City of Miracles de Robert Jackson Bennett

Dernier tome de la trilogie des Cités divines, La cité des miracles (City of Miracles en VO, langue de ma lecture), se déroule une quinzaine d’année après le tome précédent et a pour protagoniste principal Sigrud qui « reprend du service » après l’assassinat Shara, ancienne première ministre de Saypur et héroïne du premier tome de la série.

Dans un monde qui a connus une révolution industriel à marche forcé, Sigrud se retrouve rapidement confronté à des individus qui semble avoir des pouvoirs quasi divin; et ce alors que officiellement tous les dieux sont morts et officieusement seul un dieu a survécu. Débute alors une traque pour obtenir des réponses, venger la mort de Shara et sauver l’avenir du monde.

La cité des miracles conclut de bien belle manière la trilogie en posant la question du devenir des enfants des divinités. Bennet pose également des questions sur les rouages du monde, les fondements de la réalité et la capacité de la modifier; sujet qui seront également, d’une autre manière, au cœur de la trilogie suivant qu’il écrira en suite.

A Single Revolution de Shani Silver

Shani Silver, l’autrice de A Single Revolution, est célibataire depuis de nombreuses années et elle a passé une grande partie de sa vie à « attendre l’amour », mettant au passage sa vie comme en parenthèses dans l’attente de rencontre La Personne avant de vraiment vivre. Et puis un jour elle a dit stop.

C’est de ce que cette réalisation a fait à sa vie dont ce livre parle. Constatant que la société donne comme mission au femme de trouver l’Amour et leur rappel constamment que c’est le but à atteindre, Silver montre que la vie ne se résume pas à cela. Et que une fois libérer de cette injonction, la femme célibataire peut en fait avoir une vie riche et épanouissante; ce qui, au demeurant, n’est absolument pas incompatible avec le fait de trouver l’amour.

A Single Revolution est un livre très intéressant à lire (même pour moi qui suis un homme) dans le sens qu’il montre bien que la société (patriarcale) fait peser sur les célibataires une injonction forte à ne plus l’être. Et que celle (ou celui, même si les injonctions faites aux hommes sont différentes) qui reste célibataire trop longtemps est en fait « cassée » et pas normal.

La réalité peut-être en fait tout autre et il est possible de vivre une vie riche et épanouissante sans être en couple et surtout sans attendre d’être en couple.

Children of Memory de Adrian Tchaikovsky

Troisième, et pour le moment dernier, tome de la série Children Of, Children of Memory se déroule dans la continuation des deux premiers romans et suit une équipe d’explorateurs de la super civilisation formée par une partie des survivants de l’humanité, des araignées et des poulpes intelligents, une entité capable d’absorber la mémoire de ceux qu’elles rencontrent, une IA basée sur une ancienne scientifique terrienne (enfin une de ses nombreuses instances) et, nouveauté, d’une paire de corvidés peut-être sentients.

L’histoire se déroule sur une planète partiellement terraformée et où un vaisseau arche du reste de l’humanité s’est installée, formant une petite communauté survivant avec difficulté dans la peur de l’arrivée d’étrangers qui leur en voudrait. Insérés dans la communauté, les explorateurs mènent une mission d’anthropologie en se demandant si se révéler et intervenir. Dans le même temps, une jeune adolescente de la communauté recherche son grand-père, un des fondateurs de la colonie, capitaine du vaisseau arche, qui est supposément mort depuis de nombreuses années. Et tout cela alors que dans la forêt, une sorcière et ses familiers rôdent…

Mais la vie dans la colonie a des incohérences chronologiques, et la vie de la colonie semble recommencer et se dérouler de manière différente, mais toujours les tensions, les incohérences, la sorcière et ses familiers…

Tchaikovsky propose avec Children of Memory une réflexion sur la mémoire, la réalité qui si la révélation finale peut sembler un peu facile, reste bien construite et plaisant à lire. Moi j’ai bien aimé (mais les thématiques abordées me parlent).

Slayers: A Buffyverse Story

Cette pièce radiophonique de huit heures raconte une histoire se déroulant dans l’univers de Buffy (une décennie près les séries TV, lorsqu’il y a de multiples tueuses) avec une partie des acteurs de la série original.

