Vallée du Carnage de Romain Lucazeau

Alexandre trouve la mort au porte de la Perse, Hannibal conquiert Rome, les vikings s’installent durablement aux Amériques, les hordes de Gengis Khan ne déferlent pas sur l’Europe; de ces différents points de divergence naît une histoire différente de la notre dans laquelle les super-puissances qui aujourd’hui (ou plutôt dans un futur proche du notre) qui domine le monde sont Carthage (et ses valeurs de liberté et démocratie), la Perse (à la royauté hégémonique et conquérante) et les Han (dont les valeurs restent dans l’ombre, mais qui correspond à « notre » Chine).

Voila le contexte « historique » de Vallée du Carnage posé. Le point de départ de l’histoire narrée ? Un siège meurtrier de sept ans devant la cité d’Ecabatane qui devait être conquise en un temps record. Un conflit en l’Occident dominé par Carthage et la Perse décadente. Des technologies aux accents cyberpunk utilisées pour mener le conflit.

La narration en multiple point de vue qui prend à partie le lecteur en le mettant dans la peau du personnage suivi, un monde violent et décadent, une histoire sous forme de tragédie où l’écriture maitrisé et les réflexions morales et philosophiques sont omniprésentes. Tous ces éléments font de Vallée du Carnage un roman fort et prenant.

Je dois admettre que durant ma lecture j’étais un peu gênés en ayant du mal à mettre le doigt sur les raisons de ce sentiment. Ma lecture finit je pense que c’est du à plusieurs éléments. Le premier est la violence et l’immoralité des sociétés décrites, le second est l’impression que le lecteur est avant tous plongé « au cœur du mal » et que la société sensément plus civilisée de l’Occident carthaginois est somme toute peut décrite, et finalement sans doute le parallèle fort, et à mon avis inévitable, avec la guerre en Ukraine qui me met mal à l’aise.

Mais, mes divers réticences ne doivent pas occulter le fait que Vallée du Carnage est un putain de bon roman.