La morsure de la passion

Il y a des moments dans la vie où, à des heures tardives et à moitié, pour ne pas dire totalement, bourré, on fait entre amis des paris stupides que l’on met ensuite un point d’honneur à assumer. Les raisons qui m’ont poussé à lire La morsure de la passion, un roman de la collection nocturne d’harlequin disponible en téléchargement gratuit, sont moins dégradantes : ne pas laisser Gromovar être le seul mâle dans un challenge féminin douteux !

C’est donc armé de courage, et d’une assez grande appréhension, que je me suis attaqué à ce roman fleurant bon la « Bit-Litt ». J’ai donc suivi les aventures d’un vampire qui, ayant survécu à une attaque par une sorcière (du type dont une simple goutte de sang tue un vampire aussi surement que le soleil), se rend chez elle pour se venger et, victime d’une potion d’amour, devient son amant. Gagnant au passage, grâce à la « magie du sang et du sexe » de nombreux pouvoir. On va, outre un vampire et une sorcière, passé dans le roman pèle-mèl d’autres vampires, des garous et le diable (ce dernier n’étant pas étranger aux mésaventures du vampire et de la sorcière.

Le monde décrit par le roman fleure bon le Monde des Ténèbres et, à défaut d’être original, se tient. La lecture du roman est rapide et bien que n’étant pas d’une grande qualité littéraire, il est bien écrit et agréable à lire. L’histoire contient son lot de scène de sexe, mais elles ne sont jamais crues ou « hors-normes » (comme chez Anita Blake par exemple). La narration se centre avant tous sur les discussions et états d’âme du vampire et de la sorcière; c’est même le coeur de l’intrigue et du roman.

Ma lecture terminée, je me dois d’être honnête. S’il pourrait être de bon ton de se moquer des romans à l’eau de rose, je préfère me rappeler que les littératures de genre (dont la science fiction « sens large » fait partie) ont toujours eu à subir les critiques de la Littérature. Et, donc, à cette aune ci, La morsure de la passion est meilleur que ce que je m’attendais à lire ?le coup de filtre d’amour et des plans du diable m’ont même fait rire). J’ai lu nombre de romans de Fantasy, par exemple, reposant également sur des clichés vus cent fois et à l’intrigue téléphonée; et parfois nettement moins bien écrit/traduit !

2084: An Oral History of the Great Warming

Lorsqu’un docteur en géochimie du MIT spécialiste du réchauffement climatique, James Powell, décide d’écrire un roman présentant les conséquences de nos actions sur le climat, et de là donc sur nous même, cela donne 2084: An Oral History of the Great Warming.
Le roman, disponible uniquement en format électronique sur Kindle, se présente sous la forme d’un recueil d’entretiens, conduits en 2084, au près de personnalités clefs sur l’ensemble de la planète. Il s’agit pour le journaliste réalisant ces entretiens de comprendre à la fois comment l’homme a pu détruire son climat, mais également de quelles manières cela a affecté l’humanité.
C’est ainsi, par petite touche, une histoire du monde du 21e siècle qui se dessine : le déclin, puis la disparition de l’ONU, les guerres climatiques (pour l’eau mais également pour les terres arables) entre Israël et ses voisins, les États-Unis et le Canada, l’Inde et le Pakistan (nucléaire celle-ci), la montée des océans, la disparition de la forêt amazonienne et de la banquise, la montée du fascisme dans le monde (et aux États-Unis), etc.
Le portait du monde en 2084 que Powell dresse est sombre : l’humanité n’a pas su faire face au défis du réchauffement climatique et celui-ci a été beaucoup plus prononcé que « prévu ». Quelque part c’est ce qui, au premier abord, m’a le plus dérangé dans le texte : le sentiment que l’humanité se montre dans son jour le plus sombre, mais, dans un second temps et après réflexion, je me demande si Powell n’a malheureusement pas raison. L’humanité semble incapable de prendre la mesure du risque du changement climatique. Les pires scénarios prévus par les scientifiques sont sans doute ceux qui se réaliseront.  L’humanité ne disparaitra pas mais la vie sera sans doute plus dur. Je n’arrive néanmoins pas à être aussi pessimiste que Powell et j’ai fois qu’une partie de ses prédictions ne se réaliseront pas (mais ne suis-je pas aveugle ?).
Dans tous les cas un roman salutaire que tous devrait lire.
Lu dans le cadre du challenge fin du monde.

