Guardian Angels and Other Monsters

Guardian Angels and Other Monsters est un recueil de nouvelles qui réunis quatorze nouvelle de Daniel H. Wilson qui tournent, comme souvent avec cet auteur, autour du thème de la robotique.

Les nouvelles vont de moyennes à excellentes et mettent avant tous en avant des histoires où l’humain est au centre. Les personnages de Wilson, robotiques ou non, sont profondément humain et sont le plus souvent motivé par des sentiments de préservation de l’autres.
Le lecteur trouvera donc ici des robots qui s’attachent à des êtres humains, des êtres humains qui s’attachent à des robots, des hybrides ou robots qui s’interrogent sur leur « humanité ». L’écriture est agréable et le format court ne rend le propos que plus juste.
La version audio du recueil cumule plusieurs lecteurs qui s’en sortent très bien. A noter également qu’une nouvelle se déroule dans le monde de Robocalyspe et une autre dans celui de Le Cœur perdu des automates.

The last days of New Paris & This Census-Taker

J’ai récemment écouter deux novellas de China Miéville, en anglais mais une est traduite en français : The last days of New Paris et This Census-Taker (Celui qui dénombrait les hommes en VF).

The last days of New Paris se passe dans un monde alternatif au notre dans lequel une bombe surréaliste a explosé dans Paris durant la seconde guerre mondiale. La ville est maintenant coupée du reste du monde et des phénomènes étranges et magiques, surréaliste, s’y déroule. Le lecteur suit en parallèle l’histoire qui mène à la fin de cette « Nouvelle Paris » et l’histoire qui a mené la fameuse bombe dans la ville lumière.
L’histoire est tout en étrangeté, avec des démons, des hommes et des manifestions vivante de l’art. C’est un texte étrange mais très agréable à lire qui est remplis de références plus où moins cachées (l’auteur termine d’ailleurs son texte, enfin le témoignage qui lui a été confié, par une explicitation de nombreuses référence). Un voyage qui vaut la lecture.
This Census-Taker vaut aussi le détour, et ce même si j’ai fais l’erreur de le lire en version audio. Pas que cette dernière soit mauvaise, bien au contraire, mais parce que j’ai découvert après cous que des clefs de lecture cachée étaient incluses dans la typographie du texte….
Là nous sommes dans une petite ville de montage, un homme, son épouse et son fils vivent à part dans la montage. Lui fait des clefs que de nombreuses personnes viennent cherchées (que font ces clefs, mystères mais elles semblent bien magique). Mais voila le fils, qui raconte l’histoire comme une autobiographie (avec des passages qui laissent entrevoir son devenir futur) a peur de son père et lorsque sa mère disparait l’accuse de son meurtre….
This Census-Taker est une plongée onirique dans un monde à mi-chemin entre le notre et un monde plus fantastique (certaines interprétations des lecteurs laissent entendre que le père viendrait de la Nouvelle-Crobuzon, cité de Fantasy apparue dans les premiers romans de Miéville). Il s’agit en tous cas d’une lecture aussi fascinante que mystérieuse….

Monster portraits

Etrange livre que Monster portraits, écrit par Sofia Samatar, illustré par son frère, Del Samatar, ce court recueil de nouvelles, ou plutôt journal de voyage, (84 pages) propose la description de monstres rencontrées par la narratrice durant un périple imaginaire….
Les différents monstres sont surtout une manière métaphoriques de parler des terreurs et des défis que peuvent (doivent ?) affronter des migrants, des personnes tiraillées entre plusieurs cultures…
C’est poétique, c’est Weird, c’est bien écrit, c’est fascinant, c’est un peu obscure et abscons par moment, lumineux et claire par d’autre, bref c’est une lecture rapide et intrigante…
Ai-je aimé ? C’est une très bonne question, je ne sais pas, ce qui est sur c’est que je n’ai pas détesté….

