Les aventures d’un tee-shirt dans l’économie globalisée

Les aventures d’un tee-shirt dans l’économie globalisée, écrit par une économiste américaine, suit la trajectoire d’un tee-shirt acheté aux États-Unis depuis le champ de coton jusqu’à sa destruction en passant pas sa fabrication et sa distribution.

Au delà de l’aspect anecdotique de l’histoire d’un tee-shirt, cet ouvrage propose une réflexion sur le fonctionnement de l’économie globalisée. Organisé en quatre parties (correspondant auxquatre grandes étapes de la vie d’un tee-shirt : croissance du coton, fabrication du tee-shirt, distribution du tee-shirt, « recyclage » du tee-shirt), Pietra Rivoli, l’auteure, montre que l’économie globalisée n’est pas tant un lieu où le marché libre règne en maitre, mais plutôt un endroit où les lobies et les politiques créent de la distorsion sans arrêt. Ainsi les acteurs de l’histoire d’un tee-shirt passent plus de temps à tenter de contourner les écueils du marché (l’esclavage pour les besoins de main-d’œuvre, par exemple) qu’à fonctionner selon les théories économiques.

Les aventures d’un tee-shirt dans l’économie globalisée est au final un livre très intéressant qui permet de mieux comprendre le fonctionnement de la globalisation. Les deux seuls reproches qu’on peut peut-être lui porter est d’être très centré sur les USA (le livre y est d’abord paru en anglais) et un certain biais libérale de son auteure.

Jouer avec l’histoire

Jouer avec l’histoire est la première publication d’un petit éditeur associatif qui veut proposer des ouvrages d’analyses et de réflexions sur le jeu de rôle comme loisir. Le première opus, sortit il y a peu, est consacré, comme son nom l’indique, aux liens entre l’histoire (la petite et la grande) et le jeu de rôle. Il propose plusieurs articles de réflexion sur le sujet.

La première partie, sur trois, de l’ouvrage donne la parole à des auteurs de jeux de rôle historique afin qu’ils puissent parler de la genèse et du traitement de l’histoire dans leur jeu. Te Deum pour un massacre, Pavillon Noir et Maléfices ont ainsi le droit à un article.

La seconde partie est consacré à des réflexions sur le jeu en contexte historique. Un article propose des conseils et une analyse de l’écriture d’une campagne historie, un autre discute l’utilisation de la notion de genre afin de type une partie historique et le dernier, plus universitaire, analyse les représentations des rolistes sur le Moyen-Âge.

La troisième, et dernière partie, est consacrée à l’épineuse question des périodes douloureuses de l’histoire en jeu de rôle. Dans les faits, les trois articles se concentrent sur la période de la seconde guerre mondiale. Un article s’interroge sur la manière de traiter, en supplément et en jeu, cette période si chargée, un autre propose une discussion sur les liens entre le Nazisme et le jeu de rôle (avec de gros morceau de pulp à l’intérieur, et le dernier est une réflexion sur la création d’une campagne utilisant le mythe de Cthulhu et se déroulant en 1942.

Au final ce première opus est très intéressant à lire et propose de nombreuses réflexions passionnantes sur ce qui est pour moi plus qu’un hobby, presque une passion. Si je devais faire juste deux reproches à Jouer avec l’histoire, se serait son côté « auberge espagnole » et, sur la dernière partie, une emphase presque exclusive sur la second guerre mondiale. Si mon second reproche se passe, je pense de commentaires, le premier mérite un petit développement. Si les différents articles proposés sont intéressants ils souffrent, à mon sens, d’un dispersement important. Se côtoient un article de type scientifique (dans le ton et sur son sujet), des conseils de maitrise, des réflexions générales sur l’histoire et le jeu de rôle, des réflexions sur la création d’un jeu, ou d’une campagne, spécifique… Mais au final, cela fait également la richesse de l’ouvrage que je ne peux que conseiller aux rolistes qu’un peu de réflexion sur leur loisir interesse. De plus si le premier tome marche bien, un deuxième sur l’horreur sera mis en chantier.

Pour se le procurer vous pouvez tanner votre boutique préférer ou vous rendre sur le site de Pinkerton Press (où un article est en téléchargement gratuit).

