The Dirty Streets of Heaven

The Dirty Streets of Heaven est le premier roman d’une trilogie d’urban fantasy de Tad Williams se déroulant dans la cité, fictive, californienne de San Judas. Narré à la première personne, dans un style « roman noir », par Bobby Dollar, de son vrai nom Doloriel, un ange incarné sur terre servant d’avocat aux âmes mortes durant leur jugement.
Doloriel est un ange curieux et cynique mais qui fait son travail du mieux qu’il peux. Amnésique sur sa vie pré-angélique et n’ayant jamais vu Dieu (ces deux points étant commun à la majorité des anges), il est bien content de pouvoir exercer comme avocat sur Terre, loin de sa ancien travaille de « nettoyeur » dans la lutte contre « l’opposition ».
Mais, alors qu’il se rend à un jugement tous ce qu’il y a de plus normal, il se retrouve embarqué dans un mystère qui va mettre en péril sa vie (l’éternelle aussi) et les accords entre anges et démons. En effet, l’âme qui doit être jugée disparait sans laisser de trace. Premier cas de ce qui va rapidement menacé de devenir une épidémie, Bobby doit aussi faire face à des accusations de vol de la part d’un prince-démon, alors qu’une créature venu du fond des âges le poursuit.
Les trames narratives du roman semblent parfois sorties toutes droit du jeux de rôle INS/MV, l’humour potache en moins et beaucoup plus de cynisme en plus. Agréable à écouter, le récit écrit à la première personne s’adapte très bien à l’oral, The Dirty Streets of Heaven est un roman fort sympathique. Le second tome sort d’ici la fin de l’année et j’ai bien l’intention d’y jeter une oreille.

The Long War

Second,et probablement pas le dernier, tome de la série commencée par The Long Earth, The Long War se déroule près de vingt ans après le premier volume et le moment où l’humanité a découvert le moyen d’accéder, un monde à la fois, à des terres parallèles.
Joshua Valienté s’est marié et vit une vie paisible à Hellknowswhere. Des dirigeables relient de manière continue les différents mondes de la longue terre et même un embryon d’Internet inter-monde est en place. L’humanité est maintenant répartie sur des milliers de monde. Néanmoins elle doit faire face à deux problèmes : le premier est la disparition progressive des trolls, des créatures humanoïdes qui peuvent naturellement naviguer entre les mondes, qui fuient l’humanité et la manière dont une partie d’entre elle les traite; la seconde, valable surtout pour les États-Unis, est les velléités de sécessions de bon nombre de colonies alors que les sentiments nationalistes sont exacerbées sur la Terre d’origine de l’humanité.
Dans ce contexte Joshua re-part en pérégrination sur la longue terre afin de re-trouver les trolls et les convaincre de donner encore une chance à l’humanité. Dans le même temps, une autre naturelle « steeper » (capable sans aide de voyager entre les mondes) les recherches également. Le lecteur peut aussi suivre le parcours d’un révérend sud-africain, ancien scientifique, qui enquête sur l’IA Lobsang, le parcours d’une expédition chinoise dans son exploration des autres terres, et celle d’un dirigeable militaire dans ses missions sur les autres terres. Le tout alors que l’activité volcanique dans le parc de Yellow Stone devient de plus en plus préoccupante….
The Long War permet au lecteur d’explorer d’avantage la longue terre et ses autres habitants intelligents. Si le roman est toujours de très bonne qualité, il est néanmoins un, petit, cran au dessous du premier tome et a un côté frustrant. Les auteurs ont en effet signé pour trois autres livres dans l’univers de la longue terre (une bonne nouvelle en soi), mais du coup une bonne partie de The Long War est consacré à la mise en place d’éléments qui sauront vraiment utilisé dans la suite; ainsi seul l’arc narratif concernant les trolls et l’indépendance des autres version des Amériques de la tutelle de Washington sont vraiment résolus. Je suis, du coup, resté sur ma faim. Le travers consistant à sur-représenté la présence américaine dans la longue Terre est également un peu agaçant.
Mais ce n’est pas une raison pour passer à côté d’un très bon roman qui met en appétit en attendant la suite.

