vous propose une petite liste de ce qui est actuellement disponible avec le lien vers ma chronique, le pourquoi / pourquoi il faut le lire et un lien vers le grand géant où le lecteur peut se procurer l’ouvrage.

Conte de la Tisseuse : la ré-édition de son premier recueil de nouvelles. Une ré-écriture de contes, légendes et mythes qui est un vrai bonheur à la lecture. C’est sans doute la porte d’entrée royale pour découvrir Léa Silhol, à conseiller avant tous aux fans de nouvelles et de Fantasy. (A noté que l’édition collector diffère de l’édition normal pour sa couverture rigide et par une petite série de portraits de créatures féeriques jamais auparavant publié, à réservé aux fans ou aux amoureux des couvertures rigides).

Sacra vol. 1 et Sacra vol. 2 : deux recueils de nouvelles qui se répondent, proposant quelques nouvelles déjà parues au part avant et beaucoup d’inédits. A leur actuel, c’est pour moi les deux meilleurs recueils publiés par l’auteure. Les différents textes oscillent entre de la Fantasy, avec une version fantastique de Venise, et de la Fantasy Urbaine. Si vous aimez les nouvelles, les rélfexions sur l’art, Venise et la Fantasy Urbaine (urbaine par romance, attention) ces deux recueils sont fait pour vous.

Possession Point : un roman d’Urban Fantasy en forme de road movie. Se déroulant à notre époque, le roman narre la lute d’un gang de Fays perdus dans notre monde qui les rejette et les craint et cherchant la mythique cité de Frontière qui pourrait devenir leur havre. Un roman pour ceux qui aime l’Urban Fantasy.

Sous le Lierre : un gros roman presque plus proche de la littérature blanche (du Réalisme Magique par certain aspect) que de la Fantasy qui se lit comme l’histoire de la rébellion d’une jeune fille au caractère bien trempé face aux traditions anciennes de son petit coin d’Angleterre. Se passant au début du XXe siècle, le roman parlera à ceux qui aiment leur Fantasy légère, les récits de passage de l’adolescence à la vie d’adulte et les traditions païennes liées à la Nature.

La Sève et le Givre : premier roman publié de Silhol, premier tome d’une trilogie pour l’heure inachevée (mais qui dans mes souvenirs se tient tous seul) et seul ouvrage disponible en poche (chez Point Fantasy), ce roman, que j’ai lu bien avant d’avoir un blog, est de la Fantasy féerique qui retrace un conflit entre les cours d’ombre et de lumière. Un roman fait pour ceux qui aime la Fantasy féerique et l’écriture riche et « vénéneuse » (pour citer le quatrième de couverture.

Voila terminer le tour des ouvrages disponibles de Léa Silhol. J’espère vous avoir donner l’envie d’en prendre un et de le lire.

Dans tous les cas n’oubliez pas que ce qui compte c’est d’y prendre plaisir.

 

Sous le lierre

Gros roman (488 pages) de Léa Silhol, Sous le lierre est un roman se déroulant au début du XXe siècle dans la région rural du Wiltshire en Angleterre.
 
Suivant la vie de Ivy Winthorpe, la narratrice de l’histoire, le roman retrace comment cette jeune fille (16 ans au moment du roman) de la noblesse du lieu va découvrir son histoire, tombée amoureuse, défié les conventions de son milieux et les traditions ancestrales de sa région afin de changer son destin.
 
Le roman se centre sur la forêt de Savernake, domaine familiale pourtant interdit à la jeune fille et aux villageois vivant à proximité. Ivy ne manque pourtant pas de s’y rendre, en cachette, souvent et de l’explorer en détail. C’est là qu’elle fait la connaissance de l’amour se sa vie qui semble destiné à un bien sombre rituel.
 
