Top Ten Tuesday

Tient un nouveau truc marrant dans le monde de la blogoshpère francophone : le Top Ten Tuesday. Il s’agit de poster une liste de dix ouvrages sur un thème. Cette semaine : les 10 livres de votre PAL que vous voulez vraiment lire mais dont vous repoussez sans cesse la lecture !

Alors voila ma liste

  1. The Scar de China Miéville : J’ai adoré Perdido Street Station, et pourtant je repousse sans cesse la lecture de la suite (alors que j’ai lu les autres China Miéville). Sans doute que la taille du bouquin et la complexité de l’écriture sont responsable.
  2. Iron Council de China Miéville : bein pareille qu’au dessus.
  3. A Feast for crows : un peu pareil qu’au dessus, j’ai dévoré d’une traite les autres bouquins de la série et puis j’ai calé. A Dance with dragons est sorti depuis et je n’arrive toujours pas à m’y remettre.
  4. Kavalier & Clay de Michael Chabon : j’ai entendu beaucoup de bien de bouquin et pourtant je retarde sans cesse le fait de le lire, ici aussi peut-être un effet de sa taille…
  5. Prince of Ayodhya d’Ashok K. Banker : de la fantasy d’inspiration indienne, il y a quelques années cela m’avait fait saliver et pour le moment je bloque….
  6. Sound and Fury de Faulkner
  7. Plusieurs recueils de Charles de Lint se déroulant à Newford, mais depuis quelques temps cela me démange, j’espère m’y mettre bientôt
  8. The Children of Húrin de Tolkien : plusieurs fois commencé et chaque fois reposé…
  9. The armless maiden, des contes de fées pour adultes (par des versions érotiques mais des versions adultes)
  10. L’ogresse de Michel Pagel. J’avais également dévoré les quatre premier tome et j’ai calé il y a déjà 5 ou 6 ans et je n’arrive pas non plus à m’y remettre.

Ce rendez-vous a initialement été créé par The Broke and the Bookish et repris en français sur le blog de Iani.

Who fears death

Ayant apprécié Akata Witch et alléché par une critique de Gromovar, c’est avec curiosité que j’ai débuté l’écoute de la version audio du premier roman adulte de Nnedi Okorafor (prochainement traduit en français) : Who fears death.
Se déroulant dans une Afrique où la technologie est une chose du passé (il en reste quand même quelques traces sous la forme de, rares, ordinateurs ou talkiewalkies) et où la magie (juju) est une chose bien réel. Who fears death narre, à la première personne, la vie de Onyesonwu une enfant née d’un viol entre deux peuplades en guerre (l’une domine l’autre et la vouant peu à peu à la disparition), elle est Ewu, une enfant de la violence qui est maudite pour tous.
Onyesonwu passe néanmoins une enfance en partie protégée dans une petite ville loin des troubles. Arrivé à l’adolescence elle luttera pour se voir enseigner la sorcellerie par le sorcier du village qui ne veut pas d’apprentie. Sujet d’une prophétie, elle partira, avec d’autres jeunes vers l’Est afin de changer les choses, d’amerner la paix entre les peuples et de défaire son père un sorcier maléfique.
Who fears death propose une histoire de fantasy et de coming of age assez classique en somme. L’originalité du roman tient à l’utilisation de l’imaginaire africain et à la lutte constante des minorités et des femmes pour se faire accepter dans un monde machiste et profondément divisé.
Si j’ai beaucoup apprécié l’écriture et la fraicheur d’Akata Witch, Who fears death m’a moins plus. Cela tient sans doute à une narratrice dont la voix ne m’a pas « emportée », de quelques longueurs sur le milieux du roman et d’une structure trop classique (une prophétie, une quête, un voyage, des compagnons, etc.) que l’imaginaire africanisan et le talent de Nnedi Okorafor n’a pas réussi à sublimer. Ce roman, malgré des qualité est ainsi pour moi une petite déception.
Bien que je trouve ce positionnement discutable, la lecture de ce roman s’inscrit dans le cadre du challenge fin du monde.

