Wolf Moon

Faisant suite à New Moon, Wolf Moon est le second tome de la série Luna de Ian McDonald. Se déroulant dans un futur proche sur la lune, habitée, vivant sous un régime de contrats où tout est négociable (il ne s’agit pas d’un pays mais d’un conglomérat d’entreprises, et produisant des ressources vitales pour la Terre, la série suit à la fois le destin de la lune et des grandes familles (et des corporations qu’elles contrôlent) qui la dirige. Luna se nourrit de multiples inspirations allant des telenovelas (Dalas sur la lune) en passant par Dune et Le Parrain.
Wolf Moon se déroule dans la continuité du premier tome dont les événements ont modifié l’équilibre du pouvoir sur notre satellite. Difficile de parler de se second tome sans dévoiler l’intrigue et les rebondissements du premier. Je resterai donc évasif. Contrairement au premier tome qui se centre sur le destin d’une famille, le second tome suit d’avantage des individus, déjà croisés dans le premier volume, qui font face aux conséquences des événements de New Moon. Quelques nouvelles têtes sont également introduites dans l’histoire et une partie du roman se déroule sur Terre.
Globalement, Wolf Moon est un cran en dessous de New Moon; comme souvent le sont les tomes du milieux. Les événements continuent d’évoluer sur la lune et les personnages suivis vont en vivre les conséquences et les dangers. Le roman reste néanmoins passionnant et très bien écrit. La société lunaire, son fonctionnement et sa mentalité est rendu avec une précision et une justesse qui la rend réelle.
Au final un très bon roman de transition qui annonce un troisième tome que je suis impatient de lire.

Seven Surrenders

Second volume de la série Terra Ignota, Seven Surrenders fait suite direct à Too Like the Lightning. Difficile de réaliser une chronique d’un second tome, d’autant plus de passer après l’excellente chronique de Gromovar.
Si le premier tome peut être vu comme un tome d’exposition, à la fois une manière de faire découvrir le monde du 25ème siècle (plus d’état nations, mais il y a des restes, une structure par affinité avec des grands groupes supranationaux, plus de famille nucléaire mais un groupe d’individus proche, un monde en paix depuis près de 300 ans, la Lune habitée et mars en cours de terraformation, une économie dont la colonne vertébrale est un réseau efficace de voitures volantes, …) et de présenter les différents protagonistes de l’histoire en posant une situation de base, le second tome met tous les éléments en mouvement.
Et quel mouvement ! Complots révélations, actions, un vrai feu d’artifice pour un roman qui n’oublie jamais d’être intelligent et bien écrit. Les questions posées sont philosophiquement importantes et vertigineuses : quel est le prix de la paix ? comment gouverner une société hautement technologique ? quel est le poids du passé ? de la religion ? du genre sur nos vies ? ….
Le tout servi par un narrateur parti prenant des événements, ce qui fait que son témoignage n’est ni omniscient, ni omnipotent et pourrait donc bien servir ses propres objectifs. La question notamment de l’existence de miracles est laissé à l’appréciations des lecteurs. D’une certaine manière les deux romans sont à la fois un témoignage « historique », les mémoires d’un des protagonistes et une Bible (au sens religieux) pour le croyant….
La version audio de ce roman est de bonne qualité et très agréable à écouter. Je regrette juste le changement de lecteur (le narrateur restant le même) entre le premier et le second tome.
Bref Seven Surrenders, et le premier tome Too Like the Lightning sont des chefs d’œuvre qui méritent clairement de rentre dans la liste des meilleurs œuvres de science-fiction. Un tome supplémentaire est prévu (et je l’attend avec impatience) mais les deux premiers tomes se tiennent très bien ensemble.

