Le royaume brisé

Troisième, et dernier, tome de la série du Chant des épines, Le royaume brisé conclut la trilogie de bien jolie manière.
Reprenant quelques mois après la conquête du royaume du nord qui venait à peine de s’unifier, le roman se divise entre de nombreux points de vu en suivant les divers épines survivantes et des personnages proches de ses derniers. Entre rébellion, apprentissage, illusion et recherche d’alliés les épines ont fort à faire pour tenter de libérer leur royaume des forces d’invasion de l’Empire de l’Est.
Sans vouloir déflorer l’intrigue, ce dernier tome apporte de nombreuses réponses et dévoile un conflit plus vaste, plus ancien et mettant en scène des personnages très puissants. C’est d’ailleurs peut-être le seul reproche que je pourrais faire au royaume brisé : le sentiment que pas mal de fois l’auteur fait des clins d’œil aux lecteurs ayant lu les autres romans se déroulant dans le même monde (dans son futur si j’ai bien compris) en leur disant « vous voyez là vous avez la genèse de ce qui vient après ! »). Ce n’est pas gênant, mais n’ayant pas (encore vu comme j’ai aimé cette trilogie) les autres roman cela se voit un peu trop.
Mais que ce petit bémol ne vous empêche surtout pas de vous plonger dans cette trilogie qui met en scène des personnages en nuance de gris et qui développe un monde entre magie et technologie fort intéressant.

La Crécerelle

Premier roman, de Fantasy, de Patrick Moran publié chez Menmos, La Crécerelle conte l’histoire d’une sorcière, meurtrière qui a fait un pacte avec une entité d’hors le monde.
Se déroulant dans un monde de Fantasy, la Perle, flottant dans le chaos, le roman narre la vie de l’assassin nommée La Crécerelle. Pour avoir passé un pacte avec une entité d’hors le monde elle doit tuer pour lui, des victimes apparemment choisi au hasard et de plus en plus nombreuse. Laissant sur son chemin morts et souvent désolation, elle cherche par tous les moyens à se débarrasser de cette entité aux buts inconnus.
J’ai eu un peu de mal à rentrer dans ce roman, pourtant plutôt sympathique. Mais au final les explications sur les buts de l’entité et la manière dont la cosmogonie du monde créé est utilisée a fait que la seconde moitié du roman a finit par me happer et accélérer ma lecture afin de « savoir ».

Guns of the Dawn

Guns of the Dawn, roman d’Adrian Tchaikovsky, est un roman de guerre se déroulant dans un univers très dix-septième – dix-huitième siècle avec de petites touches de fantasy légère. (des magiciens dont la magie dépend du roi, quelques créatures semi-fantastiques).
Le contexte est celui de deux royaumes, Denland et Lascanne : le premier a subit une révolution « démocratique » et a éliminé sa lignée royale, le second est entré en guerre afin de sauver la royauté.
A partir de cette situation, le lecteur suit l’une des trois filles d’une famille noble sur le déclin, les Marshwic. Emily, car tel est son nom, voit d’abord les hommes de la famille être conscrits pour aller mener la bataille contre le Denland puis lorsqu’arrive une conscription féminine elle doit partir à la guerre. Le lecteur suit alors son parcours et les combats sur un front fait de marrais / jungles où toute victoire n’est que éphémère…
Tchaikovsky écrit bien et son roman est avant tous le récit d’une guerre et du changement d’un monde qui bascule dans la modernité. Guns of the Dawn est avant toute chose un roman de guerre et je regrette quelques longueurs dans la partie consacrée aux combats proprement dit. Il n’est reste pas moins un roman de qualité et j’ai passé un très bon moment durant mon écoute (livre audio oblige).

Semiosis

Premier roman pour Sue Burke, également journaliste, traductrice et autrice de nouvelles, Semiosis se présente comme le récit, sur plusieurs génération, de la colonisation d’une planète par un petit groupe d’humains ayant abandonné la Terre. Particularité de la planète, inconnu des colons bien sur : les plantes sont sentientes…

Se développe alors un récit, raconté par les différents colons générations après générations centré sur l’évolution de la colonie : de sa rencontre avec un bambou particulièrement intelligent vivant dans une cité construit par une race de colonisateur maintenant disparu. De l’évolution de la colonie, mais aussi de la relation avec la plante et peut-être le (re)découverte du destin des anciens colons….

Semiosis est un roman sympathique, bien écrit et avec une histoire intéressante. Ceci dit c’est aussi une grande déception. Les prémisse du livre laisse entrevoir des possibilités pour un roman ambitieux, une histoire passionnante mais aussi des réflexions sur d’autres formes d’intelligence, d’autres évolutions possibles. Et c’est là que le bas blesse, tous le monde n’est pas Le Guin ou Adrian Tchaikovsky et Semiosis pèche par au final un manque d’ambition dans sa réflexion.

