Akata Woman de Nnedi Okorafor

Débutant peu de temps après le tome précédent, Akata Woman suit toujours Sunny Nwazue, une membre des léopards, des gens qui maitrise la magie en Afrique (ici le Nigeria).

Sunny continue son apprentissage magique en devant naviguer entre sa vie profane (ses parents ne savent pas, ou ne veulent pas voir, sa vie magique) et ses amis et mentor dans le monde des léopards. Lorsque la grande araignée Anansi vient exiger de Sunny qu’elle lui rende un artefact de sa création qui lui a été volé par ses ancêtres, Sunny et ses amis embarquent dans un voyage dangereux qui va les mener dans un village de femmes guerrières et magiciennes et sur la grande route où les esprits (et les voyageurs intrépides) peuvent voyager de monde en monde.

Akata Woman continue de belle manière une série toujours aussi agréable à lire. Je suis maintenant curieux de savoir ce que sera le tome suivant.

Remote Control de Nnedi Okorafor

Novella de Nnedi Okorafor, Remote Control  se présente presque comme une légende africaine : une jeune fille, Sankofa­­, avec son renard Mövenpick, parcourant les routes du Ghana; on l’a dit fille de la mort et les gens lui offrent nourritures et vêtements de peur qu’elle leur fasse du mal.

Mais là où une légende prendrait sa source dans le passé, l’histoire de Sankofa se passe dans un futur proche et a son origine dans une « graine » venu de l’espace qui l’a changé : Sankofa peut « luire » et tel une pile radioactive elle peut tuer.

Remote Control raconte comme Sankofa est née et pourquoi elle voyage sur les routes du Ghana à la poursuite d’une graine. La novella raconte aussi comment se conclut sa quête et son histoire. Une novella bien écrite qui est à la fois une légende de demain et l’arrivée dans l’âge adulte d’une fille que le destin (ou la fatalité) a mis à part.

Si Le Bélial voulait la traduire pour leur collection « une heure-lumière » je suis certain qu’elle rendrait très bien avec une couverture de Aurélien Police…

Akata Warrior

Second roman, un troisième serait prévu, de la série Akata qui suit les aventures de Sunny Nwazue une jeune albinos, née au Etats-Unis et vivant au Nigéria, qui se découvre être un « free agent », un membre de le société des Léopards, des magiciens, Akata Warrior fait suite à Akata Witch.

Après avoir capturé un dangereux tueur magicien dans le premier tome, Sunny et ses trois amis magiciens continuent leurs études magiques dans le monde des Léopards. Mais Sunny voit toujours dans ses rêves le monde finir dans les flames.

Entre les ennuies de son frère ainé qui rentre à l’université, ses études de magie, le mystérieux message laissé par sa grand-mère (magicienne elle aussi) et la menace du retour de Ekwensu la dangereuse mascarade, Sunny aura fort à faire.

Akata Warrior est un super roman qui plaira aux jeunes et moins jeunes fan de magie et d’aventures.

The Book of Phoenix

Se déroulant dans le passé de Who Fears Death, et expliquant la manière dont notre civilisation c’est écroulée, The Book of Phoenix se passe dans notre futur proche, où le surnaturel se mélange avec la science.
 
Une grande corporation réalise, sur sept sites répartit dans des grandes villes américaines, des expériences génétiques sur des êtres humains, des clones et des entités extraterrestres (peu nombreuses). Phoenix, sur le site numéro 7 à New York, est l’une de ces expériences. Organisme génétiquement accéléré, à deux ans elle semble en avoir 40 et à la maturité, si ce n’est l’expérience, qui va avec. N’ayant connus que le monde de la tour 7, la mort d’un ami, une autre expérience, provoque chez elle une transformation qui va la lâcher sur le monde.
 
Ne pouvant plus vraiment mourir, tel l’animal mythique dont elle porte le nom, Phoenix débute un cheminement qui la mènera des États-Unis en Afrique, puis à nouveau aux États-Unis où elle incarnera le visage de la libération pour les expériences enfermé dans les sites de recherche.
 
