Ring Shout de P. Djèlí Clark

Débutant comme un roman d’Urban Fantasy « à la Buffy » Ring Shout suite trois femmes noires qui, en 1922, chassent des Ku Kluxes. Les Klu Kluxes sont des créatures monstrueuses qui se cachent, en prenant leur place, sous une apparence humaine parmi les membre du Klu Klux Klan.

Sous ce prémisse sommes toutes assez classiques, se cache en fait un court roman magistrale. P. Djèli Clark  convoque en effet dans son roman des pans entiers de l’histoire américaine et des luttes raciales ayant secoués le pays. Par exemple le film Naissance d’une nation tient une place centrale dans l’intrigue, mais aussi bien sur le Clan ou encore la premier guerre mondial. Il convoque aussi des éléments réeels de la (les) cultures afro-américaine (les Gullah, les Ring shout, des légendes et mythes, etc.),

Le tout forme une tapisserie d’une extrême richesse qui vient soutenir un récit maitrisé de bout en bout aussi passionnant pour ses scènes d’actions et d’émottions que pour la réflexion sur le rôle de la haine et de la violence dans l’histoire humaine.

Franchement Ring Shout est une gemme qui réussit le tour de force de proposer une histoire palpitante d’Urban Fantasy, bien écrite et d’une richesse et profondeur rare.

We are satellites de Sarah Pinsker

Se déroulant aux États-Unis dans un futur proche, We are satellites de Sarah Pinsker suit, sur plusieurs années, une famille (Val, enseignante, Julie assistante d’un sénateur, David et Sophie leur deux enfants) qui fait face à l’apparition de Pilot. Pilot est un appareil qui se connecte au cerveau et permet d’atteindre, en le stimulant, une capacité de multitâche fonctionnelle; une faible lumière bleu sur la tempe marquant les gens qui ont un Pilot d’installé.

Val est plutôt contre, Julie plus tôt pour, David en veut un pour pouvoir suivre à l’école et Sophie ne peut pas en avoir un car elle a une maladie qui la rend sujette à des crises d’absence. Julie et David finissent pas avoir un pilote, David rejoint même l’armée après ses études secondaires, alors que Val et Sophie n’en ont pas. Sophie arrivée à l’âge adulte milite dans une association contre les Pilots.

We are satellites brosse la manière dont une évolution technologique va modifier une société en profondeur en créant parfois un gouffre entre les individus au sein même des familles. C’est aussi une ode au pouvoir qu’on les individus de peser sur le destin des sociétés. Ceci dit le roman n’est pas exempt de défaut : il tend parfois un peu trop vers le drama à mon goût et sa fin est un peu trop vite et facilement expédié par rapport au reste du roman.

Il n’est en reste pas moins que We are satellites est un texte bien écrit et très humain sur sa manière d’aborder les changements technologiques qui affectent les sociétés.

La nuit du faune de Romain Lucazeau

La nuit du faune est plus un conte philosophique de science-fiction qu’un roman. Se basant sur les connaissances astronomiques de notre univers il lance ses protagonistes, et avec eux le lecteur, dans un fol voyage vers le centre de notre galaxie…

Tous débute sur notre Terre dans un futur lointain qui a vu toutes traces de notre civilisation effacées par l’activé géo-physique de la planète, de même pour la civilisation suivante. Un membre de la race sentiente peuplant alors la Terre, un faune, se rend au sommet d’une montagne où se terre Astrée. Astrée est survivante de la race humaine qui, depuis des éons, vit ici sous la forme d’une petite fille. L’arrivée du faune va la tiré de sa routine et elle se lance dans un voyage au cœur de notre galaxie afin  de lui montrer le destin des races pensantes….

Débute alors un voyage qui interprète les observations astronomiques à travers le prisme d’un univers où la vie est partout présente, prenant des formes diverses et évoluant selon le degré d’avancement des civilisations.

La nuit du faune est un récit puissant et bien écrit qui propose une réponse vertigineuse à la question de l’origine et du devenir de la vie dans l’univers.

Derniers jours d’un monde oublié de Chris Vuklisevic

Derniers jours d’un monde oublié est le premier roman de Chris Vuklisevic, publié dans le cadre d’un concours pour les 20 ans de la collection Folio SF. Roman de Fantasy, Derniers jours d’un monde oublié conte les changements de la société de l’île de Sheltel lorsqu’un navire étranger aborde ses côtes.