@ontext

Second recueil, après @content, @ontext réunit plusieurs essais et colonnes de Cory Doctorow parues précédement sur divers endroit du Net (et pour certains en version arbre mort). Doctorow est un fervent défenseur de l’utilisation raisonnée d’Internet, et est également un avocat acharné de la révision des lois de la propriété intellectuelle afin de facilité l’échange de bien culturel via Internet. C’est donc naturellement que les textes réunis ici tournent souvent autour de ses questions.

Les différents essais sont intéressants, mais, je trouve, un cran en dessous du précédent recueil. Je ne suis pas sur de savoir si cela est du au fait que je connais mieux les idées de Doctorow, et donc qu’à la longue il y a un certain nombre de répétions qui amoindrissent la surprise, où si cela est du aux sujets légèrement différents abordés dans le recueil (éducation et Internet, enfants et Internet, le monde de l’édition numérique, Apple et Amazon, etc.).

Il n’en reste pas moins que Doctorow propose toujours des réflexions et des idées salutaires dans un contexte de rigidification législative autours d’Internet et de ses usages. Il a le mérite de montrer que d’autres comportements sont possibles et de faire contre-poids à la voix tonitruantes des médias établis.

A noter que, comme tous ses livres, @ontext est disponible en téléchargement légal sur son site Internet.

Création

Création est un sympathique roman de Johan Heliot paru dans la collection Nouveaux Millénaires de J’ai Lu. Il s’agit d’un roman qui dévoile peu à peu les éléments nécessaires à la compréhension de l’intrigue.
Création se déroule dans un futur proche. Il suit, un par chapitre, plusieurs individus confrontés à une énigme millénaire : un soldat d’élite français qui se trouve, lors d’une opération dans le désert du Sinaï, projeté dans forêt, un cameraman (avec camera greffée à l’œil) engagé par un prêcheur créationniste richissime pour une expédition mystérieuse, et une biologiste travaillant pour l’armée israélienne dans un site secret.
Difficile de parler du roman sans en dévoiler l’intrigue, mais il y est question de recherches sécrètes du gouvernement israélien, des manuscrits de la mer morte et de leur, véritables, origines, d’un arbre très particulier, du jardin d’éden (et pas que métaphoriquement), de l’origine de la vie, d’univers parallèles, de webévangéliste, et de gravitons.
Si le roman n’est pas une œuvre révolutionnaire, il n’en reste pas moins un fort sympathique roman d’anticipation/SF que j’ai lu avec plaisir et que je recommanderai sans problème à des lecteurs désireux de passer un moment agréable de lecture.

Julian

Julian, tel que traduit en français chez Lune d’Encre, ou Julian Comstock: A Story of 22ndCentury America de son titre anglais est un roman de Robert Charles Wilson se déroulant aux États-Unis à la fin du vingt-deuxième siècle.
La civilisation comme nous la connaissons aujourd’hui est connu comme l’âge efflorescent du pétrole. De manière générale, la technologie a régressé au niveau de celle du XIXe siècle, la présidence des États-Unis est proche du fonctionnement de la Rome Impériale, la société est stratifiée avec au sommet une aristocratie marchande puissante, la religion est très présente sous la forme du Dominion une organisation qui a un énorme pouvoir et qui a escamoté tous les témoins de l’histoire passée.
C’est dans ce contexte que Julian narre, par la voix d’Adam Hazzard la vie et les exploits de Julian Comstock, le neveu du président. Esprit libre aux idées dangereuses selon le Dominion et dont la vie est menacée par son propre oncle. Le roman narre comment Julian et Adam sont recrutés dans l’armée, sous une fausse identité, participent à des combats, deviennent des héros et comment, enfin, Julian devient le nouveau président avant de chuter.
Julian n’est vraiment un roman d’anticipation et de réflexion sur un futur possible, mais un roman d’aventure  avec des campagnes militaires et de l’action. Le roman contient quand même des réflexions sur un futur possible mais plus comme une toile de fond que comme un contenu central au roman.
La voix lisant le roman, l’ayant écouté comme roman audio, est plaisante et agréable. J’ai apprécié le roman qui est bien écrit et très très sympa. Je me pose juste la question de savoir si une lecture « classique » ne m’aurait pas donné l’impression de quelques longueurs. Il manque également peut-être une réflexion critique sur le devenir de nos sociétés, il s’agit en effet avant tous d’un roman d’aventure.
Lu dans le cadre du challenge fin du monde