Géopolitique de l’alimentation

Ce petit essai (une centaine de page) fait le tours des différents enjeux liés à la géopolitique de l’alimentation. L’auteur, au nom semble-t-il prédestiné (G. Fumey), débute ainsi son ouvrage en abordant l’exemple de la pomme de terre qui en quelques siècle c’est imposée comme un des aliments de base d’une grande partie de la population mondiale. Il poursuit son ouvrage par une discussion sur l’industrialisation de l’alimentation et le formatage des gouts qui en découle. Il conclut par des chapitres sur les politiques agricoles et les marchés de l’alimentation. S’attardant passablement sur les relations dissymétriques Nord/Sud et sur les risques de la monoculture et de la destruction de tissu agricole.

Au final, cet ouvrage me laisse sur un avis très mittigé : le sujet est intéressant et et l’auteur laisse entrevoir des pistes de réflexions passionnantes, mais dans le même temps le format court du livre l’oblige à faire des choix dans les exemples qu’il traite. Et là je ne suis pas sur qu’il aie choisit les exemples les plus à même de me marquer. Finalement, j’ai trouvé le ton de l’ouvrage agaçant, l’auteur oscille sans cesse entre la volonté scientifique d’un chercheur en sciences humaines et le ton pamphlétaire d’un militant engagé qui lutte contre l’industrialisation de l’alimentation et les politiques agricoles des pays du Nord. J’ai donc plus l’impression d’avoir lu un pamphlet éclairé que l’ouvrage scientifique que je recherchais.

De l’inégalité parmi les sociétés

De l’inégalité parmi les sociétés est un volumineux essai du géographe/biologiste américain Jared Diamond tentant de répondre à une question simple (mais dont la réponse est d’une complexité infinie) : pourquoi est-ce les Européens qui ont conquit le monde ? ou, formulé autrement, est-ce que la prédominance occidentale au niveau historique est un hasard de l’histoire ou a-t-elle une origine plus précise ?

Pour répondre à cette question Jared Diamond fait appelle à des éléments que l’on peut qualifier sans peine de déterministes. Il retrace ainsi la prédominance occidentale (càd européenne) à la bio-géographie de l’Eurasie. Il constate en effet que ce gigantesque continent était le mieux à même de permettre l’émergence de sociétés complexes ayant pu se doter, grâce aux surplus alimentaires de l’agriculture et de l’élevage, d’une technologie avancée (écriture, armes, mode de transport, etc.), d’une organisation politique efficace et de germes puissants (et des résistances immunitaires qui vont avec) capables d’exterminer des populations entières.

L’argumentaire de Diamond, grossièrement résumé ci-dessous, est exposé en détail et en prenant soins de justifier ses arguments. Il discute, par exemple, la naissance de l’écriture, la domestication des grands mammifères, les débuts de l’agriculture, la diffusion des idées et inventions etc. et convoque de nombreuses sciences, telles que la géographie, l’anthropologie et la biologie, dans son argumentaire. Il conclut son ouvrage par une réponse nuancée qui est également un plaidoyer pour l’histoire et qui ne fait pas l’impasse sur les problèmes méthodologique soulevé par son approche.

Au final, De l’inégalité parmi les sociétés est un ouvrage exigeant et complet qui propose une réflexion profonde et argumentée sur les déterminants et les tendances lourdes de l’histoire humaine. Un ouvrage donc passionnant mais réservé à un public qui n’est pas rebuté par les longues et minutieuses démonstrations.

La saveur des savoirs

Jean-Pierre Astolfi, avec son livre La saveur des savoirs, propose une réflexion de fond sur les pratiques enseignantes afin de « professionnaliser » d’avantage la profession et redonner la véritable « saveur » des savoirs à la fois aux enseignants mais également aux élèves.

Pour ce faire, il préconise l’utilisation des réflexions les plus récentes en pédagogique et sciences de l’éducation afin afin de redonner sens à l’enseignement, le constructivisme fait partie de ce qu’il faudrait faire. Mais au delà de ce constat, Astolfi construit sa réflexion autours du vocabulaire et des pratiques courantes dans l’enseignement (français). Chaque chapitre de La saveur des savoirs est ainsi consacrée à un aspect de sa réflexion.

