Mission M’Other

Publié dans la collection Naos, la collection « ado » des Indes de l’Imaginaire, où plutôt republié (le roman avait était publié il y a quelques années en arrière chez Soleil dans une forme plus « ludique »), Mission M’Other, co-écrit par Bordage et Melanÿn est un sympathique, mais convenu, roman post-apo.
Le pitch : Lia, une jeune femme de 15 ans, revient sur Terre dans une capsule de survie suite à la destruction du vaisseau M’Other dont l’équipage était parti pour étudier une mystérieuse perturbation dans le système solaire. Cette perturbation était soupçonnée de manipuler une partie de la population humaine pour des buts mystérieux.
Écrit comme un journal intime, Mission M’Other suit les pérégrinations de Lia qui découvre la Terre, tente de comprendre son passé et ce qui est arrivé aux habitants de la planète. Chemin faisant elle rencontre un jeune homme écorché par la vie et un loup.
Si Mission M’Other est bien écrit et agréable à lire, le roman a une intrigue assez convenue et sans réelles surprises. Ceci étant dit, il « fait le job » et parlera sans doute d’avantage à un public plus jeune que je ne le suis.

The Obelisk Gate

Second tome de la trilogie de La terre fracturée, The Obelisk Gate débute là où le premier tome se termine. Il est toujours difficile de parler d’un tome 2 (3, etc.) tant l’intrigue dépend souvent des tomes précédents.
En tenter de ne pas trop en dire, il est néanmoins possible de pointer les éléments suivants :
– Le personnage de Nassun, la fille de Essun, a le droit au suivi de sa propre histoire, qui prend de l’ampleur avec ce tome.
– L’histoire de Essun prend de l’ampleur avec la description de la vie dans une communauté lors du début d’une cinquième saison.
–  Les origines des cinquièmes saisons, les « mangeurs de pierre », les mystères des obélisques, les gardiens : tous ses éléments sont abordés alors que le voile lève peu à peu sur le passé complexe de ce monde.
The Obelisk Gate est un très bon roman qui combine une écriture qui pousse le lecteur dans le roman, une aventure et des secrets passionnants, et des réflexions écologiques (sur les relations homme-nature) et sociales (sur les relations dominés-dominants, sur le vernis de civilisation de l’humanité, sur l’acceptation / le rejet de la différence) amenées avec tact, à propos et intelligence. Un prix Hugo 2017 qui est clairement mérité.

Children of Time

Vaste fresque de science-fiction, Children of Time de Adrian Tchaikovsky de déploie sur plusieurs millénaires et retracent le destin des derniers humains et de leurs héritages….
Débutant dans un futur éloigné où l’humanité à débuté son expansion dans l’univers (avec des technologies comme la terraformation, des vaisseaux pouvant se déplacer au quart de la vitesse de la lumière et des procédés de cryogénisation qui permette à des équipages du survivre au voyage).
Au début du roman la doctoresse Kern est sur le point de mettre la dernière pierre à une expérience de « uplifting ». Sur une planète terraformée dans ce but, une population de singe va être relâchée et un nano virus spécifiquement conçut pour va élever peu à peu, au fil des générations, leur intelligence au niveau humain. Un satellite doit contrôler l’expérience avec à son bord un humain cryogénisé attendant l’éveil de la population simiesque (un signal radio envoie des problèmes mathématique complexes en direction de la planète dans l’attente de l’envoie des solutions en retours).
Mais c’est sans compté un vaste mouvement anti-technologique dont un membre sabote l’expérience. Kern doit se réfugier dans le satellite et le cargo de singe est détruit. Se mettant en hibernation dans l’attente de secours, Kern est bien loin de se douter que la guerre qui éclate dans l’espace humain va renvoyer l’humanité des siècles en arrière.
Sur la planète le nano virus qui a pu se déployer va infecter les seules populations à sa disposition : les insectes, passagers clandestin de tous voyage stellaire (le reste des animaux de la planète ont été soigneusement immunisés au virus afin de ne pas biaiser l’expérience). Ainsi au fils des siècles c’est une population d’araignées qui va progressivement voir son intelligence se développer…
Dans le même temps, la Terre relève la tête et re-développe / re-découvre les technologies avancées. C’est sans compter le poison de la dernière guerre qui détruit peu à peu la planète. Dans un vaisseau arche, les derniers survivants de la race humaine (avec une technologie avancée mais moins qu’à l’apogée de la race humaine) fuit dans les étoiles à la recherche d’un monde terraformé viable. Ils arrivent bien sur dans le système de la planète expérience où Kern et le satellite avenacée les mettent en fuite…
Débute alors une histoire double s’étalant sur plusieurs millénaires : le suivit des derniers survivant de l’humanité et le développement d’une société arachnide, matriarcale et à l’intelligence différente. Un système biologique de transfert d’expérience crée des lignées d’araignées aux même noms que le lecteur peut suivre à travers l’histoire, provoquant un attachement aux différents protagonistes.
Les trajectoires des deux espèces les dirigent vers une confrontation inéducable qui semble vouée à répondre à une question : qui survivra ?
Children of Time est une fresque passionnante, bien écrit, agréable à lire, bien pensée qui pose la question de ce que serait une intelligence « autre », sur notre capacité à la reconnaitre comme tel et sur le développement d’une civilisation.