From A Whisper To A Scream

Second livre, chronologiquement parlant, se déroulant dans la ville de Newford (mais premier où le nom de la ville apparait), From A Whisper To A Scream est l’un des quelques livres de la série a être plus sombre.
Il suit la trajectoire de plusieurs personnages (un policier d’origine indienne, un photographe de presse, une « fugueuse », un mafiosi irlandais) confronté à un esprit d’un pédophile tueur revenant d’outre tombe pour venger sa mort et retrouver sa fille qu’il abusait. Le récit est sombre, mais avec de nombreuses lueurs d’espoirs. Il est bien écrit et reprend des thèmes chère à De Lint : le mélange des cultures (ici vaudou et shamanisme indien se croisent), la vengeance, l’identité, l’entraide… La ville de Newford se dévoile peu à peu, et apparaisse deux « quartiers » emblématiques de la ville : la réserve indienne et le quartier pauvre/abandonné des « Tombs ».
Pas un grand roman, From A Whisper To A Scream est néanmoins agréable à lire et prenant.

Reading and writing along the borderlands

Reading and writing along the borderlans est un recueil de textes de l’écrivain américain Michael Chabon. Il s’agit d’une dizaine de textes pouvant se classer en deux catégories : des analyses de textes précis et des réflexions sur l’écriture. Les différents essais de Chabon traitent tous, à des degrés divers, de la littérature de « genre ». Dans ce sens, ils sont intéressants car ils posent un regard réfléchi sur une littérature souvent décriées dans les milieux académiques et intellectuels. L’écriture de Chabon est de plus agréable à lire et ses réflexions bien argumentées et réfléchies.
Sans rentrer dans le détail de chaque texte, on trouve dans ce recueil des réflexions sur l’écriture, sur la littérature de genre, des réflexions sur le fait d’être juif et écrivain, des analyses de comics, de Sherlock Holmes, du roman La Route, du roman American Flags, etc.
A titre personnel, deux textes m’ont plus marqué :
  • « Trickster in a suit of lights » : une réflexion sur la littérature dite de « genre » et sur son importance. Chabon propose une démonstration magistrale qui montre que nombres d’œuvres ne sont pas classable dans la littérature blanche ou de genre, mais se situe à la frontière entre elles.
  • « Fan fictions: on Sherlock Holmes » : est une analyse intéressante des aventures du célèbre détective qui devient, dans sa conclusion, un plaidoyer pour les « fan-fiction ».
Un recueil au final très intéressant, même si le fait de ne pas avoir lu plusieurs des oeuvres analysées a nuit un peu à ma lecture.

The Dreaming Place

J’ai, depuis quelques années, l’envie de lire l’intégralité des ouvrages de Charles de Lint se déroulant dans la ville imaginaire de Newford. La liste présente sur son site Internet indique que The Dreaming Place est le première ouvrage, chronologiquement parlant, à se dérouler dans la ville. J’ai donc décider de commencer par ici.
Bien que « Newford » ne soit jamais mentionné, certains lieux et personnages se situe clairement dans la ville. L’histoire est somme toute assez simple et m’a donné un fort sentiment de déjà vu; le roman étant écrit avant le reste de la série, il contient en germe les différents éléments qui reviennent régulièrement dans le cycle : monde des esprits, manitous, personnages « dans les marges » initiées, etc.
L’histoire est écrite pour des ados (YA en anglais), Nina et Ash (dont le point de vu de chacune occupe un chapitre sur deux) sont deux cousines de 16 ans nées de mères jumelles. Ash vis chez Nina car sa mère est morte il y a déjà trois ans. Alors que Nina est une ado un peu nerd, ayant de bonnes notes en classe et respectueuse de ses parents, Ash est la rebelle toujours en colère. Mais voila, un beau jours un esprit de l’hiver, attiré par Ash, veut prendre Nina. Nina, dans notre monde, et Ash, dans le monde spirituel, auront fort à faire pour se sauver l’une l’autre.
Le roman est vite lu, mais me fait plus penser à un sympathique brouillon d’histoire plus complexe à venir.

