Magiciennes et Sorciers

Après Rois et Capitaines, le salon des Imaginales a accouché d’une nouvelle anthologie consacré à la magie.

Les nouvelles de ce récit se centre avant tous sur les magiciennes et peu de sorciers parcours ses pages. Dans l’ensemble le recueil est fort bien fait et passionnant à lire. Plusieurs auteurs (Laurent Gidon, Charlotte Bousquet, Rachel Tanner , et Jean-Philippe Jaworski) proposent des nouvelles se déroulant dans des univers qu’ils ont déjà explorés en roman. Si la nouvelle de Jean-Claude Dunyach m’a paru brouillonne et fade, et la nouvelle de Jaworski (à ma grande tristesse) verbeuse et peu facile d’accès pour qui ne connait pas bien ses écrits, le reste du recueil vaut vraiment le détour. Une mention particulière au texte de Pierre Bordage qui, pour une fois (l’homme donne rarement de grand texte lorsqu’il écrit des nouvelles) est excellent.

Le sommaire de ce recueil :

  • Cœur de serpent, Sire Cédric
  • Djeeb l’encharmeur, Laurent Gidon
  • Toiles déchirées, Charlotte Bousquet
  • Exaucée, Maïa Mazaurette
  • T’humilierai, Justine Niogret
  • L’Ultime illusion, Érik Wietzel
  • In caude venimum, Rachel Tanner
  • Margot, Julien d’Hem
  • Le crépuscule des maudites, Sylvie Miller & Philippe Ward
  • L’Autre, Pierre Bordage
  • Respectons les procédures, Jean-Claude Dunyach
  • Quelques grammes d’oubli sur la neige, Lionel Davoust
  • La troisième hypostase, Jean-Philippe Jaworski
  • Chamane, Fabien Clavel

Kalpa Imperial

Kalpa Imperial est un recueil de nouvelles de l’écrivaine argentine Angelica Gorodischer. Il exerce sur moi une fascination étrange depuis ma première lecture il y a de cela une petite décennie.
Je reviens en effet régulièrement à ces récits, comptés à la première personne par un narrateur peu avare de commentaires de digressions. Le ton résolument tourné vers l’oralité donne le sentiment d’écouter un conteur un soir autour du feu. Ce dernier narre différents épisodes de « l’Empire le Plus Vaste Qui N’ait Jamais Existé. » Il déroule l’histoire de villes, d’Empereur et d’Impératrice, du Sud, toujours rebelle, de petites histoires et de grandes Histoires. Tous cela dans un monde qui n’a pas vraiment de chronologie et où l’Empire à exister de tout temps et semble partit pour exister à jamais.
Ces nouvelles me fascinent par la langue et par les visions qu’elles déclenches. J’y reviens régulièrement afin de vérifier si, avec le temps, j’y retrouve le merveilleux de la première lecture; et je le retrouve à chaque fois. Je suis d’ailleurs à chaque fois un peu surpris, tant je me dis qu’il n’est pas possible qu’une telle pépite ne soient pas connue en français où mieux connus en anglais (langue dans laquelle le recueil a été traduit par Ursula K. Le Guin). Ainsi si vous qui me lisez l’avez lu, je serais très curieux de connaitre vos impressions.

Dimension Suisse

Dimension Suisse est un recueil de nouvelles de science-fiction et de fantastique dont les nouvelles ont comme point commun, outre le genre littéraire, d’avoir été écrite par des auteurs suisses romands. A part certaines nouvelles se déroulant en Suisse, cette particularité ne transparait, je trouve, pas spécialement des les différents textes, de bonnes factures, du recueil.

Bien que l’ensemble des textes soient sympathiques, certains m’ont plus marqués que d’autres :

Homéostasie de Laurence Suhner narre ainsi un boulot d’une médium dans un futur où la Terre se meurt.

L’Autre Moi de Lucas Moreno est une histoire de voyage dans le temps dans un monde post-singularité.

Divergence Daniel Alhadeff conte l’histoire d’amour, au début du XXe siècle, entre une médium et un habitant du monde des rêves.

