Empire Game

Second cycle dans la série des Princes-Marchands, Empire Game se déroule une vingtaine d’année après cette première série et s’intéresse à l’évolution de « notre monde » et de celui dans lequel les survivants du Clan se sont réfugiés.
Pour rappel, le Clan était un regroupement de famille, venu d’une terre parallèle, dont les membres avaient la capacité de se déplacer entre « notre terre » et la leur. Ils s’étaient enrichis en pratiquant le trafic de drogue (leur monde était d’un niveau technologique proche de notre moyen-âge). Découvert par le gouvernement américain, l’antagonisme entre le Clan et les USA s’était assez mal terminé pour les USA et très mal pour le Clan dont les survivants se sont réfugié sur une troisième terre parallèle nouvellement découverte où une révolution venait de remplacer la monarchie en Amérique du Nord.
« Aujourd’hui » (soit presque deux décennies plus tard) les choses ont évolués dans les deux terres parallèles. Chez « nous », l’état est devenu super paranoïaque et surveillé de très près ses citoyens (caméras, surveillances électroniques, drones, testes génétiques,…) dans la crainte d’un retour du Clan. Dans le même temps, l’exploitation des plusieurs terres parallèles a permis une croissance économique importante.
Chez « eux », les survivants du Clan se sont organisés et, au grand jour, ont épousé la cause de la révolution et mènent un plan d’avancée technologique au pas de charge afin d’être près le jour où les États-Unis les retrouveront.
Empire Game suit à la fois les événements dans notre monde, où Rita Douglas, une orpheline qui porte, sans le savoir, le gêne récessif permettant de voyager entre les monde est sur le point de se voir manipuler par son gouvernement dans la position de devenir leur super-espionne, et ceux du monde d’à côté où la mort prochaine du père de la révolution menace le gouvernement mis en place. La rencontre de ces deux mondes semblent inévitable alors qu’une menace plus ancienne et puissante porte son ombre sur tous…
Empire Game est un très bon roman, bien écrit et passionnant. Maintenant je veux lire la suite (qui ne devrait tarder à sortir)….

Bertram le baladin

Première lecture de Camille Leboulanger pour moi avec ce roman de Fantasy qu’est Bertram le baladin. Dans un monde où le papier a disparu, les membres de la Guilde des musiciens parcourent le monde transformant ce qu’ils apprennent en musiques et chansons qui non seulement divertissent le peuple mais servent de mémoire au monde. Un monde où des esclaves travaillent pour rien et où les femmes ne sont pas en position de pouvoir.
C’est dans ce contexte que le lecteur suit les tribulations de Bertram le baladin à qui des malandrins ont volé son instrument, un luth. Accompagné de Sans Nom, une femme qu’il a sauvé de l’esclavage, le baladin aura faire à faire pour récupérer son bien qui se trouve dans une puissante cité marchande dont le seigneur est hostile à la Guilde.
Soutenu par une écriture légère et mélodieuse, Bertram le baladin est un court roman très agréable à lire. Un roman découvrir avec une histoire pleine de rebondissements et de poésie.

The Wind in His Heart

Nouveau roman de Charles De Lint, le premier à destination d’un public adulte en huit ans, The Wind in His Heart est un gros roman (plus de 500 pages) où De Lint reprend les différents éléments qui caractérisent ses écrits.
Le lecteur y trouvera donc : un lieux : la reserve indienne située dansHierro Maderas Mountains (près de la ville imaginaire de Santo Del Vado Viejo); des personnages qui se cherchent ou qui fuient leur passé (Steve Cole, une rockstare supposément mort qui vit en ermite dans le desert depuis des décennies, Thomas Corn Eyes un jeune amérindien qui a le don de double vu mais rêve de quitte la reserve, Sadie Higgins une ado perdue et désœuvrée, et Leah Hardin une blogeuse de Newford qui vient pour enquêter sur la rockstare disparue), une tension en modernité et tradition (le village versus les casinos), des créatures de l’autre monde, etc…. Lorsque tous ces personnages se retrouvent dans la reserve et que le conflit entre les modernes et les traditionalistes escalade avec l’implication des esprits, les vies de chacun seront entraînées dans des directions insoupçonnées…
Sans être, de loin, son meilleur roman, The Wind in His Heart est un De Lint pur jus où l’écrivain montre une nouvelle fois tous son talent pour dépeindre des histoires humaines où le surnaturel côtoient notre monde quotidiennement pour qui sait le voir. Le roman aurait peut-être mérité d’être plus court, il a quelques longueurs, mais il m’a quand même beaucoup plus. Un mot finalement sur la version audio dont le lecteur, Tom Stechschulte, a une voix très grave / mature qui, si elle va bien pour le point de vu de Steve Cole, est parfois un peu surprenante pour les personnages féminins ou plus jeunes.

