The Bear and the Nightingale

Premier tome d’une trilogie, bien que la fin ne le laisse pas forcément présagé, The Bear and the Nightingale de Katherine Arden est une fantasy basée sur les mythes slaves et se déroulant dans la Russie médiéval.
Vasilisa est la fille d’un seigneur du Nord, sa mère, morte en couche, était en partie du monde des créatures des bois et des contes. Dans un monde où le Christianisme remplace peu à peu les vielles croyances, Vasilisa a le don de double vue, elle perçoit les créatures de l’ancienne religion. Elle n’est pas la seul, sa belle-mère le peut aussi, mais là où cette dernière croit voir le Malin, Vasilisa sait qu’il ne s’agit que de créatures vivants en bonne harmonie avec l’homme.
Réveillant l’intérêt du démon/prince de l’hiver, Vasilisa passe une enfance heureuse et une adolescence marquée par les avertissements sur un mal qui s’éveille et la méfiance du prêtre, de sa belle-mère et, peu à peu, des habitants du village où elle vit.
Le lecteur est invité à suivre l’enfance et l’adolescence de Vasilisa dans un roman bien écrit et intéressant. L’utilisation de la mythologie slave donne une touche d’originalité (du moins du point de vu du lecteur occidental que je suis) bien venu. Le seul reproche que je trouverai au roman c’est un certain déséquilibre entre la montée de la menace et l’arrivée de celle-ci. En sachant maintenant que c’est le premier tome d’une trilogie (je le répète ce n’est pas du tous apparent arrivé à la fin de la lecture) cela s’explique sans doute par le fait que ce premier tome est le début du « voyage » de l’héroine.
En bref une très bonne lecture.

Le mois d’Estelle Faye sur Book en Stock

Ceci est un message de service :
Chez Book en Stock, le blog d’en face, c’est le mois d’Estelle Faye.
Pour la sortie de son nouveau roman, chez Critic, Les Seigneurs de Bohen, le blog propose aux lecteurs de poser des questions à l’auteure :
Déjà deux pages d’interviews sont disponibles (ici et ici) et il est possible de lui poser des questions.
Plus tard dans le mois je chroniquerai Les Seigneurs de Bohen qui m’a gentillement été envoyé par Book en Stock et les éditions Critic.

Retrofuturo

Retrofuturo una mirada a los años 70 est une anthologie espagnole, publiée fin 2016, proposant neuf nouvelles de la part de « quelques uns des meilleurs auteurs du genres » (espagnols bien sur) se déroulant dans les années septante ou basé sur un imaginaire issu de cette décennie.

Dans l’ensemble les nouvelles proposées sont intéressantes et bien écrites, mais je reste dubitatifs sur les liens de certaines nouvelles avec les années septante.

Dans celles qui m’ont laissé un peu sur ma faim l’on trouve :

« Trabante » de Marián Womack : une histoire d’amour et de jalousie dans une petite ville minière surveillée en permanence par une famille. Fondamentalement le texte n’est pas mauvais mais je ne suis pas rentré dedans.

« Haitzlurra » de Cristina Jurado Marcos : dans un pays basque coupé du reste du  monde par une ceinture de fumée toxique, des réfugiés viennent chercher refuge dans une région au système politique et sociale à mi chemin entre le communisme et le communautarisme. Une fois encore la nouvelle n’est pas mauvaise en soi, mais je suis resté également un peu sur le seuil de l’histoire.

« Son ilusiones » de Juan Manuel Santiago : une nouvelle utilisant les références musicales que je n’ai pas et qui m’a donné du fils à retourd.

Les autres qui m’ont plus d’avantage :

« Transición » de Jesús Cañada une nouvelle assez déstructurée sur un membre de gang blessé et la mort de Franco, surprenante dans le bon sens du terme.

« Los ojos » de Colectivo Juan de Madre raconte l’histoire du mouvement des humanos monocordes, une secte qui s’incruste dans le corps une pièce mécanique, construite dans les années septante, et qui produit une note. Une nouvelle weird de très bonne facture.