Walkaway

Cory Doctorow est un romancier et essayiste canadien qui a, je trouve, des idées et des points de vu très intéressant sur les futurs possibles pour notre présent. Il utilise souvent ses romans afin de développer ses idées (ce qui parfois est plutôt un désavantage car cela se fait au détriment de l’histoire).
Dans Walkaway, il imagine un futur possible (le roman se déroule dans la seconde moitié du XXIe siècle en Amérique du Nord). La surveillance dans la société a augmenté en même temps que la technologie et le travail disponible a diminué en proportion similaire, les plus riches (appelé ici « zotta ») le sont encore plus et s’accroche à leur privilège.
Si une partie de la société vit dans une société aux règles proches de ce que l’on connait aujourd’hui, dans le monde par « défaut », une franche importante de la population prend le large et vit dans les marges d’une société principalement urbaine, utilisant l’informatique et les imprimantes 3D afin de recycler bâtiments et vieux matériaux afin de se construire une vie avec plus de sens et sortir des logiques monétaires et productiviste.
C’est dans ce contexte que trois amis, donc une fille de « zotta » vont prendre le large et rejoindre le « mouvement » Walkaway. Débute alors une historie s’étendant sur plusieurs décennie à la fois chronique de la vie de ces trois personnes (et de quelques personnes rencontrées en chemin) et du devenir de cette société. Pour pimenter le tous Doctorow y ajoute le développement de technologie de scanner cérébraux permettant, timidement tous d’abord, de simuler des individus de manière virtuelle (et donc de « vaincre la mort »).
Walkaway est bien écrit et intéressant à lire, la version audio est de plus bien narrée avec plusieurs lecteurs de qualité. Le roman n’est cependant pas exempt de défaut : sauts temporels dans la narration assez abruptes et réflexions sur la numérisation et simulation de personnalité pas totalement convaincante à mon avis
Il reste néanmoins un roman agréable et aux réflexions intéressantes sur un futur possible.
L’avis de Alias (grand fan de Doctorow).

La cité exsangue

En ce mois d’avril 2018 Mathieu Gaborit revient avec un nouveau texte se déroulant de l’Harmonde et sa cité de Abyme. C’est donc avec une curiosité très grande que j’ai attaqué La cité exsangue, premier tome d’une histoire plus longue, tant l’imaginaire de l’auteur est grand (et la qualité de l’écriture c’est bonifiée avec le temps).
Le lecteur retrouvera donc le farfadet Maspalio, ancien prince voleur et conjurateur de talent, qui revient a Abyme après dix ans d’un exil volontaire en Abysse, lieu où résident les démons. Il le fait à la supplique d’une lutine, ancienne amante et responsable d’un orphelinat…
Mais son retour à Abyme ne va pas se passer comme l’aurait souhaité le farfadet; en effet en dix ans la ville a bien changé. Mise aux pas par le palet d’acier, l’organe judiciaire de la cité, elle a perdu de sa démesure et décadence. Non seulement des symboles de la ville sont mis à mal (les gros ont été enfermés et le palais tente de les « réformer », il n’y a presque plus de démons dans les rues de la ville, etc.), mais en plus la petite corruption qui faisait rage dans les rangs des fonctionnaires de la cité a été éradiquée.
Et Maspalio va se heurter dès son arrivée dans la cité à ses changements de faisant rapidement de nombreux ennemis. Pourchassé, rattrapé par l’âge et sans équipement pour pouvoir l’aider il va se livre à une course contre la montre pour comprendre ce qui est arrivé à son amie et à sa chère cité….
Avec La cité exsangue Mathieu Gaborit livre un roman moins flamboyant que les précédents, plus adultes et plus sombre peut-être, mais à l’imagination toujours aussi inventive. Il se laisse lire avec grand plaisir et j’attend maintenant la suite avec impatience et curiosité.

L’enfant de poussière

Premier roman de Fantasy, et premier tome d’une série, d’un auteur, Patrick K. Dewdney, ayant déjà publié de la poésie et d’autres romans de littérature blanche (si j’ai bien tous compris), L’enfant de poussière est une vraie bonne surprise aussi bien sur le fond que la forme. Il sort le moi prochain (mai 2018) Au Diable vauvert et vous devriez le lire !

L’histoire, écrite à la première personne, prend son temps pour se déployer et suit la jeunesse d’un jeune orphelin nommé Syffe; pas que cela soit son vrai nom mais plutôt le nom du peuple de nomade dont sa carnation semble indiqué qu’il fait partie. Il vit, avec trois autres orphelins, au bon soin de la veuve Tarron. Lui est ses trois amis vivent dans la pauvreté mais sans trop en partir près de la cité de Corne-Brune. Syffe passe son temps entre la campagne, la ville et la Cuvette, village de tente où les peuplades nomades s’installent et partent au grès des saisons.

L’univers dépeint par Dwedney est un monde de Low Fantasy; les Dieux et la magie existent, dit on, mais au final c’est dans le lointain et personne n’en a vraiment été témoin. Le royaume où se situe Corne-Brune a été unifié par le roi actuel et connait une période exceptionnel de paix, aussi bien interne que externe.

