Trois Oboles pour Charon

Trois Oboles pour Charon est une réécriture du mythe de Sisyphe : pour avoir voulu transcender sa condition d’homme, il est condamné à ne jamais pouvoir payer l’obole demander par Charon pour le conduire dans le monde des morts et à revenir éternellement à la vie, sans souvenirs, et dans des situations où l’humanité est la plus vivante : la guerre.

Le lecteur suit donc des épisodes de la vie de Sisyphe qui revient à la vie, le corps bardé de cicatrices, sur des champs de batailles. Les chapitres oscillent entre une de ces résurrections et son passage par le monde des morts et sa relation complexe à Charon, à la fois geôlier et condamné.
Le roman amène le lecteur de la Rome antique à notre future au travers de batailles violentes et meurtrières. Le roman est agréable à lire et propose une relecture intéressante du mythe. Seul bémol, mais cela est inhérent à l’histoire, c’est le côté parfois un peu répétitif des chapitres.
 
Rentre dans le cadre du challenge Winter Mythic
 
http://rsfblog.fr/2014/12/13/winter-mythic-fiction-saison-2/

Skin Deep

Deuxième novella mettant en scène Stephen Leed, un génie qui peut apprendre n’importe quoi en très peu de temps, sauf qu’il « externalise » se savoir en créant des aspects de lui même qui sont autant d’hallucinations qu’il est le seul à percevoir et qu’il ne contrôle pas vraiment.
Dans Skin Deep, Stephen Leed se lance dans une enquête pour retrouver le corps d’un scientifique, décédé accidentellement dans un accident de ski, qui travaillait sur l’utilisation des cellules humaines comme dispositif de stockage de donnée. C’est d’ailleurs les données qu’il a pu enregistré en lui même qui intéresse le commanditaire de l’enquête.
Novella très agréable à lire, Skin Deep ajoute par petites touches des éléments à la condition de Stephen Leed et me laisse avec une très forte envie d’en lire/apprendre d’avantage.

The Bone Clocks

Conseillé par Gromovar, la lecture de The Bone Clocks m’a laissé un sentiment mitigé.
Côté pile, il y a un roman dense, très bien écrit et qui m’a tenu en haleine de la première à la dernière page. Le lecteur y découvre, en toile de fond, une guerre entre deux sociétés secrètes d’immortels possédant des pouvoirs psychiques qui s’affrontent. Cette guerre n’apparait que de manière détournée dans le roman et il faut atteindre assez longtemps après le début de la lecture pour en avoir les tenants et aboutissant.
Ce que le roman raconte également c’est la vie de Holly Sykes, personnage qui est à un rôle, à son insu, très important dans la guerre, mais qui est également présent durant tous le roman. C’est aussi, à l’image de Cloud Atlas du même auteur, un roman qui présente, au fil de ses six parties, la vie de plusieurs personnages durant la fin du XXe siècle et le début du XXIe : Une jeune Holly Sykes qui fugue en 1984, un mois de vie d’Hugo Lambs riche étudiant britannique et sociopathe en 1992, le récit de d’un journaliste de guerre, maris de Holly, tous juste revenu d’Irak en 2004, plusieurs années de vie du romancier Crispin Hershey entre 2015 et 2020, la lutte entre les deux sociétés secrètes vu par un de ses membres en 2025, puis finalement quelques jours dans la vie d’Holly Sykes dans un monde quasi post-apocalyptique en 2043. Chaque fragment de vie ainsi donné au lecteur est très intéressant à lire et éclaire à la fois le conflit fantastique et la vie de Holly Sykes.
Côté face, The Bone Clocks est un roman, je trouve, qui semble hésiter entre plusieurs intrigues sans jamais vraiment se décider : une intrigue fantastique, la présentation d’instantané de vie de plusieurs personnages, le récit de la vie de Holly Sykes. C’est un choix qui n’est pas dénué d’intérêt, mais je trouve qu’il donne au roman l’impression désagréable d’être « le cul entre deux chaises ».
Finalement, il y a la fin du roman qui présente un monde sur le déclin où les errements de l’humanité ont conduit à l’effondrement de sa Civilisation. Même si cette fin n’est pas dénué d’intérêt, je dois dire que je la trouve inutilement pessimiste.
Au final donc, un roman intéressant qui m’aura marqué mais dont la construction ne m’a pas entièrement convaincue.