La cinquième saison

La cinquième saison, the fifth season dans son titre original (langue de mon écoute/lecture, je l’ai lu en livre audio) est le premier tome de la trilogie de La terre fracturée dont le premier tome sort d’ici quelques jours en français.

N. K. Jemisin a gagné le prix Hugo pour se roman en 2016 (et également en 2017 pour le second tome, mais il faut me laisser le temps de le lire). La cinquième saison est un roman qui se part des atours classiques de Fantasy : un monde (The Stillness) caractérisé par une tectonique extrêmement instable et active qui détruit de manière régulière les civilisations (durant la cinquième saison, celle qui arrive après un événement tectonique puissant), des individus capable d’influencer ou de calmer la Terre (les Orogenes), des créatures sentientes liées à la Terre à l’agenda obscures, des obélisques de cristales flottant et se déplaçant à la surface du globe, une quête pour sauver ou détruire le monde, une « école de magie », … Le vernis de Fantasy se teinte de steampunk ou de technologies avec la maîtrise, imparfaite, de l’électricité, du verre, de l’acier ou encore de bio-implants…

Mais là ou Jemisin est très forte, c’est au niveau de son récit. Outre une plume agréable à lire et de qualité, Jemisin va utiliser les trops de la Fantasy afin de décrire comment une majorité domine et exploite une minorité. En effet les Orogenes sont si craints pour leur pouvoirs qu’ils ne sont plus considérés comme des humains. Tués à certains endroits, la plus grande puissance politique du monde, les enferme, les brise et les entraînes afin d’en faire des outils pour asseoir sa puissance (capable de calmer les soubresauts de la Terre, ils permettent de maintenir une région calme et donc de construire grandes villes et routes). Jemisin montre comment ils sont brisés et contrôlés de manière très fine.

Mais La cinquième saison n’est pas qu’un roman sur l’oppression d’une minorité, des thèmes comme l’écologie, la civilisation, les lois et la mémoire sont également très présents dans l’histoire.

L’histoire elle-même : le lecteur suit le destin de trois femmes (une enfant, une jeune femme et une mère de famille), toutes trois Orogenes. L’enfant est retiré à sa famille pour être formée à « l’académie », la jeune femme, Orogene compétente, est envoyé en mission avec l’un des plus puissants des siens, et la mère de famille, cachant ses pouvoirs, est lancée sur les routes afin de retrouver son enfant que son père a enlevé, alors qu’une cinquième saison qui s’annonce très longue débute…

La cinquième saison est un roman dont l’histoire est très agréable à lire, bien écrit et aux thématiques interessantes et bien amenés, maintenant je veux lire la suite….