Oui mais voila, le roi est vieux et meurt. Si la vie de Syffe n’est pas immédiatement changer par la nouvelle, les années qui suivent vont pas mal bouleverser Corne-Brune et la région dans son ensemble. Et puis surtout Syffe prend de mauvaises décisions, il n’est qu’un enfant pauvre après tous, dans un monde dure où la loi est d’airain et les riches tous puissants.

Sa vie va être bouleversée à plusieurs reprises et prendre à chaque fois des tournants inattendus qui le feront grandir et étendre son monde, souvent dans la douleur; et puis surtout il y a les rêves incompréhensible et étrange qui forment un mystère qui va en s’épaississant avec le temps….

L’enfant de poussière propose non seulement une histoire intéressante qui prend son temps, avec raison, pour se construire, mais bénéficie de plus d’une plume maitrisée et agréable à lire (la comparaison avec Jaworski, Plateau ou Cerruti ne serait pas galvaudée ici). En fait le seul petit défaut que je trouve à ce roman c’est sa propension à faire avancer le récit de manière abrupt en abusant du « coup du sort » qui malmène Syffe et lui faisant régulièrement prendre des tournants de vie radicaux.

Mais ce n’est au final qu’un détail, L’enfant de poussière est un roman de Fantasy qu’il faut lire : intéressant, maitrisé, bien écrit, passionnant.

Les avis de : Gromovar, Just a Word.

 

Les flammes de la nuit

Michel Pagel est un auteur de l’imaginaire français qui a écrit de nombreux textes de très grandes qualités. Les flammes de la nuit a été initialement publié, dans les années 80, comme une tétralogie de Fantasy avant d’être réuni en un seul volume, actuellement disponible chez Les moutons électriques.

Les romans, où plutôt le roman tant il est vrai que le tout se lit comme une seule histoire, utilise les éléments classiques de contes de fée afin de proposer une histoire de rébellion, de changement et d’évolution dont l’absurde est une composante importante et dont le sens, si l’ont peut dire, apparait à la fin du roman.
Le monde de Fuinör est un monde presque immuable : différentes contrées servent différents objectifs (contrées de la guerre, de l’amour, de la chasse, de la folie, etc.), un roi dirige de tous temps le royaume, certains membres du palais ont toujours étés là, la reine meurt toujours en couche, les fées, protectrices du monde et de la volonté des Dieux, viennent à chaque naissance royale bénir de leurs dons le nouveau-né, les barons félons sont toujours vaincus, etc.
Dans une autre partie du monde, il y a toujours une plage avec un fou, un héro et une femme, il y a toujours le danger des cavaliers dorés et tous les dix, sur l’ensemble de Fuinör, un nouveau soleil apparait qui change, dans un cycle arc-en-ciel, la couleurs des choses.
Mais voila un jour né la princesse Rowana et alors que tous entende la bénédiction d’une des fée (quelque chose comme « tu seras stupide et acceptera ton lot de femme ») un mystérieux enchanteur frappe et modifie la « bénédiction » en l’inversant (« tu seras la plus intelligente et tu réfléchiras »). De ce changement grandira une princesse rebelle, nourrie par le savoir de l’enchanteur afin de faire changer le monde et d’affronter, qui sait, les deux divinités qui gouvernent le monde.
En chemin : découvertes, rébellions, trahisons et aventures seront au rendez-vous…
Les flammes de la nuit est un sympathique roman de Fantasy qui subverti le monde des contes de fée pour le faire entrer dans une ère de réflexion plus en phase avec la pensée moderne, le tout par un auteur qui sait diablement bien écrire.

The girl in the tower

Second roman d’une trilogie (après The Bear and the Nightingale), The girl in the tower débute peu de temps après la fin du premier tome. Continuant l’histoire de Vasilisa, il étend également son horizon, et celui des lecteurs, en explorant la cité de Moscou en ci milieux de XIVe siècle fantastique….
Vasilisa, après les événements du premier tome, doit quitter le village où elle a grandit. Elle part bien décider, avec son cheval, à parcourir et découvrir le vaste monde. Mais dans les campagnes russes une bande de brigand sème morts et destructions. Lorsque son chemin croise la route des brigands une fuite dans la forêt et un ensemble de quiproquos l’a fait retrouvé son frère et être prise pour un garçon par le seigneur de Moscou.
Débute alors pour Vasilisa la découverte d’une grande cité, de la liberté d’être un homme par rapport à l’enferment d’être une femme, et un jeu dangereux qui la menace non seulement elle mais aussi son frère et sa sœur. Le tout alors qu’un ennemi sournois et puissant menace Moscou…
The girl in the tower est de la même qualité que  The Bear and the Nightingale : un roman bien écrit, avec une dose de Fantasy, situé alors que le monde chrétien menace l’existence de l’ancien monde fait d’esprits du logis, de puissantes divinités et de sorciers, de l’aventure et une réflexion sur la place des hommes et des femmes dans une société fortement patriarcale. Bref je veux maintenant la suite et fin de l’histoire de Vasilisa….

