House of Earth and Blood de Sarah J. Maas

Premier tome de la série Crescent City, qui se déroule dans la ville éponyme, House of Earth and Blood est un roman d’Urban Fantasy proposant une intrigue très intéressante dans un monde qui l’est tout autant, avec une forte dose de romance et soupoudré de « light porn ». Dis comme cela le pitch ne fait peut-être pas vraiment envie, mais l’autrice créé un monde riche et prenant.

Le roman se déroule sur Midgard, une planète / monde qui pourrait être le notre si ce n’est que, il y a plusieurs siècles, des créatures fantastiques et magiques l’ont colonisée et conquise. Les humains sont ainsi des citoyens de seconde zone (car ils ne maitrisent pas la magie) alors que anges, fayes, garous, tritons, sorcières et autres forment les vraies citoyens de Midgard. La planète est dirigés par un conseil d’archanges, les Asteris, et se trouve sous les menaces de démons qui peuvent y être invoquée et d’une rébellion humaine sur l’un de ses continents.

House of Earth and Blood débute avec la présentation de deux protagonistes : Bryce Quinlan, une demi-faye (humaine par sa mère, faye par son père qui est le dirigeant des fayes de Crescent City) et Danika Fendyr, la petite fille de l’Alpha des loups-garous de la cité, une jeune femme dont tous le monde dit qu’elle a le potentiel pour devenir l’Alpha de tous les garous de Midgard. Les deux jeunes femmes vivent une vie fait de fête de d’insouciance; vie qui se retrouve changée lorsque Danika est brutalement assassiné avec l’ensemble de sa meute. A ce moment là le roman fait un bon de quelques années, et suit Bryce alors qu’elle se retrouve à devoir enquêter sur une série de meurtres qui semblent lié à celui de son amie. Elle doit faire équipe avec un ange, Hunt Athalar, qui « travail » dans la police (il est en fait un esclave qui avait mené une rébellion contre les archanges et qui doit servir le gouverneur de la ville). Débute alors une enquête qui va changer leur vie et les mener a mettre à jours de nombreux secrets et complots.

House of Earth and Blood est un roman dense ou tous les protagonistes sont jeunes, beaux, sexy, baisables…. Mais le mélange entre romance/porn Fantasy et Urban Fantasy est somme toute plutôt bien fait et aussi bien l’intrigue que la construction d’univers sont brillants. Bref j’ai adorré.

Las cosas que perdimos en el fuego de Mariana Enriquez

Les onze nouvelles fantastiques, se déroulant en Argentine, qui forment le recueil Las cosas que perdimos en el fuego sont autant d’uppercuts qui frappent le lecteur.

Les différentes nouvelles ont plusieurs point en commun : récit court, baignant dans le fantastique, ayant souvent un protagoniste féminin, se terminant abruptement sans donné d’explications ou d’épilogues.

Las cosas que perdimos en el fuego forme donc un recueil où la violence du quotidien rencontre le fantastique de manière crus et violentes. C’est un recueil qui fouille dans ce cas l’humanité a de plus sombres et qui le fait bien. Les lecteurs de Notre part de nuit retrouveront même ici la visite d’une maison hantée qui est une version plus ancienne d’une scène retravaillée du roman.

Sorrowland de River Solomon

Vern est encore une adolescente lorsqu’elle fuit dans la forêt la secte des enfants de Cain dans laquelle elle a grandit. Une secte afro-américaine prônant le retour aux traditions et valeurs africaines. Vern donne naissance à ses jumeaux dans la forêt où elle vit et se cache durant plusieurs années. Mais quand elle commence à avoir des visions, à développer une force surhumaine et à changé, Vern décide, pour le bien de ses enfants et pour comprendre, de regagner le monde et de découvrir ce qui lui arrive. Une quête qui la mènera sur les traces de son passé et de l’histoire de la secte…

Sorrowland est un roman coup de poing qui aborde à la fois le destin des minorités aux États-Unis (afro-américains mais aussi amérindiens) et le rapport au corps et à la maternité. Un bon roman de science-fiction qui convoque une partie de l’imaginaire lié aux afro-américains en l’insérant dans un contexte contemporain et scientifique.