Françatome

Court roman de Johan Heliot (il se lit facillement en quelques heures), Françatome est une uchronie dans laquelle la France, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, a recruté des scientifiques nazis (dont Van Braun) et lancé, avec succès, un programme spatiale ambitieux basé sur l’énergie atomique.
Se déroulant dans les années 80, le roman suit les traces du fils d’un des architecte de la puissance atomique française. Exilé depuis vingt ans aux États-Unis, après la mort de sa mère suite à une irradiation, il revient en France, à l’appel de sa sœur, afin d’assister aux funérailles de son père.
Mais, bien sur, les apparences sont trompeuses et dans une France dictatoriale, au proie à la guerre civile, il devra, avec l’aide d’un amis issus de son passé se rendre dans la station spatiale « la roue ». Le rêve de Von Braun : une station spatial nucléarisé et fonctionnant à l’énergie nucléaire qui devait assurer à la France la suprématie militaire et servir de tête de pont pour la colonisation du système solaire. Mais la roue à fait sécession et menace maintenant de s’écraser sur Terre contaminant au passage l’atmosphère de déchet radioactif.
Le roman alterne les chapitres se déroulant dans le présent de narration et des flashback du narrateur qui, privé de sa médication, dérive de plus en plus dans son passé et sa jeunesse (à la base de Hammaguir dans le désert algérien). Ce procédé narratif permet au lecteur de comprendre peu à peu les tenant et aboutissant d’une uchronie qui lorgne peu à peu vers la série « Fringe ».
Si Françatome n’est pas le meilleur roman de l’année, il reste néanmoins un roman efficace qui est agréable à lire.

Machine of Death

Le recueil de nouvelles Machine of Death est né d’un appel à texte, en 2007, dont la consigne était de proposer une nouvelle centrée autour d’une « machine à mort ». Un appareil au fonctionnement mystérieux mais qui, après analyse sanguine, prédit, sur une petite carte et avec une exactitude parfaite, la cause de la mort. Ces prédictions sont parfois ambiguës et ne sont pas datées, mais elles sont toujours corrects.
Avec ce pitch initiale, Machine of Death propose plus d’une trentaine de nouvelles qui explore la question de la mort et le fait de savoir comment l’on meurt. Difficiles du coup de donner un résumé de chaque nouvelle, les auteurs abordants la thématiques depuis plusieurs angles; mettant en scène tout aussi bien les inventeurs de la machine, ses premiers pas dans le monde que les sociétés qui vivent avec depuis plusieurs genérations.
La grande majorité des nouvelles sont bonnes ou excellentes et Machine of Death s’est révellé être une excellente surprise tant par la qualité des nouvelles que par les questionement qu’elles abordent. Le receuil est disponible gratuitement en téléchargement PDF et proposé en licence creative common, certaines nouvelles sont même proposées dans les variantes les plus ouvertes de cette licence.
Pour vous donner un avant gout, je ne résiste pas à reproduire ici la nouvelle la plus courte du recueil, écrite par Brian Quinlan :
« HIV INFECTION FROM MACHINE OF DEATH NEEDLE
“Well,” I thought, “that sucks.” »
Rentre dans le cadre du challenge nouvelles et novellas.

Railsea

Depuis quelques années, China Miéville explore, à chaque nouveau roman, un genre littéraire différent en lui donnant un twist que la critique qualifie de « weird ». Le roman « young adult » Railsea, sorti en 2012, n’échappe pas à cette exploration; il s’agit d’un roman d’aventure maritime dans la lignée de livre comme Moby Dick ou l’île au trésor. Le twist étant qu’ici il y a pas d’océans et de mers parcourus par des poissons et autres baleines, mais une terre que sillonne d’innombrables rails (le railsea du titre) et qui est peuplée de taupes géantes et d’insectes nombreux.
C’est donc dans un monde ayant visiblement possédé une technologie avancée (il y a des ordinateurs par exemple) que des trains circulent sur une mer de rails. Celle-ci est entretenue par des trains mystérieux appelés les anges et qui est visiblement d’une technologie avancée. Sur cette mer de rail, parsemée d’îles rocheuses où vivent les hommes, des trains de chasse à la taupe, de commerce, de récupérateurs de technologie sur des trains « échoués », des trains militaires, mais aussi des trains pirates circulent inlassablement. Les capitaines de trains chasseurs de taupe traquent leur « philosophie » sans relâche.
C’est dans ce contexte que le jeune Sham Yes ap Soorap embarque pour son premier voyage dans le train chasseur de taupe, comme assistant du médecin de bord, du capitaine Abacat Naphi. La découverte d’un train « échoué » et d’une série de photos gardée dans la carte mémoire d’un appareil photo le lancera sur les traces de deux adolescents puis, au péril de sa propre vie, sur celle du bord du monde et de ce qui se trouve au dela.
Difficile de parler du roman sans en déflorer l’intrigue, mais Miéville propose tous ce qui fait le sel des romans d’aventures marins avec la dextérité de son « worldbuilding ». Une lecture très agréable (et un roman dont il ne faut pas 50 pages pour y entrer, comme c’est souvent le cas chez Miéville) ponctuée de nombreux chapitre de mise en abyme sur la narration du récit lui même. La version audio est bien servi par une lecture agréable.

