Effondrement

Effondrement, sous-titré comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, est un copieux (un peu moins de 600 pages) essai sur les causes de l’effondrement des sociétés anciennes (île de Pâque, Maya, Viking, etc.), une réflexion sur l’effondrement écologique et social de plusieurs sociétés contemporaine (l’île d’Hispaniola, le Rwanda, la Chine et l’Australie), ainsi qu’une réflexion sur ce que le passé peut apprendre à nos sociétés contemporaines confrontées à des risques écologiques (réchauffement climatique, érosion des sols, sécurités alimentaires, sur-exploitation des ressources, etc.).

L’essai est composé de chapitres théoriques et de portées générales, ainsi que de chapitres détaillant dans le menu des exemples, anciens dans la première partie de l’ouvrage et récents dans la seconde) illustrant le propos de Diamond.

Les exemples de sociétés qui se sont effondrées sont traités en profondeur. Et l’auteur mène une réelle réflexion sur les causes aussi bien environnementales que sociales, économiques et culturelles qui les ont menées à l’effondrement. La question centrale du « pourquoi » est d’ailleurs toujours présentes et traitée d’une manière approfondie en évitant les raccourcis par trop simplistes.

Diamond définit ainsi une grille d’analyse en cinq facteurs (dommages environnementaux, changement climatique, voisins hostiles, partenaires commerciaux amicaux et réponses apportées par une société à ses problèmes environnementaux) où les réponses des sociétés sont toujours un élément fondamental. Il lui aurait été facile de tomber dans le piège du déterminisme; ce n’est néanmoins pas le cas et il montre au contraire que rien n’est décidé à l’avance et que la où certaine société ont échoué d’autres ont réussis. De même que des exemples d’adaptations et de survies face à des problèmes environnementaux sont également proposés et discutés.

Au final, cet essai apporte avec rigueur et recherche des pistes de réflexion pour comprendre et analyser les défis de nos sociétés contemporaines. Une lecture exigeante mais extrêmement enrichissante.

Une brève histoire du climat

Que dire sur cet ouvrage dont le tire résume si bien le contenu : Une brève histoire du climat. Il est bien écrit, présente l’essentiel des informations sur ce que l’on sait de l’évolution du climat, des techniques permettant de connaitre cette évolution et des points principaux qui ressortent lorsqu’on discute de ce sujet.

Il se termine par un tableau chronologique synthétique et une bibliographie bien étoffée. Un ouvrage de vulgarisation cour et bien écrit qui intéressera ceux que ce sujet attire.

Confessions of a part-time sorceress

Ceux qui me connaissent le savent : je suis roliste et fier de l’être ! Ainsi, lorsque j’ai découvert l’existence d’un ouvrage sous-titré « a girl’s guide to the Dungeons & Dragons game » et que, quelques cliques de souris plus tard, j’ai lu plusieurs critiques positives, je me suis dit que cela ferait sans doute une bonne lecture pour un homme. Et je dois dire que je n’ai pas été dessus.
Shelly Mazzanoble propose ici un ouvrage présentant Dungeons & Dragons sur un ton léger et décomplexé. Avec une forte touche de « girl’s power ». Les comparaisons entre le jeu et la réalité sont foison et toujours très « girly » (les armures avec le choix d’un vêtement pour aller à une fête, l’auberge avec une discothèque, etc.). Elle tord également le coup au stéréotype entourant encore trop souvent cet hobby. L’ouvrage en devient ainsi léger, malgré certaines explications parfois assez techniques, drôle et agréable à lire.
Je me dis d’ailleurs que je le ferais bien lire à ma femme et à plusieurs amies (et amis d’ailleurs). Hélas, trois fois hélas, il n’est pas disponible en français (ou en espagnol) ce qui est un handicape majeur pour certaines.
Ceci étant dis, l’ouvrage à quand même quelques défauts, qui, sans être rédhibitoires, mon parfois un peu gêné. Je n’en citerais que deux qui selon moi sont les plus gros, et les principaux :
1) le livre ne parle de D&D (Dungeons & Dragons) et exclusivement de D&D (édition 3/3.5 pour les connaisseurs, mais c’est suffisamment général pour couvrir la quatrième édition). Aucune mention n’est faite de l’existence de nombreux autres jeux de rôle ou d’autres manières de jouer peut-être un peu moins « porte-monstre-trésors ». Ce qui m’amène au défaut numéro 2 :
2) Confessions of a part-time sorceress en fait parfois un peu trop et donne souvent l’impression d’être un pur produit marketing dont le but est de vendre des livres du joueurs et d’attirer une nouvelle clientèle à D&D. Maintenant je suis parfois assez cynique et, objectivement, si c’est peut-être un des buts de ce livre, ce n’est probablement pas le seul.
Au final, donc, une lecture agréable malgré les réserves ci-dessus et qui à le grand mérite de proposer un ouvrage drôle à lire, décomplexé dans son écriture, dirigé à un public féminin et qui permet de faire découvrir en douceur mon hobby favori.

Introduction à la pensée chinoise

De manière générale j’évite de parler des ouvrages théoriques que je lis pour mes études, mais là je suis tombé sur un ouvrage intéressant, bien écrit et relativement facile d’accès : Introduction à la pensée chinoise. Cet ouvrage présente les différentes formes que prend la « philosophie » chinoise. taoïsme, confucianisme, moisme, légisme, bordisme chan ont ainsi le droit à une présentation détaillée de leur naissance, de leurs préceptes et de leur évolution dans l’histoire chinoise.