Tueurs d’anges

L’apocalypse a débuté, une lumière aveuglante est tombée du ciel est à causé destruction et mort sur son passage. Le temps s’est arrêté, les survivants, peu nombreux, on entendu une voix leur dire de se repentirs sinon le monde arrivera à sa fin dans 600 jours. Et puis les anges sont apparus et on commencé à traquer les survivants….
Ainsi débute Tueurs d’anges, le nouveau roman de Rozenn Illiano, et premier tome d’une tétralogie. Le lecteur suit ensuite Ana, une survivante qui sent la présence des anges. Partie de Renne, elle rejoint une groupe de survivants, mené par un extra-lucide, entendant des voix, qui prennent leur destin en main en chassant les anges qui menace l’humanité. Réfugié dans une ville en ruine, nommée Town, invisible aux anges, les survivants, Ana en tête, devront trouvé un moyen de survivre, comprendre ce qui se passe et peut-être évité l’inévitable fin de tous…
Tueurs d’anges est à la fois un roman apocalyptique et la première pierre d’un plus vast puzzle. Tissant des liens avec ses autres écrits, Rozenn Illiano, pose, avec ce roman, un ensemble de questions dont le lecteur espère trouver les réponses dans les romans suivants. Violent, désespéré, Tueurs d’anges est une ouverture sur une histoire plus vaste qui est bien écrit et intéressant. Maintenant je veux la suite pour avoir des réponses.

De bois et de ruines

Dernier tome de la tétralogie de Sylvo Sylvain le détective elfe dans un Paname imaginaire au  croisement de la Fantasy et du Steampunk, De bois et de ruines fait suite à l’excellentissime Confession d’un elfe fumeur de lotus.
Si l’ensemble des pistes narratives et des mystères ouverts dans les tomes précédant trouvent une réponse et une résolution, j’ai trouvé ce dernier volume plus poussif et plus « forcé » que les précédant.
Se déroulant plusieurs mois après le tome précédent, il voit Sylvo Sylvain être tiré de ses rêves enfumés par ses anciens associé. En effet, alors que Paname vit une apocalypse magique et une révolution, une délégation d’elfe venue de la forêt est là afin de tenter de récupérer une elfe dont l’enlèvement les met tous en danger. Sylvo connaissant bien Paname et l’elfe en question étant sa fille, c’est à lui, l’exilé, le paria, que revient la lourde tâche de la retrouver.
S’en suit une course contre la montre dans tous Paname afin de retrouver sa fille. Cette course mènera notre détective et ses associés aux quatre coins de la ville et les ferra se confronté aux mystères et puissances de cette dernière alors que tous se détraque.
De bois et de ruines a un moteur, une course au Macguffin (la fille de Sylvo) qui justifie une balade dans toute la ville. Si le roman conclut de manière assez satisfaisante la série, je regrette un peu une apocalypse et une intrigue qui ne servent qu’à balader les personnages, et le lecteur, d’un lieu à un autre tambour battant et prétexte à une cascade de révélation et de découverte. Pour moi l’apocalypse est de trop dans le paysage.