« Ego te absolvo » de Nieves Delgado est une excellente nouvelle qui voit l’arrivée d’une IA très performante dans les Églises. La nouvelle, centrée sur un prête espagnol qui voit d’un œil suspicieux l’arrivée de la machine est très intéressante.

« Noche de carne en Harlem » de Alejandro Álamo est la rencontre entre le cyberpunk, les histoires de police afro et Harlem des années septante : un mélange explosif.

« Hospital Clarence Halliday para juguetes enfermos » de Tamara Romero est une intéressante nouvelle se déroulant le jour du premier pas de l’homme sur la lune. Alors que les animaux de compagnies sont interdits, les fabricants de jouet propose des poupées en partie vivantes, l’une d’elle est malade et la mère de l’enfant à qui le jouet appartient l’amène dans une clinique spécialisée…

« Vacaciones » de Guillem López suit deux policiers politiques à Valence dans la traque d’un dangereux agitateurs; le twist, peu utilisé dans la nouvelle, c’est que Valence, en 1972, flotte à plusieurs centaine de mètre au dessus du sol : classique mais sympathique.

« Crónicas de la ciudad de Kwoloon » de Layla Martínez narre « l’invasion » de la cité de Kwoloon par l’armée chinoise du point de vu de l’un de ses habitants qui a une relation symbiotique avec la cité.

« La máquina de los deseos » de Sofia Rhei suit une écrivaine anglaise qui, en acceptant l’invitation d’un cercle de lecture, va se retrouver prise au piège d’un homme qui pense que son dernier roman parle de lui et de sa fille. Une nouvelle entre le fantastique et la science-fiction fort sympathique.

Au final Retrofuturo una mirada a los años 70 fut une lecture agréable même si le thème de l’anthologie ne me semble pas toujours bien utilisée.

After Atlas

Se déroulant dans la continuité de Planetfall, mais sur Terre et quarante ans après le départ du vaisseau Atlas, After Atlas suit le fils d’une des voyageuses ayant quitté la Terre.
Abandonné petit, avec son père, par sa mère, Carlos Moreno vit ses premières années livrés à lui même dans la maison familiale, il rentre, à la suite de son père, ensuite dans une secte « The Circle » qui prône le retour à une vie simple, sans technologie invasive (tel que les imprimantes qui permettent à tous à chacun d’imprimer nourriture, vêtements, outils, ou encore les puces implantés qui connectent les individus aux réseaux).
Quittant à l’adolescence la secte, dirigée par un autre abandonné d’Atlas, le charismatique Alexandro Casales, il devient un enquêteur hors-paire du ministère de la justice du Norope (l’entité formée par l’ex-Royaumes-Unis et la Scandinavie) dans un monde où la résolution d’un crime consiste principalement a exploité les nombreuses traces laissé par les individus sur les réseaux et les caméras publiques et privées.
Le monde de After Atlas est hautement technologique mais aussi sombre : les Etats-Nations ont soit disparu au profit de corporations ou fusionnés avec elles. Carlos n’est d’ailleurs pas un homme libre, mais un outil propriété de l’état qui a tous pouvoir sur lui et exploite ses compétences.
C’est dans ce contexte que Alexandro Casales est retrouvé mort dans un hôtel près de Londres. L’imbroglio juridique donne l’enquête à Carlos qui doit à la fois résoudre le meurtre et faire face aux rancœurs et démons de son passé. L’enquête, bien évidement, prendra une tournure inédit aux enjeux très importants.
Roman où la psychologie du personnage est très finement et richement rendu, After Atlas est une enquête passionnante, une plongée dans les méandres de ce qui forme l’humanité (dans un autre registre que Planetfall, mais également comme celui-ci) et un roman très riche. A titre personnel, il m’a plus d’avantage que Planetfall, mais c’est objectivement une question de goût plus que de qualité.
Arrivé à la fin de ma lecture, je me prend à espérer un troisième roman qui explorent les implications des fins des deux premiers.