The Windup Girl

The Windup Girl se déroule en Thaïlande au (selon Wikipedia) 23em siècle. Notre ère du pétrole facile, connu sous le nom « d’expansion », est finie, et l’énergie nécessaire au fonctionnement des sociétés, rare , est produite au travers de l’ingénierie génétique (des sortes d’éléphants géants faisant tournés des dynamos, piles). Les manipulations génétiques des « callories company » ont libéré des virus et des plantes OGM qui ont éradiqué la nature telle que nous la connaissons aujourd’hui.

C’est dans ce contexte, dans la capital d’un royaume thaï toujours souverain grâce à une précieuse banque de semence, que le roman propose de suivre quatre personnages dont les actions vont profondément modifié l’équilibre du royaume. Cet équilibre est un jeu dangereux entre le royaumes et les « callories company » et, à l’interne, le palais et les ministères de l’environnement et du commerce. Les quatre personnages sont: un représentant des « callories company », un réfugié chinois, une membre du ministère de l’environnement au loyauté croisée et une « Windup Girl », une humaine OGM d’origine japonaise programmée pour servir.

Le roman est complexe mais propose une vision intéressante, mais terrifiante, du futur. En plaçant son roman en Asie, Bacigalupi présente également un seting inhabituelle dans les romans d’anticipation anglophone. The Windup Girl a gagné un prix Hugo amplement mérité.

Gromovar a également beaucoup aimé !

Lu dans le cadre du challenge fin du monde.

The Old Man and the Wasteland

The Old Man and the Wasteland de Nick Cole est un roman post-apocalyptique qui est également un hommage au roman d’Hemingway Le vieil homme et la mer.

États-Unis, Arizona, dans un futur pas trop lointain : cela fait quarante ans que les États-Unis ont été victime d’une attaque nucléaire de grande envergure qui a détruit la civilisation tel que nous la connaissons. Le Vieil Homme avait une trentaine d’année alors, il vit maintenant dans une petite communauté de survivants pratiquant la récupération d’objets d’avant. Le Vieil Homme était bon à cela, mais plus maintenant, afin de faire tourner sa chance il part seul ver l’Est, la direction « maudite ». Dans son trajet en solitaire, il affrontera la faim, la soif, la fatigue, les bêtes sauvages, d’autres hommes pour, peut-être, trouver son « espadon ».

Roman très bien écrit, The Old Man and the Wasteland est une très bonne surprise. L’univers construit par Nick Cole se tient et son personnage affronte, comme celui d’Hemingway, la « nature » hostile de la « fin du monde. » Si on ajoute que la version électronique (Kindle) du roman coute la faramineuse somme de 1.28$ sur Amazon, je ne vois aucune raison de ne pas lire ce roman…

Lu dans le cadre du challenge fin du monde

After the Apocalypse

After the Apocalypse est un recueil de dix nouvelles de Maureen F. McHugh qui, comme son titre l’indique, propose dix regards sur la vie d’hommes et de femmes après (ou pendant) un événement de porte apocalyptique.


Proposant un point de vu humain, chaque nouvelle suit un ou plusieurs personnages devant « faire face », les différentes nouvelles de ce recueil sont de bonnes factures et proposent plusieurs types d’apocalypse : IA, Zombie, bombes salles, dépressions économiques, épidémies, …


Sans rentrer dans le détail des dix nouvelles, quelques unes m’ont d’avantage marquées :


Special Economics se passe dans une Chine ayant perdu une partie importante de sa population suite à un virus. La nouvelle propose une plongée dans l’univers des travailleurs à la chaines « esclavisés » par un système de dettes.


The Lost boy : a reporter at large est pour moi la meilleure nouvelle du recueil. Un journaliste écrit la vie d’un jeune garçon victime d’un syndrome d’amnésie avec développement d’une nouvelle personnalité suite à l’explosion de plusieurs bombes atomiques aux USA.


