Les Couilles sur la Table de Victoire Tuaillon

Ouvrage tiré du podcast éponyme qui s’intéresse à la masculinité contemporaine, et dont tous les épisodes que j’ai écoutés pour le moment sont super intéressants, Les couilles sur la table discute et brosse un portrait de la masculinité contemporaine d’un point de vu féministe.

L’ouvrage se structure en plusieurs parties qui discutent d’un aspect, propose des éléments théoriques, avec références, et des extraits et réflexions tirés des épisodes du podcast qui discutent ces aspects. L’ouvrage se termine par quelques pistes pour, individuellement, faire changer les choses sans pour autant occulter les difficultés et paradoxes qui apparaissent assez rapidement une fois que l’envie de changement s’impose.

Le livre aborde ainsi la construction de la masculinité (du point de vu toujours des sociétés occidentales), les avantages et privilèges inerrant à être un homme, l’exploitation des femmes, mais aussi des hommes, par les hommes, la question de la violence et des pistes pour changer.

J’ai trouvé l’ouvrage très intéressant et un complément écrit bien venu au podcast. Une très bonne lecture.

Les Hommes Hétéros le Sont-Ils Vraiment ? de Léane Alestra

Avertissement : j’ai pas mal hésité avant de chroniquer ce livre. Donc, histoire d’être claire, je parle ici en mon nom (et pas « pour tous les hommes » ou truc du genre), et je suis un homme blanc, cisgenre, hétéro et célibataire après plus de vingt dans une relation hétéro et monogame).

Derrière ce titre peut-être un peu provocateur, ce cache un ouvrage super intéressant et dont la question du titre, Les Hommes Hétéros le Sont-Ils Vraiment ?, se révèle extrêmement pertinent.

En effet, Léane Alestra pose un constat : beaucoup d’hommes qui disent « aimer les femmes », cherchent avant tous à passer du temps entre hommes et leurs compagnes / conquêtes [sic] féminines sont avant tous des moyens de se faire mousser avec leurs potes. De plus, dans de nombreux groupes d’hommes, il y a un paradoxe entre « les amis en premier/avant tout » et « mais surtout nous ne sommes pas homo ».

Fort de ce constat, Alestra décortique la construction de la masculinité dans les sociétés occidentales en démontrant que les normes sociales de la virilités sont avant tous validées par les autres mâles et poussent les hommes qui s’y conforment à valoriser l’amitié masculine mais la sexualité hétérosexuelle « performatives » (c’est-à-dire coucher avec des femmes pour montrer sa virilité, ses talents de « chasseurs », etc. mais au final pas vraiment pour s’intéresser à la personnalité et à l’individualité des femmes en elle-même.).

La grande majorité des hommes se retrouvent donc devant le paradoxe de désirer être entre hommes mais de devoir désirer sexuellement les femmes.

Les Hommes Hétéros le Sont-Ils Vraiment ? est, je trouve, super intéressant et très convaincant dans sa démonstration. A titre personnel, cela met le doigt sur un ressenti que j’ai depuis très longtemps : je ne m’identifie pas du tous avec le model masculin « typique ». Et lire le livre m’a permis de comprendre le pourquoi de cette sensation.

Bref, Les Hommes Hétéros le Sont-Ils Vraiment ? est un livre que je trouve très important. Mais, je ne suis pas certain que ceux dont il parle seraient près à le lire et à accepter le miroir qui leur est tendu.

The Dead Cat Tail Assassins de P. Djèlí Clark

Un monde de Fantasy, une cité de ce monde, une assassin, membre d’une guilde exclusive les Dead Cat Tail, composée uniquement de personnes qui, de leur vivant, ont passé un pacte avec la déesse de la mort : être ramener comme mort-vivant après leur trépa, sans souvenirs et servant la déesse, comme assassin ou parfois comme cuisinier.

Eveen est l’une d’entre elle. Assassin au service de la guilde, elle reçoit la mission d’éliminer une jeune femme. Sa surprise est totale lorsque elle réalise que c’est en fait elle-même qui doit être éliminée; enfin elle même vivante, retirée du passé pour être sa cible aujourd’hui.