Akata Witch

Akata Witch est un roman « young adult » de l’écrivaine américaine d’origine nigérienne Nnedi Okorafor. Il s’agit, résumé brièvement, d’un Harry Potter version africaine. C’est un peu réducteur de le présenter comme cela, mais en fin de compte c’est bien de cela qu’il s’agit. A la lecture j’ai eu l’impression de lire une réécriture poste-coloniale en Afrique d’Harry Potter.
Sunny est une américaine d’origine nigérienne âgée de douze ans. Ses parents sont revenus au Nigéria où elle vit aujourd’hui. Son statut d’entre « deux-monde » n’est pas seulement contenu dans ses origines mixtes mais sur sa peau aussi, en effet Sunny est albinos : noir mais blanche. En se faisant des amis dans son quartier elle va réalisé qu’elle n’est pas totalement normal mais qu’elle fait partie du « peuple léopard ». Sunny est en effet un agent libre (« free agent »), une magicienne née de parents non-magiciens. Initié, elle va découvrir ses pouvoirs et le monde des mages. Accessoirement elle et ses trois amis vont être essentiel dans la mise en échec d’un tueur en série particulièrement puissant.
Si l’histoire n’est pas original (et la lute final contre le tueur assez rapidement expédié), l’écriture est bonne et l’utilisation d’un imaginaire africain peu usité dans les productions de fantasy donne une tonalité bien particulière au récit. Au final, si Akata Witch n’est pas le chef d’œuvre dans la fantasy urbaine pour jeunes adultes, il s’agit d’un livre bien écrit, à l’imaginaire dépaysant et de bonne facture. Personnellement je serais lecteur d’une suite (ce que la fin peut, potentiellement, permettre) (et d’une traduction en français pour pouvoir l’offrir)…

The Magician King

The Magician King est la suite du roman The Magicians de Lev Grossman. Là où le premier tome proposait une relecture d’Harry Potter et de Narnia d’un point de vue adulte en confrontant ses protagonistes à un monde magique, avec une infinité de possibilités mais sans buts pour canaliser des personnes aux pouvoirs quasi-divins. En faisant, Lev Grossman proposait une critique des clichés de la Fantasy tel que les quêtes, les mondes magiques, etc.
En proposant une suite, Lev Grossman diminue son propos (si tel était bien son propos dès le début). En effet, The Magician King reprend l’histoire quelques années après la fin du premier tome. Les quatre amis magiciens sont maintenant rois et reines de Fillory. Leur seul problème c’est l’ennuie, surtout pour Quentin qui a toujours le sentiments qu’il lui manque quelque chose. Il débute alors, sur une impulsion, une nouvelle quête pour trouver les clefs d’or. La première qu’il trouve le ramène, bien contre son grès, sur Terre. Débute alors une recherche frénétique d’une manière de retourner à Fllory. Cette quête le fera découvrir un danger qui menace l’existence même de la magie et de Fillory. Cela le ménèra du statut de loser à celui de héros avec tous ce que cela comprend de perte.
Parallèlement à cela, la manière dont Julia, l’amie d’enfance de Quentin, a appris la magie en fréquentant l’underground des petits pratiquants. Cette quête est assez intéressante en montrant l’envers du décors.
J’ai des sentiments mitigé sur ce roman. D’un côté j’en ai apprécié la lecture et les lu avec avidité pour en connaitre la fin. D’un autre côté, j’ai le sentiment qu’en proposant une suite à The Magicians, Lev Grossman a transformé ce qui aurait pu être une critique des romans de Fantasy jeunesse en une série de Fantasy comme une autre. Alors oui, il s’agit toujours d’une histoire adulte avec une méta-lecture de ce qui fait un roman de Fantasy, mais dans les fait cela devient un cycle presque comme un autre.

