La Confrérie des bossus

Réunissant un ensemble de textes, retravaillés pour l’occasion, qui étaient parus dans les différents suppléments de jeu de rôle Agone, La Confrérie des bossus est un court roman sombre se déroulant dans l’Harmonde de Agone et Abyme. Publié sur un papier épais et une joli édition, le roman intéressera avant tous ceux qui ont déjà lu les autres ouvrages se déroulant dans cet univers crépusculaire.
Le roman raconte la tentative d’une poignée d’initiés de créer un sanctuaire regroupant les flammes (l’Âme incarnée) de plusieurs villes. Le projet, qui ne se déroulera pas comme prévu, permet aux lecteurs de retrouver Agone de Rocheronde, dont le destin après les romans est révélé, et Maspalio.
La Confrérie des bossus est un court roman qui m’a très agréablement surpris et que j’ai pris grand plaisir à lire.

Le Marteau de Thor

Faisant suite au Château des millions d’années, Le Marteau de Thor débute là où le tome précédent se termine.
 
Alternant toujours les points de vue de narration, avec entre les chapitres des sauts temporelles éclairant le passé des différents personnages et donnant un avant goût, parfois, de la direction futur prise par l’histoire, Le Marteau de Thor se centre avant tous sur une mission secrète allemande en territoire britannique, en 1939, afin de récupérer une mystérieuse arme trouvée en Irak pour l’agent allemand Friedrich Saxhäuser, qui passe ici au second plan.
 
Difficile d’en dire d’avantage, j’en ai même déjà peut-être trop dit, sans déflorer l’intrigue. Je me contenterai de mettre donc en avant ce qui me semble être les qualités et les défauts du roman. Au niveau défaut, le sentiment que la trame de fond (une présence extraterrestre sur Terre) n’avance que peu et que les deux premiers tomes ne sont en fait qu’un préambule à quelques choses de plus vaste qui arrive par la suite (histoire secrète ou uchronie, pour l’instant les deux romans sont dans le camp du premier, mais difficile à dire par la suite). Au niveau qualité : une écriture très maitrisée, des personnages complets et complexes dont le passé éclaire les actions actuelles, comme dans le premier tome tous les protagonistes sont profondément humains, même les salauds ont des qualités humaines.
 
A noter que les deux premiers tomes, et j’espère bientôt le troisième qui vient de sortir, existe en format audio. La lecture, ou plutôt l’écoute, du Marteau de Thor fut très agréable malgré un lecteur un peu mécanique par moment. La suite maintenant !

La Terre bleue de nos souvenirs

Premier tome d’une trilogie proposant une histoire de notre futur, La Terre bleue de nos souvenirs d’Alastair Reynolds est également une lecture « de rattrapage » pour le prix Planète SF dont je suis juré.
Se déroulant en 2160 sur une planète divisée entre l’Union de états terrestre et l’union des états aquatiques, où l’humanité s’est développée en direction du système solaire (la Lune, Mars et certaines de ses lunes, ainsi que des astéroïdes sont colonisés), où les innovations technologiques ont drastiquement allongé l’espérance de vie, développé l’accès direct à la réalité augmentée grâce à des implants et où la surveillance par une IA a fait quasiment disparaitre la criminalité et la violence,  le roman suit un frère et une sœur, membre de la famille Akinya, famille qui contrôle une puissante et riche corporation d’origine africaine.
Le roman débute alors que la matriarche de la famille, exilée depuis 60 ans dans une station orbitant autour de la Terre et ancienne aventurière de l’espace à l’origine de la puissance familiale, décède. Geoffrey Akinya, biologiste s’occupant d’éléphants et peu impliquer dans les affaires familiales, se voit chargé par ses cousins de se rendre sur la Lune afin de récupérer le contenu d’un coffre ayant appartenu à sa grand-mère. C’est l’occasion pour lui de s’assurer l’obtention de fonds pour ses recherches et de pouvoir voir sa sœur Sunday vivant sur le côté obscure de la Lune dans une zone anarchique et libertaire.
Le contenu, d’apparence anodin, du coffre lancera le frère et la sœur sur un jeu de piste qui vont les mener dans tous le système solaire et au cœur des tensions régnantes entre les différentes puissances du monde de 2160. Le tout afin de découvrir qu’elle est le dernier héritage laissé par leur grand-mère.
Le roman est donc un jeu de piste et de péripéties qui fait découvrir au lecteur à la fois la manière dont le monde de 2160 s’organise mais également les différentes philosophies et technologies qui le traversent.
La Terre bleue de nos souvenirs est un roman très agréable à lire qui propose une vision plutôt optimiste de notre avenir. Comme histoire du futur, ce premier tome est une vrai réussite. Les seuls bémols que j’émettrai concerne une histoire peut-être un peu alambiquée et prétexte au voyage pour un résultat final qui n’utilise que peu les découvertes effectuées.