The Heart of What Was Lost

Roman revenant, 25 ans après la publication du premier tome, dans l’univers de la série de l’Arcane des épées, The Heart of What Was Lost se déroule peu de temps après la fin de la trilogie. Si je craignais un peu le retour dans un univers que j’avais apprécier mais dont la lecture des livres remonte au siècle passé, force m’est de constater que The Heart of What Was Lost est non seulement abordable mais de très bonne facture.
Si la lecture de la trilogie de base est utile à la compréhension du roman elle n’est pas indispensable. La situation initiale est assez clairement exposé : une armée « d’elfes des neiges », les Norns (dont l’organisation sociale est inspiré du Japon), est en déroute après avoir tenté de détruire les royaumes humains. Les restes de son armées se regroupent dans leur dernière grande ville afin de résister à l’armée humaine qui les poursuit et qui pourrait les anéantir définitivement.
Le roman alterne les points de vue, passant de la vision des humains à la visions des Norns. The Heart of What Was Lost  est avant tous un roman de guerre qui montre de manière très maitrisée qu’aucun camp n’a le monopole de la peur, de l’horreur, qu’aucun camp n’est « le bon ». Une lecture que j’ai vraiment apprécié, le lecteur de la version audio fait d’ailleurs un excellent travail,  et qui augure du bon pour la nouvelle série se déroulant plusieurs décennies après.

Norse Mythology

Dernier livre de Neil Gaiman, Norse Mythology est une réécriture en langue moderne des différents mythes nordiques. Le lecteur est ainsi invité à suivre les différents dieux du panthéon nordique : Thor, Odin, Loki, Freya, Balder, etc. dans des aventures qui s’étendent de la création du monde à sa fin, Ragnarök,, voir un peu au delà.

La force de Gaiman est de proposer une version en langue moderne des mythes. Son écritures fluide et son sens de la narration font ainsi merveille et la lecture des différentes mythes nordiques est un vrai plaisir. La version audio est de plus lu par l’auteur lui même qui est un très bon lecteur.

La faiblesse du recueil, si l’on peut parler de faiblesse, est peut-être de n’être justement qu’une réécriture des mythes connus. Le lecteur familier avec les sagas de ces divinités ne trouvera ici rien à ce mettre sous la dent : points de points de vue alternatif, de nouvelles péripéties ou de de version alternatives des mythes. C’est également la force du recueil qui est de proposer une version limpide et agréable à lire des mythes.

The Bear and the Nightingale

Premier tome d’une trilogie, bien que la fin ne le laisse pas forcément présagé, The Bear and the Nightingale de Katherine Arden est une fantasy basée sur les mythes slaves et se déroulant dans la Russie médiéval.
Vasilisa est la fille d’un seigneur du Nord, sa mère, morte en couche, était en partie du monde des créatures des bois et des contes. Dans un monde où le Christianisme remplace peu à peu les vielles croyances, Vasilisa a le don de double vue, elle perçoit les créatures de l’ancienne religion. Elle n’est pas la seul, sa belle-mère le peut aussi, mais là où cette dernière croit voir le Malin, Vasilisa sait qu’il ne s’agit que de créatures vivants en bonne harmonie avec l’homme.
Réveillant l’intérêt du démon/prince de l’hiver, Vasilisa passe une enfance heureuse et une adolescence marquée par les avertissements sur un mal qui s’éveille et la méfiance du prêtre, de sa belle-mère et, peu à peu, des habitants du village où elle vit.
Le lecteur est invité à suivre l’enfance et l’adolescence de Vasilisa dans un roman bien écrit et intéressant. L’utilisation de la mythologie slave donne une touche d’originalité (du moins du point de vu du lecteur occidental que je suis) bien venu. Le seul reproche que je trouverai au roman c’est un certain déséquilibre entre la montée de la menace et l’arrivée de celle-ci. En sachant maintenant que c’est le premier tome d’une trilogie (je le répète ce n’est pas du tous apparent arrivé à la fin de la lecture) cela s’explique sans doute par le fait que ce premier tome est le début du « voyage » de l’héroine.
En bref une très bonne lecture.

Clade

Court roman de l’auteur australien James Bradley (disponible en dehors de l’Australie au format audio pour l’instant, en anglais), Clade est une chronique famille se déroulant légèrement dans notre futur alors que la civilisation mondiale souffre des conséquences du réchauffement climatique et de divers crises mondiales.
Centré sur trois générations d’une même famille, Adam un scientifique, Summer sa fille, et Noa son petit-fils atteint d’une forme légère d’autisme, et se déroulant principalement en Australie, Clade montre les changements que subit le monde : catastrophes climatiques, crises des réfugiés, terrorisme, bio-terrorisme pour finalement présenté une vision à la fois sombre mais non dénuée d’espoir de notre futur.
Roman sympathique, Clade est bien écrit et sur une thématique actuel. Le roman ne dépasse par contre pas le stade de lecture plaisante.

