La mer de l’ombre I & II

La première histoire du cycle des XII Royaumes a, enfin, été traduite du japonais en français. J’avais adoré l’anime librement adapté de ce cycle; c’est donc avec plaisir et voracité que je me suis jeté sur La mer de l’ombre.

Je n’ai pas été déçu, même si je connaissais déjà les grandes lignes de l’histoire de Yoko : cette étudiante japonaise de 17 ans qui se retrouve entrainé par un mystérieux inconnus dans l’univers asiatico-médiéval-fantastique des XII royaumes et qui va devoir apprendre à survivre et parcourir seul le monde pour trouver quel est la raison de sa venu dans les royaumes, et découvrir en même temps qui elle est et comment l’être. Une histoire somme toute assez commune dans les romans de Fantasy, mais qui est ici présentée dans un univers que je trouve envoutant et exotique. Les XII royaumes ont en effet la particularité que chacun des souverains est choisi par un être d’origine divine qui représente le mandat céléste qui permet à chaque souverain de gouverner. L’absence, ou la déviance d’un souverain, se traduisant par des catastrophes d’ordre magiques sur le royaume. L’écriture (du moins dans la traduction, pour la VO je ne sais pas) du roman est de plus fort agréable à lire, et les quelques illustrations qui parsèmes le récit sont fort jolies.

Au final un roman destiné aux adolescents mais qui sera sans mal conquérir un public plus adulte amateur de Fantasy agréable à lire et original.

Porteurs d’âmes

J’aime beaucoup les livres de Pierre Bordage, ils oscillent en général entre de grandes fresques colorées et des histoires crasses encrées dans un présent légèrement avancé dans le temps. Mais ses livres sont emprunt d’un humanisme fort et, en général, contienne toujours une lueurs d’espoir, même faible, pour le genre humain.

Porteurs d’âmes fait partie de la deuxième catégorie, celle des histoires crasses. A Paris, dans un futur qui pourrait être demain, nous suivons l’histoire de trois personnages : Edmé un inspecteur de la crim’ désillusionné et à bout de souffle, Léonie une jeune libérienne, clandestine et esclave sexuelle récemment auto-libérée, et Cyrian un jeun étudiant de bonne famille qui est sur le point de rejoindre la confrérie des Titans, un groupuscule composé de « l’élite de la France ».

Ces trois personnages vont évoluer et se croiser autour de trois intrigues, bien entendu entremêlées : un charnier découvert dans la Marne, une machine qui permet de faire embarquer son âme comme « passager clandestin » dans une autres personne, et la quête de liberté et d’émancipation de Léonie. Le tout sur fond d’extrême droite toute puissante et de corruption moral et financière de l’administration rampante.

Porteurs d’âmes montre ce que pourrait devenir l’Europe si elle laisse cours aux parties les plus sombres de son âme; mais le roman porte égallement en lui le germe de l’espoir, l’humain possède égallement en lui les capacités d’aimer et de comprendre son prochain, capacités qui seront peut-être notre salvation. Un roman dur, donc, mais qui ouvre des pistes de réflexion intéressantes, même si, à mon sens, ce n’est pas le meilleur qu’aie écrit Bordage.

Janua Vera

Janua Vera est en fait le titre de la première nouvelle de ce recueil qui en compte sept. Toutes les nouvelles sont situées dans un univers médiéval-fantastique et sont centrées sur un personnage. Le recueil est vraiment excellant et bien écrit. Les nouvelles dépeignent un univers réaliste où la magie est puissante et peu présente. J’ai un peu de mal à mettre en mots les sentiments que me laissent se recueil, j’ai la sensation d’un univers riche et violent, d’une beauté née de la force des émotions suscitées par la richesse des mots et la force des histoires. Bref un excellent recueil qui voit l’Histoire se dessiner à travers les histoires des différents protagonistes des nouvelles.

