Lágrimas en la lluvia

Lágrimas en la lluvia (Des larmes sous la pluie dans sa traduction français) est un roman, se déroulant à Madrid en 2109, inspiré, et hommage, à Blade Runer.
L’humanité a évolué technologiquement au point de pouvoir effectuer des téléportations sur de longues distances (mais au risque de mutation génétique radical, voir mortel) et a pu ainsi rentrer en contact avec des extraterrestres, exploiter les ressources d’autres planètes, créer deux stations indépendantes dans l ‘espace (deux sociétés aux idéologies opposées et extrémistes) et développer des répliquant (les réps), des humains améliorés créés en laboratoire, né adulte et avec une espérance de vie d’une dizaine d’année.
Bruna Husky est une répliquante de combat vivant à Madrid et travaillant comme détective privée. Après qu’une autre répliquante, délirante, ait essayé de la tuer, Bruna est engagée par le mouvement pro-rép afin d’enquêter sur des répliquants ayant perdu l’esprit et s’étant lancer dans des meurtres gratuits. La source de cette folie semblant se trouver dans des mémoires illicites (que certains reps s’injectent afin d’avoir l’impression de vivre plusieurs vies). Débute alors pour Bruna une enquête compliquée qui la mènera jusqu’à devoir enquêter sur les suprématistes humains alors qu’un climat de terreur et de haine s’installe peu à peu sur la ville.
 
Roman hommage, Lágrimas en la lluvia est bien écrit mais où regrette sa longueur et le côté fourre-tout du monde imaginé par Rosa Montero qui mélange un peu trop de thématique à mon goût.

Slade House

Court roman se déroulant dans le même univers que The Bone Clocks, Slade House se présente sous la forme de cinq récits, écrit à la première personne, et espacés chacun de neuf ans (le premier en 1979 et le dernier en 2015) se déroulant au tours de la propriété de Slade House.
Cette maison de Londres à la particularité d’être habité par un frère et une sœur qui pour maintenir leur immortalité doivent sacrifier une victime chaque neuf ans. Les différents récits composant le roman narre le destin de chacune des victimes au moment de leur « prise de contact » avec Slade House.
Slade House est un roman bien écrit à mi chemin entre le fantastique et l’horreur (bien que ce dernier point soit surtout pour les personnages du roman et pas vraiment pour le lecteur). Il propose une histoire intéressante qui complète agréablement, et avec des enjeux moins grands, The Bone Clocks. L’écriture à la première personne permet de plus au livre audio (le format dans lequel j’ai lu le roman) d’être vraiment très immersif. Comme tous les romans de David Mitchel de nombreux clin d’œil sont fait à ces autres livres.
Bref Slade House est à conseillé à ceux qui veulent découvrir David Mitchel en douceur (le roman n’est pas gros, les enjeux relativement simple mais la richesse des personnages est propre à Mitchel) où à ceux qui ont apprécié The Bone Clocks et en veulent encore un peu plus.

Half a Crown

Troisième, et dernier, tome de la série du « Subtile Changement » (et qui sortira cette année en français chez Lune d’Encre), Half a Crown s’éloigne un peu des deux premiers tomes dans le sens qu’il ne s’agit plus d’une enquête policière et que l’action se déroule dans les années 60 (soit une dizaine d’année après les événements des deux volumes précédant).
Suivant la structure établi pour la série Half a Crown alterne une narration à la première personne, ici Elvira, une jeune fille de 18 ans, pupille de Carmichael, sur le point d’être présentée à la Reine et de faire ses débuts dans « le monde » et une narration à la troisième personne qui suit Carmichael, devenu chef de « The Watch », une gestapo à l’anglaise.
Carmichael a monté une cabale à l’intérieur de son organisation afin d’exfiltrer, discrètement, une partie des juifs arrêtés durant les dix années depuis qu’il est à la tête de l’organisation. Alors que le roman débute, il a fort à faire avec l’organisation d’une conférence de paix à Londres qui réunit, notamment, l’Allemagne Nazies, le Japon et le Royaume-Uni pour discuter du futur du monde alors que le Japon et l’Allemagne se partagent les restes de l’URSS qui a perdu sa longue guerre.
Elvira, quant à elle, doit être présentée devant la Reine dans peu de temps, elle se rend avec une amie et son soupirant à un rallye fasciste qui tourne mal suite à une émeute provoqué par des agitateurs qui veulent la démission du Premier Ministre jugé trop mous. Arrêtée, elle est conduite en prison et évite la déportation grâce à l’intervention de son oncle (et ce bien qu’elle soit innocente).
Alors qu’un complot fomenté par l’ex roi qui avait du abdiqué est mis en mouvement, les ennemis « politiques » de Carmichael utilise Elvira pour tenter de lui nuire. Débute alors un jeu dangereux qui risque de couter beaucoup à l’ex-inspecteur.
Prenant à bras le corps son uchronie, Jo Walton traite directement de ce qu’implique la vie sous un régime fasciste/totalitaire, du prix de la résistance et propose une fin légèrement optimiste (ce qui lui a été reproché) à sa trilogie. Bien qu’à mon avis un cran au dessous des deux autres romans du cycle, Half a Crown ne reste pas moins une fin brillante pour une trilogie indispensable.