Le premier chapitre est ainsi consacré à rappeler l’importance des constructions conceptuelles de chaque discipline dans la formation d’une vision du réel particulière. Astolfi rappelle que la nuance entre un mot du langage courant et son utilisation en tant que concept est fondamentale dans la compréhension d’une discipline. Il milite donc pour l’enseignement des particularité disciplinaire afin de proposer un large éventail de vision du réel aux élèves. Le second chapitre est une déconstruction/reconstruction des principaux concepts de l’enseignement souvent utilisé à tord et à travers. Le but est de doter les enseignant de concepts forts et partagés qui permettent une meilleurs professionnalisation de l’enseignement.

Les deux chapitres suivant sont une discussion du constructivisme dans l’enseignement aujourd’hui et de la manière dont ce dernier permet de redonner de « la saveur aux savoirs » et de replacer le processus d’enseignement dans le temps long. Les trois concepts de « champ-conceptuels », « d’objectifs-obstacles » et de « problèmes et problématisation » sont centraux pour réaliser cet objectifs.

L’ouvrage se conclut par plusieurs chapitres traitant de divers autres aspects de l’enseignement et qui sont des reprises de textes de conférences. Astolfi aborde ainsi l’apprentissage comme spécificité de l’espèce humaine, les liens entre oral et écrit, le savoir de l’information comme discipline, les contrats pédagogiques, sociaux et didactiques, et l’enseignement aux adultes illettrés.

La lecture de La saveur des savoirs me laisse une impression mitigée. D’un côté j’ai trouvé la réflexion brillante et enrichissante, particulièrement celle sur les spécificités disciplinaires et sur la déconstruction/reconstruction des concepts de l’enseignement. A ce titre j’ai l’impression d’être maintenant mieux outillés pour penser ma pratique de l’enseignement. Mais d’un autre côté, cet ouvrage souffre de deux défauts. Le premier, plus marginale, et la faiblesse de ses derniers chapitres , repris de divers conférences, qui me semble un peu parachuté et sans grandes unités de réflexion avec le début de l’ouvrage. Le deuxième, plus important, et qui, j’ai l’impression, est souvent présent dans les réflexions sur le (socio-)constructivisme que j’ai pu côtoyer, est l’absence de propositions pratiques et concrètes pour réaliser les objectifs ambitieux proposés. En effet, il est demandé aux enseignants de redonner la véritable « saveur » de ce qu’ils enseignent, de favoriser l’apprentissage et l’intériorisation des contenus disciplinaires par les élèves, le tout en stimulant leur intérêt (indispensable au point précédant) et en évitant les leçons dites frontales car ces dernières favorisent la passivité des élèves; mais nulles conseils ne sont donnés aux enseignants sur la manière concrète d’atteindre ses objectifs.

Un réflexion enrichissante donc qui me laisse somme tout bien seul au moment de concevoir et exécuter des séquences d’enseignement en classe qui devraient sortir des anciens schémas d’enseignement par trop scolaire.

Storytelling

Storytelling, la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits est un essai brillant sur la manière dont la fabrication d’histoire et les techniques de narration ont envahi le champ de la communication.

Salmon montre et démonte les mécanismes qui font qu’aujourd’hui, et ce depuis les années 90, l’important est de fabriquer des histoires auxquelles le public (l’électeur, le consommateur, etc.) puissent s’identifier et croire. Les conteurs ont ainsi envahi le monde de la communication et ce qui importe ce n’est pas la vérité ou les faits mais la force de l’histoire (re)créée pour l’occasion.

L’essai s’intéresse ainsi aussi bien à l’évolution des marques commerciales, à la communication d’entreprise (le management), à la politique (surtout américaine et un peu française), au journalisme (Fox News), à la propagande politique, et à l’armée. Au travers d’analyses de cas concrets (Enron, Nike, l’élection de Bush fils, les deux guerres en Irak, etc.), Salmon illustre son analyse théorique de façon passionnante.

Un essai en fin de compte qui changera radicalement ma manière de percevoir le monde de la communication contemporain. Mon seul regret au final est que, sortit en 2007, il n’y aie d’analyse de l’élection d’Obama.

Psychologie de l’éducation

Lecture quasi obligatoire de mes études actuels, Psychologie de l’éducation est synthèse présentant les différents courants psychologiques ayant abordé les problèmes de l’éducation (dans le sens d’éducation scolaire).

L’ouvrage aborde ainsi à la fois les courants les plus anciens, tel que l’empirisme et la rationalisme, en passant par les courants humanistes, le behaviorisme, le constructivisme et le cognitivisme. Chaque courant est longuement abordé et discuté.