La Fée, la pie et le printemps

Un roman de la rentrée littéraire des Indés de l’Imaginaire (celui-ci dans la collection Bad Wolf de ActuSF), La Fée, la pie et le printemps d’Élisabeth Ebory est un rafraîchissant roman féerique se déroulant durant l’époque de la régence britannique, à l’aube de l’époque victorienne.
Il y a bien longtemps les fées et autres êtres féeriques ont été enfermés dans un prison de brume sous la garde de dangereux geôliers. Alors que ces derniers semblent avoir disparu, la plupart des fées restent dans leur prison par habitude et par peur. Ce n’est pas le cas de Philomène, jeune fée, qui fait de sa vie une suite de vols d’objets appartenant à d’autres fées, passant sa vie entre les brumes des fées et le monde des mortels, elle collectionne également les malédictions lancées par ses victimes.
Alors qu’elle sent l’arrivée, à Londres, d’une puissante fée qui fait trembler la réalité, Philomène se met en tête de la voler. Mais Rêvage, la fée en question, vient de se rendre sur le monde des mortels pour mettre en branle un ancien plan afin de faire revenir les fées sur le monde et de les faire régner.
Lorsque Philomène rencontre un groupe de malandrin, une jeune fille, un jeune home, un ancien soldat et un mystérieux homme aux lunettes, elle se joint à eux sans bien savoir pourquoi. Débute alors une course poursuite pour sauver le monde des hommes, à moins que cela ne soit celui des fées, et peut-être voler quelques objets et déjouer une liste de malédictions longues comme le bras….
La Fée, la pie et le printemps est un roman qui se lit rapidement, tout en fraîcheur et aux rebondissements constants. C’est une sympathique et divertissante lecture qui s’attaque à un classique de l’imaginaire : la Féerie et ses liens avec le monde des mortels.

Fêlures

Recueil de neuf nouvelles de Rozenn Illiano, Fêlures propose des histoires douce-amère où planent l’ombre de Poe et des corbeaux.

C’est de Poe qu’il est directement question dans deux nouvelles du recueil, de la reine des neiges et de ce qui se passe lorsque le froid et l’hiver sont plus attirants que la vie dans la première nouvelle du recueil. Une divinité végétale se reveille et change des « élus » dans un monde qui se meurt dans une des nouvelles.
Quatre nouvelles du recueil forment une suite suivant une jeune femme capable de marcher dans les rêves. Ce pouvoir, à la limite d’une malédiction, la poursuit et la ronge, ainsi qu’une perte dont on n’aura que les échos.
Finalement, le recueil se conclut par une jeune amnésique qui se fait tatouer par un tatoueur dont l’histoire des ses clients forment le socle de son pouvoir sur l’au-delà.
Fêlures est une lecture agréable, à titre personnel j’ai trouvé les nouvelles de ce recueil, plus ancient que le recueil 18.01.16 et que le roman Elisabeta, un cran en dessous que ses écrits publiés plus récents… Il n’en reste pas moins que Fêlures est un recueil qui m’a plut.

Anno Dracula 1899

Recueil de nouvelles de Kim Newman, Anno Dracula 1899 propose une vingtaine de nouvelles (la liste complète peut se trouver sur la chronique de Gromovar) qui explore des uchronies littéraires (des sortes de « et si » se déroulant dans des univers littéraires) sur divers personnages et archétypes de la culture monstrueuse populaire. Un extrait du prochain tome de la série Anno Dracula se déroulant au Japon conclut le recueil.

Le lecteur retrouvera donc le monstre de Frankenstein, le docteur Jekyl (enfin son élixir), des super-héros, Edgard Alan Poe, le cinéma monstrueux, des vampires, des zombies, etc.

