Joker Wild

Troisième tome de la série Wild Cards (un univers partagé de super-héros dans un monde où un virus extraterrestre à donné des pouvoirs à une partie de la population : les Aces, et déformé les plus malchanceux : les Jokers).
 
Si les deux premiers tomes sont des recueils de nouvelles, avec une trame qui se suit dans le second, Joker Wild est un roman écrit à plusieurs mains (sept auteurs pour sept personnages) qui voit sept personnages se croiser et se re-croiser autours de plusieurs intrigues individuels et de deux intrigues « collectives ». Le tout le jour, le 15 septembre 1985, où la ville de New York fête son carnaval et « célèbre » ses Jokers.
 
Une des deux intrigues est constituée par la traque d’un carnet ayant été volé à un parrain de la pègre, comme tous bon McGuffin le lecteur en saura beaucoup sur sa traque, et son parcours hiératique dans New York, mais au final il n’en apprendra que peu sur son contenu. La seconde intrigue est une prolongation du tome 2 (Aces High) avec le principal méchant qui met en branle sa vengeance envers les Aces qui ont arrêté son plan machiavélique.
 
Joker Wild est un très bon roman avec de nombreux tours et détours mais qui reste très lisible et passionnant à lire. Il n’est sans doute pas, par contre, une bonne porte d’entrée pour qui n’aurait pas lu les deux précédents.

Sacra I

Recueil de nouvelles (4), novelettes (2) et novellas (2), Sacra (volume premier mais se suffisant parfaitement en lui même) présente plusieurs textes de Léa Silhol, dont la plupart inédits.
Chercher à résumer chaque texte serait gâcher le plaisir de la lecture, que le lecteur sache qu’il trouvera en ses pages des portions de l’histoire d’Isenne (une version de Venise fantastique où un pacte avec d’anciennes Puissances permet aux artisans de la ville de produire le verre le plus pure), de nombreux texte sur l’art et ceux qui la font, des textes entre notre monde, aujourd’hui et hier, et ailleurs, et pour ceux qui aiment naviguer la Toile quelques fils à suivre.
Les textes sont tous très bien écrits et, quoiqu’en dise l’auteur, je trouve que Silhol est souvent à son plus haut niveau avec des textes « courts ». Le premier volume du recueil Sacra est à ce titre, un sans faute. L’auteure laisse voir une vision de l’art, et de l’écriture en particulier, sans consentions et comme impératif s’imposant à l’artiste,  dont je ne serais pas surpris qu’il soit sa vision propre (en regardant l’année d’écriture du premier texte du recueil, une histoire d’écrivaine, d’odeurs, de rituels et d’art, je ne peux d’ailleurs que spéculer sur ce qui a présider à l’écriture de cette novelette).
En bref, Sacra est un véritable petit bijoux et j’attend le second volume avec curiosité et fébrilité.

Edit : le lecteur curieux pour se rendre sur facebook afin d’avoir « l’envers du décors » de la première  nouvelle du volume et réaliser à quel point les intentions de l’auteure et les projections du lecteur se rencontrent, parfois, et s’éloigne, très souvent…

Arkwright

La Fondation Arkwright a reçu, à la mort de l’écrivain de science-fiction Nathan Arkwrigh, un des Grands de la littérature de genre du XXe siècle, sa fortune dans le but de construire le premier vaisseau de colonisation a être envoyé en direction d’une autre étoile.
C’est l’histoire de la Fondation, au travers de la vie de plusieurs génération de membre de la famille Arkwrigh, que Arkwright présente. Le roman débute à la mort du célèbre auteurs et voit sa petite-fille, journaliste qui ne l’a que peu connus, découvrir des pans de sa vie personnelle qui ont mené à la création de la Fondation. C’est ensuite la longue course à la colonisation qui est mise en lumière, avec les moments clefs de la mise en orbite et construction du vaisseau (propulsé grâce à un canon à micro-onde placé au point de Lagrange, dirigé par une IA et dont les passagers sont des ovules et du sperme qui seront modifiés génétiquement afin de pouvoir peupler une nouvelle planète), de la longue attente durant le voyage et de la colonisation de la planète proprement dite.
Arkwright est un roman bien écrit et compacte (pour le thème) qui se focalise sur des individus vivant l’Histoire de la colonisation d’un nouveau monde. C’est au travers de leurs yeux que le lecteur découvre le paris fous d’un écrivain de science-fiction d’envoyer l’humanité sur le chemin des étoiles. C’est également, dans sa première partie, une plongée dans le monde de la science-fiction américaine et de son fandome.
Arkwright est un roman à dimension humaine que j’ai pris grand plaisir à lire même si j’ai trouvé la fin un peu plus faible que le reste du roman.

