Ti Jean l’horizon

Ti Jean l’horizon narre la quête du petit fils du dernier « nègre » de Guadeloupe né en Afrique pour sauver le soleil qui a été dévoré par une bête mythique. Le roman suit donc la vi de Ti Jean depuis sa naissance à Fond-Zombi jusqu’à la fin de sa quête pour sauver le soleil.

Durant cette dernière, il se rendra en Afrique sur la terre de ses ancêtres et découvrira les anciennes traditions. L’histoire de Ti Jean fourmille d’improbables et d’impossibles qui ne font pas toujours sens entre eux. C’est d’une quête initiatique dont il s’agit ici; le message étant que le « négre » peut faire souche de l’autre côté de l’océan et que, d’une certaine manière, il l’a déjà fait.

Ti Jean l’horizon est un roman agréable à lire, mais qui traine parfois en longueur et dont les envolées myhtologiques ont de quoi déconcertés. Même si j’ai pris du plaisir à sa lecture, je n’y reviendrai certainement pas.

Leviathan

Je suis un peu emprunté pour donner mon avis sur Leviathan. En effet, j’ai trouvé ce roman génial; il est d’ailleurs très proche d’être un des meilleurs romans que j’ai lus. Mais dans le même temps si je résume l’intrigue je crains qu’elle ne semble terriblement ennuyeuse :

un inconnu meurt dans l’explosion de la bombe qu’il fabriquait. Peu de temps après, et alors que l’enquête est en cours, un écrivain qui reconnait dans cet homme un de ses vieux amis décide de conter sa vie afin que le monde puisse comprendre comment son ami à fini par mourir. Débute ensuite une histoire qui se déroule sur près de vingt ans (des années 70 au début des années 90), faite de rencontres, de personnages qui se croisent, le tout sur une toile historique. Le tout afin de comprendre la vie de Sach, l’homme qui meurt au début du roman.

Raconter comme cela, l’histoire semble bien banale, mais le roman qui en découle est fascinant, l’écriture parfaitement maitrisée et la trame fascinante. Sans doute un des meilleurs romans qu’il m’a été donné de lire.

The farming of bones

Le quatrième de couverture de the farming of bones débute par ces mots d’un critique du Time : « A powerful, haunting novel… every chapter cuts deep, and you feel it. » Ce commentaire me semble particulièrement adéquat tant l’écriture de Danticat tombe juste et vous prend aux tripes et au cœur.

The farming of bones, son premier roman, narre l’histoire de Amabelle, une jeune haïtienne au service d’une famille dominicaine dans la petite bourgade de Alegria. La première moitié du roman narre sa vie quotidienne entre son service domestique et ses amours avec un jeune coupeur de cane de la ferme voisine.

Dès la seconde moitié du roman, l’histoire bascule dans l’horreur lorsque débute le massacre des Haïtiens ordonné par le dictateur Trujillo. L’on suit ainsi la fuite d’Amabelle pour rejoindre la frontière et la sécurité relative de son pays.

Sur ces bases historiques, le roman s’étend de 1937 à 1966, Danticat continue sa recherche de la tragique histoire haïtienne. Doté d’une écriture coupante et précise, ce roman, comme les autres écrits de l’auteure, vous prend et vous lessive. Une magnifique lecture qui ne peut laisser indifférent.

Les intermittences de la mort

Dans un pays inconnu, le premier jour de la nouvelle année la mort cesse de faire son travail. Soudainement, plus personne ne meurt à l’intérieur des frontières et les divers autorités du pays craignent le pire.

Les intermittences de la mort, du prix nobel de littérature José Saramago, narre donc les moments étranges vécus par le pays où la mort ne frappe plus. Le narrateur-conteur se glisse tour à tour au près du gouvernement, de l’Église, de la maphia (avec « ph » oui !), des groupes économiques, de l’homme du peuple, etc. afin de raconter son histoire. Le flux de la narration est continu et la narrateur se glisse par moment dans la peau de ses personnages et interpelle le lecteur à d’autres. La seconde moitié du roman est centrée sur la mort (avec un « m » minuscule, oui !) et sur ses motivation.

Les intermittences de la mort me laisse une impression bizarre. C’est à la fois un roman que j’ai pris plaisir à lire; une écriture particulière qui semble être la patte de Saramago et qui, bien qu’un peu déroutante au début, est superbement maitrisée. Mais dans le même temps, l’histoire narrée me parait être d’une banalité affligeante; j’aurais ardemment souhaité quelque chose de plus palpitant avec un pitch pareil. Au final, une lecture intéressante qui me laisse une impression en demi-teinte.

The Tempest

Bon, voila une pièce de Shakespeare en plus à mon tableau de chasse. Lecture pour un séminaire universitaire. La pièce est sympa, mais je dois dire que j’ai été un poil dessus. Je m’attendais à quelque chose de magique et de bien construit. Si pour la magie j’ai été bien servi la construction de la pièce n’est, je trouve, pas super. Certains personnages (Prospero, par exemple) se contredisent plusieurs fois dans la pièce et certaines répliques semblent être en trop.

Pas une mauvaise pièce, mais, à ma grande surprise, j’ai préféré Hamlet.