After the Apocalypse décrit la « cavale » vers le Canada de survivant d’un effondrement totale de l’économie et la société américaine.


Au final donc un excellent recueil que je ne peux que conseiller.

Lu dans le cadre du challenge fin du monde.


Fleurs de Dragon

Roman « young adult », Fleurs de Dragon est paru dans la collection d’histoire policière Gulf Stream dont j’ai découvert l’existence il y a peu. Jérôme Noirez plonge le lecteur dans le japon de la fin du XVème siècle pour une enquête de Ryôsaku, un enquêteur au service du Shogunat.

Celui-ci est chargé d’enquête sur de mystérieuses morts de samouraïs au travers du Japon. Flanqué de trois jeunes samouraïs comme garde du corps, Ryôsaku ayant en effet renoncé au port du sabre, l’enquêteur va se lancer sur la trace de dangereux moines qui planifient une sombre vengeance.

Fleurs de Dragon est un roman agréable et facile à lire qui distille une ambiance de films de sabre tout à fait sympathique. Je vais sans doute sous peu m’attaquer à la seconde, et suite de volume, enquête de Ryôsaku.

Les Princes marchands

Cycle de six tomes, ou plutôt long roman de six tomes (dont les deux derniers  n’ont pas encor été traduits en français) car, en effet, chaque tome débute là où se termine le précédent, les Princes marchands de Charles Stross reprend l’idée de base du cycle des Princes d’Ambre de Zelazny : une (ici six) famille dont les membres sont dotés de la capacité, en regardant le dessin d’un nœud particulier, de voyage entre les mondes. Comme dans les Princes d’Ambre, les familles se livrent un jeu politique complexe et dangereux. Mais contrairement aux Princes d’Ambre qui propose une saga s’étendant sur des milliers (pour ne pas dire des millions) de monde et avec des individus au statu quasi divin, Stross propose une histoire au dimension plus modeste et avec un « réalisme » plus fort.
Les Princes marchands débute lorsque Miriam, une journaliste trentenaire aux États-Unis, adoptée, découvre qu’elle fait en fait partie d’une famille de marchands inter-dimensionnels.  Ces derniers sont originaire d’un monde médiévale où ils sont de nouveaux nobles vendant leur service au pouvoir en place : ils transfèrent ainsi rapidement des courriers et de petits objets de valeur en passant par notre monde et ils transportent de la drogue en passant par le leur.
Miriam se retrouve plongé dans les intrigues du Clan (comme les familles se font appelées) et tente maladroitement de changer la situation. Son arrivée donne le coup d’envoi de modification profonde du clan. Ainsi, durant les six tomes, un nouveau monde est découvert, le gouvernement américain découvre l’existence du Clan, des révolutions éclatent dans le monde du clan et dans le nouveau monde (une monarchie victorienne avec une technologie du début du vingtième siècle). C’est ainsi la survie du Clan et de Miriam qui se trouve au centre des intrigues.
Le cycle a un côté feuilletonesque par toujours agréable; cela ne m’a néanmoins pas empêcher de le dévorer et de tourner les pages fasciné par l’histoire qui se présente. Mais au delà de la première impression, le cycle des Princes marchands me parait intéressant sur plusieurs points. Ainsi, contrairement à ma première impression, l’héroïne n’est pas toute puissante et si son arrivée provoque bien des changements, elle est avant tous un pion, important certes mais un pion quand même, sur l’échiquier d’une partie jouée par des intrigants beaucoup plus compétents qu’elle même. La réaction du gouvernement américain face à la menace représenté par le Clan est également à la hauteur de la paranoïa post-11 septembre (et si c’est jouissif à lire ce n’est pas beau à voir). Finalement, Stross propose également une réflexion sur les liens économique entre plusieurs mondes au niveau de développement différents que j’ai trouvé intéressante.
Au final, si le cycle des Princes marchands n’est pas la révélation de l’année, il reste néanmoins une lecture divertissante, agréable et une bonne variation sur les thématiques déjà abordée par les Princes d’Ambre.