Les Embrasés de Stefan Platteau

Les Embrasés est un recueil de trois textes se déroulant dans l’univers du Sentier des Astres et qui peuvent être lus indépendamment du cycle de romans.

Mille et une torches est une nouvelle, parue à la fin 2022 dans le cadre d’une opération de promotion de la lecture en Belgique et disponible en ligne, qui est un prologue au cycle des romans. Elle décrit le début de la guerre civile qui embrase l’Héritage alors que l’Héritier-Roi pense avoir vaincu les Luari et célèbre son triomphe dans leur capital, Narrakhin. C’est une nouvelle qui narre la rébellion d’un peuple derrière sa duchesse qui, en puissante magicienne, à plus du tour dans son sac.

Dévoreur est une novella déjà publiée par le passé qui suit le mage Peyr Romo, au retour de l’une de ses nombreuses pérégrinations, et qui retrouve ses enfants enlevé par un de ses voisins qui est devenu un ogre.

Les eaux de sous le monde est un roman totalement inédit qui se déroule, chronologiquement parlant, après Dévoreur et qui met à nouveau en se le mage Peyr Romo.

L’intrigue se déroule dans la cité de Feddrantier au proie à une crue exceptionnel de l’Angmuir, le grand fleuve sacré de l’héritage. Alors que la ville est sous les flots un couvent est au proie à des apparitions. Peyr Romo accepte d’enquêter pour faire la lumière sur ses apparitions surnaturelles.

Débute alors une enquête avec au centre de l’intrigue la rivalité entre deux communautés religieuses venant en aide aux plus démunis et des secrets venus du passés de chaque communauté.

Comme toujours avec Stefan Platteau la langue est fluide et le récit passionnant. Même pour ceux ayant déjà pu lire Dévoreur et Mille et une torches, l’acquisition du recueil vaut la peine pour l’excellent roman Les eaux de sous le monde qui montre que Platteau n’est pas seulement à l’aise dans les récits se déroulant en pleine nature mais également dans un cadre urbain.

Jaunes Yeux de Stefan Platteau

Quatrième tome du Sentiers des astres, Jaunes Yeux fait suite à Meijo. Audible ayant publié la version audio de la saga, j’ai profité que ce quatrième tome soit sorti dans ce format une semaine avant sa sortie papier pour m’y lancer avec bonheur; Matthieu Dahan, le lecteur de la saga, est excellent et donne vie avec brio au texte de Platteau.

Les survivants de l’expédition vers le Roi diseur ont maintenant trouvé une face sage (une face gravée dans le bois d’un arbre) qui leur ouvre le chemin vers le trône où siège l’oracle. Ils s’y engagent donc avec toujours à leur trousse des forces néfastes. Le chemin les prépare à la rencontre avec le géant et recèle des surprises (les anciens peuples ne sont jamais bien loin).

Parallèlement le lecteur en apprend d’avantage sur le passé de la courtisane et de sa fille. Il y a des révélations sur leurs relations avec le monde des brumes (des esprits) mais aussi sur la manière dont la courtisane est devenue la Nacre du Nord. Platteau en profite d’ailleurs pour donner à voir la vie dans une ville de l’Héritage  et contextualiser comment la guerre civile en cours a débuté.

Finalement un troisième récit, plus discret, vient s’entremêler aux deux précédents : la famille de Manesh qui prend part à ce qui pourrait bien être la bataille décisive de la guerre civile.

Difficile d’en dire plus sans déflorer les différentes intrigues. Il me reste juste à dire que la plume de Platteau est toujours aussi agréable, que la construction de son récit toujours passionnant à lire. Les lecteurs qui n’ont que peu gouté le tempo des précédents textes resteront sur leur faim ici également. Personnellement je trouve ce tempo juste et j’apprécie de prendre le temps du récit.  Jaunes Yeux a aussi quelques révélations et les différents fils de l’intrigue font de plus en plus sens, la fin du roman me laisse par contre avec un cris : « la suite, vite la suite, je veux savoir..:: »

Meijo

Troisième tome de la saga du Sentiers des astres, Meijo debute ou le tome précédent s’est terminé.

L’expédition dans le Nord vers le Roi-diseur est en difficulté : traquée par une force hostile, ayant perdu son chef éliminé par un traitre en leur sein. Dirigé maintenant par le Barde de l’expédition, le groupe profite de l’aide de la peuplade locale des Teules qui les mènent via le sentier des astres, un raccourci situé à la frontière du monde des mortels et du monde des esprits à la recherche d’un chemin par delà les dangers de la forêt et vers la voie qui mène à leur quête.

En parallèle la courtisane Shakti se dévoile d’avantage contant son exilé et sa déchéance. Un récit âpre où la pauvreté et la necesité pousse shakti et son compagnon d’infortune aux pires bassesses pour survivre.

Meijo est un troisième tome à l’écriture toujours aussi belle. Un tome aux deux récits enchâssés de manière équilibrée qui dévoile par petite touche les enjeux de la guerre qui se livre au loin dans l’Heritage et qui fait la part belle aux mondes des esprits et à la magie.