Cela fait trois siècles que l’île de Sheltel se croit seul au monde, après que la Grande Nuit ait englouti le monde. La société de l’île, où les habitants ont, à des degrés divers, des pouvoirs élémentaires, s’est stabilisé sur une organisation sociale ou le pouvoir est partagé entre la famille du Natif et celle de la Bénie. Le contrôle de la population est assuré par la crainte Main qui décide qui doit mourir lors d’une naissance et maintient un « pool génétique » sein dans la population. La question de l’accès à l’eau est également centrale sur l’île.

Lorsqu’un navire pirate venu de l’extérieur aborde l’île, l’équilibre fragile de sa société vacille et s’effondre. Ce sont ces derniers instants auxquels le lecteur est convié en suivant la trajectoire d’une pirate, de la Main et d’un riche et influent marchant de l’île conseillé de la Bénie.

Alors que la rencontre entre les îlotiers et l’extérieur se fait, les petits secrets et manigances de chacun éclatent au grand jour et font tombé l’équilibre des pouvoirs.

Derniers jours d’un monde oublié est un roman plaisant, non exempts de défauts, mais qui est une vraie réussite pour un premier roman.

Invisible Sun de Charles Stross

Suite direct de Dark State, Invisible Sun conclut également la double série des Princes-Marchands.

Pour rappel le pitch de base de la série est l’existence d’une famille étendue dont les membres ont la capacité de se déplacer entre des versions parallèles de notre Terre. Vivant dans un royaume médiéval, la famille à fait fortune en organisant un service de courrier rapide, via notre monde, et de trafic de drogue, via le leur.

Après avoir été découvert et avoir tenter d’entrer en guerre contre les USA (première série), les restes de la famille se sont réfugiés dans une Terre parallèle récemment découverte où une révolution venait juste de renverser une monarchie régnant sur les Amériques.

Dans la second série près de deux décennies ont passé et les USA et le Commonwealth sont plus ou moins secrètement pris dans une nouvelle guerre froide entre deux super-puissances technologiquement différente mais possédant des capacités nucléaires et de voyages entre les mondes.

Dans ce dernier tome les USA sont pris à leur propre piège lorsqu’il favorise un coup d’état lors de la première grand transition de pouvoir au Commonwealth. Et ce alors qu’ils ont réveillé une force extraterrestre hostile dans un autre univers parallèle.

Difficile d’en dire plus (j’en ai même trop dit peut-être), mais Invisible Sun propose une conclusion haletante à cette série qui se lit frénétiquement pour savoir ce qui va se passer.

The Sandman act I & II

Je  n’avais jamais lu le célèbre comics The Sandman c’est donc avec une certaine curiosité que je me suis lancé, l’année dernière déjà, dans l’écoute de son adaptation audio. Une adaptation qui tient plus de la pièce radiophonique (bruitages, plusieurs voix, musique) que du roman audio d’ailleurs.

Les deux actes parus jusqu’à aujourd’hui adaptent les arcs des volumes 1 à 6 (trois volumes par acte). Je les ai écouté en version anglaise mais les retours lus sur les versions francophones (acte 1, l’acte 2 sort prochainement)  sont bons également.

Et effectivement cette adaptation est passionnante. Aussi bien le choix des voix et le bruitage que l’histoire. Se déroulant dans l’univers des supers-héros DC (Batman,  Superman, Wonder-Woman …), l’auditeur est invité à suivre les aventures du Sandman, un être qui est à la fois la personnification des rêves et le Rêve lui même. C’est un Éternel, un membre d’une fratrie présente depuis le début de l’univers et qui sera encore là à la fin de celui-ci.

Lorsque débute l’histoire, Morphée, le Sandman, est emprisonné par un mage humain durant plusieurs décennie et, à sa libération dans les années 80, il se lance à la recherche de ses trois artefacts (un bijou, un casque et un sac de sable) qui lui ont été volés. Suit ensuite plusieurs histoires mettant en scène la personnification du rêve dans ses divers taches et offices.

Le tout forme une histoire passionnante qui se laisse écouter avec plaisir. Franchement jeter y une oreille vous ne le regretterez pas.

L’évangile selon Myriam de Ketty Steward

Myriam a 16 ans et vit dans une communauté ayant fuit l’oppression dans un futur post-apocalyptique. Son père était un prêcheur de la communauté et à sa disparition Myriam  se sent investit d’une mission par Dieu : mettre par écrit et ordonné les différents récits que la communauté à pu sauvegarder. Cela sera l’évangile selon Myriam.

Dans ce texte, Ketty Steward, re-construit le récit biblique en l’intercalant et l’éclairant avec des contes, des récits mythologiques et « classiques ». Le tout présentant Lucifer dans un rôle plus positif et introduisant Alphonse, le principe de la réalité.

