Le Roi du cinéma muet

En me baladant, il y a quelque temps, sur le site Blog-O-Book, je suis tombé sur une offre pour un service de presse d’un livre indien (Le Roi du cinéma muet); intrigué, je me suis dit que cela ferait une lecture sympathique et, en deux trois mouvements, j’ai reçu mon exemplaire.

Je viens d’en finir la lecture avec forte difficulté. Ce roman raconte, à la première personne, la vie d’Abani Chatterjee qui, à Calcuta au début du XXe siècle, devient acteur de film muet avant de connaitre la déchéance et un retour attendu dans un film de Fritz Lang qui ne sortira jamais.

Pour être correcte, je dois reconnaitre que l’écriture du roman est bien fait, Abani raconte sa vie avec un vocabulaire et un ton qui montre bien la haute opinion de lui même qu’à ce personnage. Les péripéties qui émaillent sa vie sont rocambolesques au possible et m’ont fait sourire. Pourtant, pourtant…. je dois admettre que je n’ai pas accroché, difficile à dire pourquoi, peut-être le sentiment que j’aurais du lire le roman en anglais, ou alors le fait qu’il est si centré sur l’histoire du cinéma muet qu’il manque peut-être à mon gout de réflexion sur l’histoire de l’Inde. Enfin bref, au final un roman qui a des qualités mais qui moi m’a laissé froid.

Generation X

Generation X de Douglas Coupland est considéré par beaucoup comme un roman majeur de la littérature anglo-saxonne. Il dépeint la première génération née après le baby boom (soit dans les années 60 et 70).

Le roman se déroule en Californie à la fin des années quatre-vingt et suit la vie de trois jeunes adultes (deux garçons et une fille entre 20 et 30 ans) vivant de petits boulots et refusant d’entrer dans le système. Le roman, écrit à la première personne par l’un des garçons, suit le parcours de ces membres typiques de la génération x qui oscille entre désenchantement, froide et quasi-cynique lucidité, envie de liberté et marginalisation. Le récit est émaillé d’histoires qu’ils se racontent et qui sont des plongées métaphoriques dans les rêves et aspiration de cette génération.

Au niveau inter-textuelle les bas de pages du roman présente des définitions et des dessins expliquant cette génération. En voici deux exemples :

« Mental Groud Zero: the location where one visualizes oneself during the dropping of the atomic bomb; frequently, a shopping mall. »

« Strangelove reproduction: Having children to make up for the fact that one no longer believes in the future. »

Je n’ai pas aimé ce roman. S’il m’a parfois arraché quelques sourires et que pas mal des définitions proposées en bas de page visent assez juste, j’ai trouvé le portrait brossé de la génération X (à laquelle j’appartiens bien que je sois nés à la fin des années 70) très déprimante. Bien que la génération X soit souvent considérée comme une génération moins chanceuse que la présidente (arrivée sur le marché du travail à la fin des Trente Glorieuses et ayant moins d’opportunités que la génération précédente), je ne suis pas sur que la vision si pessimiste et désenchantée proposée par Coupland soit la bonne. Un roman culte et célèbre certes, mais qui m’aura laissé de marbre.

La tabla de Flandes

Troisième roman écrit par Arturo Pérez-Reverte, en 1990, La Tabla de Flandes était l’un des derniers romans de cet excellent auteur espagnol que je n’avais pas encore lu. Il s’agit d’une histoire d’enquête. Julia une jeune restauratrice de tableau espagnole s’occupe de restaurer « La partie d’échec » du célèbre peintre flamand du XVe siècle Peter Van Huys. En travaillant sur le tableau elle découvre une inscription en latin demandant « Qui a tué le chevalier ? » Afin de répondre à cette question, Julia se lance dans des recherches historiques et s’intéresse à la partie d’échec représentée sur le tableau. Alors qu’elle pense détenir la solution, un meurtre violent et un mystérieux message complique la situation. Julia se retrouve en danger et doit continuer la partie débutée il y a près de 500 ans.

De bonne facture, La Tabla de Flandes est un roman policier et historique bien ficelé. Il ne s’agit par contre, et de loin, du roman le plus abouti d’Arturo Pérez-Reverte. J’ai trouvé qu’il contenait de nombreuses longueurs qui nuisent un peu au plaisir de la lecture. A conseiller au aficionado, du genre ou de l’auteur, les curieux qui veulent découvrir Pérez-Reverte devrait plutôt se tourner vers ses romans plus récent, donc l’excellent Reine du Sud.