Mêlant une touche de fantastique (qui pour ceux qui parcoure la Trame tissée par l’auteure donne un aperçu du destin des puissances moindres des cours féeriques), pas mal de pathos, du féminisme et des traditions rurales (l’ombre du « Green Man » et du « petit peuple » n’est jamais loin). En dépit d’une héroïne auquel il est, je trouve, difficile de s’identifier et peut-être quelques longueurs, Sous le lierre est un très bon roman marqué par les relations entre la banalité du monde des hommes et la cruauté et la magie du monde féerique; il m’a d’ailleurs rappelé à plusieurs reprises certains des textes de l’écrivain Charles De Lint.

Sacra II

Pouvant se lire de manière indépendante, mais représentant le second volet du recueil Sacra, et son pendant les nouvelles de ce recueil répondant aux nouvelles du premier tome, Sacra propose quasiment que des textes inédits (nouvelles ou novellas) où fortement remaniés et enrichis de Léa Silhol.
Bien qu’il serait réducteur de ne donner qu’un thème à chaque recueil, il est probablement possible de dire que si le premier tome était sous le signe de l’art, ce second volume est sous celui de l’héritage / la transmission; Héritage/transmission entre générations, mais aussi de l’histoire et du poids des décisions passées (et présentes).

Chaque texte de ce recueil tissent des liens avec le reste de l’œuvre de Silhol (comme toujours chez elle, mais c’est ici très très présent) et principalement avec celle du premier tome (mais, à l’exception peut-être d’un texte, tous les textes, je le répète, peuvent se lire pour eux même).

Difficile de parler des nouvelles du recueil sans soulever au moins un petit peu la trame, que ceux qui veulent garder une surprise totale sautent directement à la fin de cette chronique.

« Lumière Noire » est une une ré-édition à l’identique (il me semble) d’une nouvelle que je connaissais, elle suit une jeune femme atteinte de syphilis, à une époque où la maladie est incurable, et son petit-ami qui mettent la main sur une lampe Oscuro de Isenne et découvre un autre monde dans les ombres. Une nouvelle qui ouvre en douceur aux mystères de ce recueil.

« Sfrixàda, l’Empreinte, dans la cendre » est un dialogue, en la cité d’Isenne, entre une visiteuse prestigieuse et un artisan qui narre une histoire d’amour et la chute d’un Royaume. Une belle écriture pour une nouvelle faisant le lien entre une du tome précédant et une histoire de tailleur présent dans Les Conte de la Tisseuse.

«  »D’une étoile à l’autre » est probablement le texte qui pourrait sembler le plus obscure pour les lecteurs peu habitué à la trame « silholienne ». C’est une version longue de la nouvelle « L’étoile au matin » qui se déroule, de nos jours, à Istanbul. Elle met en scène Lucifer lui même qui, suite à une visite, décide de se préparer à choisir un camp dans un conflit ancien. La novella voit se succéder une brochette d’immortelles et de factions occultes (Fays, Djinns, Nephilims, etc.) qui tissent entre eux la quasi totalité des textes de La Trame et laisse présager d’un conflit imminent. Un très beau texte qui parlera sans doute le plus aux familiers de l’auteure et surtout de son œuvre.

« Béni soit l’Exil », version longue et d’un autre point de vue de « La Faveur de la Nuit », narre la grandeur, la chute et l’exil (se terminant à Isenne) d’une nation qui a cherché, obtenu et perdu, les faveurs d’un prince sombre de féerie. Un texte très bien maitrisé et agréable à lire.

« Le Maître de Kodo », une longue novella (probablement mon texte préféré du recueil) se déroulant au Japon et qui voit un groupe de Fay (avant la découverte de Frontière) se rendre au près d’une ancienne famille  du pays afin de sauver sa plus jeune membre. Celle ci, Fay, est perdu dans le monde virtuel (le GRID) à la recherche de son âme sœur. Il est question ici de malédiction famille, de flocons, de tatouages, de secrets et de découvertes. Je ne peux qu’adhérer, surtout quand se rencontre la trame de Frontière avec la nouvelle qui m’avait le plus marqué dans Les Conte de la Tisseuse : « la loi du flocon ». J’espère pouvoir en lire d’avantage sur la Fay de la famille dans le futur.