Partir, c’est mourir un peu de Jean-François Thomas est une aventure militaire montrant les risque de la téléportation quantique.

Finalement, le poème en alexandrin de Tom Haas : J’ai croisé des vaisseaux est pour moi le meilleur texte de Dimension Suisse. En quelques lignes bien écrites, Tom Haas retrace les visions des vaisseaux spatiaux dans la science-fiction.

Un recueil bien sympathique, donc, avec une belle petite préface et une postface érudit sur l’histoire de la SF en Suisse romande.

PS :
Certaines nouvelles du recueil peuvent être écoutées sur Utopod :

  • Puni de Thibaut Kaeser (que je n’ai pas lue ni écoutée, depuis que je suis papa certains textes me sont devenus pénibles).
  • Au-dessus de Shibuya de Sébastien Cevey.

PPS :
Le sommaire de Dimension Suisse

Sébastien GOLLUT : Ceux qui marchent
André OUREDNIK : Cette ville qu’ils appellent Sanzu
Sébastien CEVEY : Au-dessus de Shibuya
Thibaut KAESER : Puni
Robin TECON : Les Miens
Laurence SUHNER : Homéostasie
Denis RODITI : Jay, le basset et le gitan
Lucas MORENO : L’Autre Moi
Daniel ALHADEFF : Divergence
François ROUILLER : Remugle en neurocratie
Jean-François THOMAS : Partir, c’est mourir un peu
Yves RENAUD : Parfois mon reflet
Tom HAAS : J’ai croisé des vaisseaux (poème)
Jean-François THOMAS: La science-fiction suisse : alarmes, alertes et dangers ou le charme concret de l’anti-utopie (postface)

Janua Vera


Les lecteurs de ce blog vont sans doute se dire que je radotte à écrire une chronique d’un ouvrage que j’ai déjà lu. Mais voila, depuis sa première édition, maintenant épuisée, Janua Vera a connu deux éditions différentes.

Une première, parue en poche chez Folio, reprend le contenu de la première édition en y ajoutant l’excellente nouvelle Un amour dévorant au recueil. L’histoire pourrait s’arreter là, mais voila que les Moutons Électriques publie, dans un format un peu plus grand, une nouvelle mouture du recueil.

Ce dernier reprend l’intégralité des nouvelles parues en poche et y ajoute la nouvelle Montefellòne parue dans le recueil Rois et Capitaines, ainsi qu’une préface indéit, des appendices sur le monde (dont une chronologie, une charte, un rapport sur la guilde des chuchoteurs et deux contes, dont un est disponible sous un autre nom sur le site des moutons élécrtiques) et surtout une nouvelle inédite forte agréable à lire.

Ceci étant dit je suis un fan inconditionelle de Jaworski et il a suffit que je note la présence d’une nouvelle inédite pour que je me jéte sur cette nouvelle édition. Un primo-lecteur préferera sans doute cette édition à l’édition de poche, un lecteur ayant déjà une des autres éditions et qui n’est pas fortement attiré par la prose de Jaworski peut sans doute faire l’économie de cette édition.

The Magician’s Apprentice

Quelque part dans un bureau d’éditeur à succès le téléphone sonne ….