Le tout pour un recueil où la qualité des nouvelles est très bonne, avec certaines nouvelles qui sont juste superbes. La version audio est de très bonne qualité avec un bon lecteur (un bémol sur une nouvelle écrite pour l’audio qui n’est pas présentée dans sa version enregistrée original, qui avait plusieurs acteur, c’est dommage).

Bref un très bon recueil avec plusieurs pépites.

The Strange Bird

Novella dans le monde post-apocalyptique de Borne, The Strange Bird est une histoire indépendante qui recoupe et donne un autre éclairage à une partie du roman.
Suivant, en le racontant à la première personne, le long et douloureux voyage d’un oiseau modifié dans un laboratoire, et échappé de celui-ci lors de sa chute, la novella est un voyage fabuleux où l’oiseau, intelligent, avide de liberté et poussé par un instinct implanté, découvre le monde qui l’entoure.
Le lecteur croisera un homme solitaire, un ours géant, une magicienne cruelle et un fin douce-amère et poétique. Le lecteur de Borne découvrira la vérité derrière la légende de l’oiseau, une partie de l’histoire du point de vu du Magicien, le rôle des renards et un peu de ce qui vient après.
Bref une lecture chaudement recommandée.

The clockwork dynasty

Le nouveau roman de Daniel H. Wilson, The clockwork dynasty, est plus léger que ses précédents romans (dans le sens où il s’appuie moins sur des évolutions technologiques actuelles).
Un peu steampunk sur les bords, il suit deux histoires en parallèle, un chapitre sur deux : la première est l’histoire de June. Cette jeune universitaire est spécialisée dans les automates anciens, sujet qui la fascine depuis qu’elle a hérité de son grand-père, d’un mystérieux mécanisme qu’il a ramené de Leningrad et qui a été perdu par « un ange » sur le champ de bataille. La seconde est l’histoire de Peter, un automate conscient, éveillé en 1700 à la cour du tsar Pierre le grand, et qui tout en vivant pour l’honneurs et la justice, découvre ses vraies origines.
La rencontre de June et Peter va mettre en branle une course contre la montre pour sauver les derniers automates encore en vie aujourd’hui.
Roman d’aventure assez compact, The clockwork dynasty tient à la fois de l’histoire secrète (des automates construits avant l’humanité sont conscients et mènent une lutte secrète à travers les âges), de Transformers (franchement j’y ai pensé tous le long du roman, les similitudes sont frappantes, en moins pyrotechniques et de taille plus modeste) et de la course poursuite / en avant.
Une lecture agréable, très bien servit en version audio par deux voix de qualité, pour un roman d’aventure et d’évasion.

Mesías

Second tome de la collection d’anthologie thématique Traviesa, Mesías propose quatre nouvelles d’auteurs latino-américains, sélectionnées par l’autrice bolivienne Liliana Colanzi, sur le thème de la religion. Les quatre récits sont de très bonne facture, oscillants entre les genres noirs & de l’imaginaire.
Álvaro Bisama (Chili) – « Arena negra » se déroule à Santiago et suit un jeune voleur de voiture qui va se retrouver à mettre à jour les projets d’un culte familial millénariste et armé…
Luciano Lamberti (Argentine) – « Cómo conocí a los Sefraditas » se déroule durant la crise des Malouines et suit un jeune homme qui entend des voix et qui veut s’engager dans l’armée, mais les extraterrestres sont-ils parmi nous?
Giovanna Rivero (Bolivie) – « La piedra y la flauta » se déroule à Santa-Cruz et suit une jeune femme qui s’intéresse de près à un sans abris qui prétend, avec succès, que les rats de la ville lui parlent du futurs, en parallèle elle se souvient de son enfance et de son oncle hippie…
Carlos Yushimito (Perou) – « Tatuado » se déroule au Brésil et suit la réalisation du dernier tatouage d’un chef de gang alors que sa vie est contée en parallèle.
Un court recueil excellent et bien pensé.