Sous le lierre

Gros roman (488 pages) de Léa Silhol, Sous le lierre est un roman se déroulant au début du XXe siècle dans la région rural du Wiltshire en Angleterre.
 
Suivant la vie de Ivy Winthorpe, la narratrice de l’histoire, le roman retrace comment cette jeune fille (16 ans au moment du roman) de la noblesse du lieu va découvrir son histoire, tombée amoureuse, défié les conventions de son milieux et les traditions ancestrales de sa région afin de changer son destin.
 
Le roman se centre sur la forêt de Savernake, domaine familiale pourtant interdit à la jeune fille et aux villageois vivant à proximité. Ivy ne manque pourtant pas de s’y rendre, en cachette, souvent et de l’explorer en détail. C’est là qu’elle fait la connaissance de l’amour se sa vie qui semble destiné à un bien sombre rituel.
 
Mêlant une touche de fantastique (qui pour ceux qui parcoure la Trame tissée par l’auteure donne un aperçu du destin des puissances moindres des cours féeriques), pas mal de pathos, du féminisme et des traditions rurales (l’ombre du « Green Man » et du « petit peuple » n’est jamais loin). En dépit d’une héroïne auquel il est, je trouve, difficile de s’identifier et peut-être quelques longueurs, Sous le lierre est un très bon roman marqué par les relations entre la banalité du monde des hommes et la cruauté et la magie du monde féerique; il m’a d’ailleurs rappelé à plusieurs reprises certains des textes de l’écrivain Charles De Lint.

Mongrels

Mongrels raconte, à la première personne un chapitre sur deux, et à la troisième pour les autres chapitres qui sont des flashbacks, le fin de l’enfance et l’adolescence d’un jeune américain pauvre, vivant sur les routes avec son oncle et sa tante, et qui a la particularité d’être issu d’une famille de loup-garous.
 
Tout l’intérêt du roman est là, c’est de voir la vie sur les routes, entre pauvreté, petits-boulots, violence et criminalité qui caractérise ces loup-garous qui n’ont rien de désirable. Le narrateur ne peut pas se transformer, encore, c’est donc un point de vu d’enfants et d’ados qui est donnés à lire.
 
Difficile d’en dire plus car il n’y a pas à proprement parler une seule histoire dans Mongrels, mais une collection de moment montrant la vie sur la route et l’entrée dans l’âge adulte d’un enfant balloté par son oncle et sa tante d’un bout à l’autre du pays dans un road-trip qui ressemble à une fuite en avant.
 
Une lecture pas inoubliable mais sympathique quand même, fort bien rendu en livre audio.

La voie des oracles : Aylus

Troisième, et dernier, tome de la série de La voie des Oracles, Aylus est un très bon roman qui termine la série de manière très intéressante en y ajoutant une touche sombre bienvenue.
 
En dire plus sans révéler la conclusion du volume précédent est impossible; donc amis lecteurs si tu ne veux pas en savoir plus arrête ici ta lecture !
 
Le troisième tome revient sur à l’époque de premier tome en présentant les versions alternatives des différents personnage dans la nouvelle réalité créée par Thya. Aylus devenu Empereur a banni la religion chrétienne et redonné une nouvelle vigueur aux cultes antiques. Il dirige l’Empire romain depuis Rome avec une cohorte d’oracles et de devins qui l’aide à prendre les bonnes décisions.
 
C’est une version dystopique de Rome qui est présenté ici, où une personne peut-être arrêtée car les devins ont prédis qu’elle commettra un crime, où les besoins du peuple ne sont pris en compte que si le Futur indique que cela en vaut la peine. Rome est redevenu puissante mais au pris de la misère de la masse.
 
Dans ce contexte les différents personnages de la série sont différents mais toujours au centre de l’intrigue : Thya la jeune est envoyée par l’Oracle brulée (Thya « la vielle ») sur le chemin permettant de rétablir le véritable destin du monde. C’est une conclusion où les Dieux prennent part à la lutte et où de grands conflits de profile à l’horizon qu’Estelle Faye propose.
 
 La série de La voie des Oracles fait partie du haut du panier de la Fantasy française actuel.