Source des Tempêtes

Ré-édition d’un roman de Fantasy, paru initialement en 2012 et introuvable depuis, Source des Tempêtes (paru initialement sous le titre La Somme des Rêves) est le premier tome d’une série.
Dans un univers médiéval, les personnes dotées de magie, le Drac, servent une des divinités de la Loi ou du Chaos, après être passé par Bois d’Ombre, le lieux où elles résident. Il y eu un temps des mages bleus servant de l’Équilibre mais une terrible purge les a exterminé il y a une vingtaine d’années. Seul un a pu survivre, privé de sa magie et ayant renié l’Équilibre. Mais il n’a pas fais cela sans arrière pensée, en effet une prophétie, l’Énigme, annone la venue d’un enfant d’un mage bleu qui sera « la Somme de tous les Rêves » et dont le destin changera les choses.
Cerdric a été conçu en espérant être celui-ci, mais il est réfractaire, la magie, sauf la plus puissante, ne l’atteint pas. Élevé dans le secret de ses origines, mais de par sa mère seigneur d’un petit royaume montagneux, et sans amours, Cerdric apprend un jour qui est son père et que celui-ci est encore vivant. Se lançant sur les routes, seul et en pleine hivers afin de connaitre son père il y découvrira un frère dont la puissance est sans égale.
Débute alors une histoire complexe et une relation fait de beaucoup d’amours et d’un peu de jalousie, qui doit voir Ceredawn, car tel est son nom, accomplir son destin en rentrant au séminaire qui forme les futurs prêtres et les prépares à affronter Bois d’Ombre.
Source des Tempêtes propose une fantasy classique (une prophétie, une quête, l’entrée dans l’âge adulte et le poids du destin, la magie) se déroulant dans un univers relativement classique également (avec quelques petits twists bienvenue) mais servi par une belle écriture et une histoire intéressante et complexe. J’y ai pris beaucoup de plaisir et j’attends avec intérêt le tome suivant.

The Book of Phoenix

Se déroulant dans le passé de Who Fears Death, et expliquant la manière dont notre civilisation c’est écroulée, The Book of Phoenix se passe dans notre futur proche, où le surnaturel se mélange avec la science.
 
Une grande corporation réalise, sur sept sites répartit dans des grandes villes américaines, des expériences génétiques sur des êtres humains, des clones et des entités extraterrestres (peu nombreuses). Phoenix, sur le site numéro 7 à New York, est l’une de ces expériences. Organisme génétiquement accéléré, à deux ans elle semble en avoir 40 et à la maturité, si ce n’est l’expérience, qui va avec. N’ayant connus que le monde de la tour 7, la mort d’un ami, une autre expérience, provoque chez elle une transformation qui va la lâcher sur le monde.
 
Ne pouvant plus vraiment mourir, tel l’animal mythique dont elle porte le nom, Phoenix débute un cheminement qui la mènera des États-Unis en Afrique, puis à nouveau aux États-Unis où elle incarnera le visage de la libération pour les expériences enfermé dans les sites de recherche.
 
Nnedi Okorafor propose ici un roman à la frontière entre fantastique et science-fiction qui voit son héroïne chercher un sens à sa vie et se heurter à la froideur de ses créateurs avant de diriger sa rage vers la libération des siens, puis vers la vengeance.
 
The Book of Phoenix est un roman que j’ai pris grand plaisir à lire, bien que la fin pèche un peu par son « grobilissime ».