Nnedi Okorafor propose ici un roman à la frontière entre fantastique et science-fiction qui voit son héroïne chercher un sens à sa vie et se heurter à la froideur de ses créateurs avant de diriger sa rage vers la libération des siens, puis vers la vengeance.
 
The Book of Phoenix est un roman que j’ai pris grand plaisir à lire, bien que la fin pèche un peu par son « grobilissime ».

Binti

Binti, dernière novella écrite par Nnedi Okorafor, avait tous les atouts pour faire envie : une auteure de qualité, une couverture sympathique et un début (une jeune fille d’une tribu africaine embarque, sans que ses parents ne l’approuvent, sur un vaisseau afin de se rendre sur une planète où une université prestigieuse l’a acceptée) avenant.
 
En débutant ma lecture, je m’attendais a une novella parlant d’entrée dans l’âge adulte, d’acceptation de soi, de conciliation entre culture dominante et culture minoritaire (et mal perçue), des thèmes classiques mais qui ont toujours un grand potentiel. Et assez rapidement la novella se perd lorsque tous le vaisseau est assassiné lors d’une attaque extraterrestre afin de s’introduire dans l’université pour récupérer un artefact volé.
 
Tous les mauvais trop y passe alors : la jeune fille est, contre tout attente, la seul survivante, la glaise dont son éthnie s’enduit a des propriétés de soin presque magique sur les extraterrestres, elle a un objet trouvé sur Terre qui lui permet de communiquer avec eux… Elle met alors au point un plan pour survivre et servir d’ambassadeur au près des autorités de l’université, plan qui, contre tous attente, fonctionne… et lui permet même d’intégrer l’université pour une fin qui redevient un peu près intéressante.
 
La novella aurait elle été écrite par une jeune écrivaine ou à destination d’un publique ados, j’aurais sans doute été plus indulgent, mais en l’état cette novella, bien écrite est d’une naïveté décevante.

Lagoon

Lagoon, le dernier roman en date de Nnedi Okorafor, est une histoire de premier contact entre humains et extraterrestres se déroulant dans la capitale nigérienne de Lagos. Le roman mélange avec bonheur les éléments traditionnels du « premier contact » avec l’imaginaire nigérien et les luttes de pouvoir du pays.
Lagoon suit les pas des trois personnages, un rappeur ghanéen, un militaire et une biologiste marine, qui se retrouvent réunis par le hasard (ou pas) sur une plage de Lagos alors que des extraterrestres amerrissent dans la baie. Contactés par leur émissaire, une jeune femme qui peut changer d’apparence, entre autres choses, ils se lanceront dans une odyssée dans la ville de Lagos afin de permettre à l’émissaire de rencontrer le président nigérien.
Le roman est divisé en plusieurs parties qui correspondent à des changement de ton dans l’histoire. Ainsi si la première partie met surtout en avant les différents groupes nigériens qui sont intéressés par exploiter/approcher l’extraterrestre (l’armée, une église évangélique, des ravisseurs intéressés par l’argent, un groupe trans, etc.) et a un ton plutôt comique, les parties suivantes montre Lagos au proie à des émeutes incontrôlées jusqu’à la rencontre tant attendue et aux changement quis e dessinent pour le Nigéria.
Lagoon utilise le Nigéria réel et fantasmé, les extraterrestres côtoient ainsi les esprits locaux et les sorciers et sorcières sont également une réalité. Dans ce sens le roman est une représentation de la réalité nigérienne perçue et vécue par ses habitants.
Si le roman a une fin un peu abrupte, mais néanmoins bien menée, il constitue une bonne lecture qui reprend et réinterprète dans le contexte africain un trope de la littérature (et des films) de science-fiction.
Lu dans le cadre du challenge SFFF au féminin

http://ledragongalactique.blogspot.ch/2014/03/challenge-sfff-au-feminin.html?showComment=1394271167545#c7928591275848414423