L’ouvrage discute également de l’existence de la « philosophie chinoise » et des évolutions de la pensée chinoises ces dernières années. L’ensemble du livre est construit au travers de paragraphes répondant aux principales interrogations de chaque école de la pensée chinoise. Le tout est présenté de manière claire, abordable et concise.

Un seul regret néanmoins, l’absence de présentation des spécificité du marxisme/communisme chinois. Un regret qui ne ternit pas l’intérêt de ce livre. Une chose me reste à faire maintenant : trouver l’équivalent pour la pensée indienne.

Comme un roman

Hier, alors que je parlais de ce bouquin, j’ai été pris d’une envie soudaine de le relire. Aussitôt pensé, aussitôt fait ! Et Comme un roman est toujours aussi bon que dans mes souvenirs.

Pennac offre ici à la fois une réflexion sur la lecture et sur ce qu’est « être lecteur », mais également sur la pédagogie et l’école qui, parfois (souvent ?), tue le plaisir de la lecture. Tous cela d’une écriture fluide et agréable. Même si je ne suis pas convaincu à 100% par certaines de ces remarques (notamment sur celle pour redonner le gout à la lecture), ce roman (essaie ?) touche juste. Il n’a, de plus, presque pas vieilli : et si le langage des « jeunes » à changer, il exprime, dans le fond, toujours la même chose : la révolte adolescente et le rejet de ce qui est imposé.

Je ne résiste pas ici de reproduite « Les droits imprescriptibles du lecteur » :

1. Le droit de ne pas lire.
2. Le droit de sauter des pages.
3. Le droit de ne pas finir un livre.
4. Le droit de relire.
5. Le droit de lire n’importe quoi.
6. Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible).
7. Le droit de lire n’importe où.
8. Le droit de grappiller.
9. Le droit de lire à haute voix.
10. Le droit de nous taire.

Espèces d’espaces

Suite à une discussion avec une amie j’ai eu envie de relire ce superbe livre. Georges Perec y dissèque avec bonheur la notion d’espace. De courts chapitres traitent ainsi ses différentes dimensions : de la page d’un livre à la terre entière, en passant par les portes, la rue, la ville, la chambre, le lit, etc. Le tout au travers de réflexions personnelles, de projets de roman, d’actes de mémoires.

Le plus surprenant d’Espèces d’espaces c’est que la réflexion n’est pas élevée et pédante, mais au contraire très terre à terre, à un niveau où l’on a pas l’habitude de penser. Il est ainsi très facile de s’approprier les nombreuses idées simples mais bien pensées de cette essaie. Une lecture rapide, bonne pour la tête et bien pensée sur ce qui après tout est une des dimensions fondamentales de la vie : l’espace.

Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ?

Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ?, sous ce titre provocateur se cache un essai sur la lecture et sur la critique/discussion littéraire. Le postulat de l’auteur, lui même professeur de littérature, est qu’il est légitime et souhaitable de parler d’un livre que l’on n’a pas lu, et que même lorsqu’on lit un livre on n’en conserve que des souvenirs fragmentaires qui dépendent de notre vécu et de nos attentes. En somme, personne n’est capable de parler d’un livre qu’il a lu, car personne n’est capable de lire dans l’absolu un livre.

L’important pour l’auteur est de pouvoir situer un ouvrage par rapport au autre ouvrage, c’est ce qui forme la culture littéraire. Il met égallement en avant que lorsqu’on lit un livre, on le compare continuellement avec notre attente de ce qu’est un livre parfait. En fait lorsqu’on parle d’un livre qu’on a lu, on ne fait que recréer ce livre à l’aune de nos attentes; le livre ainsi discuté se trouve alors à mi-chemin entre le livre lu et notre vision d’un livre parfait.

Bayard nous invite ainsi à une réflexion, appuyée par des exemples littéraires, sur ce qu’est la lecture et ce que sont le commentaire et la critique des livres; il utilise pour cela des concepts tels que ceux de « bibliothèque virtuelle », de « bibliothèque intérieur », de « livre écran », ou encore de « livre fantôme ». Bien que je ne sois pas 100% d’accord avec la totalité de l’argumentation, notamment sur l’encouragement à la non-lecture (mais où est donc le plaisir du livre dans cela), j’ai trouvé la réflexion développée très stimulante et, en partie, décomplexante sur mes capacités d’analyse littéraire à un niveau universitaire.

Homo Disparitus

Étrange question que celle que se pose Alan Weisman : « que deviendrait la terre si l’humanité s’éteignait ? » Étrange question qui appelle de nombreuse réponse. Son essai, Homo Disparitus, examine ainsi le devenir des espèces animales et végétales, mais égallement le devenir de nos bâtiments, de nos centrales nucléaires, bref de nos infrastructure, mais aussi de nos oeuvres d’art, de notre musique, etc sont ainsi tours à tours examinés.

Et les réponses qui se dégagent font parfois un peu froid dans le dos : notre impacte sur notre environnement sera à la fois extrêmement durable (les plastiques et le nucléaire par exemple) et si éphémère (nos villes, nos « arts »).

Mais en même temps que Weisman explore le futur de la terre, il s’interroge égallement sur son passé, se basant en cela sur les théorie des chercheurs et sur les rares zones encore/redevenues sauvages de la planètes (ironiquement les no-mans land laissé par les guerres, frontière entre les deux Corées, résidus du rideau de fer, etc… , mais égallement les sites des grandes catastrophes, comme Tchernobyle). Et au final, il dresse avant tous un vibrant portrait de notre empreinte écologique sur notre environnement. Vraiment passionnant !