Tercer mundo despues del Sol

Tercer mundo despues del Sol, derrière ce titre en forme de clin d’oeil se cache une anthologie de quatorze textes de science-fiction / imaginaire écrits par des auteurs latino-américains. Ces différents textes portent un regard sur le présent et sur des devenirs possibles.

S’il peut être difficile de comparer des textes dont le principal point commun est l’origine géographique de leurs auteurs, il y a quand même quelques grandes thématiques qui émergent : réflexion sur l’identité, sur la modernité des cultures dites traditionnelles, sur le rôle de la technologie sur un continent qui utilise plutôt que créé, sur le rôle de la mémoire, sur la représentation des minorités.

Au final Tercer mundo despues del Sol propose une plongée dans plusieurs textes fort intéressants et d’auteurs que je connais beaucoup moins car peu publié ici en Europe.

Le maître des djinns de P. Djèlí Clark

Lu en version audio en VO, Le maître des djinns de P. Djèlí Clark est publié en français par les éditions de l’Atalante. Il s’agit d’un roman d’une enquête d’Urban Fantasy se déroulant dans une version alternative du Caire en 1912. L’Egypte est devenu une grande puissance suit à l’apparition, dans le monde entier au XIXe siècle, de créatures surnaturels et magiques des légendes. Dans les rues du Caire se croise donc humains, mages et mystiques mais aussi Djinns et automates.

Fatma el Sha’arawi est enquêtrice au ministère de l’Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles; elle se retrouve à devoir géré une nouvelle partenaire et une enquête sensible : une fraternité britannique voit tous ses membres assassinés magiquement. Le principal suspect prétend être le mythique Al-Jahiz en personne, le mystique qui a ramener la magie, et multiplie les provocations et crimes au Caire.

Le maître des djinns est un roman très agréable à lire qui propose une Fantasy fraiche et noir (dans le sens « enquête) dans un Caire uchronique flamboyant.

L’architecte de la vengeance de Tochi Onyebuchi

Court roman, en anglais il s’agit d’une novella, l’architecte de la vengeance (Riot Baby en VO) de Tochi Onyebuchi est publié en français avec une introduction de Gilles Dumay et la traduction de deux essaies de l’auteur qui éclaire une partie des problématiques afro-américaines développées dans le roman.

J’ai audio-lu le roman en anglais, lu les deux essaies en anglais et lu en français l’introduction de Dumay. Les essaies sont une lecture intéressantes. Le roman lui même est un uppercut à la lecture. Le roman dégage une rage qui ne demande qu’à éclater qui convient bien à son sujet. l’architecte de la vengeance se déroule dans un futur proche aux États-Unis et suit un frère et une sœur afro-américains. Elle, l’ainée, à un don, elle voit une partie du futur des gens et avec le temps peut faire plus, bien plus, lui est « destiné » à la prison et ensuite à des moyens de contrôle technologiques plus insidieux; le tout forme l’image d’une Amérique divisées et où la révolution gronde.

A titre personnel je n’ai pas accroché plus que cela à ce texte, mais sa dimension politique et son écriture tout en rage contenue en fait sans aucun un doute un texte à lire.

Notre part de nuit de Mariana Enriquez

Roman fantastique argentin récemment traduit en français, j’ai audio-lu Notre part de nuit de Mariana Enriquez en VO. Dans ce roman, Enriquez construit un récit qui mêle l’histoire récente de l’Argentine (de la dictature des années 70 à 80, le retour à la démocratie et les soubresauts qui l’ont accompagnés, avec des événements sociaux importantes, comme l’épidémie du Sida par exemple) et les vies d’un père et de son fils, Juan et Gaspar.