Janua Vera conte les angoisses et la fin de l’homme qui se proclama Dieu et uni le monde sous son joug, il y a de cela fort longtemps.

Mauvaise donne s’attache au pas de Benvenuto Gesufal, assassin de son état, qui se retrouve pris dans les tourmentes de la politique de la cité état de Ciudadela (une Venise avec les institutions de la république romaine).

Le service des dames se rapproche de la chanson de gestes en narrant les aventures d’un chevalier particulièrement galant et qui ne peut refuser son assistance à une duchesse en détresse, la cause dut-elle être douteuse.

Une offrande très précieuse montre la dure vie d’un barbare qui, pour survivre à une sanglante embuscade, devra faire face à la Déesse et à son passé.

Conte de Suzelle, à mon avis la meilleur nouvelle du recueil, voit une jeune paysanne maladroite et rêveuse vivre la dure vie d’une paysanne (grandir, se marier, survivre aux guerres et aux disettes, etc.), tout en chérissant dans son coeur sa rencontre avec un elfe. Elfes qui montrent ici un visage à la fois cruelle et insouciant, visage comme seul peuvent l’avoir les êtres quasi immortels.

Jour de guigne suit, avec un ton comique, les mésaventures d’un lettré atteint d’un terrible syndrome magique alors qu’un assassin rode en ville.

Le confident conclue le recueil dans les ténèbres et la mort par la confession d’un prêtre du Décharné (le dieu des morts) ayant fait voeu d’obscurité.

J’ai découvert qu’une nouvelle inédite de Jaworski, se déroulant dans le même univers que celles de Janua Vera, était disponible au téléchargement gratuit sur la cour d’Obéron. Ni une ni deux je me suis donc rué dessus pour la lire entre deux révisions :

Un amour dévorant conte l’histoire du gyrovague Phasma, prête itinérant Décharné (le dieu des morts) qui cherche a apaisé le tourment de deux fantômes qui se courent après dans les bois au alentour du village de Noant-Le-Vieux. Pour ce faire il interrogera les différents villageois qui ont eu à faire à eux.

Comme les autres nouvelles de Janua Vera, un amour dévorant est très agréable à lire et bien écrite; personnellement j’en redemande.

Pour trouver la nouvelle : suivez le lien

Pour en savoir plus :
Une interview de l’auteur sur le site de ForgeSonges
Le site de l’éditeur : les moutons électriques

L’ombre du géant

Le dernier volet de la série de « l’ombre », reprenant là ou la stratégie Ender avait laissé l’histoire, l’ombre du géant voit enfin Peter Wigin unifier l’ensemble de la terre afin de lui donner une aire de paix.

Bien que le livre soit plus plaisant à lire que les deux précédents, qui avaient un brin tendance à se répéter, je ne peux m’empêcher de me poser la question sur la philosophie sous-jacente de ce livre de fiction. En effet, elle présente un monde ou les USA et la Russie sont puissants mais passifs (enfin pour être franc les USA sont totalement passif et refermé sur eux-même, la Russie agit un tous petit peux) et où les dangers pour la stabilité du monde sont la Chine, l’Inde et surtout le grand califat, l’union de tous les pays de l’Islam. Ma question est de savoir si Orson Scott Card, l’auteur, propose cette vision car il adhère aux thèses dites de « choc des civilisations », et ce même si au final ces nations évoluent vers la modernité, abandonnent leurs rêves de puissance et acceptent la proposition de paix mondiale de l’Hégémon. Ou si cette vision est basée sur une certaine analyse, à mon avis raisonnable, de la situation mondiale actuel : la Chine et l’Inde comme puissances émérgentes, et l’Islam comme facteur de déstabilisation, réel ou fantasmé, mondiale. Je dois bien dire que je n’arrive pas à trancher….

Néanmoins si l’ombre du géant n’est pas la meilleur livre des séries Ender et « Ombre », il reste une fin tout honorable, dont certains plots non résolus pourrait laisser attendre une suite.