Man in the dark

Man in the dark est le dernier roman paru, à ce jour, de Paul Auster. Il est centré sur le personnage de Brill, un octogénaire, cloué par un accident de voiture dans une chaise roulante, et vivant avec sa fille divorcée et sa petite fille qui a perdu il y a peu son petit-amis. Le roman se déroule durant une nuit où Brill est étendu dans sa chambre en pleine obscurité. Afin de conjurer le sommeille et d’éviter de penser à sa femme morte d’un cancer et aux images de la décapitation du petit ami de sa petite fille, il imagine un monde où les attentats du 11 septembre n’ont pas eu lieu et où l’Amérique est en guerre avec elle-même. Le personnage centrale de ses rêveries vient de notre monde et doit y retourner pour éliminer Brill afin de mettre fin à la guerre…

Cette histoire un peu tordue est le prétexte pour plonger dans les interrogations et les doutes d’un homme au crépuscule de sa vie et des doutes et tragédies qui l’ont touchés lui et sa famille. L’écriture de Auster démontre une maitrise de la narration impressionnante et se lit avec facilité et fascination. On retrouve également dans ce roman certaine des obsessions de l’écrivain sur le sens de la vie et sur les interaction entre les personnages de fiction et leur créateur. Si j’ai aimé la lecture de Man in the dark, force est d’admettre qu’une seconde lecture me serait peut-être nécessaire pour en percer une plus grande partie des ses arcanes, une caractéristique « austerinienne » peut-être ?

Ojos azules

Ojos azules est une nouvelle de Pérez-Reverte qui vient de faire l’objet d’une publication sous la forme d’un petit livre illustré (fort joliment d’ailleurs). La nouvelle narre la « noche triste » du 30 juin 1520 lorsque Cortés et ses hommes doivent fuir, de nuit, sous la pluie et poursuivi, la ville de Tenochtitlán. Prenant comme focale un conquistador aux yeux bleus, Pérez-Reverte livre une nouvelle admirablement maitrisée qui, en grand aficionado de l’auteur et des Amériques, m’a conquis.

Le seul bémol que je puisse faire à ma critique est de nature pratique. Le prix de l’ouvrage est bien élevé pour une seule nouvelle. Sa qualité, de mon point de vue, vaut la dépense mais certain trouveront sans doute le rapport qualité/prix comme n’en valant pas la chandelle. Tant pis pour eux !

El materialismo histérico

Ce recueil des courtes nouvelles (maximum 6 pages) de d’écrivain mexicain Xavier Velasco représente un concentré d’humour noir et de cynisme qui épingle le matérialisme effréné de nos sociétés capitalistes.

Ainsi passe dans ces cours textes une personne déprimée qui fait le bisounourse dans les supermarchés, un esprit mort qui cherche revanche, des hommes amoureux qui perdent/gagnent de l’argent suite à cela, une chaine postale vicieuse, un vendeur de rue (et il est insistant il revient cinq fois dans le recueil), des bandits, etc.

Toute les narrateurs des différentes nouvelles s’adresse directement au lecteur et font preuve d’un cynisme poussé. Alors même si ce recueil est plaisant à lire et que quelques nouvelles sont vraiment géniales, il ne me laissera pas un souvenir impérissable. Et je ne le conseillerai qu’au lecteur avide de critique mordante, et parfois confinant à l’absurde, de la logique capitaliste.

Brother, I’m dying

Comme certain sans sont peut-être rendu compte, je suis un fan inconditionnel des écrits d’Edwige Danticat (écrivaine américaine d’origine haïtienne). C’est donc avec une curiosité certaine que je me suis lancé dans la lecture de sa dernière production (paru il y a peu en poche, mais il y a déjà une année en grand format). Et après sa lecture, je dois dire que c’est son livre qui m’a le plus touché et qui m’a laissé en pleure une fois la dernière page tournée.