– Allo Bob à l’appareil !
– Salut Bob c’est Trudi !
– Trudi quel bon vent, comment ça va chez les kangourous ?
– Bien, je t’appelle au sujet de mon prochain roman, je pensais faire une petite prequelle à ma trilogie des magiciens. Un truc sympa sur la naissance de la guilde de magie et la guerre qui a eu lieu juste avant.
– Bonne idée, bonne idée. Je vois déjà l’objet. Un beau roman de près de 800 pages. Un peu comme pour le premier on suivrait une jeune apprentie magicienne issue du peuple, avec un maitre tolérant et un co-apprenti qui ne l’aime pas mais dont elle tombe finalement amoureuse, pour la romance !
– Euh…. tu sais c’est pas vraiment ce que je pens..
– tu tu tu, crois moi mon expérience je sais ce qui plait au foule, et puis avec ton écriture claire et limpide cela se lira très bien. En y pensant je pense qu’on peut même ajouter une multiplication des points de vue. Comme cela, on aura un truc un peu différent du premier. On pourrait ainsi passer de l’apprentie à son maitre, du co-apprenti à un esclave servant l’ennemi et puis au milieux du roman : pouf ! on ajoute une  jeune demoiselle métissée qui doit faire face à la culture un peu rude, machiste et esclavagiste de son père. Je vois cela très bien.
– Bon si tu es sur de toi…. je vais m’y mettre
– Parfait, et puis on pourrait aussi penser à une nouvelle trilogie faisant suite à la première au passage, histoire que le gogo, je veux dire le lecteur il passe à la caisse encore une fois…

Vous l’aurez compris, cette préquelle est très classique dans sa structure et dans son histoire. Elle reprend même une bonne partie du schéma de la première trilogie. Alors amoureux de la nouveauté et du surprenant passez votre chemin.

Par contre, c’est bien écrit et fort agréable. Donc malgré son côté très classique j’ai passé un excellent moment et je me taperais sans aucun doute la prochaine trilogie annoncée.

Un Lun Dun

Roman pour ados et jeunes adultes, Un Lun Dun est une plaisante lecture écrite par China Miéville. Dans la tradition d’Alice au pays des merveilles, du Magicien d’Oz, et comme Neil Gaiman ou Clive Barker, Miéville construit un monde fantastique où le merveilleux et l’insolite sont choses courantes.

Lorsque Zanna et son amie Deeba pas de Londres à Lombres (comme Un Lun Dun a été traduit en français), elle découvre une ville proche et différente. C’est dans cette dernière que viennent s’échouer les choses oubliées chez nous. Mais leur passage dans cette autre ville les change : les parapluies cassés sont vivants et obéissent à leur seigneurs, les bus volent, les fantômes hantes certain quartiers, les girafes sont dangereuses, etc.

Rapidement Zanna et son amie découvre que la ville de Lombres est menacée par le Smog, la polution qui ici est consciente et menace la ville. Mais une prophétie annone depuis toujours que Zanna sauvera la ville. Mais lorsque la prophétie est prise en défaut tout est chamboulé et c’est Deeba qui va devoir se lancer dans une course folle pour sauver la ville.

Ce roman, absurde par de nombreux côté et qui me fait fortement penser à Abarat, est bien mené et agréable à lire; il se permet même de jouer sur les clichés de la quête prophétique. Maintenant, ce n’est pas le meilleur livre de Miéville qu’il m’a été donné de lire et les points commun avec d’autres œuvre du genre sont plus importantes que les différences. Un bon roman bien écrit et agréable, mais qui, pour moi, a un petit air de déjà lu.

Pump Six

Je dois à Gromovar du blog d’en face de m’avoir fait découvrir ce recueil de nouvelles d’anticipation. Je ne parcourais pas ici l’intégralité des différentes nouvelles, car c’est déjà fait dans le blog d’en face (notez néanmoins que moins chanceux que Gromovar, je n’ai pas eu l’édition limitée où se trouve la nouvelle Small offerings).

Ce recueil est une excellente surprise. Paolo Bacgalupi décrit plusieurs futurs possibles de notre planète et de l’humanité. Ce ne sont pas des futurs roses bonbons décrits ici, mais des futurs où l’humanité fait face à ses démons d’aujourd’hui : changements écologiques radicales, confiscation de l’agriculture par les multinationales, évolution drastique de l’espèce humaine grâce à la génétique, dérives des médias et du star système, développement de l’informatique et de la technologie. J’ajouterai que Bagigalupi fait se dérouler la plupart de ces nouvelles en Asie, mettant bien en évidence le déplacement du centre de gravité du monde qui se dessine aujourd’hui.

Je ne peux que conseiller la lecture de sa magnifique recueil qui, je l’admet, est parfois bien sombre.

