Fées & Automates

Anthologies des Imaginales 2016, Fées & Automates propose, sous la direction de Jean-Claude Vantroye, treize nouvelles qui font se rencontrer les figures de la fée et de l’automate.

Le sommaire :
« Smoke and Mirrors » d’Estelle Faye : une nouvelle à l’ambiance fantastique se déroulant aux Etats-Unis et où une fée propose, via un automate « donnant la bonne aventure », un pacte bien funeste. Une courte nouvelle fort sympathique.
« Le Rouet noir » de Charlotte Bousquet : une nouvelle dans l’univers de Jadis où un assassin se retrouve pris dans un piège bien sombre qui menace sa place dans la roue des réincarnation même.
« Le crépuscule et l’aube » de Fabien Cerutti : une nouvelle dans l’univers du Le Bâtard de Kosigan qui relate un épisode de la guerre entre les hommes et les fées et d’un plan pour tenter de sauver ce qui peut l’être. Un texte très bien écrit qui me fait me dire que je devrais vraiment prendre le temps de lire les romans de Cerutti.
Lle Comte et l’horloger » de Benoît Renneson est une jolie histoire où un horloger est appelé à la demeure du vieux comte de la ville, guère aimé et avec peu de pouvoir, pour réparer de toute urgence une simple boite à musique. L’utilisé de cette dernière lui ouvrira un monde de magie….
« L’énergie du Désespoir » d’Adrien Tomas fait découvrir aux lecteurs une cité où l’énergie est prélevée sur des fées retenues captives. Lorsque des agitateurs détruisent les usines de reproduction de ces dernières, des chasseurs se lance dans les profondeurs de la forêt aux fées afin d’en capturer en nombre. Une chasseuse et son automate semble bien partit pour devenir riche, ou pas…

« L’étalon » de Paul Beorn narre la fuite d’un jeune enfant prisonnier des fées. Dans sa quête pour retrouver ses parents il arrive rapidement dans un bourg où ne vivent que des hommes et où les fées semblent être les bienvenue. Une nouvelle très bien pensée et menée.

« Magie de Noël » de Gabriel Katz est une nouvelle quasi cyberpunk, narrant, dans un Paris où certains quartiers sont devenus de vraies zones de non-droit, la quête d’un père pour trouver une fée (un robot de compagnie en résumé) pour sa fille alors que celles-ci ont été interdites de vente. Une nouvelle à la conclusion bien glauque, comme il se doit pour du cyberpunk.

« Al’Ankabût » de Nabil Ouali est une nouvelle que je n’ai pas fini. Non pas tant qu’elle soit mauvaise, mais plutôt parce que l’histoire d’une petite fille et de violence m’était dure à lire; la malédiction du lecteur devenu parent et qui projette….

« Le tour de Vanderville » de Pierre Gaulon voit un forint, débutant avec une attraction d’automates, faire la rencontre d’un mystérieux collègue dont l’attraction est beaucoup plus fantastique et… féerique. Une nouvelle fantastique très bien construite.

« AuTOMate » de Pierre Bordage raconte l’histoire d’amour d’une fée, vivant incognito dans notre monde, et un homme. Une longue suite de déception face à notre monde qui tranforme chaque individu en automate. Bordage fait du Bordage et, comme souvent, si ces nouvelles sont sympathiques elles manquent d’un petit plus pour s’élever au délà du « moyen. »

« Son dernier coup d’échecs » de Jean-Claude Dunyach et Mike Reskick est une nouvelle de SF qui met en scène une jeune femme et un automate/IA joueur d’échec et d’un tournoi fasse à une race extraterrestre. Une bonne nouvelle mais d’où la thématique de la fée est passablement absente.

« Tsimoka » de Cindy Van Wilder une nouvelle se déroulant dans un cirque agréablement bien écrite mais qui ne m’a pas marquée.

« Le Plateau des Chimères » de Lionel Davoust se déroule dans l’univers d’Évanégyre et suit la conquête, par l’Empire d’Asreth d’un plateau riche en ressource magique. Seul hic, l’endroit est habitée par une puissante fée, une des dernières de sa race. En avant de l’armée, un déserteur et son mécha cherche refuge au cœur du plateau avec peut-être une solution pour la survie de la fée. La nouvelle fait partie de mes préférées du cycle d’Évanégyre…

Au final, j’ai trouvé l’anthologie des Imaginales 2016, Fées & Automates, un cran au dessus des autres années avec de nombreuses très bonnes nouvelles et quelques moyennes.