De manière général, cet ouvrage est complet et bien fait. Au niveau de son contenu j’ai trouvé le dernier tier du livre, celui traitant du constructivisme et du cognitivsme, beaucoup plus intéressant et stimulant que le reste. Il ne n’en reste pas moins qu’il s’agit d’un ouvrage spécialisé qui n’intéressera de loins pas tous le monde.

Voyage aux pays du coton

Lorsque je me suis procuré Voyage aux pays du coton : petit précis de mondialisation d’Erik Orsenna je m’attendais à un ouvrage qui fasse le tour du monde des questions posées par l’utilisation, le commerce et la culture du coton. C’est donc avec une certaine surprise, que j’ai découvert que si Orsenna propose bien un tour du monde du coton (Mali, USA, Brésil, Égypte, Ouzbékistan, Chine et France) c’est tous d’abord un tour du monde de la culture de coton et un tour du monde proche des gens.

Le livre tient en effet plus du récit de voyage et la compilation de nombreuses anecdotes glanées aux près des gens « proche » du coton (agriculteurs, transporteurs, ouvriers, etc.) que de l’enquête journalistique / scientifique truffée de chiffres et de références. La mondialisation abordée ainsi ici est une mondialisation à visage humain. Orsenna s’applique ainsi à révéler l’impacte de cette dernière sur les individus au près des quels il s’est rendu.

La lecture de Voyage aux pays du coton me laisse donc un sentiment partagé. Le livre est admirablement bien écrit et le lecteur se laisse porter par une prose parfaitement maitrisée. J’aurais quand même souhaiter trouver une réflexion plus académique. Mais au final l’ouvrage vaut quand même le temps investit dans sa lecture : la conclusion offre d’ailleurs une réflexion d’ordre éthique et philosophique sur le système actuel qui est très stimulante. Les différents points de vu montre également la vacuité d’un discours simple sur la mondialisation, tant ces effets sur les individus sont multiples et ambigüe. Une lecture humaniste donc qui invite à la réflexion.

How to survive a robot uprising

How to survive a robot uprising, sous titré tips on defending yourself against the coming rebellion, semble sonné un peu comme un gag : un livre, parsemé d’illustrations criardes, qui propose des trucs et des conseils afin de pouvoir se défendre contre une révolte de robots.

Et pourtant, l’auteur de ce guide de survie est un doctorant en robotique et les conseils et explications qu’il donne sont basées sur les connaissances actuelles en robotique. L’écriture humoristique, multipliant les clins d’œil au divers films du genre, permet ainsi découvrir de façon ludique les technologies robotiques actuelles. L’ouvrage discute ainsi des divers formes que peuvent prendre les robots, de leurs manières de percevoir et d’interagir avec le monde, mais aussi des limitations inhérentes à leurs modes de fonctionnement.

Au final la seule vraie critique je ferais à ce petit guide ludique, c’est la présence d’illustrations un peu kitsh qui, si elles plairont sans doute à beaucoup, ne sont pas à mon gout.

La vie après le pétrole

La vie après le pétrole, sous titré « de la pénurie aux énergies nouvelles », est une présentation claire et agréable à lire de la situation du pétrole aujourd’hui.

Écrit par un géologue consultant sur le pétrole et le gaz naturel, ce livre discute, dans sa première partie, du pétrole comme ressource, de la manière dont celui-ci est extrait, transporté et commerciale, ainsi que de la question délicate de la déplétion et du pic de production. Les intérêts variés, et parfois divergeant, des acteurs actifs autour du pétrole sont également pris en compte.

Dans la seconde partie, Wingert, l’auteur, s’intéresse à la période de déclin du pétrole et aux énergies qui seraient susceptible de le remplacer. Il propose ainsi un très (trop à mon gout) bref historique des transitions énergétiques dans l’histoire humaine, et discute des trois aspects fondamentaux de l’après pétrole : les énergies qui pourront prendre sa place (forcément multiple), les stratégies d’économies d’énergie et les changements qui devront être apportés dans l’organisation de nos société.

Cet ouvrage est intéressant et donne une présentation complète qui à le grand avantage d’être synthétique et abordable. A titre personnel, j’ai trouvé la seconde partie un peu légère et tendant, par moment, à des lieux communs. Mais il ne fait aucuns doutes dans mon esprit que ce livre est un très bon ouvrage introductif sur le sujet.