Hamlet au paradis

Second volume de la trilogie du Subtile Changement, Hamlet au paradis (que j’ai écouté en VO) se déroule peu de temps après le premier tome. L’action se déroule toujours en 1949 dans un Royaume-Unis qui a fait la paix avec Hitler en 1940, écartant Churchil et sa clique du pouvoir. L’Europe est ainsi contrôlée en grande partie par l’Allemagne nazie qui est toujours en guerre avec la Russie de Staline, alors que les États-Unis ne sont jamais entré en guerre et vivent repliés sur eux-même.
C’est donc dans un Royaume-Unis où le fascisme monte peu à peu en puissant que l’inspecteur Carmichael se retrouve à enquêter sur la mort d’une actrice reconnue qui s’est fait exploser chez elle, avec un inconnu, alors qu’elle fabriquait une bombe. L’enquête de Carmichael occupe un chapitre sur deux alors que les autres suit Viola Lark, une jeune femme issue de l’aristocratie mais qui est devenu actrice de théâtre. Viola Lark a une famille un peu particulière, ayant plusieurs sœurs, l’une d’elle a épousé Himmler alors qu’une autre s’est tournée vers le communisme.
Alors qu’elle vient d’accepter le rôle de Hamlet dans une version « inversée » de la pièce, elle est contactée par sa sœur communiste qui va la forcer à rejoindre une conspiration. En effet, lors de la première de Hamlet, le premier ministre et Hitler, en visite diplomatique à Londre, doivent assister à la pièce; une occasion en or de les éliminer grâce à une bombe.
L’enquête de l’inspecteur Carmichael et le récit de Viola Lark, manipulée au début puis de plus en plus consentante, vont donc naturellement se rejoindre. 
 Hamlet au paradis est un excellent roman qui, au delà d’une intrigue passionnante, dépeint avec finesse une société où la montée du fascisme touche tous les citoyens. Jo Walton donne vie à des personnages qui ne sont ni tous noir, ni tous blanc ce qui renforce la puissance de son récit.
Clairement Hamlet au paradis réussit le tours de force d’être, à mon avis, encore supérieur au premier tome de la série.

Nous allons tous très bien, merci

A force de voir pas mal de blogueurs lire Nous allons tous très bien, merci de Daryl Gregory, j’ai décidé de m’y attaquer également, en version original (c’est-à-dire en anglais).
Bien m’en a pris car j’ai découvert un court roman assez glaçant où le fantastique est quelques choses à la fois de fascinant et de dangereux et où les héros sont surtout des survivants fortement traumatisés.
Nous allons tous très bien, merci débute comme un roman de mystère psychologie : La psychothérapeute Jan Sayer réunit plus survivants pour un groupe de parole. Chaque personne, dont le roman adopte le point de vue, en changeant régulièrement, fait donc la connaissance des autres membres du groupe : Harrison, le chasseur de monstres, qui a été le héro d’une série de romans supposément basés sur des faits réels., Stan, le vielle homme en chaise roulante seul survivant d’un groupe de jeunes victime d’une famille de cannibales, Barbara dont les os ont été sculptés par un malade mentale, Martin un jeune homme qui ne quitte jamais ses lunettes de réalités virtuelles qui lui montre la face obscure de notre réalité, et Greta la jeune femme entièrement scarifiée.
Ce qui commence comme un groupe de thérapie où le lecteur ne sait pas vraiment si les patients sont sains d’esprit ou perdus dans leurs délires, se transforme peu à peu, à mesure que les histoires de chacun se dévoilent, en une vision sombre de notre monde où les créatures de l’autre côté du voile ne sont jamais loins.
 Nous allons tous très bien, merci c’est un peu la cabane dans les bois : un roman qui utilise les codes du fantastiques/horreurs pour mener son lecteur. C’est aussi un roman qui pose la question de l’après. Chacun des personnages du groupe de soutient est le survivant d’une histoire fantastique, le roman cherche à savoir ce que ceux-ci deviennent une fois le mot « fin ». Changés, traumatisés ils sont à la fois des victimes qui ne savent plus vivre normalement et les seuls témoins de l’horreur qui rôde au porte de la rationalité.
Un roman puissant qui m’a pris au tripe et au cerveau.