The Ocean at the end of the lane

Dernier roman en date de Neil Gaiman (et dont il assure lui même la lecture dans la version audio) The Ocean at the end of the lane est une histoire pour adulte sur les risques qu’il y a à fréquenté la Féerie.

Le roman débute alors que le narrateur, âgé d’une quarantaine d’années, se rend dans la rue (lane) de son enfance et se dirige, presque sans le vouloir, vers la ferme des Hempstock (trois femmes, une grand-mère, sa fille et sa petite-fille de 11 ans) et vers la mare qui s’y trouve. Là il se remémore les événements qui se sont déroulés alors qu’il avait 7 ans et qu’il avait oublié.

Le narrateur était alors devenu amis avec la plus jeune des Hempstock, Lettie, et avait du faire face à une créature de féerie qui a envahit sa vie sous la forme d’une nounou très envahissante et dangereuse….

L’histoire est cruel pour le narrateur et illustre les dangers, mais aussi une partie des merveilles, qui peuple la féerie. The Ocean at the end of the lane est un roman qui se lit vite et qui est une vraie réussite.

Même pas mort

Première Branche (pour reprendre la terminologie de l’auteur) de la trilogie Roi du monde, Même pas mort est sans doute le texte le plus abouti de Jean-Philippe Jaworski à ce jour.

Se déroulant dans l’antiquité celtique, Même pas mort se présente comme la première partie de la vie d’un grand roi, sa jeunesse, que celui-ci narre à un marchand hellène. Ainsi, après un super préambule, le lecteur suit la vie de Bellovèse, fils de Sacrovèse, fils de Belinos. Bellovèse aurait du être roi des Turons, mais son oncle maternelle a vaincu, et tué, son père lors d’une guerre connue sous le nom de guerre des sangliers. Élevé par sa mère avec son frère cadet Ségovèse dans un domaine éloigné de la court, Bellovèse ne reçoit qu’une éducation noble partiel, principalement des mains du héros Sumarios, héros servant le haut roi Ambigat, l’oncle dont il a été question plus haut.

Lorsque le roman commence,  Bellovèse fait route, avec Sumarios et le barde Albios en direction de l’île des vielles afin de se rendre auprès des Gallicène, de puissantes femmes vivant hors du monde. Il a en effet été frappé d’un interdit par le haut druide car il aurait du mourir lors de sa première bataille, hors il a survécu n’étant ainsi ni tout à fait vivant ni tout à fait mort.

Jaworski déroule ensuite l’histoire de Bellovèse dans ce qui semble, à première vu, être une chronologie inversée (allant du voyage de Bellovèse vers l’île des vielles jusqu’à sa jeunesse) alors qu’il s’agit en fait de la chronologie correcte des évènements (je n’en dis pas plus, lisez le livre vous verrez bien).  Le lecteur apprend ainsi comment Bellovèse a participer à sa première bataille et n’est pas mort comme il l’aurait du, il apprend ensuite quel a été sa jeunesse dans une partie où la vérité se mélange aux mythes et légendes celtes.

Même pas mort est un roman exigeant, superbement écrit dans une langue recherchée, mais jamais précieuse. Le rythme du récit est également très bon et la fiction historique se mêle avec les mythes et légendes afin de former la première partie d’un récit qui à toute les atouts pour devenir légende.

Au final ce roman est un must pour qui prétend aimé les romans de Fantasy. Si je devais avoir quelque bémols c’est plus sur des choses annexes : le format hadcover qu’apprécie beaucoup les moutons électriques n’est pas mon favoris, j’aurais préféré un softcover, ceux des moutons sont forts jolis. Ensuite, et là il s’agit d’un vœux dont j’espère que l’éditeur et/ou l’auteur entendront, j’aurais appréciés, à défaut d’une carte et d’un glossaire qui aurait été fort utiles, de lire une postface (peut-être l’occasion d’un bonus sur le site des moutons….) éclairant les mythes et légendes celtes utilisées par l’auteur et la manière dont il a utilisé les sources antiques pour construire son récit. Ce vœux est surtout lié à mon envie de comprendre comme Jaworski a construit ce qui est ammené à devenir, j’en suis persuadé, un roman clef de la fantasy francophone.