Il n’en reste pas moins une écriture agréable et une aventure plein de clins d’œil et de révélations qui donnent des réponses et se laisse bien lire.

Provenance

Nouveau roman de Ann Leckie, dont la trilogie des Chroniques du Radch est parue en français en 2016 et avait fait coulé pas mal d’encre (en bien et en mal) dans la blogosphère, Provenance se déroule dans le même univers, quelques temps après la trilogie, mais se lit de manière totalement indépendante.
J’avoue avoir eu un avis un peu mitigé sur Les Chroniques du Radch, c’est donc avec une curiosité teintée de prudence que je me suis attaqué à la version audio. Et bien, pour faire court, Provenance est un bon roman que j’ai pris grand plaisir à lire.
Le lecteur y suit Ingray, une jeune femme adoptée dans une puissante famille, qui, pour se faire bien voir, monte un plan audacieux afin de libérer de prison le fils d’une autre puissante famille qui a volé des reliques de valeurs; son but est de découvrir où ces dernières ont été cachées et de pouvoir les retrouver.
Evidement son plan ne va pas se dérouler comme prévu. Son retour chez elle, avec le prisonnier libérer, va lui faire prendre conscience des biais de la société dans laquelle elle vit. Les conséquences des Chroniques du Radch (la destruction d’une porte stellaire et l’organisation d’une réunion des races pensantes) vont se faire sentir sur sa planète. Devant faire face à une invasion et à l’intérêt de l’ambassadeur d’une race extraterrestre, Ingray aura fort à faire pour garder le contrôle sur sa vie.
Provenance est certes un roman à l’intrigue sympathique et bien menée, mais c’est aussi une réflexion sur l’identité d’une culture; et plus précisément sur les artefacts qui fondent cette identité. Le format plus court (il s’agit d’un roman pas d’une trilogie) évite également de diluer le propos. Provenance est donc pour moi une réussite.

Le guide de la SF et de la Fantasy

Les guides de lectures sont toujours des ouvrages à la fois très interessant à lire et très « casse gueule ». En effet, ils proposent généralement une plongée dans les arcanes d’un genre littéraire, des informations sur les courants qui le forme et sur son histoire, mais également des conseils de lectures.
Mais comme ils est impossible de prétendre à l’exhaustivité et que les limites de tous genres littéraires sont souvent mouvantes et fluides, ils prêtent le flanc très facilement à la critique. Les deux plus courantes étant :
  1. Cet auteur est présent alors qu’il ne devrait pas / il manque cet autre auteur indispensable
  2. La définition de ce sous-genre n’est pas la bonne / il manque ce sous-genre indispensable.

Si en plus on est lecteur avide d’un genre, ce qui est mon cas, on connait bien celui-ci, on a sa propre idée de ce qui est incontournable ou de ce qui devrait être mis en avant. La critique n’en est alors que plus facile puisqu’au final le seul guide qui nous semblerait vraiment parfait serait celui que nous écririons.

Avec cela en tête (oui je sais cela fait une longue introduction), et en gardant à l’esprit que l’autrice de ce guide est une amie, que vaut Le guide de la SF et de la Fantasy ?

Dans sa première partie il reprendre les différents éléments saillant du genre de l’imaginaire en proposant une petite présentation / historique et en donnant des idées de lectures pour chacun. Ainsi outre les classiques Fantasy, Science-Fiction et Fantastique, le guide propose aussi des entrée pour les vampires, les zombies, le steampunk et l’uchronie.

Ensuite il propose un tour d’horizon (plutôt assez complet) des différentes maisons d’éditions de l’imaginaire francophone européen (je précise car, il n’y a pas d’éditeurs québécois, par exemple).

La seconde partie est fait d’interviews de bibliothécaires, d’organisateurs de festivals et de chercheurs. Ces interviews discutent de la place de la littérature de l’imaginaire pour chacun des interviewers dans sa pratique. Cette partie est non seulement un complément interessant mais également d’un intérêt certain pour l’amateur et le fan hardcore.