Sovok

Second roman de Cédric Ferrand, Sovok est une sorte de cyberpunk soviétique. Le roman se déroule à Moscou dans un futur non identifié et uchronique (entre système libérale, technologie cyberpunk de seconde zone, contestations, nostalgie du système communiste et services et biens qui vieillissent (mal)).
L’histoire est centrée sur trois employés de la compagnie d’ambulances volantes (oui, oui comme dans Le cinquième élément ou l’éclaire noir), modèle Jigouli d’occasion « quasiment » neuf, Blijni : un pilote expérimenté également représentant du personnel, une urgentiste cynique ancienne médecin et un juif, ancien soldat, originaire d’une province lointaine et « exotique » nouvellement employé/stagiaire.
Le roman se déroule sur une période d’une semaine cruciale pour Blijni, la Russie et le destin de ces trois anti-héros, citoyens à la vie compliquée qui naviguent entre boulot, vie privée et petits arrangements pour pouvoir finir le mois. Faisant le tour de nuits, l’équipage de la Jigouli ont fort à faire pour soigner les petits et grands bobos d’une population de la débrouille, alors que les hôpitaux manquent de tous, que les tracasseries administratives sont nombreuses et que la concurrence de la compagnie européenne Last Chance (et ses véhicules flambants neufs et sur-équipés) menace Blijni de faillite.
Ferrand montre visiblement un attachement, comme dans Wastburg, pour l’homme de la rue, pour la vision de la Grande histoire par la petite porte. Il balade ainsi, dans Sovok, ses personnages de galère en galère construisant le portrait d’une Moscou sur le point de sombré sous le poids du libéralisme, de l’administration et des magouilles des politiciens.
Le roman est agréable à lire et le lecteur s’attache aux trois pauvres urgentistes qui dégustent sévèrent. Arrivé à la fin du roman, je n’aurais qu’un souhait : une nouvelle présentant le quotidien des urgentistes européens de Last Chance !

L’avis de Gromovar

L’Héritier

Second tome de la série du Haut-Royaume (après Le Chevalier), L’Héritier débute peu de temps après la fin du premier tome. Lorn, le haut-chevalier du royaume, est mort et la garde d’onyx qu’il a ressuscité change profondément sous le commandement d’un des princes du royaume.
Sur fond d’une guerre avec une puissante cité franche, le Haut-Royaume s’approche de l’abime alors que tous le monde attend la nouvelle de la mort du Roi. Dans ce contexte la nouvelle que  la légendaire épée du haut-roi a été retrouvée pourrait donner un avantage certain au futur prétendant au trône…
Pierre Pevel donne, avec ce second, tome un sympathique roman de Fantasy qui voit un Royaume se précipiter vers la guerre civil. Des personnages, et notamment le « héros » de l’histoire, en teinte de gris et une bonne qualité d’écriture ne masquent malheureusement pas une intrigue un peu tortueuse et aux nombres de rebondissements un peu trop élevé à mon goût. Je lirais néanmoins avec curiosité le troisième, et dernier, tome à sa sortie.

Top Ten Tuesday : Top 10 des livres lus en 2014

 Je ne participe pas souvent à ce genre d’initiative, mais pour le coup ce Top Ten Tuesday tombe à pique pour faire un petit bilan lecture de l’année écoulée. En 2014 j’ai lu une soixantaine d’ouvrages (dans ma moyenne depuis une dizaine d’année), dont un bon tiers en version audio (j’ai l’impression par contre que cette part augmente de plus en plus).

