La voie des oracles : Enoch

Débutant peu après le premier tome, Enoch présente la suite de l’histoire de Thya, jeune patricienne romaine doué du pouvoir d’augure dans un Empire romain en perte de puissance et qui rejette ses anciens dieux pour le Christianisme.
 
Fuyant la Gaule et les manigances de son frère, Thya, son Oncle et le jeune Enoch doté maintenant d’un pouvoir sur la brume et le feu, se rendent en Orient sur la trace des mystérieux dieux du destin des Étrusques. Poursuivi par son frère, qui a trouvé une nouvelle alliée en la personne de la déesse Hécate, trahie par le Destin, Thya va découvrir l’Empire romain d’Orient et voyagé sur la une partie de la route de le soie.
 
Enoch est un roman très bien écrit et agréable à lire, au ton beaucoup plus sombre que le premier tome et à la conclusion surprenante (pour un ouvrage vendu « jeunesse / ado »). Une lecture qui vaut la peine même pour une personne qui n’est pas dans la cible de la collection.

The man who rained

Second roman de Ali Shaw, que j’ai découvert avec The trees, The man who rained est un roman de découverte de soi et de romance.
 
Lorsque le père d’Elsa, qui comptait beaucoup pour elle et qui était chasseur de tornades/orages meurt, tué par une tornade, Elsa décide de changer de vie et quitte New York pour la petite ville de Thunderstown.
 
Dans cette petite ville marquée par son lien avec la météo Elsa va découvrir que le « temps qu’il fait » peut s’incarner dans des animaux et dans un homme, Finn, dont elle va tomber amoureuse. Dans une communauté où toutes les manifestions de la météo sont craintes et éliminées (une personne est même chargée de tuer les animaux qui ont du vent dans leurs veines), l’existence même de Finn met leur relation en danger.
 
Ali Shaw sait construire des personnages détaillés et décrire leurs relations de manière admirable. The man who rained est donc un roman poétique minutieusement construit où la vie des personnages est le pivot autour duquel se construit l’histoire.

La voie des oracles: Thya

Avec ce premier tome d’une trilogie, Estelle Faye propose une Fantasy se déroulant en Gaule durant le déclin de l’Empire romain au cinquième siècle de notre ère.
 
Thya est la fille d’un général roman respecté, mais à seize ans elle est loin de mener une vie de faste à Rome. En effet, Thya est une oracle, elle est dotée depuis son jeune âge du don de prophétie. Si à une époque plus ancienne son don lui aurait valu une place de choix dans la société romaine, la conversion de l’Empire au christianisme met sa vie même en danger. C’est pourquoi son père l’a mise en sécurité dans sa propriété gauloise.
 
Mais lorsque son père est victime d’une attaque picte, ordonnée en secret par le propre frère de Thya, elle écoute ses visions et entreprend le long voyage  pour la citadelle de Brog où son père arrêta jadis les Vandales.
 
Pourchassée, protégé en secret par les anciens dieux et les créatures de l’ancien monde, Thya voyage dans la Gaule accompagné d’un ancien soldat de son père et son neveux, Enoch, un maquilleur séducteur au passé trouble.
 
Thya est un roman dont les héros sont de jeunes gens, mais qui est écrit avec intelligence et où les anciennes croyances de l’Empire et le christianisme sont en lutte. Thya devra perdre de son innocence, découvrir les secrets de son passé et savoir lutter pour ne pas être le jouet du Destin.
 
Une série qui commence fort bien, maintenant je m’attaque à la suite.

Notre-Dame de la mer

Novella de Rozenn Illiano, et premier texte de cette auteure pour moi, Notre-Dame de la mer propose une histoire de vengeance fantastique au gout de nostalgie et de sel.
 
Sa grand-mère hospitalisé, Nellig se rend en Bretagne afin de s’occuper de la vielle maison qui représente encore aujourd’hui ses nombreux souvenirs d’enfance. Alors qu’une tempête arrive, Nellig vit douloureusement le séjour car son grand-père décédé il y a plusieurs années lui manque terriblement.
 