Poseidon’s Wake

Troisième, et dernier, tome de la trilogie d’Alastair Reynolds (après La Terre bleu de nos Souvenirs et Sous le vent d’acier) Poseidon’s Wake se déroule à nouveau une bonne centaine d’année après le tome précédant. Il est centré sur les fils et la petite fille de Chiku Akinia.
 Dans sa première partie le roman se déroule à la fois dans le système solaire où le fils de Chiku est ambassadeur au près des robots de mars; suite à un accident qui le laisse pour mort, il est sauvé par les robots et utilisé afin de répondre à un appel de la part de l’IA Eunice venant d’un système solaire non-colonisé. Et à la fois sur Crucible où l’appel est destiné à la fille de Chiku qui se trouve en résidence surveillée suite à l’activantion de la gigantesque structure extraterrestre se trouvant sur Crucible avec comme effet la destruction d’une arche spatiale. Ne pouvant voyager du à son âge c’est sa fille qui part, avec d’autres volontaire, en direction du système inconnu.
La seconde moitié du roman se déroule dans le système non-colonisés où les vaisseaux venu de la Terre et de Crucible vont devoir faire face à Eunice, des éléphants intelligents, une énigme-testament laissé par une ancienne race bien plus avancée et des intelligences artificiels extraterrestres.
Poseidon’s Wake a les mêmes défauts et qualités que les deux autres romans du cycle. Bien écrit, il se lit avec plaisir, mais une fois de plus son intrigue est parfois un peu complexe par rapport au résultat et les avancées de l’humanité impulsé par un facteur extérieur.
Agréable à lire, il reste néanmoins, pour moi, le moins bon de la trilogie.

La Ménagerie de papier & L’homme qui mit fin à l’histoire

Recueil de nouvelles de Ken Liu, La Ménagerie de papier est sans équivalent en anglais (un recueil du même nom existe bien mais son sommaire est différent). L’ouvrage présente une vingtaine de nouvelle d’un écrivain très doué dont les moins bon textes sont au minimum bons et les meilleurs sont du niveau des nouvelles de Ted Chiang.

Lu il y a déjà quelques semaines, je me contenterai de dire de ce recueil qui il est un indispensable pour ceux qui veulent lire des nouvelles de science-fiction (au sens large) parmi les meilleurs écrites cette dernière décennie. Ken Liu a une approche sensible des différents problèmes de nos sociétés et une écriture qui touche juste à chaque fois.
Peu de temps après cette lecture, je me suis attaqué à une novella qui vient de sortir dans la collection « Une heure lumière » : L’homme qui mit fin à l’histoire.
Il s’agit de la description d’un documentaire filmé sur une invention qui permet d’observer directement le passé, mais de manière unique; les particules servant à l’observation étant alors détruite.
Le documentaire parle des créateurs de l’invention et de son unique utilisation pour voir les exactions  de l’Unité 731, unité japonaise qui effectua des expériences médicales sur des civils chinois entre 1936 et 1945 lors de la guerre sino-nippone.
La novella est à la fois une réflexion sur le rôle de l’histoire et des historiens, de l’importance de l’histoire dans la politique international, du rôle du « devoir de mémoire » et une étude d’un pan sordide de l’histoire japonaise et chinoise. Une œuvre majeure je pense.

Sous le vent d’acier

Second tome de la trilogie d’Alastair Reynolds, débutée avec La Terre bleu de nos Souvenirs, Sous le vent d’acier se déroule deux ans après le premier tome. Centré sur la fille de Sunday Akinia, Chiku qui s’est fait clonée en deux exemplaires et synchronisé ses souvenirs entre ses clones. L’une d’entre elle est partie pour tenter rattraper le vaisseau de son arrière-grand-mère, une autre est partie dans un des gigantesques vaisseaux se dirigeant vers Crucible, la planète où une gigantesque structure extraterrestre a été détectée, la dernière restant sur Terre pour vivre une vie paisible.
Alors que la première est perdue depuis longtemps, que les deux autres Chiku vivent leur vie sans plus penser à leur clone, un message venue de celle qui se dirige ver Crucible lance Chiku sur les traces d’une IA menaçant à la fois l’humanité dans le système solaire et celle se dirigeant vers Crucible.
Ossillant entre l’histoire sur Terre et sur le vaisseau (se déroulant donc sur plus centaines d’années), les enquêtes des deux Chiku vont modifier fondamentalement la vie de l’humanité. Dans le système solaire, une chasse aux informations dangereuses et sur le vaisseau un poker politique pour comprendre ce qui attend réellement les voyageurs sur Crucible et pour résoudre le problème du freinage permettant de ne pas dépasser la destination.
Sous le vent d’acier est un roman bien écrit, agréable à lire et passionnant. Je regrette seulement qu’il partage, en partie, les défauts du premier tome : une enquête dangereuse qui mène les protagonistes à beaucoup se dépenser pour un résultat qui aurait sans doute été fondamentalement le même sans leur intervention (où en tous cas similaire), et une propension au Deus Ex-Machina qui permet soit de faire avancer l’intrigue, soit d’en résoudre (s’y ajoute le fait qu’une partie des solutions aux défis de l’humanité sont d’origine extraterrestre).
Un bon roman donc, mais pas exempts de défaut.