L’écriture puissant de Danticat n’est pas étrangère à cette montée de larme, mais c’est sans aucun doute le caractère autobiographique, et donc « réel », de Brother, I’m dying qui en est avant tous responsable. Danticat y narre la vie de ses deux pères, le biologique immigrés aux États-Unis dans les années 70 et son oncle avec qui elle a vécu 8 ans en Haïti avant de rejoindre son père biologique. Le point de départ de ce livre est le jour de 2004 où elle a appris sa grossesse et la maladie qui condamnait son père à une mort certaine. A partir de là, Danticate revient sur les moments importants de sa vie, mais surtout c’est la vie de ces deux hommes qu’elle narre, jusqu’à leur issue tragique. Mais c’est aussi à une plongée vertigineuse dans l’histoire tumultueuse et tragique d’Haïti durant les cinquante dernières années que nous invite Brother, I’m dying. Et c’est au travers de l’histoire particulière de sa famille, histoire pourtant semblable à tant d’autres, que cette plongée s’effectue.

Au final donc un grand et beau livre qui vous prends aux tripes et que ne peut laisser indifférent.

The white tiger

The white tiger est un roman indien se déroulant en Inde de nos jours. Le roman est un ensemble de lettre écrite par Balram Halwai au premier ministre chinois qui doit venir en visite officiel en Inde. Balram narre dans ses lettres sa vie et veut lui faire comprendre ce qu’est l’Inde d’aujourd’hui.

L’histoire de Balram est celle d’un Indien de la campagne pauvre et presque illettré qui est passé du statut de chauffeur d’une famille riche à celle de petit entrepreneur, de celle de serviteur à maitre en somme. Évidement cette ascension ne s’est pas faite sans sang et Balram a assassiné son maitre pour en arriver là. Cette assassinat est d’ailleurs le file rouge du roman car s’il ont apprend dès le début, il faut attendre la fin du roman pour savoir comment Balram en est arrivé la.

J’ai bien aimé ce roman qui interroge l’Inde d’aujourd’hui, ces zones de lumière mais surtout ces zones d’ombre. Je pense par contre que si je n’avais pas eu l’occasion de lire et de réfléchir sur d’autres romans indiens, je ne l’aurais peut-être pas autant apprécié.

The brief wondrous life of Oscar Wao

The brief wondrous life of Oscar Wao est un roman improbable qui narre une saga familiale sur trois génération qui s’étend de la République Dominicaine de Trujillo au New York des années 80 et 90. Le roman est improbable car il mélange avec bonheur, ce qui n’était pas gagné, une saga familiale, l’histoire de la République Dominicaine, une touche de réalisme magique et des références geek à foison.

Le roman, dont le narrateur principal (mais pas le seul) est Yunior le personnage centrale de Drown, suit la vie de Oscar Wao, un jeune dominicain né et vivant aux États-Unis, gros, geek en phase terminal, obsédé par les filles mais incapable d’en avoir une seule. C’est que la famille de Oscar a une histoire particulière et transporte avec elle la malédiction du fuku (une chose typiquement dominicaine) depuis l’époque où son grand-père à tous perdu à cause du dictateur Trujillo. Les différents chapitres de The brief wondrous life of Oscar Wao narrent les différents évènements de cette saga familiale en nous plongeant dans les méandres de l’histoire dominicaine contemporaine.

Le tout est écrit avec brio et rythme et est parsemé de références geeks et de notes de bas de page sur la République Dominicaine qui présente avec un ton tout particulier l’histoire du pays. Ainsi, Trujillo est régulièrement comparé à Sauron et ses lieutenants aux spectres de l’anneau, la grand-mère d’Oscar maitrise la Voix des Bene Gesserit, etc. Ce mélange, puisque un peu de réalisme magique/fantastique c’est glissé dans le roman, aurait pu donner un OVNI littéraire indigeste; et bien il n’en ait rien et la lecture de ce livre (dont la gestation à pris onze ans) et un vrai bonheur qui devrait plaire aux geeks comme au amateur de littérature contemporaine de qualité.

The Dutch Courtesan

Comédie urbaine publiée en 1605, The Dutch Courtesan est une pièce vite lue et agréable se déroulant à Londres. Elle suit en parallèle deux histoires qui finissent par, brièvement, se croiser à la fin de la pièce. La première met en prise le jeune Freewill avec une courtisane hollandaise déterminée à ruiner son futur mariage et à atteindre à sa vie. La seconde voit un protestant cupide se faire détrousser à plusieurs reprises par un Londonien audacieux et farceur.

La pièce est constituée de nombreux dialogues savoureux et de péripéties convenues (du moins pour une audience moderne) qui m’ont bien fait rire. Une lecture agréable et rapide qui nécessite quand même un peu de familiarité avec l’anglais shakespearien.