Le dernier Vodianoï

Roman d’Urban Fantasy se déroulant dans l’URSS de Staline, Le dernier Vodianoï suit l’histoire de Ilya Krasnov.
Ce jeune homme, dont le frère a fuit afin d’éviter d’être capturé pour ses poèmes bourgeois, est membre d’une agence secrète : la Komspetssov. Armés de redoutable pistolets fabriqués par Tesla et les connaissances du prisonnier Raspoutine, ces armes sont à même d’éliminer les créatures magiques venus de l’ancien temps rétrogrades. Ilya Krasnov, et ses collègues, sont donc des liquidateurs chargés d’éliminer toutes traces des créatures des mythes et légendes russes.
Dans un climat où toutes phrases suspectes peut mener à l’arrestation et à la déportation, la lutte contre les créatures magiques est en train d’être gagnée par l’URSS : les cours féeriques sont toutes tombées à l’exceptions de celle du Diable (que l’on ne verra sommes toutes que peu dans ce roman) et de celle du roi Vodianoï protégée par sa localisation dans le monde des fées.
Ilya Krasnov va passer du statut de liquidateur compétent à celui d’homme traqué puis de traitre à l’URSS changeant par là même le destin des créatures des mythes et légendes russes….
 Le dernier Vodianoï est un très bon roman que j’ai pris grand plaisir à lire; grand fan d’Urban Fantasy je ne peux qu’approuver lorsqu’un roman de cette qualité arrive sur les étales, et quand de plus il prend un angle original ce n’en est que plus agréable.

Le cercle de Farthing

Roman policier se déroulant en 1949, Le cercle de Farthing suit l’enquête de l’inspecteur Carmichael qui cherche le meurtrier de Sir James Thirkie retrouvé dans son lit, poignardé, barbouillé de rouge à lèvre et avec une étoile juive sur le torse. Le meurtre ayant eu lieu dans la résidence de campagne dit de « Farthing » où sont réunis nobles et membres de la bonne société, proche du sommet de l’état, et ce peu de temps avant un vote important à la chambre des lords.
L’enquête de l’inspecteur Carmichael est entrecoupé d’extrait du journal de Lucy, la fille des maitres des lieux qui s’est mariée avec un banquier juif, au grand déplaisir de sa mère, qui se retrouve le suspect idéal, bien que l’inspecteur Carmichael ait des doutes.
Ce qu’il faut savoir c’est que Le cercle de Farthing est également une uchronie dont le point de divergence est le traité de paix signé, grâce au travail de James Thirkie, en 1941 entre le Royaume- Uni et l’Allemagne Nazi. Hitler est donc toujours au pouvoir en Allemagne, la guerre avec l’URSS est encore en cours et les Etats-Unis ne sont jamais entré en guerre.
Dans ce contexte, l’anti-sémitisme et l’anti-bolchévisme sont fort au Royaume-Uni également et la présence d’un juif que tous semble désigné comme le coupable vaut quasiment preuve de sa véritable culpabilité.
Le cercle de Farthing propose une enquête policière aux ramifications politiques importantes, dans une uchronie fascinante et à la fin amer. Le tout est servi par l’écriture de qualité de Jo Walton qui sait également placer l’humain au centre de ses romans.