Quelques coups de coeur qui me permette de dresser, dans le désordre un Top Ten des lectures qui m’ont le plus marquée en 2014 (présentée dans le désordre). En cliquant sur l’image vous accéderez à la chronique.

http://siku00.blogspot.ch/2014/05/manesh.htmlhttp://siku00.blogspot.ch/2014/12/the-doubt-factory.htmlhttp://siku00.blogspot.ch/2014/03/liavek.html
http://siku00.blogspot.ch/2014/03/hild.htmlhttp://siku00.blogspot.ch/2014/11/le-jardin-des-silences.htmlhttp://siku00.blogspot.ch/2014/11/la-lisiere-de-boheme.htmlhttp://siku00.blogspot.ch/2014/08/atopia-chronicles.htmlhttp://siku00.blogspot.ch/2014/05/notre-dame-des-loups.htmlhttp://siku00.blogspot.ch/2014/07/the-long-mars.htmlhttp://siku00.blogspot.ch/2014/12/my-real-children.html

Le Top Ten Tuesday est une initiative de The Broke and the Bookish, reprise en version française par Iani

The Rhesus Chart

Cinquième roman dans la série « The Laundry » (« La Laverie » en français) (l’histoire de Bob Howard, un fonctionnaire britannique qui travaille dans l’administration chargé de lutter contre les menaces occultes, « à la Lovecraft »), The Rhesus Chart se déroule entièrement à Londres et, en majorité, dans les arcanes de La Laverie.
Comme chacun le sait à La Laverie, les vampires n’existent pas; ainsi quand Bob Howard découvre, grâce à un projet personnel d’analyse de donnée (à l’image de ce qui se pratique chez Google), une épidémie de syndrome K (une variante de la vache folle qui atteint les sorciers) qui le mène vers un nid de vampires « nouveau-nés » situé dans une unité de traders c’est le début d’une mission qui s’annonce ardue.
Quand en plus, une des vampires connait l’existence de La Laverie est une ex de Bob, les choses se compliquent. Si on ajoute à cela, une guerre larvée entre deux vampires londoniens et l’intervention des Auditeurs (le top du top de la pyramide hiérarchique de La Laverie), le tous devient explosif.
The Rhesus Chart est un excellent roman que j’ai pris grand plaisir à lire. La fin du roman me donne vraiment envie de lire le prochain tome de la série.

Tokyo Raider & Murder on the Orient Elite

Deux nouvelles viennent de paraitre dans l’univers des chroniques du Grimnoir. Murder on the Orient Elite est une exclusivité Audbile (et est gratuite jusqu’au premier janvier 2015) et Tokyo Raider est tirée d’une anthologie, mais est également disponible « à la pièce » sur Audible (format dans laquelle je l’ai acheté).
Tokyo Raider se déroule bien après l’intrigue des romans (dans les années 50) et met en scène Joe Sullivan, le fils de Jake Sullivan héro de la trilogie du Grimnoir. Joe est dans l’armée américaine où il subit quelque discrimination du à ses origines en partie japonaise (par sa mère). Envoyé à Tokyo comme « conseiller militaire », il devra prendre le contrôle d’une armure géante afin de défendre la ville contre une invocation majeure au service de la Russie stalinienne, en guerre contre l’Impérium.
Tokyo Raider est une nouvelle distrayante dans l’univers du Grimnoir; elle joue délibérément la carte du « robot géant vs godzilla » et laisse entrevoir qui sont les enjeux futurs de cet univers.
 

Murder on the Orient Elite se déroule cinq ans après la fin de Foudre de guerre, cette nouvelle suit Jack Sullivan, devenu « ancien » de la société secrète du Grimnoir, dans une enquête mouvementée sur le dirigeable de luxe l’Orient Elite qui traverse l’Atlantique en direction de l’Argentine. Lors de son enquête, Sullivan aura à faire aux Impériaux japonais, au service secret russe au service de Staline et à une mystérieuse faction qui manifeste des pouvoirs surprenants.