Décident de rompre la règle la plus importante des assassins, Eveen ne remplit pas son contrat et tente de comprendre qui lui a tendu ce piège et comment s’en dépétrer.

The Dead Cat Tail Assassins est un roman de Fantasy divertissant, bien écrit et rythmé comme sait en écrireP. Djèlí Clark.

Singer Distance de Ethan Chatagnier

Début 1960, les États-Unis dans un monde qui pourrait avoir été le nôtre sauf que Mars est habitée et que ses habitants posent des questions mathématiques à l’humanité. La première question a été répondue par Einstein via des tranchées dans le désert qui ont été illuminés à l’essence. Mais la question suivant est restée irrésolue depuis plusieurs décennies et Mars est silencieuse.

En ce mois de décembre 1960, quatre étudiants en mathématique font route vers le site de la « réponse d’Einstein, parmi eux Crystal Singer, une jeune femme sensible et surdouée qui pense avoir la réponse à la dernière question posée et qui, avec l’aide de son petit ami Rick et deux autres co-étudiants, va graver dans le désert sa réponse.

La suite ? C’est le propos du roman Singer Distance de Ethan Chatagnier. Le romancier ne propose pas une histoire avec un grand H de la rencontre entre la Terre et Mars, mais l’histoire d’une obsession : celle de Crystal Singer pour les mathématiques et le problème posé par les Martiens (d’abord une question sur les distances, puis sur l’Entropie).

Mais aussi une histoire d’amour contrariée entre Rick et Crystal, fait de distance, d’abandon, de foi et d’obsessions. Bref, Singer Distance est avant tous un roman parlant d’amour et d’humanité ; une histoire belle et au ton juste.

Navola de Paolo Bacigalupi

Nouveau roman de Paolo Bacigalupi depuis un petit moment, Navola est un roman de Low Fantasy se déroulant dans la cité-état de Navola (Florence durant la Renaissance est un bon point de comparaison). L’histoire est narrée par Davico di Regulai, héritier d’une dynastie de richissimes banquiers.

Son père contrôle de fait la cité de Navola et cherche à accroitre encore son pouvoir et sa richesse pour son fils. C’est donc à un bain d’intrigues et de coups tordus que Bacigalupi invite son lecteur au travers des yeux du, sans doute trop candide, Davico.

Le roman narre sa jeunesse et son entrée dans l’âge adulte marqué par sa fascination pour un œil de dragon qui trône sur le bureau de son père et l’amour qu’il ressent pour sa sœur adoptive (la fille d’une famille noble écrasée par son père).

Navola est un roman admirablement bien écrit qui passe habilement des intrigues politiques et de la jeunesse d’un héritier à un roman d’une violence plus grande dans le dernier tier. La fin du roman laisse d’ailleurs certaines questions en suspend mais cela ne fait que renforcer sa force. Une belle réussite pour une incursion en Fantasy d’un auteur plus connus pour ses romans d’anticipations et de bio-cyber punk.

Zona Cero de Gilberto Villarroel

Le Chili, un tremblement de terre important, les communications coupées et peu à peu les chaines de télévisions et la radio se coupent et Santiago, la capitale, se retrouve coupée du monde et isolé par l’armée des USA.

C’est dans ce contexte que Gabriel, un journaliste avec beaucoup d’expérience, se lance dans une expédition pour rejoindre sa petite amie enfermée dans une des plus hautes tours de la ville. Il est accompagné par Tony, un marins américain cynique, un groupe de soldate et, bientôt, quelques mineurs.

Et c’est une balade dans une ville dévastée, nous seulement par le tremblement de terre mais par la transformation de sa population en vampires, dont le comportement est proche du zombie.

Gilberto Villarroel propose avec ce roman dynamique et percutant une satire du capitalisme sauvage et de la politique chilienne. Une très belle balade dont la destination importe finalement peu.

Jumpnauts de Hao Jingfang

Premier tome d’une série, mais qui se tient très bien tous seul, Jumpnauts de Hao Jingfang se déroule dans un futur proche (un petit siècle dans le futur) sur Terre alors qu’une guerre « tiède » est en cours entre les deux grandes factions du monde : la Pacific League of Nations et l’Atlantic Divison of Nations.