Techno Faerie

Roman d’urban fantasy composé d’une douzaine de nouvelles, pour la plupart inédites, écrites entre 2004 et 2015, Techno Faerie raconte la rencontre entre l’humanité et la Faerie qui s’était retiré sous la Coline loin des hommes. Les Fays ayant évolué et rejeté, pour la plupart, les anciennes traditions, elles ont accepté nos technologies et les ont modernisées et optimisées avec leur magie.
Les différents textes/chapitres oscillent entre le point de vu des Fays et celui des humains. Des personnages récurrents, tel Arthur Passeur, l’humain qui a passé le plus de temps à côtoyer les Fays, se glissent de textes en textes dans le roman. 
Allant des premiers contacts sur Terre à l’âge de l’exploration spatiale, en passant par les grands événements qui ont modifié notre monde, Techno Faerie est un roman que j’ai pris grand plaisir à lire et qui propose une Urban Fantasy intelligente. Le roman touche, tour à tour, au question de l’altérité, du devenir écologique de la planète et offre un miroir au lecteur dans la figure de Arthur Passeur, adolescent rebelle fan de science-fiction qui devient le trait d’union entre les Fays et l’humanité.
Bien sur il est toujours possible de faire quelques reproches au roman dont les différents chapitres manquent parfois un peu de liant, mais que cela ne soit pas une raison pour bouder Techno Faerie qui propose un type de texte trop rare dans les littératures de l’imaginaire francophone.
Un mot finalement sur le livre lui même, après le roman lui même, une petite moitié de l’ouvrage est constitué d’un annexe présentant les 88 principales faes en décrivant leur apparence, leur lieu d’habitation, leurs occupations etc. Cet annexe est en couleur et richement illustré par de nombreux illustrateurs de talents. A titre personnel je trouve cela joli mais très dispensable, mais il est bon de le noter car cela rendra certainement de manière un peu terne en version électronique.

Son of the Black Sword

Premier tome d’une trilogie de Larry Correia, Son of the Black Sword se déroule dans un monde de Fantasy où la société est stratifiée en différentes classes (incluant des « intouchables » considérés comme des propriétés). Le monde a été changé, dans un passé lointain lorsque les démons sont tombés du ciel, après avoir été chassé dans les océans (d’où ils ressortent périodiquement, et individuellement pour attaquer les hommes) un âge des rois est venu et passé.
 
Aujourd’hui ces âges anciens sont non seulement oubliés de presque tous mais également tabous. Ashok est un protecteur, un ordre de guerrier chargé de faire appliqué la Loi (qui régit la vie de tout un chacun et la place de tous dans le monde). C’est non seulement le prototype du guerrier, mais en plus un guerrier aguerri porteur d’une des rares épées ancestrales (une lame fait de métal noir qui contient les compétences guerrières de tous ses porteurs).
 
Quand il apprend que sa vie est un mensonge et que ses origines sont peu honorables, la vie d’Ashok est détruite, il se rend à la justice et ce guerrier honorable, pétris de la Loi, attend son jugement. Sa surprise est grande lorsqu’il se retrouve, sans le savoir, au centre d’une conspiration pour exterminer les « intouchables » et renverser le pouvoir. Envoyé servir le prophète des anciens dieux oubliés, chef d’une rébellion d’intouchables, Ashok voit sa vision du monde d’avantage entamée.
 
Son of the Black Sword est un roman de Fantasy au rythme bien mené et très agréable à lire. J’attend avec impatience le tome suivant pour savoir comment l’histoire de Ashok va se terminer.

Résonances

Dernier roman de space-opera de Pierre Bordage, Résonances se déroule dans un futur non daté où l’humanité à esséminé dans les étoiles. Le roman suit le voyage de deux jeunes gens qui, séparément, tente de se retrouver.
 
Sohinn est dragoneur sur l’astroport de transit de DerEstap où il défend l’infrastructure vital contre les « attaques » répétées de créatures énergétiques lorsqu’il croise le chemin de Eloya, la jeune femme entièrement voilée que son peuple (une version futuriste de musulmans fanatiques) emmène sur une planète au confins de l’espace humain pour qu’elle soit l’épouse d’une de leur divinité. Sohinn, qui comme d’autres membres de son peuple, à de faible don de prémonition sent que son destin est de rejoindre Eloya, il se lance alors à sa recherche sur les chemins de l’espace.
 
Pour qui a déjà lu Bordage, Résonances contient les divers éléments que Bordage combinent et recombinent avec talents : une humanité dispersé dans les étoiles, des humains avec quelques pouvoirs (précog, télépathie, etc.), des religions « extrêmes », des prophéties, des groupuscules qui cherchent à changer le destin de l’humanité, un/une sauveur de l’humanité, le dépassement de la condition humaine via la manipulation du temps et de l’espace, des planètes dépaysantes, des voyages spatiaux avec de nombreux rebondissements, etc.
 
Résonances est un bon roman, avec une fin un peu abrupte à mon goût (mais j’aime bien les épilogues), qui se laisse lire avec plaisir. Pour quelqu’un qui a peu lu Bordage, Résonances sera clairement un bon roman, pour ceux qui ont l’habitude de le lire, Résonances reste un roman agréable mais qui voit Bordage faire du Bordage : c’est maitrisé mais cela ne se renouvelle pas beaucoup, ni dans les thématiques ni dans les péripéties.