Harry Potter and the Cursed Child

Pièce de théâtre, Harry Potter and the Cursed Child devrait avant tous s’apprécier en représentation. N’ayant, comme beaucoup, pas les moyens en ce moment d’aller à Londres pour voir la pièce, je me suis rabattu sur sa version écrite.
 
Avant d’en parler une remarque : si j’ai apprécié, dans son ensemble, la série d’Harry Potter, je n’ai pas grandi avec elle et je l’ai découverte la vingtaine passée, je ne ressens donc pas une nostalgie particulière pour le petit sorcier.
 
Petit sorcier qui a d’ailleurs bien grandi puisque il a la fin trentaine / début quarantaine dans la pièce (qui se déroule sur plusieurs années). Elle suit les années d’étude à Hogwarts de son second fils, Albus-Severus, et de son meilleurs ami Scorpius Malfoy, les deux étant des Slytherins (ce qui ne manque pas de faire jaser).
 
L’intrigue tourne autour d’un retourne-temps assez puisant pour permettre de remonter des années en arrière et sur la possibilité pour Albus et Scorpius de sauver Cédric Digory. Evidement les tentatives ne vont pas aller sans provoquer des changements radicaux à leur présent et mettre en danger toutes les luttes de la génération précédente.
 
Au delà de l’intrigue principal (un peu « casse-gueule », comme souvent avec le voyage dans le temps), Harry Potter and the Cursed Child est avant tous une manière de faire entrer Harry Potter dans l’âge adulte et lui donner l’occasion de faire la paix avec son passé.
 
En effet, on voit le sorcier  revisiter son enfance et adolescence au travers des difficultés qu’il rencontre avec ses enfants (et de manière plus littérale avec les voyages dans le temps d’Albus et Scorpius). Les choix qui lui ont été notamment imposé, par Voldemort mais aussi Dumbledort, sont au centre du comportement hiératique (et de la crise de la quarantaine) qui frappe Harry.
 
Au final une pièce sympathique pour ses thématiques, à l’intrigue un peu bancale et qui mérite sans doute d’être vécue dans sa dimension première d’œuvre théâtrale.

Les Terres de l’Est

Le second tome de la série des Récit du Demi-Loup (après Véridienne), Les Terres de l’Est est bien supérieur au premier tome (qui était déjà bon).
Si dans Véridienne Chloé Chevalier brossait l’enfance et l’entrée dans l’âge adulte de la princesse de Véridienne, de sa cousine seigneur des Eponas et de leurs trois suivantes, dans Les Terres de l’Est elle poursuit son récit en lançant ses personnages les uns contre les autres et en étendant leur univers (confiné au château dans le premier tome).
Une des suivantes vit dans la pauvreté avec le prince de Véridienne, tous deux ont été exilé, les Eponas sont quasiment devenu un royaume indépendant sous la férule de leur seigneure et de sa suivante, pendant qu’à Véridienne des changements s’annoncent alors que la princesse gagne en pouvoir. Le Royaume voit également l’épidémie de la Preste Mort ramenée de l’Empire de l’Est s’étendre peu.
Depuis cette situation initiale, le récit, formé des journaux intimes et lettres des différents protagonistes, se déploie sur plusieurs années en montrant à la fois l’évolution de Véridienne et des Eponas, mais aussi les voyages des exilés qui préparent une vengeance au long court. Le lecteur découvre donc d’avantage le vaste monde et le passé du prince. Le tout se mêlant pour former un récit qui prend de plus en plus d’ampleur au fils des pages.
Arrivé au terme de ce second tome, je n’attend qu’une chose : le troisième !

American Gods

Déjà lu, en français, il y a plusieurs années en arrière, l’arrivée prochaine d’une série TV l’adaptant m’a semblé une bonne raison pour relire, en anglais cette fois ci, American Gods de Neil Gaiman.
 
Le pitch de base est simple : Ombre sort de prison après plusieurs années le lendemains de la mort de sa femme et de son meilleur ami alors qu’elle lui faisait une fellation. Ne sachant bien que faire, il accepte la proposition de Voyageur, un mystérieux individu, qui veut l’engager comme homme à tout faire.
 
Débute alors pour Ombre un voyage au quatre coins des États-Unis qui vont lui faire comprendre que son employeur n’est pas vraiment humain et va le mettre au centre d’un conflit entre les Dieux à moitiés oubliés des différents peuples qui sont venus en Amérique et les nouveaux Dieux du monde moderne (Argent, TV, Technologie, etc.).
 
Durant ce voyage, Ombre va également évoluer pour devenir quelqu’un, quelque chose d’autre. Le tout en essayant de survivre et de comprendre.
 