Le pitch : la tueuse d’un univers parallèle (Cordelia Chase) vient dans notre univers afin de trouver de l’aide pour lutter contre Drussila qui, avec l’aide de la sorcière Tara corrompue, cherche un moyen magique de protéger les vampires contre la lumière du soleil.

Arrivée dans « notre » monde grâce à la magie de Anya, la tueuse Cordelia retourne dans « son » Sunnydale avec Spike, le démon Clem, la jeune tueuse Indira et Giles. Là, séparé, le groupe tente de sauver la situation alors que les allégeances de Spike semblent devenir fluctuantes.

Slayers: A Buffyverse Story propose à la fois une nouvelle histoire et un nouveau contexte en déplaçant l’histoire dans un univers parallèle (et accessoirement cela permet d’expliquer l’absence de personnages clefs dont les acteurs ne sont pas impliqués dans l’histoire proposée). La pièce m’a plus et est fort sympathique. La fin laisse entrevoir la possibilité d’une suite qui pourrait s’annoncer très interessante.

Les flibustiers de la mer chimique de Marguerite Imbert

Futur plus ou moins proche, la nature s’est rebellée contre l’humanité et la civilisation tel que nous la connaissons aujourd’hui s’est effondré, avec au passage la mort de millions de gens.

Sur les ruines de ce que nous connaissions. les survivants tentent de survivre. En Europe ce sont des clans qui, après s’être combattus, sont unis sous la bannière de la métareine reignant depuis Rome. Dans les océans devenus toxiques, les mythiques flibustiers de la mer chimique règnent en maître. sous les ordre d’un mystérieux consortium, grâce à un sous-marin datant « d’avant ».

C’est dans ce contexte que le lecteur est invité à suivre deux narrations interconnectées : le récit d’Ismaël, naturaliste de Rome, en mission pour la métareine et recueilli, avec quelques compagnons, par les flibustiers, et le récit de de la graffeuse Alba qui contient dans son esprit un vaste savoir et qui est mené à Rome.

Les flibustiers de la mer chimique est un roman d’aventure post-apocalyptique bien écrit et truffé de bon mots et de mélange d’histoire et de culture geek. Le récit est mené jusqu’à sa conclusion et les révélations permettant de le comprendre son donnés.

Mais globalement il m’a laissé un peu froid. Sans doute que mon peu d’attrait pour les récits post-apo y est pour quelque chose, mais je ressors de ma lecture avec le sentiment que l’autrice produit un récit qui par moment se veut être malin mais tombe dans le m’as-tu-vu.

Bref, Les flibustiers de la mer chimique est un bon roman qui n’a pas fonctionné pour moi; cela arrive mais ce n’est pas grave.

Summerland de Hannu Rajaniemi

Audio-lu en anglais, mais paru en juillet dernière en français chez ActuSF, Summerland de Hannu Rajaniemi est un sympathique roman d’espionnage.

Le roman se déroule en 1938 à Londres dans la communauté du renseignement et contre-espionnage britannique. Mais le monde dans lequel il se déroule n’est pas totalement le nôtre : en effet la découverte, au tournant du XXe siècle, de l’existence de l’au-delà a permis à la fois le développement de technologies de communication avec les morts mais aussi le moyen de maintenir les âmes des défunts au service de son pays.

C’est dans ce contexte que Rachel Whiter, une agente du SIS apprend qu’une taupe des soviétiques (super puissance dirigée par une intelligence supérieure amalgame de millions d’âme) se trouve dans les services secrets du pays; dans la partie des âmes mortes qui travaillent dans les services secrets.

La taupe ayant des relations et Rachel étant une femme, elle se retrouve reléguée au service comptabilité et se lance dans une opération clandestine pour que la vérité éclate, le tout sous le bruit des bottes qui annonce une futur guerre internationale en Espagne.

Summerland est un roman d’espionnage et d’aventure qui se lit avec plaisir. Le rythme de l’histoire s’accélérant fortement sur la fin m’a donné la sensation d’un petit problème de rythme. La fin me semble d’ailleurs suffisamment ouverte pour qu’un second tome soit envisageable assez facilement. Au final, un roman d’uchronie fantastique très divertissant.