Reste donc un roman sympathique mais qui déçoit un peu par ce qu’il aurait pu être.

Les avis de Gromovar et d’Apophis.

L’ascension de la maison Aubépine

Second roman de Aliette de Bodard se déroulant dans un Paris détruit par une guerre magique et dominé par des maisons contrôlées par des anges déchus, L’ascension de la maison Aubépine, lu en version original (anglais), est un bon roman qui se centre sur la maison Aubépine (après que le premier tome ait été centré sur la maison Flèche d’argent); le lecteur y retrouvera d’ailleurs certains personnages.
Multipliant les points de vue (une alchimiste retournant sous la coupe de la maison Aubépine, un immortel cherchant un moyen de ressusciter un ange, un dragon espion, la compagne d’un ange), le roman se centre sur le rapprochement entre la maison Aubépine et le royaume de dragons asiatiques cachés dans/sous la Seine.
Rongé par un trafic d’essence (des os d’anges réduits en poudre, permettant de manipuler une magie puissant mes drogues addictives aux effets mortels), faisant face à une rébellion, le royaume draconique n’a plus le choix et doit chercher des alliances s’il compte survivre. Un mariage avec le dirigeant de la maison Aubépine, le cruel et puisant Asmodeus, semble être le seul chemin possible….
Bien entendu derrière ce scénario se cache des intrigues plus vastes et/ou plus personnels. Le destin de plusieurs personnages va se croiser et déterminera le destin de la maison, qui pourrait bien chuter également, et celui du royaume draconique….
Avec L’ascension de la maison Aubépine Aliette de Bodard livre un roman haletant, qui se double d’une consécution d’un monde dangereux et séduisant : une vraie réussite. Il semblerait qu’un troisième tome soit en cours de rédaction, je ne peux que m’en réjouir….

Dark State

Second tome de la seconde série des Princes-Marchands, Dark State reprend là ou Empire Game s’est arrêté : deux mondes parallèles, le notre avec un système de surveillance des citoyens très développé et celui parallèle où une version alternative des États-Unis s’est libéré il n’y a que quelques décennies d’un régime monarchique.
Les deux superpuissances sont des puissances nucléaires, et l’une des deux abritent les survivants du Clan, des personnes ayant la capacité naturelle de pouvoir se déplacer entre les mondes. Alors qu’un contact a eu lieux entre les deux puissances / mondes, démarre alors un jeu complexe dont l’enjeux ultime est d’éviter un conflit nucléaires entre les deux « empires ».
Mais derrière cet enjeux se cachent de nombreux autres enjeux : un conflit interne de succession qui se dessine dans le monde parallèle, le risque de voir les monarchies européennes tenter de reprendre pied en Amérique, l’allégeance de Rita (l’espionne américaine) entre sa famille d’adoption (anciennes taupes soviétiques aux Etats-Unis), son pays et sa famille biologique (le Clan), les tensions internes aux gouvernements américains et, dans un monde parallèle dévasté une menace plus ancienne encore qui se réveille….
Tous ses éléments se combinent pour former un roman à mi chemin entre le thriller d’espionnage et le roman de science-fiction. Dark State se lit d’une traite et tient son lecteur en halène. Le fin tient de plus de l’art assumé du cliffhanger, je veux la suite maintenant !

Rouge Toxic

La collection Naos (destiné à un publique jeune adulte / ado) publié un roman de Morgane Caussarieu, situé dans le même univers que ses deux autres romans « adultes » (des personnages de ces derniers sont d’ailleurs de la partie).
Pour résumé simplement Rouge Toxic il faut imaginer la trame d’un roman de vampires ados « classiques » (genre Twilight & Co) passé à la batte de baseball et avec comme moto : « les gentils vampires cela n’existe pas ». C’est gore, violent et, dirais-je, à ne pas mettre dans la mains des lecteurs les plus jeunes et impressionnable, mais à mettre dans les mains de tous les autres.
Le roman suit deux « ados » : Barbara, que ses proches appelle « Barbie », la quinzaine, orpheline et qui vit à San Francisco avec son parrains. Plutôt la weird du lycée, mais qui semblerait parfaitement normal si ce n’est qu’elle ne vit pas sous son vrai nom, qu’elle a des tendance dépressive et une maladie dont elle ne connait pas le nom (mais sans symptôme visible) et que son parrains semble vouloir protéger à tous prix d’un danger inconnu.
Faruk lui c’est une gueule d’ange, mais c’est surtout un vampire, un prédateur de deux cents ans dans un corps d’ado; violent, sans aucuns scrupule et mortel. Lorsque le parrain de Barbie réussit à le convaincre de veiller sur elle il va au lycée (avec l’aide d’un produit lui permettant de sortir le jour).
A partir de là s’il y a bien de l’amour dans l’aire, il y a surtout du sang, des morts (beaucoup de morts) et un destin pour les deux qui bien que ressemblant à « ils vécurent heures à jamais » est surtout fait de conspirations, de violence et de moralité douteuse.
Bref Rouge Toxic prend à rebours avec malice et plaisir le classique « un vampire au lycée » et c’est très réussi.