American Gods est un gros roman fascinant qui explore les croyances humaines, « l’âme américaine » (US) et le devenir des nos mythes et légendes. Je place à côté des romans de De Lint, par exemple, qui traitent, d’une autre façon, des mêmes thématiques.

Le Chant des Épines

Premier tome d’une nouvelle série de Fantasy d’Adrien Tomas, Le Royaume Rêvé – Le Chant des Épines se présente au premier abord comme un roman de Fantasy classique : quatre royaumes aux particularités marqués dans le Nord, une prophétie un peu obscure et peu connue, Vermine une jeune femme sauvagone au pouvoir magique mystérieux (Ténèbres, un pouvoir qui lui parle), un royaume qui cherche à unifier les autres en éduquant les héritiers des royaumes (les Épines du titre), une menace à combattre….

A la lecture, Le Chant des Épines est une Fantasy très bien écrite et agréable à lire qui pose un univers assez intriguant derrière le vernis de Fantasy classique : les royaumes ont été fondé il y a une centaine d’année par les anciens esclaves des elfes qui se sont rebellés et libérés du joug de leur maître, des êtres très puissants et invisibles au yeux du monde (et dont la magie serait peut-être bien de la technologie), un inventeur nain dont le golem ressemble plus à un robot qu’à une création magie, des immortels qui semblent bien tirer les ficelles en coulisse.

Tous ces éléments ce mélange pour former un récit intriguant à mi-chemin entre la Fantasy et la science-fiction. Si l’histoire de ce premier tome est sympathique, c’est surtout les possibilités ouvertes par cette mise en place qui m’intrigue. J’ai hâte de pouvoir lire le tome suivant pour en savoir plus.

The Nightmare Stacks

Après avoir pasticher différents types de romans policier/thriler par sa série de La Laverie (le petit nom de l’agence secrète britannique chargée de la défense du royaume contre les invasions d’horreurs non-euclidienne et autres dangers d’origine « magique »), Charles Stross a décidé de centrée ses nouvelles sur des archétypes fort de la culture populaire. Ainsi, après les « cultistes », les vampires et les super-héros, The Nightmare Stacks s’attaque à l’invasion du Royaume Unis par une race extraterrestre (aka Case Nightmare Red) : les Elfes, enfin une version des elfes sous les traits de ce qu’il reste d’un Empire guerrier, basé sur la magie, la volonté du plus fort et un ensemble complexe d’obligation magique.
 
L’invasion est prévu près de la ville de Leeds où la Laverie est sur le point de déménager une partie de ses bases opérationnels et de commandement. Le lecteur suit ainsi une des nouvelles recrue de la Laverie, Alex Schwartz un mathématicien devenu vampire (faisant potentiellement de lui un puissant thaumaturge car immunisé au syndrome de dégénérescence cérébrale provoqué par la pratique de la magie) qui doit analyser les lignes leys de la ville afin de préparer la venue de La Laverie.
 
Originaire de Leeds, Alex va devoir gérer sa famille (la scène du diner de famille est d’anthologie), son manque d’expérience avec les femmes, son vampirisme, son travail, une petite amie qui est bien plus qu’elle ne parait être, et une invasion.
 
The Nightmare Stacks est un bon volume, qui digresse parfois un petit peu, mais qui a un bon rythme, une intrigue intéressante, des Elfes fascinants et qui fait évoluer, de manière violente, une fois de plus l’univers de La Laverie. Je suis curieux de lire la suite et de voir ce que Stross réserve au lecteur.

Hier je vous donnerai de mes nouvelles

Proposant une quinzaine de nouvelles, dont quelques inédits, Hier je vous donnerai de mes nouvelles est le troisième recueil de nouvelles de Pierre Bordage. Le lecteur retrouvera ici les thèmes cher à Bordage : l’élévation de l’humanité, son futur, les changements dans les sociétés et les gens apportés apportées par les catastrophes (guerres, changements climatiques, etc.).

Dans l’ensemble les différents textes du recueil sont bien écrits et agréables à lire, ceci je trouve que Bordage est meilleurs sur des textes plus longs et dans l’ensemble les nouvelles présentées ici ne resteront pas dans ma mémoire.

A part quelques exceptions (il en faut toujours) :

  • La nouvelle qui donne le titre à ce recueil « Hier je vous donnerai de mes nouvelles », une histoire de voyage dans le temps très classique dans sa trame, mais très efficace
  • Deux nouvelles qui se répondent se déroulant dans notre futur alors que des hordes de réfugiés fuient l’Amérique du Nord en direction d’une forteresse Europe protégeant ses frontières de « l’invasion ». Deux textes très humains avec une petite touche de fantastique qui me donnent envie d’en lire d’avantage.