Le plus dure maintenant : attendre 2014 (et 2015) pour pouvoir lire les deux branches suivantes !

L’avis de Nebalia (tout aussi enthousiaste)

The golem and the jinni

Le pitch de The golem and the jinni ressemble à un pitch de roman bit-litt : à New York, à la tout fin du XIXe siècle un djinn emprisonné sous forme humaine et un golem fraichement animée et libérée de son créateur doivent se construire un futur parmi les hommes. Le lecteur s’attend à une superbe histoire d’amour entre deux créatures fantastiques et je dois avouer que si le roman n’avait pas été conseillé, via Twitter, par une auteure que j’apprécie, je n’aurais sans doute jamais eu la curiosité de lui laisser une chance…
Bien m’en a pris car The golem and the jinni n’est pas cela; il y a certes une légère tension amoureuse, comme toute histoire entre un homme et une femme, mais le roman a aucun moment ne peut se résumer à cela. The golem and the jinni est en effet avant tous un roman d’immigrés. Il y a d’un côté le golem, créée en Europe par un rabbin défroqué pour servir de femme à un juif qui décèdera durant la traversée de l’Atlantique quelques heures à peine après avoir animé son golem. De l’autre, il y a un djinn, emprisonné il y a plus de mille ans dans une lampe à huile, bloqué sous forme humaine, sans souvenirs de la manière dont il fut capturé, qui se retrouve libéré par un ferblantier.
Le roman suit donc comment ces deux étrangers (doublement étranger en fait)vont se créer une place à New York, l’une dans le quartier juif, l’autre dans le little Syria. La trajectoire de ces deux personnages, l’un fier, indépendant presque rebelle, l’autre curieux, intelligent mais également prudent et réservé, vont bien évidement se croiser. De leur rencontre ce n’est point tant une histoire de cœur qui va naitre, mais plutôt une rencontre de deux philosophies de vie différente.
Outre le golem et le djinn, dont l’histoire passée se découvre également au fil des pages, le roman suit également le parcours de plusieurs personnages secondaires, dont, notamment, le créateur du golem, un rabbin défroqué craignant plus que tous sa propre mort.
The golem and the jinni est un excellent roman dont la version audio m’a captivé. Pour moi définitivement un de mes coups de cœur de cette année.