The man from the Diogenes Club

Recueil de nouvelles formant une sorte de roman publié en 2006 et sortie en version augmentée (deux nouvelles / chapitres de plus) en 2017, The man from the Diogenes Club est à la fois un recueil d’histoires de type « détective de l’étrange » et une uchronie de la série Anno Dracula (de Kim Newman également) dans le sens que le lecteur y retrouvera certains personnages mais dans une version où Dracula n’a pas pris le contrôle du Royaume Uni.

Le lecteur suivra, dans cet opus, les enquêtes de Richard Jeperson, un membre du Diogenes Club (un club chargé de protéger le Royaume Uni contre les menaces d’origines surnaturelles) et qui est actifs de 1960 à nos jours.

Organisé de manière chronologique, le recueil regorge d’enquêtes variées : voyage sur la Lune, dans un train hanté, dans une petite ville britannique, dans un cimetière, etc.

 The man from the Diogenes Club m’a beaucoup plus et montre, si besoin est, la maitrise d’écriture de Kim Newman. Le lecteur attentif trouvera même des clins d’œil à d’autres de ses écrits (une certaine Genévrière fait même un bref passage dans une des nouvelles, par exemple).  Je suis maintenant curieux de découvrir les autres nouvelles du même cycle.

God is disappointed in you

Étrange proposition que celle de Mark Russell (avec l’aide de l’illustratrice Shannon Wheeler : proposer une ré-écriture moderne de la bible en ne prenant en compte que l’histoire qui y est narré.
C’est donc sur un ton contemporain et, parfois sans doute, un peu ironique que God is disappointed in you (le leitmotiv de la Bible) donne à lire sous une forme condensée les différents livres de la Bible.
Les problèmes des prophètes et du Messie sont souvent décrits sous la forme de problèmes de management, les longues listes de noms sont expurgées, les paraboles synthétisées, etc.
Ma lecture de la Bible est lointaine (elle date de mon adolescence) et bien que profondément athée, je dois dire que God is disappointed in you est une lecture intéressante. Elle montre bien à quel point la Bible est un patchwork de textes qui ne font sens que dans un contexte historique précis; une petite contextualisation de chaque livre est d’ailleurs réalisé par l’auteur.
Ceci dit je ressors de ma lecture un peu dubitatif. Alors certes l’exercice est intéressant mais en réduisant la Bible à un recueil d’histoire j’ai eu parfois l’impression à la lecture que la « philosophie » qui sous-tend l’ensemble (ou plutôt les ensembles et les philosophies)  a été un peu mise de côté.
Il n’en reste pas moins une lecture sympathique et je jetterai sans doute un œil au second tome qui traite les écrits apocryphes…

L’ordre du labyrinthe

Les Moutons électriques poursuivent leur objectif de publier l’œuvre de Lisa Goldstein, écrivaine américaine pas (ou peu ?) traduite par chez nous avant (message perso pour l’éditeur : vous ne voudriez pas vous pencher sur les textes de Charles De Lint ?). Avec L’ordre du labyrinthe, les Moutons propose un texte d’Urban Fantasy fort sympathique.
Molly Travers a été élevé par sa tante à la mort de ses parents, elle ne se connait aucune autre famille et vit de job d’intérims. Lorsqu’un détective privé vient la voire en prétendant travailler pour un autre membre de sa famille elle se lance dans la découverte de son histoire familiale. Une histoire qui, passant par l’Angleterre, semble liée à une famille de magiciens et d’illusionnistes ayant parcouru les États-Unis au début du XXe siècle et d’un mystérieux ordre de spiritistes : l’ordre du labyrinthe.
Promenant le lecteur de révélation en révélation, en même temps que son personnage principale, L’ordre du labyrinthe donne à lire une histoire fort sympathique où illusions, magies et révélations sont liés. Un roman montrant bien la richesse du genre de l’Urban Fantasy.