The Sandman act III

Une année après avoir audio-lu les deux premières parties de l’adaptation audio du Sandman, je me suis jeté sur la troisième partie (sur probablement quatre vu ce qu’il reste du comics a adapté) dès sa sortie.

Adaptant deux arcs du comics (que je n’ai, je le rappel, pas lu) : Brief Lives et World’s End.

Le premier arc suit la quête de Morpheus et de Delirium à la recherche de leur frère disparu : Destruction. En plus de toucher à un mystère mentionné plusieurs fois auparavant, cet arc conclut l’histoire de Orphée, le fils de Morpheus.

World’s End se déroule dans une auberge à la croisée des mondes / dimensions où des voyageurs se retrouvent bloqués suite à une violente tempête. Pour faire passer le temps, les voyageurs se racontent des histoires de leur monde d’origine. A la fin de cet arc la raison de la tempête est esquissée et semble annoncer un acte IV très fort…

L’adaptation de Sandman dans son ensemble est brillante et les trois volets se retrouvent avec raison dans les meilleurs vente de Audible. Le plus dur maintenant est d’attendre la réalisation et sortie de l’acte final

Eyes of the Void de Adrian Tchaikovsky

Second tome de la trilogie The final Architecture (débutée avec Shards of Earth), Eyes of the Void débute peux de temps après la fin du premier tome. Le lecteur est toujours invité à suivre l’équipage du vaisseau de récupération « The Vulture God » dont les allégeances ont évolués depuis le premier roman.

En effet, le vaisseau et son équipage sont plus ou moins maintenant avec la force militaire « le Parthénon » et Idris, l’intermediary (capable de parcourir l’espace entre les systèmes sans passer par les voies existantes), les aides à développer leur propre intermediaries. Pendant ce temps les architectes continues à détruire des mondes et s’attaquent maintenant à des mondes qui étaient « protégés » par des ruines des Originators, une race ancienne maintenant disparu. Le tout alors que dans la sphère humaine des tensions de plus en plus fortes la dirige vers une guerre interne.

Quand Idris est enlevé, le reste de l’équipage du « Vulture God » se lance à sa recherche, mais Idris va peut-être découvrir l’origine des architectes et plus encore.

Eyes of the Void est un second tome fort sympathique de space opera, j’admet être curieux de connaitre la fin de la trilogie.

Las cosas que perdimos en el fuego de Mariana Enriquez

Les onze nouvelles fantastiques, se déroulant en Argentine, qui forment le recueil Las cosas que perdimos en el fuego sont autant d’uppercuts qui frappent le lecteur.

Les différentes nouvelles ont plusieurs point en commun : récit court, baignant dans le fantastique, ayant souvent un protagoniste féminin, se terminant abruptement sans donné d’explications ou d’épilogues.

Las cosas que perdimos en el fuego forme donc un recueil où la violence du quotidien rencontre le fantastique de manière crus et violentes. C’est un recueil qui fouille dans ce cas l’humanité a de plus sombres et qui le fait bien. Les lecteurs de Notre part de nuit retrouveront même ici la visite d’une maison hantée qui est une version plus ancienne d’une scène retravaillée du roman.

Tercer mundo despues del Sol

Tercer mundo despues del Sol, derrière ce titre en forme de clin d’oeil se cache une anthologie de quatorze textes de science-fiction / imaginaire écrits par des auteurs latino-américains. Ces différents textes portent un regard sur le présent et sur des devenirs possibles.

S’il peut être difficile de comparer des textes dont le principal point commun est l’origine géographique de leurs auteurs, il y a quand même quelques grandes thématiques qui émergent : réflexion sur l’identité, sur la modernité des cultures dites traditionnelles, sur le rôle de la technologie sur un continent qui utilise plutôt que créé, sur le rôle de la mémoire, sur la représentation des minorités.

Au final Tercer mundo despues del Sol propose une plongée dans plusieurs textes fort intéressants et d’auteurs que je connais beaucoup moins car peu publié ici en Europe.