Maintenant le plus difficile est d’attendre la sortie de la suite.

Shakti

Second tome de la tétralogie de Stefan Platteau « Les Sentiers des Astres », Shakti débute là où Manesh s’est arrêté.
L’expédition, dans les forêts du Nord, afin de rencontrer le mythique Roi-diseur est en mauvaise posture : décimée et encerclée par un ennemi nombreux et puissant. La première partie de Shakti narre la fuite de l’expédition dans la forêt. Le « cliffhanger » du premier tome obtient une réponse rapide et le lecteur ne marine pas pendant de  nombreuses pages pour savoir.
La seconde partie du roman est consacré au récit de Shakti, la Courtisane qui accompagne, avec sa fille, le groupe. Elle narre, entrecoupé par quelques scènes de la vie quotidienne de l’expédition,  son enfance et son entrée dans l’âge adulte comme fille d’une puissante chamane et seigneure dans une grande îles du Nord qui fait penser à une Islande plus verdoyantes que la notre. Les forêts de son enfances sont peuplés d’esprits et de seigneurs bêtes anciens dont un ours vivant une malédiction et dont le destin et celui de Shakti entremêlement.
Difficile d’en dire d’avantage sans dévoiler tous les rebondissements du récit. Il me suffira de dire que c’est admirablement bien écrit (ceux qui ont aimé Manesh ne pourront qu’apprécier) et que le rythme est un peu plus rapide que dans le premier tome. Mes deux seules regrets, au final, sont que le récit de la Courtisane n’est pas achevé dans ce volume et que j’aurai aimé avoir une histoire urbaine (cela viendra sans doute) alors que là le récit reste fortement marqué par la nature sauvage (admirablement bien décrite et rendue). A noter également l’extension de la mythologie du monde qui, mélange de shamanisme, de mythes nord-européens et indiens est fascinante.

Pour les indécis je vous conseil le teaser vidéo avec des extraits lus du roman (A quand la version audio ?)

Dévoreur de Stefan Platteau

Conte amère sur la relation entre les adultes et les enfants, Dévoreur conte la transformation d’un montagnard en ogre.
Situé dans l’univers du roman Manesh, mais totalement indépendant de celui-ci, Dévoreur se déroule dans des alpages. Elle suit, dans un premier temps, la femme d’un mage durant l’absence de son mari qui voit son meilleur ami, vivant dans l’alpage d’en face, se transformer sous ses yeux en un homme secret et coléreux qui terrorise ses filles. Puis dans un deuxième temps c’est le mage lui même qui part affronter l’ogre dans sa tanière pour tenter de sauver ses enfants.
 
Dévoreur est un court roman, une novella, un conte où l’ogre représente la part sombre de tout un chacun et qui interroge la confiance que les enfants placent dans les adultes.
 
Dévoreur est superbement écrit. Étant parent moi même, j’ai été particulièrement touché par la moral du conte qui frappe juste. La version papier du conte est un bel objet qui est vendu (19 euros) sans doute un peu cher pour le nombre de signes du roman; la version électronique est, elle, plus abordable. Il n’en reste pas moins que ce texte en vaut clairement la peine.
L’avis de Lune.

Manesh

Premier roman, et premier tome d’une trilogie, de Stefan Platteau, Manesh est un roman de fantasy non seulement bien écrit et agréable à lire, mais également passionnant.
Dans un monde qui emprunte aussi bien aux mythologies celtiques et nordiques qu’aux mythologies indiennes, et le mélange prend étonnement bien, le lecteur est invité à suivre le récit de l’expédition du capitaine Rana qui remonte un fleuve, à travers la nordique forêt du Vyanthryr, afin de trouver le mythique Roi-diseur, un oracle, afin de faire basculer le cours de la guerre civile qui voit s’affronter un puissant royaume à sa suzeraine afin d’obtenir son indépendance. Parallèlement à ce récit, narré du point de vue du barde de l’expédition, le lecteur découvre, en même temps que le barde, le récit de la vie de Manesh, un jeune homme trouvé à moitié mort dérivant sur le fleuve par l’expédition.
Contant son histoire à son rythme, Manesh dévoile, au fil de son récit, une vie peu ordinaire marqué par ses origines particulières. En effet, Manesh fait partie des rares enfants d’un géant. Ces dernier, solaires, lunaires ou des profondeurs, ont quitté le monde il y a longtemps suite aux guerres durant lesquelles les hommes les ont presque décimés. L’héritage des géants marquent pourtant profondément le monde et ses habitants. Enfant d’un géant solaire, Manesh possède des aptitudes hors du communs et une soif de comprendre le sens de sa vie.
Malgré l’utilisation de tropes commun en fantasy (les races antiques disparues mais pas totalement, la guerre entre royaumes, le voyage/la quête, le descendant des anciennes races), Manesh est un formidable roman qui se déroule au rythme du fleuve tout en proposant suffisamment de mystères pour pousser la lecteur à tourner frénétiquement les pages.