Le vent de l’infini I & II

Quatrième volume de la saga de fantasy japonaise Les douze Royaumes (après la mer des ombres, Le rivage du labyrinthe et la majesté des mers), le vent de l’infini reprend peu de temps après la fin de la mer des ombres.

Le roman suit la trajectoire de trois jeunes filles dont les destins vont se croiser. Yôko, tout d’abord, la nouvelle reine du pays de Kei éprouve de grande difficulté a dirigé son royaume. Elle doit faire face à la fois aux casseroles laissées par l’ancienne souveraine, la méfiance du gouvernement, son manque de confiance en soi et, étant originaire du Japon, sa méconnaissance de la vie quotidienne des douze Royaumes.

Suzu, en suite, jeune fille originaire également du Japon, qui a été propulsé dans un monde qu’elle ne comprend pas et qui semble ligué contre elle. Lorsqu’elle apprend que la nouvelle reine de Kei vient du même endroit qu’elle, elle entreprend un long voyage pour la rencontrer et pouvoir partager avec elle la misère d’être loin de chez soi.

Shôkei, finalement, ancienne princesse du pays de Hô dont le père a été renversé par une, juste, révolte populaire et qui a été déchu de son statut d’immortel et obligé à vivre la vie des gens du commun. Lorsqu’elle apprend qu’une jeune fille de son âge est devenu reine de Kei, elle décide de tout faire pour la renverser et prendre sa place.

Ces trois jeunes filles grandiront et muriront au cours de leur périple avant de, enfin, se rencontrer. Roman de « coming of age-fantasy », ce livre, avant tous destiné aux adolescents, se lit facilement et propose une fantasy rafraichissante qui, bien que souvent prévisible, est un réel plaisir à lire.

Les intermittences de la mort

Dans un pays inconnu, le premier jour de la nouvelle année la mort cesse de faire son travail. Soudainement, plus personne ne meurt à l’intérieur des frontières et les divers autorités du pays craignent le pire.

Les intermittences de la mort, du prix nobel de littérature José Saramago, narre donc les moments étranges vécus par le pays où la mort ne frappe plus. Le narrateur-conteur se glisse tour à tour au près du gouvernement, de l’Église, de la maphia (avec « ph » oui !), des groupes économiques, de l’homme du peuple, etc. afin de raconter son histoire. Le flux de la narration est continu et la narrateur se glisse par moment dans la peau de ses personnages et interpelle le lecteur à d’autres. La seconde moitié du roman est centrée sur la mort (avec un « m » minuscule, oui !) et sur ses motivation.

Les intermittences de la mort me laisse une impression bizarre. C’est à la fois un roman que j’ai pris plaisir à lire; une écriture particulière qui semble être la patte de Saramago et qui, bien qu’un peu déroutante au début, est superbement maitrisée. Mais dans le même temps, l’histoire narrée me parait être d’une banalité affligeante; j’aurais ardemment souhaité quelque chose de plus palpitant avec un pitch pareil. Au final, une lecture intéressante qui me laisse une impression en demi-teinte.

Avant l’hiver : architectoniques des Clartés

Avant l’hiver est le premier volume d’une série consacrée à Léa Silhol a paraitre aux Moutons électriques. L’objectif de cette collection, bibliothèque des Vertiges, est de lever peu à peu le voile sur la toile silholienne.

Ce premier opus donc, s’intéresse à la structure des cours féériques. Une trame principal, les recherches d’un historien fay (Kelis pour ceux qui connaissent un peu la trame) lie les différentes nouvelles qui constituent ce recueil (mais est-ce bien un recueil). Si la plupart de ces nouvelles sont inédites, un petit nombre sont connues mais prennent un sens nouveau à la lumière des révélations du recueil.

La qualité est au rendez-vous et les aficionados de Léa Silhol, dont je fais partie, seront en territoire connues et devraient être conquis. Pour les autres…. et bien je dirais que la conquête pourrait s’avérer plus dure. En effet, l’ouvrage revient sur de nombreux personnages de la trame silholienne sans forcément prendre le temps de les présenter. Cela ne gâchera en lien la lecture de bon nombre de nouvelle, mais le lecteur béotien risque de se sentir un peu égaré.

Égaré, c’est même ainsi que je me suis senti au début de ma lecture alors que mon cerveau tentait avec peine de situer les personnages dont les noms (je ne suis pas doué avec les noms) ne voulaient pas se fixer sur des évènements. Mais au final mon cerveau a pu y arriver et j’ai pris grand plaisir à la lecture d’Avant l’hiver qui lève le voile sur l’histoire des cours, et ce, même si le voile levé ne fait, parfois, que montrer d’autres voiles plus lointain que l’on voudrait lever mais que l’on ne peut atteindre. Frustration de ne pas savoir plus, et plaisir d’en savoir plus se mêlent ainsi; on se croirait en Ombre.