Très sympathique à lire/écouter, cette nouvelle laisse entrevoir que Correia a encore dans sa manche des intrigues pour son univers. Je ne serais pas surpris de voir bientôt un nouveau roman dans cet univers…

The Doubt Factory

Excellent roman « Young Adult » de Paolo Bacigalupi, The Doubt Factory est un thriller qui a pour thème « l’industrie du doute », celle qui permet, par une manipulation des médias, des tribunaux et de la science, de semer le doute qui permettra à un produit potentiellement nuisible de rester plus longtemps sur le marché. De ce point de vue, il sera sans doute plus « instructif » pour son public cible que pour les personnes plus matures pour qui ce business est connus.
Alix est une jeune étudiant de 17 ans dans un collège huppé de l’état de New-York. Sa vie oscille entre ses quelques amis, dont sa meilleure amie, l’école, son petit frère hyper-actif qu’elle doit « garder à l’œil » et sa famille aisée. Son père travaille dans le « relationnel » pour de grandes entreprises. Sa vie bascule le jour où un groupe, « 2.0 », s’en prend à son collège, puis directement à elle.
Au fil du roman, Alix, et le lecteur, comprend que « 2.0 » en venut en fait à son père et au rôle qu’il a joué dans le maintien sur le marché de produits dangereux. Menacée puis prise elle-même de doute, Alix va progressivement grandir en remettant en cause le rôle de son père, le tout avec une zeste de romance adolescente et de syndrome de Stockholm…
The Doubt Factory est donc un thriller de qualité, bien écrit, avec une histoire intéressante sur une thématique contemporaine. Que demander de plus ?

My Real Children

Dernier roman à ce jour de Jo Walton, My Real Children a été une véritable claque pour moi. Le roman passionnant est bien écris aborde certaines thématique qui font vibrer une corde sensible chez moi (l’impact d’un choix sur une vie, le passage du temps, la perte de la mémoire).
Le roman suit la vie (ou plutôt les vies) de Patricia, une femme née en 1926 et qui, en 2015, depuis la chambre de sa maison de retraite en Angleterre se remémore sa vie; ses vies en fait car avec le grand âge, et la confusion qui va avec, Patricia se souvient de deux vies distinctes : l’une où elle épouse Marc et a quatre enfant avec lui, avant de divorcer et de reprendre sa liberté, l’autre où elle ne l’épouse pas et vit avec une autre femme avec qui elle « aura » trois enfants.
Alors que le lecteur découvre les deux vies de Patricia, dont l’enfance et l’adolescence aux Royaumes-Unis sont identiques, présentées de manière chronologique, c’est deux styles de vie et presque deux mondes différents qui s’offrent à lui. En effet, outre les changements apportés par le choix d’épouser Marc ou non, les deux vies de Patricia se déroulent dans deux uchronies par rapport à notre histoire.
Dans la vie où Patricia épouse Marc, elle devient une femme au foyer qui vit dans une relation conjugale insatisfaisante : rapidement mère de quatre enfants, elle doit faire face à un mari froid et distant qui la déprécie. Peu à peu elle retrouve une autonomie dans la vie associative avant de divorcer, une fois ses enfants grands, et de faire un peu de politique au niveau local. Cette Patricia vit dans un monde en paix où, après l’assassinat de Kennedy (en 1963) dans l’explosion d’une bombe, l’URSS arrive en premier sur la Lune, lançant une course aux étoiles qui aboutira à la création d’une base lunaire et la préparation d’une mission pour Mars, et à une libéralisation beaucoup plus rapide de l’URSS.
Dans son autre vie, Patricia fait sa vie avec une femme, avec qui elle aura, plus tardivement, trois enfants. Là, Patricia vit une vie épanouie entre le Royaume-Uni et l’Italie. Elle se dédie à l’écriture de guides touristiques qui deviennent rapidement des bestsellers. Mais son bonheur conjugal est assombris par un monde beaucoup plus violent : la crise des missiles cubains aboutis à l’oblitération nucléaire de Miami et de Kiev et à une guerre froide beaucoup plus tendue; la course vers l’espace a bien lieu, mais les bases sur la Lune et en orbite sont fortement militarisées.
Les thématiques de My Real Children sont multiples : uchronie, comme nos choix influences nos vies, l’homosexualité, la filiation, la manière dont nous changeons au cours de notre vie, etc.
Magnifiquement bien écrit, My Real Children, comme je le disais au début de ce billet, m’a profondément touché. Il rejoint la liste des meilleurs romans qu’il m’a été donné de lire dans ma vie.
Lu dans le cadre du challenge SFFF au féminin
http://ledragongalactique.blogspot.ch/2014/03/challenge-sfff-au-feminin.html?showComment=1394271167545#c7928591275848414423