In the country of last things

Premier Paul Auster que je lis, In the coutry of last things est une très bonne surprise. Un roman noir, situé à la limite de l’anticipation, où l’on suit, à travers une lettre à son frère, les péripéties d’Anna Blume. Cette jeune fille est partie à la « City », une ville dont on ne connait pas le nom, afin d’y retrouver son frère journaliste disparu.

Le récit qui suit est surréaliste : dans la « City » la vie des hommes est broyée par le système. Des hordes de sans-abris vivent de la récupération, l’énergie est produite en réutilisant les corps des morts, un gouvernement totalitaire isole la ville de l’étranger par des murs de protection, etc. Tout dans la ville est à la fois absurde et familier ; en effet c’est notre système capitaliste poussé à son maximum, c’est l’effet destructurant de notre mode de vie à son paroxysme. Ce qui donne au final un roman étrange, avec une ambiance noire bien particulière qui me fait penser à celle du film Dark City, sans les éléments fantastiques (quoique…).

Une excellente lecture, bien écrite et vite lue, et qui, en tous ce fut le cas pour moi, ne laisse pas tout à fait indemne.

The Chosen Place, the Timeless People

Lorsque j’ai commencé ma lecture de ce roman de Paule Marshall, je dois bien avoué qu’il m’est tombé des mains et que j’ai du m’y reprendre à trois fois avant de pouvoir dépasser la quatrième page. Ma fois, bien m’en a pris car ce roman est un véritable petit bijou.

Le roman suit la trajectoire de plusieurs personnages : un anthropologue juif américain blanc, sensible et ouvert d’esprit; sa femme une bourgeoise américaine blanche; un jeune anthropologue américain; un jeune noir des Caraïbes et une femme mure, également des Caraïbes, au lourd passé. Ces personnages se retrouve dans la région pauvre de Bourne Islande : Bournhills. Cette région et cette île imaginaire des Caraïbes servent de creuset pour une réflexion très fine et très intelligente sur le colonialisme, le néo-colonialisme, le sous-développement, l’aide au développement, etc.

Il est difficile de retracer l’intrigue de ce roman tant il est riche. L’écriture est riche et complexe et l’auteur alterne avec bonheur les points de vue narratif selon le personnage dont elle parle. Une lecture au final donc peut-être un peu difficile mais qui vaut largement la peine tant ce roman est riche et profond.

Comme un roman

Hier, alors que je parlais de ce bouquin, j’ai été pris d’une envie soudaine de le relire. Aussitôt pensé, aussitôt fait ! Et Comme un roman est toujours aussi bon que dans mes souvenirs.

Pennac offre ici à la fois une réflexion sur la lecture et sur ce qu’est « être lecteur », mais également sur la pédagogie et l’école qui, parfois (souvent ?), tue le plaisir de la lecture. Tous cela d’une écriture fluide et agréable. Même si je ne suis pas convaincu à 100% par certaines de ces remarques (notamment sur celle pour redonner le gout à la lecture), ce roman (essaie ?) touche juste. Il n’a, de plus, presque pas vieilli : et si le langage des « jeunes » à changer, il exprime, dans le fond, toujours la même chose : la révolte adolescente et le rejet de ce qui est imposé.

Je ne résiste pas ici de reproduite « Les droits imprescriptibles du lecteur » :

1. Le droit de ne pas lire.
2. Le droit de sauter des pages.
3. Le droit de ne pas finir un livre.
4. Le droit de relire.
5. Le droit de lire n’importe quoi.
6. Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible).
7. Le droit de lire n’importe où.
8. Le droit de grappiller.
9. Le droit de lire à haute voix.
10. Le droit de nous taire.

The Dew Breaker

Après avoir lu Krik? Krak!, je me suis lancé dans la lecture d’un autre recueil de nouvelles d’Edwidge Danticat, nouvelles qui sont égallement liées entre elles (même d’avantage que dans Krik? Krak!). Ce lien est si fort que pour une fois je ne passerais pas chaque nouvelle en revue.

Les histoires qui se croisent dans the dew breaker confronte un Tonton Macoute « rangé » à des victimes de la violence de la dictature des Duvalier. La plupart des nouvelles se déroulent aux USA et posent des questions telles que la vie après la violence, le poids du passé pour la génération suivante et la capacité de l’homme à l’oubli, au pardon et à la vengeance.

Ces nouvelles qui se répondent, et au final forment un cercle ou la fin du recueil croise son début, sont tous simplement superbes. Bien écrites, elles vous prennent à la gorge, aux tripes et au cœur. The dew breaker vous laisse, au final, lessivé et sans voix. Une lecture forte et sublime qui laisse des traces.

Annie John

Ce court roman raconte la sortie de l’enfance et l’entrée dans l’âge adulte de Annie John une adolescente au caractère bien trempé vivant sur l’île d’Antigua. Chaque chapitre conte une anecdote, un bout de vie qui montre la transformation progressive de la petite fille vers la femme. Transformation qui passe par le rejet de valeurs maternelles, la découverte d’un lesbianisme latent (mais toujours en restant dans la subtilité).

Franchement je ne sais pas pourquoi j’aime cette nouvelle, l’histoire n’est pas spécialement trépidante, mais la puissance de l’écriture et l’universalité de son thème mon profondément touché. Une très bonne lecture, courte et rapide qui plus est.