Introduction à la pensée chinoise

De manière générale j’évite de parler des ouvrages théoriques que je lis pour mes études, mais là je suis tombé sur un ouvrage intéressant, bien écrit et relativement facile d’accès : Introduction à la pensée chinoise. Cet ouvrage présente les différentes formes que prend la « philosophie » chinoise. taoïsme, confucianisme, moisme, légisme, bordisme chan ont ainsi le droit à une présentation détaillée de leur naissance, de leurs préceptes et de leur évolution dans l’histoire chinoise.

L’ouvrage discute également de l’existence de la « philosophie chinoise » et des évolutions de la pensée chinoises ces dernières années. L’ensemble du livre est construit au travers de paragraphes répondant aux principales interrogations de chaque école de la pensée chinoise. Le tout est présenté de manière claire, abordable et concise.

Un seul regret néanmoins, l’absence de présentation des spécificité du marxisme/communisme chinois. Un regret qui ne ternit pas l’intérêt de ce livre. Une chose me reste à faire maintenant : trouver l’équivalent pour la pensée indienne.

Les Gardiens de Ji tome 1

Troisième cycle se déroulant dans l’univers de Ji, la volonté du démon reprend les recettes qui ont déjà été utilisées pas Pierre Grimbert dans les deux premiers cycles : des jeunes sont propulsés sur les routes du monde de Ji avec à leurs trousses de mystérieux assassins. Les mystères qui entourent les évènements semblent liés à l’histoire de leurs ancêtres (parents ou plus lointain). Afin de survivre ils devront apprendre à se faire confiance et s’entraider, ainsi que découvrirent les secrets liés à leurs familles.

Si le premier cycle, bien que de facture classique, était excellent, aussi bien au niveau de l’écriture que de l’imaginaire développé, le deuxième cycle faisait un peu « on prend les mêmes, ou presque, et ont recommence », le début de troisième cycle laisse à penser que Grimbert ré-utilise une troisième fois la recette des deux premiers cycles.

Honnêtement je le lirais en entier car je suis un grand curieux, mais d’un point de vue réaliste je ne peux le recommander qu’aux fans inconditionnelles de l’univers de Ji, où éventuellement aux jeunes que la Fantasy ultraclassique émerveillent encore. En effet, l’écriture est correcte mais plate, le schéma déjà vue mille fois dans la Fantasy et deux fois sur ce cycle, et les idées peu novatrices.

Babel Tour

Babel Tour est un recueil publié par l’université de Paris Sorbonne et réalisé par des étudiants en Master d’édition. En tant que tel il est difficile de se le procurer et c’est bien dommage. En effet il contient à la fois des nouvelles, des poèmes et des photos sur thème de Babel, soit le double thème de la ville et de la communication.

Ne me voilant pas la face, je reconnais que ma principale motivation pour mettre la main sur cet ouvrage est la présence d’un texte de Léa Silhol en son sein. Et si ma fois ce texte, presque un essaie sur la différence, intéressant, il souffre d’un trop grand travail sur la langue qui en rend plus difficile d’en saisir le sens profond.

Mais surtout, et ,je dois l’admettre, à ma grande surprise les autres textes du recueil vont du bon à l’excellent, du fantastique au réalisme, de la ville moderne à la ville futuriste, et je ne regrette pas mon achat. Je ne peux, au final, que conseiller ce recueil d’excellente qualité à tous ceux que le thème de la ville inspire. Comme je le disais, je crains hélas qu’il soit difficile à se procurer, mais l’effort vaut la peine.