Le tout donne un texte très agréable à lire qui éclaire via des récits l’expérience de la vie humaine.

Malfaiteurs du Paris des Merveilles

Après Contes et récits du Paris des merveilles, Malfaiteurs du Paris des Merveilles reprend le même principe : plusieurs nouvelles se déroulant dans l’univers créé par Pierre Pevel et qui se décline maintenant aussi en BD (les Artilleuses).

Ici ce sont les malfrats (voleurs et petites frappes) qui sont à l’honneur, mais dans des textes où ceux-ci sont souvent « au grand coeur » et œuvre en fait aussi un peu pour le bien commun.

Ce sont donc six nouvelles fort sympathiques et se déroulant à divers époques du Paris des merveilles qui sont ici proposées. A noté qu’une des nouvelles est de la plume de Pevel et met en scène les Artilleuses.

Je suis clairement preneur pour plus d’aventures et de recueils, ils forment des lectures très plaisantes.

War of the Marionettes de Adam-Troy Castro

Troisième, et dernier, roman du cycle Andrea Cort, War of the Marionettes n’est sortit en VO qu’en version audio.

Cette troisième enquête d’Andrea Cort, procureure spéciale du Corps diplomatique Hom-Sap, se déroule sur la planète Vlhan. Là de massifs extraterrestres sentients , dont le langage complexe n’est pas entièrement traduisible par la communauté galactique, organisent régulièrement une danse complexe dont l’issue est mortel pour les participants. De nombreux humains ressentent une forme d’appel et se font bio-modifié pour participé à cette danse.

Andrea Cort a été prévenue par les IA sources qu’un conflit pourrait éclater sur Vhlan menant à l’extinction de l’espèce humaine. A son arrivée sur la planète, la « danse » est violement interrompue par se qui ressemble à une guerre civile sur Vhlan. Débute alors une course contre la montre pour Andrea et le Porrinyard afin de comprendre se qui se passe et tenter d’éviter l’issue fatal qui semble inéluctable …

Disons le franchement, War of the Marionettes est un roman moyen. S’il conclut effectivement le cycle personnel d’Andrea Cort (et j’aimerai beaucoup lire un texte l’a mettant en scène se déroulant après ce roman), l’intrigue proposée est brouillonne et donne le sentiment que les personnages sont ballotés par des événements qui les dépassent et sur lesquels ils n’ont presque aucunes prises. Le dénouement d’ailleurs est un deus ex machina (enfin plutôt un IA ex que deus ex) du plus mauvais effet. Une fin de série donc assez décevante au vu de la qualité du reste du cycle.

Faraway Collection

Sous le titre de Faraway Collection se cache cinq nouvelles, publiées par Amazon en audio (la forme sous laquelle je l’ai lu) et en numérique, proposants des réécritures modernes de contes de fées.

Deux nouvelles sont plaisantes mais un cran au dessous :

« The prince and the troll » de Rainbow Rowell est une sympathique, mais anecdotique, histoire d’amour entre un travailleur de « la route » et une troll vivant sous un pont; le tout dans un monde de contes de fées contemporain.

« The wickeds » de Gayle Forman suit les trois méchantes de Blanche Neige, Cendrillon et Raiponce qui, des années après leurs déchéances, revisitent leurs histoires, décident de se venger et découvrent que les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent être… Une nouvelle sur la place des femmes dans la société fort maline.

Trois nouvelles sont excélentes :

« Hazel and Gray » de Nic Stone projette deux ados amoureux dans une maison closes angoissantes alors qu’ils fuient des beaux-pères toxiques. Une revisite réussie de Hansel et Gretel.

« The Cleaners » de Ken Liu explore ce que pourrait être notre société si les souvenirs laissaient des traces sur les objets du quotidien.  Au travers des regards de plusieurs protagonistes, Liu décrit les changements à l’organisation et aux gens qu’une telle chose impliquerait. Une nouvelle bien écrite et intéressante basée sur « la princesse et le petit-pois »

« The princess game » est une enquête policière dans un lycée américain où des jeunes filles sont assassinées dans une mise en scène macabre les représentant en princesses de contes de fées. La nouvelle est composée des mémos audios d’un des enquêteurs, un jeune policier sorti de l’académie juste pour l’occasion, et qui revit peut-être un peu trop ses années d’étudiants pour le bien de l’enquête. Les principaux suspects étant l’équipe de foot américain qui se surnomme entre eux « les princes ». Un thriller sans rien de fantastique diablement efficace et bien écrit.