Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ?

Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ?, sous ce titre provocateur se cache un essai sur la lecture et sur la critique/discussion littéraire. Le postulat de l’auteur, lui même professeur de littérature, est qu’il est légitime et souhaitable de parler d’un livre que l’on n’a pas lu, et que même lorsqu’on lit un livre on n’en conserve que des souvenirs fragmentaires qui dépendent de notre vécu et de nos attentes. En somme, personne n’est capable de parler d’un livre qu’il a lu, car personne n’est capable de lire dans l’absolu un livre.

L’important pour l’auteur est de pouvoir situer un ouvrage par rapport au autre ouvrage, c’est ce qui forme la culture littéraire. Il met égallement en avant que lorsqu’on lit un livre, on le compare continuellement avec notre attente de ce qu’est un livre parfait. En fait lorsqu’on parle d’un livre qu’on a lu, on ne fait que recréer ce livre à l’aune de nos attentes; le livre ainsi discuté se trouve alors à mi-chemin entre le livre lu et notre vision d’un livre parfait.

Bayard nous invite ainsi à une réflexion, appuyée par des exemples littéraires, sur ce qu’est la lecture et ce que sont le commentaire et la critique des livres; il utilise pour cela des concepts tels que ceux de « bibliothèque virtuelle », de « bibliothèque intérieur », de « livre écran », ou encore de « livre fantôme ». Bien que je ne sois pas 100% d’accord avec la totalité de l’argumentation, notamment sur l’encouragement à la non-lecture (mais où est donc le plaisir du livre dans cela), j’ai trouvé la réflexion développée très stimulante et, en partie, décomplexante sur mes capacités d’analyse littéraire à un niveau universitaire.