Le verrou du fleuve

Suite direct de La messagère du ciel, et second tome de ce qui est devenu une tétralogie, Le verrou du fleuve reprend là où le premier tome s’est arrêté.
Pour ceux qui n’ont pas lu le premier tome (vous devriez il est bien), l’intrigue se déroule durant les âges sombres d’Évanégyre, après qu’un cataclysme ait détruit l’Empire qui dominait le monde grâce à sa technologie (une utilisation rationnel de la magie du monde). Aujourd’hui la magie est crainte, des poches de magies instables apparaissent d’ailleurs régulièrement y font muter les êtres vivants qui ont le malheur d’y être piégés, le monde civilisé est une civilisation de type médiévale dont l’église, ressemblant à notre Eglise chrétienne, à la haute mains sur la mortalité (pénitence, méfiance face à la magie et aux femmes, etc).
Alors que le royaume est menacé par une armée de créatures mutées et de technologies issues d’avant le cataclysme, Dieu choisit son messager pour mener l’ultime combat contre son frère. Mais voila tous ne se passe pas comme prévu et le messager est une messagère. Prise pour une suppôt du démon, elle doit lutter contre la société qu’elle tente de protéger…
Dans  Le verrou du fleuve, l’action se concentre sur le siège de la cité qui est le pivot de la défense du royaume. Alternant les points de vu, le roman montre comment la messagère du ciel embrasse son destin et tente l’impossible pour sauver la civilisation des hordes de monstres du Dieu maudit.
Le roman est toujours aussi bien écrit et consiste principalement en le récit du siège, avec quelques apartés sur ce qui se passe dans le reste du royaume (autant de jalons pour ce qui viendra ensuite). Difficile d’ailleurs d’en dire d’avantage sans déflorer les rebondissements du récit; récit d’ailleurs qui aurait peut-être pu bénéficier de quelques coupes par endroits afin de le rendre un peu plus court.
Mais que cela ne douche pas vos envies de lecture tant l’histoire qui se déroule ici est passionnant (et les mystères entrevus dans le premier tome qui s’épaississent d’avantage me font attendre le tome suivant avec impatience pour enfin savoir).

Onirophrenie

Onirophrenie débute là ou le recueil 18.01.16 se termine : avec la fin du monde (ou plutôt le début de la fin du monde).
Le roman suit les pérégrination de Lili, la marcheuse de rêve qui échappe de peu à la mort lorsqu’un une lumière aveuglante tuent la plus grande partie de l’humanité et détruit une grande partie du monde (villes mais aussi zones naturelles).
Survivante de la fin du monde, hantée par un message qui annonce plus que 600 jours avant la fin de l’humanité, traquée par des anges qui semblent jouer avec l’humanité et surtout accablée par son passé qui limitait l’utilisation de son puissant don (Lili peut parcourir les rêves, et donc visiter d’autres mondes, découvrir des secrets, aider ou manipuler les dormeurs et voir des fragments du futur), Lili se lance, avec un jeune homme qu’elle rencontre, dans un long périple qui vont la mener de Renne au Man, du Man à Nantes et peut-être plus loin encore en direction de la « ville invisible aux anges ».
Onirophrenie est une balade dans une France post-apocalyptique, avec ses communautés de survivants, les dangers de la route et la question lancinante : « faut-il en finir maintenant ou attendre, mais attendre quoi ? »
En tant que telle le roman est bien écrit et fait un bon roman post-apocalyptique. Le lecteur sent qu’il se passe d’autres choses d’importances ailleurs et que les pérégrinations de Lili se font en marge des événements qui vont décider du sort de l’humanité et du monde (ceux-ci peuvent être découvert dans Tueurs d’anges), mais ce n’est pas grave car le cœur du roman n’est pas là. Mon seul regret vient sans doute du sentiment que Lili aurait un rôle plus important à jouer dans l’apocalypse, comme si « La balade des marcheurs de rêve » (paru dans 18.01.16) et ce qu’elle laissait entrevoir du rôle de Lili n’était finalement qu’une fausse annonce; mais comme je tiens de l’autrice elle même que le rôle de Lili sera important pour ce qui vient après ce n’est sans doute que partie remise…