De Brocéliande en Avalon

De Brocéliande en Avalon est une anthologie proposant des nouvelles réécrivant le mythe arthurien en le plaçant à l’époque contemporaine. La majorité des neuf nouvelles de ce recueil ont été créées spécialement pour l’occasion. Ces nouvelles sont, dans l’ensemble, excellentes et agréables à lire.
« Retour sous le hêtre », de Jean Millemann, voit un écrivain prendre des vacances à Brocéliande et rencontrer une mystérieuse femme qui va peu à peu faire revenir des souvenirs anciens à sa mémoire. Ou quand Merlin et Viviane reviennent au XXIe siècle.
« Lancelot aux enfers », de Adam Roy, est une farce absurde où Lancelot se retrouve propulsé dans notre siècle à la recherche de Guenièvre. Le tout alors que deux agents français, parodies de Mulder et Sculy, mènent l’enquête. Objectivement une bonne nouvelle, personnellement je ne l’ai pas appréciés énormément, la moins bonne du recueil.
« Près du mur », de Deirdre Laurin, propulse l’histoire d’amour de Morgane et d’Arthur dans un futur incertain où deux pays, l’un démocratique, l’autre totalitaire vivent une guerre froide. La situation des deux pays me fait penser aux deux Corées dans laquelle une histoire d’amour improbable, reflet du passé prend place.
« Locataires découpés », de Rachel Tanner, voit une vielle Morgane lutter pour ne pas être expulsé de l’immeuble parisien où elle est locataire. Une nouvelle où apparait Merlin et qui est écrite sur un ton comique.
« Owein », de Nathalie Dau, reprend des personnages moins célèbres de la toile arthurienne et les met face à leur mémoire et leur amour.
« L’île close », de Lionel Davoust, nous mène là où les mythes vivent : sur l’île d’Avalon. Là Arthur et ses chevaliers rejouent sans cesse le mythe. Et pour certains d’entre eux la révolte gronde, ils veulent que cela cessent. Une réflexion sur l’imaginaire humain et sur les variations du mythe arthurien.
« Le quadragénaire et la dame d’argent », de Megan Lindholm, met en contacte un descendant de Merlin et une vendeuse de lingerie travaillant dans un grand magasin. Et soudain la magie opère et le quotidien prend une autre saveur… à moins bien sur que tous cela ne soit que le fruit d’une imagination débordante.
« Fort 53 », de Pierre Bordage, rejoue la rencontre ratée entre Perceval et le Graal, sous fond d’une guerre de tranché entre l’Europe chrétienne et le monde musulman. La fin de la guerre est-elle possible ?
« Désaccordé (Tuned in DAGDAD) », de Léa Silhol, pose une nouvelle pièce dans la toile qui éclaire les actions des cours féériques et des anges déchus sous un autre jour tout en étant totalement compréhensible en soi. Perceval, Galhad et Bohort reviennent aujourd’hui, Galhad souhaite vivre sa vie et est devenu un musicien, alors que ses deux compagnons souhaitent reprendre la quête. Sur le coup je suis partiale, j’adore Silhol, mais c’est selon moi la meilleur nouvelle du recueil.
Une bibliographie commentée du mythe arthurien clôt l’anthologie.

The Tempest

Bon, voila une pièce de Shakespeare en plus à mon tableau de chasse. Lecture pour un séminaire universitaire. La pièce est sympa, mais je dois dire que j’ai été un poil dessus. Je m’attendais à quelque chose de magique et de bien construit. Si pour la magie j’ai été bien servi la construction de la pièce n’est, je trouve, pas super. Certains personnages (Prospero, par exemple) se contredisent plusieurs fois dans la pièce et certaines répliques semblent être en trop.

Pas une mauvaise pièce, mais, à ma grande surprise, j’ai préféré Hamlet.

Dingo

Dingo est le dernier ouvrage de Charles de Lint, auteur canadien et figure incontournable de la Urban Fantasy.

Ce, court (~200 pages), roman nous entraine dans une petite ville proche de la ville imaginaire de Newford. Miguel un jeune-homme de 17 ans y fait la rencontre de Lainey, une australienne de son âge dont il tombe immédiatement amoureux. Mais voilà, Lainey n’est pas une jeune fille ordinaire : elle et sa sœur jumelle sont des esprits animaux, capable d’être humaine et/où dingo. Pourchassée par leur père pour le compte d’un ancien esprit dingo très puissant enfermé dans un arbre. Miguel, Lainey, sa sœur et Jonny, le dur à cuire de l’école, devront déployé des talents d’ingéniosité et de courage afin de protéger les deux sœurs.

Résumé comme cela, Dingo fait penser à un roman pour adolescents/jeunes adultes; et ma fois il l’est. C’est un livre que j’aurais sans aucun doute adoré lire à ce moment là. Il est truffé de références discrètes qui parleront à ce public là (WOW par exemple). Néanmoins il peut également intéresser des adultes tant l’écriture de de Lint est agréable et ses talents de conteur éprouvés. Bien que parfois un peu simpliste (de peur de choquer le public cible ?), Dingo est un livre que j’ai pris plaisir à lire et que je conseil à toute amateur d’Urban Fantasy qu’un tout petit peu de « mièvrerie » adolescente ne fait pas peur.

Fo/Vea

Ceux qui me connaissent savent que je suis un grand fan de Léa Silhol, j’aime beaucoup la grande trame qu’elle tisse dans ses romans et ses nombreuses nouvelles. Fo/Vea ajoute un nombre substantiel de fils à la trame; fils qui sont aux limites des changements de couleurs de la trame.

A titre personnelle j’ai bien aimé les nouvelles de ce recueil. Elles font des liens entre divers pans de la trame silholéenne, et mettent en lumière des liens nouveaux. Je ne peux néanmoins m’empêcher de penser que la plupart des nouvelles (environs la moitié) sont en partie incompréhensible pour ceux qui ne connaisse pas un minimum l’œuvre de Léa Silhol.

La forme du recueil est également intéressante : il est en effet émaillé de nombreuses photos et puzzles divers. D’après l’auteur, il y a la matière à décoder certain pan de son œuvre. Détestant les codes dont je n’ai pas les clefs, j’ai tactiquement sauté cela afin de ne lire que les nouvelles. Une erreur peut-être, mais ma paix de l’esprit passe par cela.