Bad Mother

Bad Mother (sous titré : a chronicle of maternal crimes, monor calamities, and accasional moments of grace) est né des suites d’une chronique, parue aux États-Unis, dans laquelle Ayelet Waldman, mère de quatre enfants et épouse de l’écrivain américain Michael Chabon, expliquait que malgré tout l’amour qu’elle porte à ses enfants c’est de son maris dont elle est amoureuse. Elle expliquait qu’elle n’avait pas reporté l’amour qu’elle porte à son maris sur ses enfants et que, « Dieu l’en préserve », l’un d’eux devait mourir elle pourrait continu à aller de l’avant alors que si son maris devait périr elle en serait sans doute incapable. Cet article lui a valu d’être traitée de mauvaise mère par de nombreuses personnes sur le Web.
En réponse, elle a décidé d’écrire un ouvrage sur le fait d’être mère, d’être féministe et de faire des erreurs. En dix-huit textes elle propose plusieurs réflexions sur la maternité, le féminisme,, les relations avec ses enfants, sa mère et sa belle-mère, l’avortement (qu’elle a vécu), le bi-polarisme (dont elle souffre), l’éducation, l’école et les devoirs, etc. En quelques mots tous ce qui fait une mère et un parent.
Difficile de résumer l’ensemble des réflexions présentée dans cet essai, mais  Bad Mother est agréable à lire, drôle, triste (j’ai personnellement pleuré dans la partie sur l’avortement), intelligent. Certains espoirs et certaines difficultés et peurs de cette mère résonnent avec mes espoirs, difficultés et peurs de père. Si ce n’est le milieu dans lequel Ayelet Waldman évolue (elle est une avocate formée à Haward, son mari est un écrivain célèbre, etc.) qui fait que ses réflexions, bien que souvent de portée universelle, sont teintés par le milieu libérale et aisé dans lequel elle évolue.
Malgré cela, Bad Mother est une lecture passionnante qui m’a profondément touché et que je recommande à tout parent.

Chronique du Soupir

Cela fait déjà plusieurs années que Mathieu Gaborit n’avait rien publié de nouveau. Cet auteur a publié , entre autre,  plusieurs cycles de Fantasy qui proposait des mondes de type crépusculaire et qui développait un imaginaire poétique et légèrement baroque. La qualité de l’écriture n’était pas, par contre, l’intérêt principal des romans.
Chronique du Soupir reprend ainsi les principaux éléments des mondes de fantasy qu’affectionnent Gaborit, avec une écriture que je trouve plus aboutie : un monde avec  un twist particulier (ici une atmosphère dangereuse, les habitants de ce monde survivent grâce à une fée dans leur cœur qui, par relation symbiotique leur permet de vivre le long de « lignes » féeriques), une géographie magique (un monde basé sur les horizontales), des magies particulières et poétiques (ici des variations sur le souffle), des puissants qui se « jouent » des gens du peuples (ici les hautes fées garantes de la pérennité des lignes féeriques).
L’histoire de Chronique du Soupir se tisse autour de l’enlèvement par un nain d’une jeune fille proche d’une haute fée. La traque pour la retrouvé met en avant la famille du nain (et surtout sa mère, gérante d’une auberge, amante d’un elfe et ancienne garde du corps d’une haute fée), ainsi qu’un chasseur au service des hautes fées.
Le roman ne se concentre pas seulement sur la traque mais aussi sur le quotiden de la vie d’une auberge, proposant ainsi une présentation de ce monde très particulier.
J’ai beaucoup aimé ce roman, il propose une fantasy qui semble classique mais qui est emprunte de poésie et d’idées que je ne retrouve nul part ailleurs.

Ainsi naissent les fantômes

Ainsi naissent les fantômes est une « carte blanche » donnée à Mélanie Fazi pour réaliser un une publication sur un auteur de son choix. Elle a choisi Lisa De Tuttle; et à la lecture du recueil la parenté entre les textes de Fazi et de Tuttle est évidente.
Mais Ainsi naissent les fantômes est également un recueil qui prend aux tripes. Même si  je n’ai pas adoré les six nouvelles, elles restent avec moi même après la fin de ma lecture et j’ai eu plusieurs fois l’impression d’avoir déjà lu certaines de ces nouvelles (ce qui lors de mes lecture s est souvent bon signe).
Sans déflorer trop les nouvelles, car leurs chutes et aussi importantes que le corps des nouvelles. Les six textes parlent d’abus sexuelles, de famille et d’écriture (et de temps), de Barbe-Bleu, de language et du manque de celui-ci, de dragon, d’alchimie et d’amour.
Un magnifique recueil qui fait froid dans le dos, qui dérange mais qui qui marque également.