Les Princes marchands

Cycle de six tomes, ou plutôt long roman de six tomes (dont les deux derniers  n’ont pas encor été traduits en français) car, en effet, chaque tome débute là où se termine le précédent, les Princes marchands de Charles Stross reprend l’idée de base du cycle des Princes d’Ambre de Zelazny : une (ici six) famille dont les membres sont dotés de la capacité, en regardant le dessin d’un nœud particulier, de voyage entre les mondes. Comme dans les Princes d’Ambre, les familles se livrent un jeu politique complexe et dangereux. Mais contrairement aux Princes d’Ambre qui propose une saga s’étendant sur des milliers (pour ne pas dire des millions) de monde et avec des individus au statu quasi divin, Stross propose une histoire au dimension plus modeste et avec un « réalisme » plus fort.
Les Princes marchands débute lorsque Miriam, une journaliste trentenaire aux États-Unis, adoptée, découvre qu’elle fait en fait partie d’une famille de marchands inter-dimensionnels.  Ces derniers sont originaire d’un monde médiévale où ils sont de nouveaux nobles vendant leur service au pouvoir en place : ils transfèrent ainsi rapidement des courriers et de petits objets de valeur en passant par notre monde et ils transportent de la drogue en passant par le leur.
Miriam se retrouve plongé dans les intrigues du Clan (comme les familles se font appelées) et tente maladroitement de changer la situation. Son arrivée donne le coup d’envoi de modification profonde du clan. Ainsi, durant les six tomes, un nouveau monde est découvert, le gouvernement américain découvre l’existence du Clan, des révolutions éclatent dans le monde du clan et dans le nouveau monde (une monarchie victorienne avec une technologie du début du vingtième siècle). C’est ainsi la survie du Clan et de Miriam qui se trouve au centre des intrigues.
Le cycle a un côté feuilletonesque par toujours agréable; cela ne m’a néanmoins pas empêcher de le dévorer et de tourner les pages fasciné par l’histoire qui se présente. Mais au delà de la première impression, le cycle des Princes marchands me parait intéressant sur plusieurs points. Ainsi, contrairement à ma première impression, l’héroïne n’est pas toute puissante et si son arrivée provoque bien des changements, elle est avant tous un pion, important certes mais un pion quand même, sur l’échiquier d’une partie jouée par des intrigants beaucoup plus compétents qu’elle même. La réaction du gouvernement américain face à la menace représenté par le Clan est également à la hauteur de la paranoïa post-11 septembre (et si c’est jouissif à lire ce n’est pas beau à voir). Finalement, Stross propose également une réflexion sur les liens économique entre plusieurs mondes au niveau de développement différents que j’ai trouvé intéressante.
Au final, si le cycle des Princes marchands n’est pas la révélation de l’année, il reste néanmoins une lecture divertissante, agréable et une bonne variation sur les thématiques déjà abordée par les Princes d’Ambre.