Planetfall

Roman de science-fiction dont la sortie française est prévue est février prochain dans la collection J’ai LU, Planetfall raconte la vie dans une colonie humaine établie sur une autre planète.

Issue d’un petit groupe de colon ayant quitté la Terre à bord d’un vaisseau dont la technologie de voyage entre les étoiles (dont le lecteur ne saura rien) a été développé par eux-mêmes (et n’était donc pas accessible au reste de l’humanité), la colonie survit, plutôt bien, sur un autre monde depuis une vingtaine d’année.

Les colons ont quitté la Terre à la recherche de Dieu qui, selon eux, réside dans une « cité » mystérieuse, dangereuse et à la technologie organique se trouvant à coté de la colonie. C’est la vision d’une femme, Lee Suh-Mi, qui a conduit les colons a quitter la Terre. Pour les colons Lee Suh-Mi est enfermée dans la cité de Dieu depuis vingt ans et ils guettent son retour.

La réalité, que le lecteur découvre rapidement au travers de Renata Ghali, la narratrice du récit, scientifique brillante, amie de Lee Suh-Mi, responsable des imprimantes de la colonie (qui permettent d’imprimer tous ce que cette dernière à besoin : matériaux bruts, mais également objets et nourritures), et victime d’un syndrome de Diogène, caché au reste de la communauté, c’est que Lee Suh-Mi est morte lors de la première descente sur la planète et qu’elle et un autre membre de la colonie mentent aux colons depuis vingt ans.

C’est l’arrivée dans la colonie d’un descendant des victimes d’un accident lors de l’établissement de la colonie qui va chambouler l’ordre établi et modifier radicalement les rapports entre colons….

Roman avant tous centré sur l’aspect humain de la colonisation d’une autre planète, Planetfall prend tous son ampleur une fois la lecture terminée. Emma Newman propose ainsi un texte qui parle avant tous de l’humanité, de ses forces mais surtout de ses travers et défauts plutôt que la conquête de l’espace. Un beau roman qui est très intéressant.

Too Like the Lightning

Difficile de chroniquer Too Like the Lightning, premier tome d’une duologie de Ada Palmer. Gromovar est passé avant moi dans le monde francophone avec une chronique de très bonne qualité ou il reconnait lui même la difficulté de l’exercice.
Il est déjà possible de dire que ce roman est très intéressant et immersif, qu’il a besoin de son second tome (qui sort en 2017) pour pouvoir être complet. Que dire ensuite ?
Déjà que l’histoire se déroule au XXVè siècle sur Terre, que si l’homme en lui même reste relativement le même, la société à bien changer : le concepts de famille est devenu celui de bash’es et regroupe un nombre d’individu plus important pas forcement lié par le sang, les états-nations, dont il y a quelque reste, se sont effacé au profit de grand groupe « transnationaux », les Hives, qui regroupe des individus par un jeu de loyautés et d’affinités, qu’un système de transport aérien collectif et individuel permet de se déplacer aux quatre coins de la planète rapidement, que ce système est une infrastructure vitale, que la Lune est habitée en permanence et que Mars est en cours de terraformation, que la religion est tabou et interdite (suite à des guerres), que les philosophies des Lumières sont importantes, …
Dire ensuite que tous ces éléments, et plus encore, ne sont pas donnés aux lecteurs mais se dévoile au fils de la lecture. Obligeant à une gymnastique mentale certes exigeante, mais qui donne toute sa grandeur au roman.

Dire encore que le narrateur principal, Mycroft Canner, est un criminel condamné, qui vit, comme tant d’autres, en liberté pour servir la communauté. Qu’il a de nombreuses connections parmi les puissants, qu’il est au centre de plusieurs intrigues qui semble pouvoir faire vaciller la société.

Dire finalement qu’un vol d’une liste des personnalités les plus influentes est volée, que ce vol déclenche des enquêtes qui tourne autour du bash’es qui gère le système de transport aérien. Que ce bash’es des secrets (dont un enfant au pouvoir apparemment miraculeux) et que les puissants restent les puissants même au XXVè siècle.