En gardant en tête les remarques de ma longue introduction, Le guide de la SF et de la Fantasy est, au final, un fort sympathique ouvrage qui pourra accompagner le néophyte dans la jungle des genres et sous-genres de l’imaginaire ou l’amateur qui veut en découvrir d’avantage. Le connaisseur y trouvera lui des interviews fort intéressants sur la place de l’Imaginaire en bibliothèque ou dans la recherche et sur les coulisses de l’organisations de festivals et de conventions.

La bibliothèque de Mount Char

Pas mal de chroniques ont parlé de La bibliothèque de Mount Char de Scott Hawkins, et elles ont toutes pointées sur la difficulté de parler du roman sans en déflorer l’intrigue pour celui ou celle qui souhaiterait le lire.
Donc pour ceux qui veulent garder un élément de surprise lisser ce paragraphe et arrêter vous ensuite. La bibliothèque de Mount Char, que j’ai lu en VO et en version audio, est roman entre le fantastique et le mythologique, remplis de rebondissements, à l’écriture sérielle marquée (penser comics ou séries TV), et qui fait penser par moment à des oeuvres d’Urban Fantasy lorgnant du côté des mythes (Amercian Gods par exemple mais pas seulement et pas entièrement). C’est très bien, un bon page turners, mais au vue de la hype sur le sujet je m’attendais à quelques choses d’un peu plus profond. Mais que cela ne vous retienne pas de passer un super moment avec un très bon bouquin.
Pour ceux qui n’ont pas peur d’en savoir un peu plus et bien saché que le roman suit douze jeunes gens, se faisant appeler des bibliothécaires car chacun d’eux maîtrise un catalogue qui leur octroient des capacités surnaturelles (parler avec les morts, soigner, parler toutes les langues, etc.). Ils ont tous été adopté par une mystérieuse figure ancienne et très très puissante.
Hors cette dernière est portée disparu et une force surnaturelle les empêches de rejoindre la Bibliothèque. Débute alors une enquête pour comprendre ce qui est arrivé au Père. Entre magie, rebondissements, trahisons et passé, c’est le futur du monde qui se joue.
La bibliothèque de Mount Char est fun, bien pensé et rapide. Une adaptation en séries TV ou en comics serait sans doute du plus belle effet.

Mes vrais enfants, de Jo Walton, Prix Planète-SF 2017

Oyez ! Oyez ! Bonnes gens.
Mes vrais enfants, de Jo Walton,

est le lauréat 2017 du Prix Planète-SF des Blogueurs.

Il a surpassé, lors de la délibération du jury, les trois autres excellents shortlistés :

Infinités, de Vandana singh
Luna, de Ian McDonald
Planetfall, de Emma Newman
Félicitations à Jo pour cette double uchronie bouleversante. Félicitations aussi à Florence Dolisi pour sa traduction. Félicitations enfin à Denoël Lunes d’Encre pour son soutien ancien à Jo Walton.

The Stone Sky

Troisième, et dernier, volume de la série La terre fracturée, The Stone Sky termine de manière magistrale cette série.
Comme pour le tome précédant, il est difficile de parler de la fin d’une série sans dévoiler les arcanes de ses intrigues. Néanmoins le lecteur trouvera ici la réponse aux différentes questions et mystères restés en suspens dans les autres tomes : l’origine des obélisques, des mangeurs de pierre (« stone eaters »), de la catastrophe, des gardiens….
L’écriture est toujours aussi prenante et le récit alterne, comme dans le second tome, entre Essun et sa fille, en y ajoutant le suivi de la création des obélisques dans le lointain passé du monde. Il sera beaucoup question de voyages et de déplacement (avec peut-être quelques longueurs dans le déplacement de la communauté qui a accueilli Essun).
Au final La terre fracturée est une série qui conjugue avec bonheur et maitrise aventures, construction d’un monde originale, réflexions intelligentes sur les relations entre groupes sociaux et les mécanismes de la domination et enjeux écologiques.