La voie des oracles : Enoch

Débutant peu après le premier tome, Enoch présente la suite de l’histoire de Thya, jeune patricienne romaine doué du pouvoir d’augure dans un Empire romain en perte de puissance et qui rejette ses anciens dieux pour le Christianisme.
 
Fuyant la Gaule et les manigances de son frère, Thya, son Oncle et le jeune Enoch doté maintenant d’un pouvoir sur la brume et le feu, se rendent en Orient sur la trace des mystérieux dieux du destin des Étrusques. Poursuivi par son frère, qui a trouvé une nouvelle alliée en la personne de la déesse Hécate, trahie par le Destin, Thya va découvrir l’Empire romain d’Orient et voyagé sur la une partie de la route de le soie.
 
Enoch est un roman très bien écrit et agréable à lire, au ton beaucoup plus sombre que le premier tome et à la conclusion surprenante (pour un ouvrage vendu « jeunesse / ado »). Une lecture qui vaut la peine même pour une personne qui n’est pas dans la cible de la collection.

The man who rained

Second roman de Ali Shaw, que j’ai découvert avec The trees, The man who rained est un roman de découverte de soi et de romance.
 
Lorsque le père d’Elsa, qui comptait beaucoup pour elle et qui était chasseur de tornades/orages meurt, tué par une tornade, Elsa décide de changer de vie et quitte New York pour la petite ville de Thunderstown.
 
Dans cette petite ville marquée par son lien avec la météo Elsa va découvrir que le « temps qu’il fait » peut s’incarner dans des animaux et dans un homme, Finn, dont elle va tomber amoureuse. Dans une communauté où toutes les manifestions de la météo sont craintes et éliminées (une personne est même chargée de tuer les animaux qui ont du vent dans leurs veines), l’existence même de Finn met leur relation en danger.
 
Ali Shaw sait construire des personnages détaillés et décrire leurs relations de manière admirable. The man who rained est donc un roman poétique minutieusement construit où la vie des personnages est le pivot autour duquel se construit l’histoire.

La voie des oracles: Thya

Avec ce premier tome d’une trilogie, Estelle Faye propose une Fantasy se déroulant en Gaule durant le déclin de l’Empire romain au cinquième siècle de notre ère.
 
Thya est la fille d’un général roman respecté, mais à seize ans elle est loin de mener une vie de faste à Rome. En effet, Thya est une oracle, elle est dotée depuis son jeune âge du don de prophétie. Si à une époque plus ancienne son don lui aurait valu une place de choix dans la société romaine, la conversion de l’Empire au christianisme met sa vie même en danger. C’est pourquoi son père l’a mise en sécurité dans sa propriété gauloise.
 
Mais lorsque son père est victime d’une attaque picte, ordonnée en secret par le propre frère de Thya, elle écoute ses visions et entreprend le long voyage  pour la citadelle de Brog où son père arrêta jadis les Vandales.
 
Pourchassée, protégé en secret par les anciens dieux et les créatures de l’ancien monde, Thya voyage dans la Gaule accompagné d’un ancien soldat de son père et son neveux, Enoch, un maquilleur séducteur au passé trouble.
 
Thya est un roman dont les héros sont de jeunes gens, mais qui est écrit avec intelligence et où les anciennes croyances de l’Empire et le christianisme sont en lutte. Thya devra perdre de son innocence, découvrir les secrets de son passé et savoir lutter pour ne pas être le jouet du Destin.
 
Une série qui commence fort bien, maintenant je m’attaque à la suite.

Notre-Dame de la mer

Novella de Rozenn Illiano, et premier texte de cette auteure pour moi, Notre-Dame de la mer propose une histoire de vengeance fantastique au gout de nostalgie et de sel.
 
Sa grand-mère hospitalisé, Nellig se rend en Bretagne afin de s’occuper de la vielle maison qui représente encore aujourd’hui ses nombreux souvenirs d’enfance. Alors qu’une tempête arrive, Nellig vit douloureusement le séjour car son grand-père décédé il y a plusieurs années lui manque terriblement.
 
Durant son séjour, elle ressent un attrait morbide pour la mer et son quotidien se teinte de fantastique. Subissant les assauts d’une néréide, qui menace non seulement sa famille, mais également les marins,  Nellig va devoir plonger dans le folklore local et le passé de sa famille pour tenter de trouver une solution; à condition que la solution existe…. 
 
Notre-Dame de la mer est une novella très agréable à lire qui mélange fantastique et folklore avec bonheur grâce à une écriture tout en finesse et nostalgie.