Notre part de nuit débute par un road trip à travers l’Argentine, au début de l’année 1981, qui voit Juan, qui vient de perdre son épouse Rosario dans un accident de bus, se rendre chez sa belle famille avec son fils. Dans ce prologue, le lecteur découvre un père aimant mais malade, parfois violent avec son fils et surtout capable de prouesses surnaturels; car Juan est un médium la santé fragille.

A partir de là le lecteur plonge dans la vie du père et du fils en faisant des allers et retours entre le « présent » de la vie de Gaspar et le passé de la vie de ses parents. Juan est en effet un médium qui a été, très jeune, pris sous l’aile d’une famille riche d’Argentine membre de l’Ordre, un culte cherchant l’immortalité en communiquant avec des puissances surnaturels.

Difficile d’en dire d’avantage sans déflorer les secrets du roman qui se révèlent peu à peu. Je dirais juste que le roman tape juste; Enriquez construit une atmosphère de dangers et de violences contenues où le surnaturel est le miroir de l’histoire agitée de l’Argentine. L’enjeux de l’avenir de Gaspar menacé par sa famille maternelle et l’Ordre est menée crescendo jusqu’à un final très satisfantt tout en restant dans le ton du reste du récit.

Bref, Notre part de nuit est un très bon roman fantastique.

Noir est le sceau de l’enfer de Jean-Laurent Del Socorro

Noir est le sceau de l’enfer de Jean-Laurent Del Socorro est une novella se déroulant dans l’univers du roman Royaume de vent et de colères qui suit Axelle, alors capitaine de sa troupe de mercenaire, lors du vol d’un miroir magique près de Londres.

La novella convoque plusieurs personnages historiques, Francis Drake, Marlowe, John Dee, pour une histoire mêlant politique, magie et histoire. Le tout donne une novella sympathique peut-être un peu desservie par son style d’écriture « moderne » qui a mis à mal ma suspension d’incrédutilé.

La novella est suivi par sa mise en scénario de jeu de rôle avec un système simple et rapide, une initiative que je trouve fort sympathique.

The River of Silver de S. A. Chakraborty

The River of Silver est à la trilogie de Daevabad (dont The Empire of Gold est la conclusion) ce que sont les scènes coupées à un film. En effet ce ne sont ici pas tant des nouvelles que propose S. A. Chakraborty que des scènes écrites et imaginées pour donner du corps aux différents personnages de la trilogie mais qui ont été « coupées » ou qui n’étaient pas prévu d’être insérées dans les romans de la trilogie.

Le recueil forme ainsi un complément qui présente, sous forme chronologique, d’explorer des moments de la vie des protagonistes, avant, pendant et un tout petit peu après, les romans.

Le tout est agréable à lire et si ce retour à Daevabad  est sans doute à réserver à ceux qui ont lu les autres livres il est très plaisant.

How High We Go in the Dark de Sequoia Nagamatsu

How High We Go in the Dark est le premier roman de Sequoia Nagamatsu. Le roman, se déroulant dans un futur proche, suit le déroulement d’une épidémie qui provoque des mutations incontrôlés des organes du corps humains.

Changeant de point de vu à chaque chapitre, avec des personnages qui réapparaissent dans la narration, et avançant dans le temps, How High We Go in the Dark débute par la libération d’un virus pris au piège du permafrost et se poursuit par les différents stade d’une épidémie extrêmement virulente.

Montrant à la fois le devenir d’individus et les réponses, et changement, des sociétés à cette menace, le roman s’attarde aussi sur les évolutions technologiques que l’épidémie provoque (du développement d’animaux pour la greffe humaine, et ce qui se passe lorsque des mutations se produisent dans leurs cerveaux, jusqu’au voyage spatiale).

Le roman propulse le lecteur loin dans le futur et se termine avec la révélation de l’origine du virus, loin dans le passé, et sur une note métaphysique.

How High We Go in the Dark est un roman agréable à lire mais qui ne restera pas dans ma mémoire comme un grand, voir un bon roman.