Dire en conclusion que  Too Like the Lightning ouvre une duologie exigeantes et passionnantes qui, si le second tome est au niveau du premier a toute les qualités pour devenir un roman marquant dans le champ de l’imaginaire.

Last Year

Dernier roman en date de Robert Charles Wilson, Last Year se déroule aux Etats-Unis à le fin du XIXe siècle. Cette version de notre monde est identique au notre, à l’exception qu’une technologie développée au XXIe siècle (à notre époque quoi) a permis le contact avec une version parallèle de notre passé.

Le XIXe siècle de Last Year est ainsi utilisé comme parc d’attraction où des touristes venus du futur viennent faire des safaris pour découvrir le passé. Parallèlement à cela, le complexe connus sous le nom de « City of Futurity » propose, contre des valeurs en métaux précieux, des visites aux locaux afin d’avoir un avant goût du « futur ».

C’est pour la « City of Futurity » que Jesse Cullum travaille. Local il a été parmi les premières personnes engagées par les visiteurs du futur. Travaillant à la sécurité, il sauve le président Ulysses S. Grant d’une tentative d’assassinat lors de sa visite. L’arme en main de l’agresseur étant un glock qui vient clairement de l’autre côté du miroir (le dispositif qui connecte sa réalité à la réalité du futur), Jesse est chargée, avec Elizabeth, une agente de sécurité de notre époque, de découvrir comment cette arme a été vendue à un local.

Après cette première enquête, le lecteur suit Jesse Cullum dans sa vie d’employé. La « City of Futurity » devant fermer au bout de cinq ans (et des technologies venues du futur transmise aux locaux à ce moment là), la durée de son emploie à une date de fin. Alors qu’elle s’approche, il sera amené à recherche des « runners », des personnes venues du futur qui ont décidé de resté dans le passé et à qui il faut proposer une possibilité de rentrer chez eux avant que le lien soit rompu.

Finalement, retournant à San Francisco, sa ville natale, Jesse sera amené à mener une mission bien particulière pour son patron et devra faire face à son passé mouvementé….

La version audio VO est lu de très belle manière par Scott Brick, un lecteur dont j’apprécie particulièrement les lectures.

Last Year est un roman bien écrit et agréable à lire qui est avant tous une histoire centrée sur le personnage de Jesse Cullum. Ses tribulations sont également l’occasion d’en apprendre d’avantage sur le choc que consiste la rencontre de deux groupes venant de deux époques différentes (« le passé est un autre pays), l’origine de la technologie qui permet de voyager « dans le passé » et les tenants étiques et moraux de cette dernière.

The Wall of Storms

Seconde tome d’une trilogie, et faisant suite à The Grace of Kings, The Wall of Storms s’intéresse à la première décennie de règne de la dynastie du Dent-de-Lion. Le roman, supérieur au premier tome, est toujours un gros pavé bien écrit et très intéressant à lire.
Difficile sur un livre aussi gros de pouvoir le présenté dans son ensemble et sans déflorer des points de l’intrigue qui sont cachés aux lecteurs en début d’ouvrage.  Le premier quart de Wall of Storms présente la génération suivante qui marquera de son empreinte Dara (principalement les trois enfants de l’Empereur, une fille et deux garçons, et une fille du peuple, particulièrement brillante et à qui le destin donnera un professeur prestigieux) et donne à voir les intrigues de cours et les tensions qui parcours l’Empire.
L’évènement marquant qui indiquera un tournant pour Dara, c’est l’arrivée, de par delà le mur des tempêtes qui isoles Dara du reste du monde, d’une flotte de barbares bien décidée, avec l’aide de dragon, à conquérir Dara. S’ensuit le début d’une guerre qui bouleversa l’équilibre des forces et divisera profondément l’Empire. La fin du roman ouvre, à ce niveau, d’ailleurs de nombreuses perspectives intéressantes.
The Wall of Storms donne clairement une nouvelle dimension à la trilogie et je l’ai trouvé bien supérieur au premier tome. S’il est possible de lui trouver quelques longueurs, les valeurs défendues (rôle des femmes, confrontation à l’étranger, importance de la science et du savoir, etc.) sont très intéressantes d’un roman de Fantasy Silkpunk. J’attends le troisième tome avec une grande curiosité.