Durant son séjour, elle ressent un attrait morbide pour la mer et son quotidien se teinte de fantastique. Subissant les assauts d’une néréide, qui menace non seulement sa famille, mais également les marins,  Nellig va devoir plonger dans le folklore local et le passé de sa famille pour tenter de trouver une solution; à condition que la solution existe…. 
 
Notre-Dame de la mer est une novella très agréable à lire qui mélange fantastique et folklore avec bonheur grâce à une écriture tout en finesse et nostalgie.
 

In the Labyrinth of Drakes

Quatrième tome des mémoires de Lady Trent, la célèbre naturaliste étudiant les dragons (la série se passe dans un XIXe siècle ressemblant au notre, mais dont les nations sont imaginaires, où les dragons existent).
 
In the Labyrinth of Drakes narre les recherches qu’elle a effectué, pour le compte de l’armée Scirling  (L’Angleterre) dans le désert d’Akhia afin de développer une méthode d’élevage des dragons pour que l’armée puisse utiliser leurs os, une fois préservé, comme matériaux de construction.
 
Son séjour sera bien sur émaillé de nombreuses péripéties (enlèvement, sabotage, tentative d’assassinat, etc.), d’un soupçon de politique, de relations personnelles parfois compliquées, de réflexion sur la place des femmes et de découvertes.
 
La série sur « Lady Trent » est bien écrite et mélange aventures, politiques et découvertes sur les dragons de manière heureuse. In the Labyrinth of Drakes est totalement dans le ton et au niveau des autres volumes de la série. J’attend le suivant avec curiosité et impatience.

Acceptance

Troisième, et dernier, tome de la trilogie du Rempart Sud, Acceptance est un roman très bien écrit dont le titre s’adresse aussi bien aux personnages du roman qu’aux lecteurs : ici pas de vrais réponses mais des éléments pour comprendre comment les choses se sont passés.
 
Acceptance ressemble à une boite de pièces qui permet de compléter les puzzles que sont Annihilation (pour la Zone X) et Authority (pour le Rempart Sud). Le roman suit différents personnage clef : Saul, le gardien du phare, la directrice du Rempart Sud / Psychologue de la douzième expédition, Control et le doppelganger de la Biologiste. Le tout à des époques différentes.
 
Les différentes narrations, qui s’alternent, permettent de comprendre les événements qui mont mené à l’apparition de la Zone X, au vague plan de la directrice pour faire changer les choses (et sa première expédition à deux dans la Zone X) et ce qui arrive à Control après la fin de Authority.
 
Mais attention si le roman donne des éléments de réponses, c’est avant tous le lecteur qui a une vision d’ensemble de ceux-ci, jamais les personnages.  Acceptance ne donne également aucune vérité absolu sur le pourquoi de la Zone X et le devenir de la Terre, mais plutôt des suppositions, une chronologie des événements et de bref coup d’œil derrière le voile.
 
Acceptance est au final un roman qui clôt de manière magistrale, je trouve, une trilogie qui a eu le don de non seulement me tenir en haleine, mais aussi de me communiquer un véritable malaise sur ce que nos esprits ne peuvent pas forcément appréhender, malgré tous les efforts que l’on peut déployer.

Shakti

Second tome de la tétralogie de Stefan Platteau « Les Sentiers des Astres », Shakti débute là où Manesh s’est arrêté.
L’expédition, dans les forêts du Nord, afin de rencontrer le mythique Roi-diseur est en mauvaise posture : décimée et encerclée par un ennemi nombreux et puissant. La première partie de Shakti narre la fuite de l’expédition dans la forêt. Le « cliffhanger » du premier tome obtient une réponse rapide et le lecteur ne marine pas pendant de  nombreuses pages pour savoir.
La seconde partie du roman est consacré au récit de Shakti, la Courtisane qui accompagne, avec sa fille, le groupe. Elle narre, entrecoupé par quelques scènes de la vie quotidienne de l’expédition,  son enfance et son entrée dans l’âge adulte comme fille d’une puissante chamane et seigneure dans une grande îles du Nord qui fait penser à une Islande plus verdoyantes que la notre. Les forêts de son enfances sont peuplés d’esprits et de seigneurs bêtes anciens dont un ours vivant une malédiction et dont le destin et celui de Shakti entremêlement.
Difficile d’en dire d’avantage sans dévoiler tous les rebondissements du récit. Il me suffira de dire que c’est admirablement bien écrit (ceux qui ont aimé Manesh ne pourront qu’apprécier) et que le rythme est un peu plus rapide que dans le premier tome. Mes deux seules regrets, au final, sont que le récit de la Courtisane n’est pas achevé dans ce volume et que j’aurai aimé avoir une histoire urbaine (cela viendra sans doute) alors que là le récit reste fortement marqué par la nature sauvage (admirablement bien décrite et rendue). A noter également l’extension de la mythologie du monde qui, mélange de shamanisme, de mythes nord-européens et indiens est fascinante.