Kabu Kabu

Avec ce recueil de nouvelles, Nnedi Okorafor propose une vingtaine de textes, dont une partie sont inédits. S’il serait un peu fastidieux de résumé chaque texte de manière individuelle, Il est néanmoins possible d’en donner quelques généralités. Les différentes nouvelles sont ainsi toutes en lien avec l’Afrique et la plupart ont pour personnages centrales des femmes.
Si quelques nouvelles se déroulent dans des « univers » indépendant (un peu d’horreur, un peu d’urban fantasy, un poil de science-fiction), il est a noté que la plupart des nouvelles se déroulent dans des univers déjà explorés par l’auteur.
Ainsi plusieurs textes sont des extraits d’un premier roman jamais publié qui se déroule dans l’univers de Zahrah the Windseeker , une Afrique où des gens sont capables de contrôler le vent. Ces « windseeker » sont souvent persécuté par une population qui ne sait plus qu’autrefois il y en avait d’avantage. Alors ils partent sur les routes à la recherche d’un « autre » qui les complètent et qui est là quelque part, faisant de même. Les différentes nouvelles partage la même protagoniste.
Le lecteur trouvera également un texte se déroulant dans l’univers de Who fears Death et revient sur le sort des enfants mixtes. Un autre se déroule dans l’univers de The Shadow Speaker , notre monde mais en 2070 où la magie s’est rependu sur le monde. Un texte intéressant qui m’a donné envie de lire le roman s’y déroulant. Finalement, une mise en bouche (qui sera, si j’ai bien compris inclus dans celui-ci) d’un des prochain roman d’Okorafor, Lagoon, est aussi présent. Ce futur roman de science-fiction semble s’annoncer comme étant aussi écologique. Le texte ici donné à la lecture a aiguisé mon envie de lire le roman.
Au final, je suis assez partagé sur Kabu Kabu. Les textes du recueils vont du moyen au très bon et je les ai lus avec plaisir. Le choix de les réunir ensemble me laisse plus perplexe. Des textes réçents côtoient des textes très anciens, plusieurs textes sont des bouts d’un roman jamais publiés et d’autres textes se déroulent dans les autres univers de sa création; le tout accompagné de quelques textes parus ici et là. Le mélange prend mal, il manque pour moi un des fils rouges : pourquoi, par exemple, ne pas avoir repris les différents textes liés pour sortir ensemble le premier roman jamais publié, pourquoi ne pas avoir publié que des textes se déroulant dans les univers des autres romans ? Finalement certains textes semblent avoir été ajouté pour, au delà de leurs qualités intrinsèques, « faire de la masse », et un texte est un teaser pour un futur roman à paraitre.
Un recueil agréable, donc, mais mal construit et qui laisse un goût de patchwork au lecteur.
Rentre dans le cadre du challenge nouvelles et novellas.

The Girl with the Magic Hands

The Girl with the Magic Hands est une nouvelle (48 pages) de Nnedi Okorafor disponible uniquement en format numérique et dont les bénéfices de la vente vont à l’ONG Worldreader qui promeut la lecture, via, notamment, le don de liseuse, en Inde et en Afrique.
Nouvelle positive (elle mériterait sans problème de se trouver au sommaire de l’anthologie non-violente Contrepoint), The Girl with the Magic Hands raconte l’histoire de Chidera, une jeune fille africaine de 11 ans qui, ayant une famille malheureuse, n’est pas spécialement heureuse elle-même. En allant chercher de l’eau, elle tombe un jour sur des esprits qui lui font don d’une dessin sur la main. A partir de ce jour elle développe un talent artistique pour le dessin qui l’a rendra non seulement heureuse, mais qui fera le bonheur de sa famille et de son village tout en revivant les traditions anciennes.
Extrêmement bien écrite et prenante, cette nouvelle envoie un message fort pour l’apprentissage, la persévérance et la réalisation de soi. Une vraie réussite, doublée d’un grand plaisir de lecture.
Rentre dans le cadre du challenge nouvelles et novellas.