L’avis de Gromovar.

Les papillons géomètres

Roman d’enquête spirtiste se déroulant dans le Londres des années victoriennes, Les papillons géomètres voit un spectre sans nom, il se fait appeler « l’Enquêteur » s’allié à une médium afin de retrouver l’âme d’une femme morte qui ne s’est pas présenté à son « rendez-vous » annuel avec son époux (accessoirement ce dernier est porté disparu également).

Le roman alterne entre les points de vue du spectre et de la médium et, outre l’enquête, fait découvrir aux lecteurs un monde occulte, en marge du notre, où un groupe de spectres œuvre ensemble à l’avancée d’un mystérieux projet.

Si le court roman est bien écrit et propose une enquête est des mystères intéressants, ainsi qu’une ambiance originale, j’avoue reste un peu sur ma faim. En effet, les mystères les plus intéressants (la quêtes des spectres et les origines de l’Enquêteur) ne trouvent pas de réponse (une des scènes du roman reste d’ailleurs relativement cryptique arrivé à la fin de ce dernier). Je ne peux qu’espérer que d’autres romans dans le même univers viendront répondre à ces interrogations; et vue la qualité de l’écriture je serais alors au rendez-vous.

Sénéchal

Premier tome d’une trilogie d’un nouvel auteur, Grégory Da Rosa, Sénéchal  est une bonne surprise. Suivant, à la première personne, l’histoire de Philippe Gardeval, gueux de son état, mais Sénéchal du royaume de Méronne, amis du roi depuis plusieurs décennie, et donc un puissant du royaume, lors du siège de la capitale par une puissante armée. Ce premier tome se déroule durant les trois premiers jours du siège.
L’univers créé par Da Rosa fait cohabiter des royaumes humains, angéliques et démoniaques (avec quelques races médiévales fantastiques), avec une magie rare mais puissante. Le siège de la capital du royaume de Méronne a ceci de particulier qu’il est présenté comme une guerre sainte par l’armée assiégeante qui a l’appuis des anges.
Ecrit dans un français médiévalisant (avec peut-être de trop nombreuses notes de bas de page). Sénéchal  propose un personnage qui doute, fatigué par sa charge et son âge et qui doit faire face à un début de siège marqué avant tous par les traitrises au sein même de la ville.
Roman politique, aussi bien que guerrier, Sénéchal  est un roman dont je suis curieux de connaitre la suite, un premier roman surprenant qui plaira aux amateurs de Fantasy intimiste, sombre et un peu crasse.

Clade

Court roman de l’auteur australien James Bradley (disponible en dehors de l’Australie au format audio pour l’instant, en anglais), Clade est une chronique famille se déroulant légèrement dans notre futur alors que la civilisation mondiale souffre des conséquences du réchauffement climatique et de divers crises mondiales.
Centré sur trois générations d’une même famille, Adam un scientifique, Summer sa fille, et Noa son petit-fils atteint d’une forme légère d’autisme, et se déroulant principalement en Australie, Clade montre les changements que subit le monde : catastrophes climatiques, crises des réfugiés, terrorisme, bio-terrorisme pour finalement présenté une vision à la fois sombre mais non dénuée d’espoir de notre futur.
Roman sympathique, Clade est bien écrit et sur une thématique actuel. Le roman ne dépasse par contre pas le stade de lecture plaisante.