Infinités

Recueil de nouvelles de l’auteur indienne (Inde), mais vivant aux États-Unis, Vandana Singh, The Woman Who Thought She Was a Planet and Other Stories, où dans son titre français (à paraitre en mai chez Lune d’Encre) Infinités, présente un ensemble de nouvelles se déroulant en Inde et centrée sur une personne confronté à un élément fantastique ou science-fictionel.

Les nouvelles du recueil sont bien écrites mais j’avoue avoir eu un peu de mal à rentrer dans les histoires proposées durant la première moitié du recueil. La faute sans doute à des textes de bonnes factures mais proposant des intrigues que j’ai trouvé un peu plate.

Le lecteur curieux trouvera dans ses textes à la fois des morceaux de vie d’Indiens ordinaires et des éléments fantastiques : une femme qui se prend pour une planète et qui est colonisé pas des habitants, un professeur de mathématique obsédé par l’infini, un clochard de Dehli qui voient ses habitants du passé et du futur, etc.

De tous les textes du recueil, trois m’ont particulièrement marqués et plus :

  • « Conservation Laws » qui se déroule dans le futur, sur la Lune et narre l’expérience d’un astronaute qui est entré en contact avec une autre réalité lors ‘une mission sur mars.
  • « Three Tales from Sky River: Myths for a Starfaring Age  » qui propose trois légendes. Si la première est de notre terre, les deux suivantes sont d’autres planètes et frappe par leur étrange similitude.
  • « The Tetrahedron » : la vie banale d’une jeune étudiante de Dehli qui se retrouve fasciné par l’apparition d’un tétraèdre en plein centre de la ville, tétraèdre impénétrable et insondable.

Sorcerer to the Crown

Premier tome d’une nouvelle série de l’écrivaine malaise, mais vivant à Londre, Zen Cho. Sorcerer to the Crown suit la lutte de Zacharias Wythe, sorcier royale de la société des « Unnatural Philosophers », dans le Royaume Unis du XIXe siècle, pour sauvegarder sa place et changer les mentalités de ses paires.
 
Wythe est en effet dans une position délicate, nègre il a servi à son maitre et mentor, son défunt prédécesseur, à prouver que les noires pouvaient aussi apprendre la magie, il doit lutter pour conserver sa place que ses collègues lui dispute à cause de sa couleur de peau. Le fait que la quantité de magie du pays, qui provient de Fairie, est en constant déclin n’aide pas.
 
Devant faire faceà la calomnie et aux manigances des autres magiciens, la vie de Wythe se complique encore lorsqu’il prend sous son aile une jeune femme douée en magique, alors que tous le monde sait qu’une femme n’a pas la carrure pour faire un sorcier (enfin aux Royaume Unis, le reste du monde n’a pas la même vision), et possédant un trésor magique inestimable. Le tout alors que la politique colonial britannique provoque l’inimité de sorcières asiatiques qui viennent tester les nerfs des sorciers anglais.
 
Sorcerer to the Crown est un roman plaisant et divertissant qui, à défaut de renouveler le genre, se laisse lire.

Written in Fire

Troisième, et dernier tome, de la série de Marcus Sakey se déroulant dans notre monde mais où une partie de la population mondiale à développer des habilités surhumaines (capacité d’abstraction, de planification, d’analyse, etc.), Written in Fire voit la conclusion des événements mis en branle dans Brillance et A better World.
 
Alors que la Maison Blanche a été détruite et que la pays est au bord de l’implosion, l’ancien agente gouvernementale et brillant Nick Cooper est à la recherche d’un scientifique qui a mise au point un sérum capable de rendre n’importe qui brillant. Sa traque va le mener à se confronter une nouvelle fois au terroriste brillant Jon Smith qui, grâce à son génie de la planification et prévision, est sur le point de réaliser son grand plan.
 
Tous cela se déroule alors que le « New Canaan Holdfast » au Wyoming (une sorte d’Israël pour les brillants) est assiégé et menacé par une armée de bric et de broc constitué de survivalistes, patriotes et milices extrémistes et que des forces dans le gouvernement lui même veulent des mesures radicales.
 