Les coups de coeurs des Imaginales

Chaque année depuis dix ans les Imaginales désigne un auteur coup de cœur qui sera mis en vedette durant le festival. A l’occasion de la dixième année de cette initiative, une anthologie proposant une nouvelle inédite de chacun a été publié. Sous la direction de Stéphanie Nicot, le lecteur peut donc lire dans Les coups de cœurs des Imaginales :
« Une Simple Promesse » de Thierry Di Rollo est une nouvelle de Fantasy qui voit une sorte de chevalier se rendre au près d’un ermite afin de pouvoir rentrer dans le territoire des morts. Une nouvelle très classique, convenue et peu imaginative.
« Le Secret de Parsigou » de Jérôme Camut est une nouvelle bi-classée fantastique-SF qui envoie un journaliste dans un petit village perdu de la France profonde dont les habitants ont semble-t-il une très grande longévité, tout en vivant avec un siècle de retard. Une des meilleurs nouvelles du recueil, très bien construite et très bien menée.
« Le Chirurgien » de Erik Wietzel est une sympathique nouvelle fantastique dans laquelle un chirurgien réputé voit, un jour, se répercute sur son corps les effets des opérations réalisées la veille.
« La Stratégie du chasseur » de Rachel Tanner a pour protagoniste la même demi-elfe que sa nouvelle proposée dans Elfes et Assassins. Une mission secrète au Kosovo sur la trace d’une juge disparue qui enquêtait sur des trafics d’organes. Une nouvelle pas forcément originale, mais qui respecte bien les canons de la bit-litt et qui ne démérite pas dans ce genre-là.
« Trois renards » de Mélanie Fazi est une nouvelle fantastique sur une musicienne qui, lorsqu’elle joue, voit, comme d’autres avant elle, les animaux. Cette connexion lui échappe peu à peu alors qu’elle s’embourbe dans une relation amoureuse violente. Une superbe nouvelle sur la violence conjugale et la musique.
« Profanation » Jean-Philippe Jaworski suit le procès, et surtout la défense, d’un pilleurs qui vole les cadavres laissés sur le champ de bataille durant les guerres de succession faisant suite à l’indépendance de Ciudalia. Une excellente nouvelle d’un autre que j’adore.
« Séréna » de Sir Cédric est une nouvelle fantastique impliquant un marchand de rêve, un client et une sirène. Mais lorsque l’on fait commerce avec celui qui pourrait être le diable, les rêves peuvent vite virer au cauchemar. Une sympathique nouvelle sur le thème du « pact avec le malin ».
« La Nuit sur le plateau du K’fên »m de Charlotte Bousquet est une nouvelle de fantasy se déroulant dans un monde inspiré des légendes arabes. Une jeune fille fuit dans le désert un maris qui lui a été imposé. Une jolie lecture durant laquelle je n’ai pu me défaire d’un sentiment de déjà lu, mais où ?
« Derrière les barreaux » de Lionel Davoust est un texte sur l’autisme et les dauphins. Surement très intéressant, le sujet un peu sensible pour moi (l’autisme, pas les dauphins) a fait que j’ai interrompu ma lecture, que l’auteur m’en excuse.
« Élixir » de Samantha Bailly narre la vie d’une puissante empathe dans une cité vivant sous un dôme de protection. Une dystopie pas forcément mal écrit mais dont le sujet a déjà été traité de nombreuse fois.
Une anthologie au final en dent de scie : de très bons textes (Fazi, Camut, Jaworski et Bousquet) côtoient des textes très convenus (Bailly, Di Rollo et Tanner) et des textes moyens (les autres).

L’avis de Gromovar.

Rentre dans le cadre du challenge nouvelles et novellas.

The Teleportation Accident

Ayant eu envie de me laisser surprendre, je me suis lancé dans l’écoute de The Teleportation Accident de Ned Beauman sur la base de quelques bonnes critiques vues sur le Net et à moitié lues. J’ai donc trouvé un roman que je pensais être de la SF, ou du moins du fantastique, et qui est en fait un roman de « littérature blanche » (pour autant que l’expression ait un sens) avec de petites touches de polars et de SF. Au risque de paraitre un peu élitiste, je dirais que c’est tout à fait le genre de petites touches qui fait dire aux critiques classiques que l’auteur a fait une incursion importante dans le domaine des littératures de l’imaginaire, là où le lecteur habitué à ces, mauvais, genres se dit que c’est bien léger quand même.
Mais le roman me direz-vous; et bien il suit les tribulations de Egon Loeser, un décorateur de théâtre allemand raté, frustré sexuellement et envieux de Berlin des années 30 jusqu’en Californie durant la guerre, en passant par Paris, sur les traces d’une belle jeune fille, Adel Hitler (aucun lien de parenté avec le dictateur) qu’il souhaite trousser. Le tout alors que l’Histoire, celle avec un grand « H », se déroule à côté de de Loeser sans que celui-ci y prête aucune attention, englué qu’il est dans ses problèmes personnels.
Divisé donc en trois parties, le lecteur découvre les mondanités un peu vaines du Berlin des années 30, le Paris cosmopolite de l’avant-guerre et la Californie durant la guerre où se croise réfugiés allemands, scientifiques au servie de l’Etat et espions russes. Le roman est également traversé par la figue du dramaturge Adriano Lavicini dont Loeser est un admirateur : l’accident historique semble au centre d’une conspiration mystique, Loeser a été victime d’un accident similaire, bien que moins grave, lors d’une pièce et un physicien américain, obsédé par Lovecraft, effectue des recherches sur la téléportation.
Si le roman est bien écrit et tient le lecteur en haleine (dans mon cas l’auditeur, le narrateur de la version audio, en anglais, est très agréable à écouter), j’ai attendu longtemps le moment où le roman assumerait ses sous-entendus fantastique/SF et basculerait sans que jamais ce moment n’arrive. The Teleportation Accident me fait donc, au final, l’effet d’un acte manqué : un bon roman qui se veut une incursion dans les littératures de genre sans jamais oser assumer son envie, dommage !