Pour les indécis je vous conseil le teaser vidéo avec des extraits lus du roman (A quand la version audio ?)

The Trees

Je me fait en ce moment une petite cure de New Weird avec des romans de qualité. The Trees de Ali Shaw est l’un de ceux-ci. Le pitch du roman est très simple : une nuit , sans que personne ne sache pourquoi, des arbres poussent sur l’ensemble de la planète et mette à bas notre civilisation; un groupe de personnes traversent le Royaume Uni pour se rendre en Irlande au près de la femme de l’un d’eux.
Dis comme cela, l’intrigue parait simple, mais c’est sans compter le talent de Ali Shaw créé et fait vivre des personnages d’une rare justesse.
Il y a Adrien le professeur dont la femme est en stage en Irlande au moment de l’arrivée des arbres. Perdu, ne sachant pas que faire de sa vie, et cela déjà avant la Forêt, il se retrouve à partir pour retrouver sa femme, vivant au passage un voyage qui va le changer.
Il y a ensuite Hannah, la mère célibataire, bobo écolo qui voit d’abord dans l’arrivée des arbres le retour salvateur à la nature, avant de devoir affronter ce qu’implique la fin de la civilisation. Son fils Seb, ado pour qui l’informatique est tous qui va devoir arriver à l’âge adulte dans un monde bien différent du sien.
Finalement il y a Hiroko, une ado japonaise rencontrée sur la route qui traine son passé et un bagage de survivaliste qui la rend particulièrement apte à la survie mais peut-être pas aux rapports avec ses semblables
Ses quatre personnages vont faire le voyage en commun, en passant des mystères de la forêt (une touche de fantastique de plus en plus importante) aux communautés de survivants avant de trouver leur place (ou pas) dans ce nouveau monde .
Si The Trees est peut-être parfois un peu long, il s’agit d’un roman bien maitrisé où le prémisse post-apocalyptique permet à l’auteur de décrire des personnages profondément humain face à eux même, aux autres et à la nature.

L’avis de Gromovar (qui est responsable de cette lecture).

Sacra II

Pouvant se lire de manière indépendante, mais représentant le second volet du recueil Sacra, et son pendant les nouvelles de ce recueil répondant aux nouvelles du premier tome, Sacra propose quasiment que des textes inédits (nouvelles ou novellas) où fortement remaniés et enrichis de Léa Silhol.
Bien qu’il serait réducteur de ne donner qu’un thème à chaque recueil, il est probablement possible de dire que si le premier tome était sous le signe de l’art, ce second volume est sous celui de l’héritage / la transmission; Héritage/transmission entre générations, mais aussi de l’histoire et du poids des décisions passées (et présentes).

Chaque texte de ce recueil tissent des liens avec le reste de l’œuvre de Silhol (comme toujours chez elle, mais c’est ici très très présent) et principalement avec celle du premier tome (mais, à l’exception peut-être d’un texte, tous les textes, je le répète, peuvent se lire pour eux même).

Difficile de parler des nouvelles du recueil sans soulever au moins un petit peu la trame, que ceux qui veulent garder une surprise totale sautent directement à la fin de cette chronique.

« Lumière Noire » est une une ré-édition à l’identique (il me semble) d’une nouvelle que je connaissais, elle suit une jeune femme atteinte de syphilis, à une époque où la maladie est incurable, et son petit-ami qui mettent la main sur une lampe Oscuro de Isenne et découvre un autre monde dans les ombres. Une nouvelle qui ouvre en douceur aux mystères de ce recueil.