« Emblemata » est une courte nouvelle qui narre la rencontre entre un voyageur et un immortelle en 1931 en Orient pour une longue discussion sur les religions et le passage du temps. Si la nouvelle contient d’intéressantes réflexions, elle est pour moi un cran au dessous du reste.

« The Passenger » clôt le recueil et fait écho à la première nouvelle de Sacra I en narrant, à New York alors qu’une ambassade de Frontière est reçu à l’ONU, les retrouvailles entre un traducteur et « son » auteure disparue il y a plus de 20 ans et revenu changée. Une nouvelle qui montre qu’être différent est avant tous un choix et qu’il n’est jamais trop tard ?

Finalement Sacra II est de très très bonne facture et forme un tous avec Sacra I. A noter que l’ordre dans lequel les textes sont présentés n’est pas dû au hasard et forme un voyage très bien pensé.

Sacra I

Recueil de nouvelles (4), novelettes (2) et novellas (2), Sacra (volume premier mais se suffisant parfaitement en lui même) présente plusieurs textes de Léa Silhol, dont la plupart inédits.
Chercher à résumer chaque texte serait gâcher le plaisir de la lecture, que le lecteur sache qu’il trouvera en ses pages des portions de l’histoire d’Isenne (une version de Venise fantastique où un pacte avec d’anciennes Puissances permet aux artisans de la ville de produire le verre le plus pure), de nombreux texte sur l’art et ceux qui la font, des textes entre notre monde, aujourd’hui et hier, et ailleurs, et pour ceux qui aiment naviguer la Toile quelques fils à suivre.
Les textes sont tous très bien écrits et, quoiqu’en dise l’auteur, je trouve que Silhol est souvent à son plus haut niveau avec des textes « courts ». Le premier volume du recueil Sacra est à ce titre, un sans faute. L’auteure laisse voir une vision de l’art, et de l’écriture en particulier, sans consentions et comme impératif s’imposant à l’artiste,  dont je ne serais pas surpris qu’il soit sa vision propre (en regardant l’année d’écriture du premier texte du recueil, une histoire d’écrivaine, d’odeurs, de rituels et d’art, je ne peux d’ailleurs que spéculer sur ce qui a présider à l’écriture de cette novelette).
En bref, Sacra est un véritable petit bijoux et j’attend le second volume avec curiosité et fébrilité.

Edit : le lecteur curieux pour se rendre sur facebook afin d’avoir « l’envers du décors » de la première  nouvelle du volume et réaliser à quel point les intentions de l’auteure et les projections du lecteur se rencontrent, parfois, et s’éloigne, très souvent…

Contes de la Tisseuse

Épuisé depuis plusieurs années (comme l’ensemble des publications de Léà Silhol), le premier recueil de nouvelles de Silhol vient d’être ré-édité à l’identique (afin d’être « publié » et ainsi de ne pas pouvoir être saisi par ReLIRE).

Cet ré-édition existe en version souple ou en version « hardcover« , cette dernière étant augmentée d’une série de courts textes, écrit à la base pour la radio, intitulé « Voix de fée ». 
Les Contes de la Tisseuse sont un ensemble de nouvelles ré-interprétant des créatures des légendes et des contes sous leurs visages sombres, la plupart du temps. Le lecteur croisera donc, en autre, au fil des quatre saisons et du temps, une gorgone, un tisserand et une parque, un lhiannan shee, un ronin fuyant une créature de l’hiver, des anges déchus (ou pas), etc.

Les Contes de la Tisseuse est un superbe recueil, très bien écrit, qui se lit avec plaisir. Les petites nouvelles de Voix de Fées présente, à la première personne, une Mary Morgan, un Brownie, un Changeling, un Djinn et Obéron. Elles forment un ajout sympathique qui s’insère à merveille dans la thématique du recueil. 
Bref, si vous n’avez pas encore eu l’occasion de lire Les Contes de la Tisseuse, profiter de sa ré-édition pour combler ce manque.