Abyme

Abyme le guide de la cité des ombres est le premier tome de la nouvelle collection des éditions Mnémos : Ourobore. Il s’agit d’un guide touristique décrivant au travers de 17 itinéraires la cité imaginaire d’Abyme. Cette cité, tirée de l’œuvre de Mathieu Gaborit, est une Venise improbable où se côtoient démons et créatures fantastiques sous le regard des Gros les dirigeants de la ville.

Pour être franc j’ai un peu acheté ce guide par curiosité m’attendant à un ouvrage de bonne facture mais somme tout dispensable. Et bien je m’étais trompé, ce livre est une petite merveille. Composé comme un vrai guide touristique, avec des cartes de la ville et quelques pages pour les « notes personnelles ». Ces itinéraires permettent de découvrir la ville de fond en comble : de ces quartiers nobles, en passant par les quartiers mal famés, la prison, les Abysses (demeures des démons) et les centres du pouvoir que sont le palais d’acier et le palais des Gros.

Chaque itinéraire est agrémenté de considération personnelle de la part de son rédacteur. Ces considérations forment peu à peu plusieurs trames narratives qui content la création du guide lui même.

Ceci étant dit, je connais l’univers dont est tiré le guide d’Abyme, aussi bien au niveau des romans que du jeux de rôle; je rentre donc dans ce guide avec des éléments d’ambiance permettant de situer immédiatement où se trouve la ville et les grandes lignes de son histoire. Je n’ai donc aucune idée de la manière dont un néophyte à cet univers aborderait le guide. Je pense néanmoins qu’il y trouverait grand plaisir tant les illustrations et les textes sont saisissant de réalisme. Pour les rôlistes qui jouent à Agone, c’est un ouvrage indispensable pour découvrir Abyme.

Une excellente surprise donc; j’ai hâte de découvrir le prochain titre de la collection.

Looking for Jake

Looking for Jake and other stories est un recueil de nouvelles de mon « auteur du moment » : China Miéville.

Le recueil propose des nouvelles fantastiques, souvent un peu angoissante et qui m’ont fait régulièrement pensé à Lovercraft par leur thématique. On y trouve également de nombreuses nouvelles où le contexte urbain est un personnage à lui tous seul; visiblement une marotte, et une bonne, de Miéville.

Sans rentrer dans le détail, on trouve dans ce recueil :
– la ville de Londres (plusieurs fois par différentes créatures) en guerre contre un envahisseur puissant,
– des rues sauvages qui apparaissent et disparaissent,
– une fenêtre donnant vers ailleurs,
– une maladie exotique,
– la fin tragique de Jack Half-a-Prayer à New Crobuzon,
– beaucoup de fantômes,
– des miroirs,
– de l’informatique et des multinationales.

Au final un recueil fort sympathique avec, comme souvent dans ce genre d’exercice, de très bonnes choses et d’autres un peu plus faible. Mais dans l’ensemble c’est un must-read.

La Fraternité du Panca III : Frère Kalkin

Frère Kalkin, troisième tome, sur cinq, de la Fraternité du Panca de Bordage (après Frère Ewen et Sœur Ynolde) continue la quête des membres de la fraternité pour reconstituer la chaine quinte qui permettra de sauver l’humanité de l’extinction qui la menace.

Ce troisième opus reprend les ingrédients des opus précédant : les trajectoires de plusieurs personnages (ici Frère Kalkin, l’assassin qui le poursuit, un équipage de vaisseau, une paysanne et une journaliste enquêtant sur la fraternité) qui finissent pas se croiser, un voyage qui semble impossible à l’autre bout de la galaxie (mais la technologie de voyage spatiale s’améliore de tome en tome), des planètes exotiques, des êtres aux pouvoirs qui semblent supra-humains.

Ainsi, si le livre est fort agréablement écrit et haut en couleur, il n’y a rien de nouveau : Bordage fait du Bordage. Il le fait très bien, mais Frère Kalkin ne révolutionne pas le genre.

L’avis (très similaire au miens) de Gromovar.