« Sfrixàda, l’Empreinte, dans la cendre » est un dialogue, en la cité d’Isenne, entre une visiteuse prestigieuse et un artisan qui narre une histoire d’amour et la chute d’un Royaume. Une belle écriture pour une nouvelle faisant le lien entre une du tome précédant et une histoire de tailleur présent dans Les Conte de la Tisseuse.

«  »D’une étoile à l’autre » est probablement le texte qui pourrait sembler le plus obscure pour les lecteurs peu habitué à la trame « silholienne ». C’est une version longue de la nouvelle « L’étoile au matin » qui se déroule, de nos jours, à Istanbul. Elle met en scène Lucifer lui même qui, suite à une visite, décide de se préparer à choisir un camp dans un conflit ancien. La novella voit se succéder une brochette d’immortelles et de factions occultes (Fays, Djinns, Nephilims, etc.) qui tissent entre eux la quasi totalité des textes de La Trame et laisse présager d’un conflit imminent. Un très beau texte qui parlera sans doute le plus aux familiers de l’auteure et surtout de son œuvre.

« Béni soit l’Exil », version longue et d’un autre point de vue de « La Faveur de la Nuit », narre la grandeur, la chute et l’exil (se terminant à Isenne) d’une nation qui a cherché, obtenu et perdu, les faveurs d’un prince sombre de féerie. Un texte très bien maitrisé et agréable à lire.

« Le Maître de Kodo », une longue novella (probablement mon texte préféré du recueil) se déroulant au Japon et qui voit un groupe de Fay (avant la découverte de Frontière) se rendre au près d’une ancienne famille  du pays afin de sauver sa plus jeune membre. Celle ci, Fay, est perdu dans le monde virtuel (le GRID) à la recherche de son âme sœur. Il est question ici de malédiction famille, de flocons, de tatouages, de secrets et de découvertes. Je ne peux qu’adhérer, surtout quand se rencontre la trame de Frontière avec la nouvelle qui m’avait le plus marqué dans Les Conte de la Tisseuse : « la loi du flocon ». J’espère pouvoir en lire d’avantage sur la Fay de la famille dans le futur.

« Emblemata » est une courte nouvelle qui narre la rencontre entre un voyageur et un immortelle en 1931 en Orient pour une longue discussion sur les religions et le passage du temps. Si la nouvelle contient d’intéressantes réflexions, elle est pour moi un cran au dessous du reste.

« The Passenger » clôt le recueil et fait écho à la première nouvelle de Sacra I en narrant, à New York alors qu’une ambassade de Frontière est reçu à l’ONU, les retrouvailles entre un traducteur et « son » auteure disparue il y a plus de 20 ans et revenu changée. Une nouvelle qui montre qu’être différent est avant tous un choix et qu’il n’est jamais trop tard ?

Finalement Sacra II est de très très bonne facture et forme un tous avec Sacra I. A noter que l’ordre dans lequel les textes sont présentés n’est pas dû au hasard et forme un voyage très bien pensé.

Dur Silence de la Neige

Se déroulant au XVIe siècle, Dur Silence de la Neige est un roman court de Christian Léourier qui narre la fin d’une traque; celle de Mazé, un ancien soldat, poursuivant un sanglier particulièrement intelligent, gros et dangereux.
 
La traque de Mazé le mène au Chambon, un village perdu dans la montagne. Reçu avec méfiance par les montagnards, il s’installe néanmoins parmi eux, avec la veuve de l’un d’entre eux et son fils boiteux. Poursuivant sa traque, Mazé s’insert peu à peu dans la vie du village, et ses nombreuses relations faites de proximités et de rancœurs propre aux petites communautés, avant de terminer, en hiver sa traque de manière tragique.
 
Dur Silence de la Neige est un beau roman terriblement bien écrit et dont l’histoire profondément humaine, au niveau de la vie intérieur de Mazé mais également des relations entre personnes, m’a beaucoup plus.