Sombres cités souterraines

Les Moutons Électriques publie ce mois un roman, paru en 1999, de l’écrivaine américaine Lisa Goldstein : Sombres cités souterraines. Il s’agit d’Urban Fantasy, une histoire où les mythes rencontre des hommes et femmes normaux.
L’histoire se centre autour de trois protagonistes : Jerry, un homme d’âge mur dont la mère, avec qui il est en froid, a utilisé ses « aventures » d’enfants pour écrire une série à succès dans la veine de Narnia & Co, Ruthie, trentenaire, mère célibataire et journaliste travaillant sur un livre à propos de la dite série, et Sarah une jeune avocate dont le maris a été tué dans des circonstances sordides.
Les trois personnages vont se retrouver au centre d’évènements mystiques impliquant le « pays d’en bas », une quête de l’Oeil, des dieux égyptiens, les métros du monde et le passé de Jerry….
Sombres cités souterraines est un sympathique romain qui correspond tout à fait à l’Urban Fantasy en vogue à la fin des années nonante, début des années deux-milles : la rencontre de notre monde contemporain avec les dieux du passé, une dichotomie entre le monde de la surface et le monde des profondeur, l’importance des métros et de la « vie » souterraine de nos villes, des luttes cachées, des ponts entre les mythes et la littérature infantile. Dans ce sens, Sombres cités souterraines a tout à fait sa place à côté de romans comme American Gods ou Neverwhere de Gaiman.

La Résurrection du Dragon

Second tome de la trilogie des Chroniques de l’étrange, après le sympathique Les 81 Frères, La Résurrection du Dragon se déroule quelques mois après la fin du premier tome.

Johnny Kwan, détective de l’occulte à Hong Kong et l’un des protecteurs de la cité, reprend du service après quelques mois de repos bien mérité. Après une petite enquête servant de mise en jambe, il est rapidement contacté par deux organisations qui lui demande d’enquêter sur le meurtre rituel de plusieurs esprits animaux pour l’une, et d’aider à l’identification d’un œuf de dragon pour l’autre (une triade).

Ces deux affaires sans liens apparents, vont lancer Johnny sur les traces d’un complot de taille mettant en péril non seulement Hong Kong, mais le monde surnaturelle et la Chine dans son ensemble. Les cinq venins et une menace venue du passé seront au centre des préoccupations du fat-si.
Mieux écrit que le premier tome, truffé de rebondissements et d’aventures, se permettant même le luxe de donner un éclairage nouveau sur l’intrigue du premier tome, La Résurrection du Dragon est une réussite qui met la barre haute pour le tome final.

Planetfall

Roman de science-fiction dont la sortie française est prévue est février prochain dans la collection J’ai LU, Planetfall raconte la vie dans une colonie humaine établie sur une autre planète.

Issue d’un petit groupe de colon ayant quitté la Terre à bord d’un vaisseau dont la technologie de voyage entre les étoiles (dont le lecteur ne saura rien) a été développé par eux-mêmes (et n’était donc pas accessible au reste de l’humanité), la colonie survit, plutôt bien, sur un autre monde depuis une vingtaine d’année.

Les colons ont quitté la Terre à la recherche de Dieu qui, selon eux, réside dans une « cité » mystérieuse, dangereuse et à la technologie organique se trouvant à coté de la colonie. C’est la vision d’une femme, Lee Suh-Mi, qui a conduit les colons a quitter la Terre. Pour les colons Lee Suh-Mi est enfermée dans la cité de Dieu depuis vingt ans et ils guettent son retour.

La réalité, que le lecteur découvre rapidement au travers de Renata Ghali, la narratrice du récit, scientifique brillante, amie de Lee Suh-Mi, responsable des imprimantes de la colonie (qui permettent d’imprimer tous ce que cette dernière à besoin : matériaux bruts, mais également objets et nourritures), et victime d’un syndrome de Diogène, caché au reste de la communauté, c’est que Lee Suh-Mi est morte lors de la première descente sur la planète et qu’elle et un autre membre de la colonie mentent aux colons depuis vingt ans.

C’est l’arrivée dans la colonie d’un descendant des victimes d’un accident lors de l’établissement de la colonie qui va chambouler l’ordre établi et modifier radicalement les rapports entre colons….

Roman avant tous centré sur l’aspect humain de la colonisation d’une autre planète, Planetfall prend tous son ampleur une fois la lecture terminée. Emma Newman propose ainsi un texte qui parle avant tous de l’humanité, de ses forces mais surtout de ses travers et défauts plutôt que la conquête de l’espace. Un beau roman qui est très intéressant.