Tiraillé entre les extrémistes de tous bord, Nick Cooper tente a tous prix de rester fidèle à ses convictions, de protéger ses enfants et de rester vivant.
 
Written in Fire conclut la trilogie de la même manière qu’elle a été commencée. Le roman est agréable à lire et divertissant, mais j’ai trouvé que la répétions de la même construction une troisième fois (de manière simpliste : Nick Cooper court derrière les méchants qui ont toujours un coup d’avance sur lui avant d’avoir une fulgurance qui lui permet d’avancer) était peut-être de trop. Le roman reste néanmoins divertissant et propose une fin en demi-teinte intéressante.

La Stratégie des as

Premier roman de l’auteur belge Damien Snyers, La Stratégie des as est un roman de Fantasy urbaine au accent steampunk. Se déroulant dans la cité de New-Krakov dans la Pologne du XIXe siècle, une cité où se côtoie elfes, trolls et humains (les plus nombreux), le roman suite un groupe de malandrins, un elfe,  une demi (elfe-humaine) et un troll qui se retrouvent engagé, et un peu forcé, pour voler une pierre précieuse dans une maison bourgeoise de la ville.
 
Le roman est écrit à la première personne, du point de vue de l’elfe, et décortique la manière dont les trois compères, vite rejoint par une quatrième voleuse engagée pour réaliser le même travail, se dépatouillent pour accomplir leur forfait : recherche d’informations, observation des lieux, élaboration de plans et mise en place du vol lui même, sans oublier les coups fourrés. Le tous alors que le vol, simple en apparence, cache un secret magique ancien….
 
Bien que pas exempt de défauts, la sous-utilisation des spécificités de son univers et les enjeux somme tout assez faibles étant pour moi les plus importantes, La Stratégie des as est un premier roman bien mené et agréable à lire qui m’a divertit.

Barsk

Barsk: The Elephants’ Graveyard est un roman de science-fiction/space-opera se déroulant dans un futur lointain. Une alliance de système formé par différentes espèces d’animaux intelligents contrôle une portion importante de l’espace, les seules espèces intelligentes d’ailleurs. Parmi les membres de l’alliance les animaux à fourrures sont majoritaires et déprécient clairement les animaux qui en sont dépourvu. C’est le cas des Fants, lointains descendants des éléphants terrestres, qui habitent sur une planète composés d’un archipel d’îles et dont le statut lui permet de rester à l’écart de l’Alliance.
 
C’est sur Barsk qu’est produit le Koph, une drogue qui permet aux parleurs de contacter la mémoire des morts et de converser avec eux. C’est d’ailleurs une Fant qui à la première mis découvert et codifié cela, elle était également doué de précognition et a laissé plusieurs prophétie dont une qui mentionne « le Silence » et un danger pour Barsk et les Fants.
 
Près de 800 ans après sa prophétie, des Fants qui se rendent sur l’île cimetière afin de mourir sont enlevé par une opération secrète de l’Alliance qui veut en apprendre d’avantage sur le Koph et sa fabrication. L’historien et Parleur Jorl, seul Fant ayant brièvement servis dans la Patrouille qui parcours l’espace pour l’Alliance, réalise que quelque chose d’anormal se passe. Alors qu’il prend la mer pour tenter de comprendre il se retrouvera au cœur d’une conspiration menaçant Barsk et organisée par un sénateur de l’Alliance. Personnage central pour la résolution du danger, Jorl est aussi le jouet d’un plan vieux de près de 800 ans et qui se met finalement en place.
 
Barsk: The Elephants’ Graveyard me fait penser à une version technologique et avec moins de réflexion des Fables de l’Humpur de Bordage. Si Gromovar a trouvé le roman « d’une mollesse stupéfiante » et ennuyeux, je ne serais pas aussi dur que lui. Barsk est un roman divertissant et sans grande prétention. Le lecteur friant d’une littérature de genre qui propose une réflexion de fond ferrait ainsi mieux de passer son chemin; celui qui cherche un space-opréa qui prend son temps et propose une histoire divertissante pourrait par contre y trouver son compte.