Who fears death

Ayant apprécié Akata Witch et alléché par une critique de Gromovar, c’est avec curiosité que j’ai débuté l’écoute de la version audio du premier roman adulte de Nnedi Okorafor (prochainement traduit en français) : Who fears death.
Se déroulant dans une Afrique où la technologie est une chose du passé (il en reste quand même quelques traces sous la forme de, rares, ordinateurs ou talkiewalkies) et où la magie (juju) est une chose bien réel. Who fears death narre, à la première personne, la vie de Onyesonwu une enfant née d’un viol entre deux peuplades en guerre (l’une domine l’autre et la vouant peu à peu à la disparition), elle est Ewu, une enfant de la violence qui est maudite pour tous.
Onyesonwu passe néanmoins une enfance en partie protégée dans une petite ville loin des troubles. Arrivé à l’adolescence elle luttera pour se voir enseigner la sorcellerie par le sorcier du village qui ne veut pas d’apprentie. Sujet d’une prophétie, elle partira, avec d’autres jeunes vers l’Est afin de changer les choses, d’amerner la paix entre les peuples et de défaire son père un sorcier maléfique.
Who fears death propose une histoire de fantasy et de coming of age assez classique en somme. L’originalité du roman tient à l’utilisation de l’imaginaire africain et à la lutte constante des minorités et des femmes pour se faire accepter dans un monde machiste et profondément divisé.
Si j’ai beaucoup apprécié l’écriture et la fraicheur d’Akata Witch, Who fears death m’a moins plus. Cela tient sans doute à une narratrice dont la voix ne m’a pas « emportée », de quelques longueurs sur le milieux du roman et d’une structure trop classique (une prophétie, une quête, un voyage, des compagnons, etc.) que l’imaginaire africanisan et le talent de Nnedi Okorafor n’a pas réussi à sublimer. Ce roman, malgré des qualité est ainsi pour moi une petite déception.
Bien que je trouve ce positionnement discutable, la lecture de ce roman s’inscrit dans le cadre du challenge fin du monde.

Akata Witch

Akata Witch est un roman « young adult » de l’écrivaine américaine d’origine nigérienne Nnedi Okorafor. Il s’agit, résumé brièvement, d’un Harry Potter version africaine. C’est un peu réducteur de le présenter comme cela, mais en fin de compte c’est bien de cela qu’il s’agit. A la lecture j’ai eu l’impression de lire une réécriture poste-coloniale en Afrique d’Harry Potter.
Sunny est une américaine d’origine nigérienne âgée de douze ans. Ses parents sont revenus au Nigéria où elle vit aujourd’hui. Son statut d’entre « deux-monde » n’est pas seulement contenu dans ses origines mixtes mais sur sa peau aussi, en effet Sunny est albinos : noir mais blanche. En se faisant des amis dans son quartier elle va réalisé qu’elle n’est pas totalement normal mais qu’elle fait partie du « peuple léopard ». Sunny est en effet un agent libre (« free agent »), une magicienne née de parents non-magiciens. Initié, elle va découvrir ses pouvoirs et le monde des mages. Accessoirement elle et ses trois amis vont être essentiel dans la mise en échec d’un tueur en série particulièrement puissant.
Si l’histoire n’est pas original (et la lute final contre le tueur assez rapidement expédié), l’écriture est bonne et l’utilisation d’un imaginaire africain peu usité dans les productions de fantasy donne une tonalité bien particulière au récit. Au final, si Akata Witch n’est pas le chef d’œuvre dans la fantasy urbaine pour jeunes adultes, il s’agit d’un livre bien écrit, à l’imaginaire dépaysant et de bonne facture. Personnellement je serais lecteur d’une suite (ce que la fin peut, potentiellement, permettre) (et d’une traduction en français pour pouvoir l’offrir)…