Le roman suit trois personnages, une scientifique, le fils cadet d’une riche famille et le chef des renseignement de la Pacific League, qui vont se lancer sur les traces d’un mystérieux vaisseaux qui vient d’entrer dans le système solaire et se dirige vers la Terre.

Se faisant, ils vont mettre en évidence l’influence d’une civilisation extraterrestre sur le développement technologique de nos civilisations et découvrir l’existence d’un monde bien plus vaste…

Jumpnauts est un roman plaisant à lire, avec des personnages qui ont souvent de longues discussions philosophiques en utilisant les classiques de la pensée chinoise pour illustrer leurs propos. Je lirai avec plaisir la suite une fois traduite dans une langue que je comptend.

Désirer la violence de Chloé Thibaud

Désirer la violence, ce que la pop culture nous apprend à aimer de Chloé Thibaud est un essai qui analyse les œuvres de pop culture (cinéma et séries principalement) en se posant la question de ce qu’elles présentent comme désirable et normal. L’essai est centré sur les femmes et donc sur les comportements et situations qui le concernent (que cela soit des attentes sur leurs comportements ou sur le comportement des hommes à leur égare).

L’idée sous-jacente est que même si les individus ont, bien entendu, leurs libres arbitres, la pop culture définit quand même des attentes et des possibilités qui vont rendre des choses désirables ou envisageables.

Les différents chapitres de Désirer la violence discutent chacun d’un aspect des imaginaires créés : la question des attentes sexuels (baisers volés, actes sexuels forcés, consentement, etc.), les relations homme-femme (bad boy, attentes dans une relation, manipulation, masculinité toxique, etc.), les violences conjugales, les violences sexuelles, les féminicides, la vengeance et la violence.

Désirer la violence, ce que la pop culture nous apprend à aimer est un essai super intéressant, bien écrit et agréable à lire. Il poste, je trouve, d’excellentes questions et proposent des pistes de réflexions pour réfléchir sur la culture que nous consommons et ce qu’elles ouvrent ou ferment de possibles.

The Mountain in the Sea de Ray Nayler

The Mountain in the Sea se passe dans un futur pas trop lointain, sur Terre ravagée par les catastrophes écologiques et le capitalisme.

Le roman suit plusieurs protagonistes dont les destins se croisent autours d’une île, réserve écologique, sous le contrôle d’une méga-corporation, DIANIMA, et qui abrite un androïde dont l’intelligence semble être consciente.

Le lecteur suit le Dr. Nguyen qui se retrouve sur l’île afin d’étudier la communauté de poulpes dans ses eaux qui a développer une société, une culture, et donc une intelligence plus que animale. Il suit aussi un hacker russe de renom qui travaille à percer les défenses d’une IA comme il n’en a jamais vu. Le lecteur s’attache aussi au pas d’un homme capturé pour travailler, comme esclave, sur un bateau de pêche industrielle contrôlé par une IA.

The Mountain in the Sea est un roman intéressant à lire qui construit un monde comme le notre un peu plus loin dans le futur et qui interroge nos relations avec les IA et pose une réflexion sur ce qu’est la sentience.

Si l’audio-lecture du roman m’a plus, arrivé à son terme je trouve qu’il vaut plus la peine pour le voyage que pour la destination; une fin donc un peu décevante pour un bon roman.

Phallers de Chloé Delaume

Court roman de lecture facile et rapide, Phallers se déroule dans une France du futur très proche dans laquelle des femmes se retrouvent avec le pouvoir de faire exploser les pénis.

Le roman suit le parcourt de Violette, une ado de dix-sept qui se retrouve un beau jour avec ce pouvoir et rejoint un groupe de femmes l’ayant aussi et qui décide d’utiliser ce pouvoir pour envoyer un avertissement aux abuseurs et violeurs.

Phallers déroule alors une histoire rocambolesques faite d’anecdotes, assez sordides mais réelles, sur la culture du viol et la masculinité toxique, et de situation d’explosions de pénis assez cathartiques avec un groupe d’hommes « qui sont des vraies hommes » en guise d’antagonistes.