L’enfant de poussière

Premier roman de Fantasy, et premier tome d’une série, d’un auteur, Patrick K. Dewdney, ayant déjà publié de la poésie et d’autres romans de littérature blanche (si j’ai bien tous compris), L’enfant de poussière est une vraie bonne surprise aussi bien sur le fond que la forme. Il sort le moi prochain (mai 2018) Au Diable vauvert et vous devriez le lire !

L’histoire, écrite à la première personne, prend son temps pour se déployer et suit la jeunesse d’un jeune orphelin nommé Syffe; pas que cela soit son vrai nom mais plutôt le nom du peuple de nomade dont sa carnation semble indiqué qu’il fait partie. Il vit, avec trois autres orphelins, au bon soin de la veuve Tarron. Lui est ses trois amis vivent dans la pauvreté mais sans trop en partir près de la cité de Corne-Brune. Syffe passe son temps entre la campagne, la ville et la Cuvette, village de tente où les peuplades nomades s’installent et partent au grès des saisons.

L’univers dépeint par Dwedney est un monde de Low Fantasy; les Dieux et la magie existent, dit on, mais au final c’est dans le lointain et personne n’en a vraiment été témoin. Le royaume où se situe Corne-Brune a été unifié par le roi actuel et connait une période exceptionnel de paix, aussi bien interne que externe.

Oui mais voila, le roi est vieux et meurt. Si la vie de Syffe n’est pas immédiatement changer par la nouvelle, les années qui suivent vont pas mal bouleverser Corne-Brune et la région dans son ensemble. Et puis surtout Syffe prend de mauvaises décisions, il n’est qu’un enfant pauvre après tous, dans un monde dure où la loi est d’airain et les riches tous puissants.

Sa vie va être bouleversée à plusieurs reprises et prendre à chaque fois des tournants inattendus qui le feront grandir et étendre son monde, souvent dans la douleur; et puis surtout il y a les rêves incompréhensible et étrange qui forment un mystère qui va en s’épaississant avec le temps….

L’enfant de poussière propose non seulement une histoire intéressante qui prend son temps, avec raison, pour se construire, mais bénéficie de plus d’une plume maitrisée et agréable à lire (la comparaison avec Jaworski, Plateau ou Cerruti ne serait pas galvaudée ici). En fait le seul petit défaut que je trouve à ce roman c’est sa propension à faire avancer le récit de manière abrupt en abusant du « coup du sort » qui malmène Syffe et lui faisant régulièrement prendre des tournants de vie radicaux.

Mais ce n’est au final qu’un détail, L’enfant de poussière est un roman de Fantasy qu’il faut lire : intéressant, maitrisé, bien écrit, passionnant.

Les avis de : Gromovar, Just a Word.

 

Les flammes de la nuit

Michel Pagel est un auteur de l’imaginaire français qui a écrit de nombreux textes de très grandes qualités. Les flammes de la nuit a été initialement publié, dans les années 80, comme une tétralogie de Fantasy avant d’être réuni en un seul volume, actuellement disponible chez Les moutons électriques.

Les romans, où plutôt le roman tant il est vrai que le tout se lit comme une seule histoire, utilise les éléments classiques de contes de fée afin de proposer une histoire de rébellion, de changement et d’évolution dont l’absurde est une composante importante et dont le sens, si l’ont peut dire, apparait à la fin du roman.
Le monde de Fuinör est un monde presque immuable : différentes contrées servent différents objectifs (contrées de la guerre, de l’amour, de la chasse, de la folie, etc.), un roi dirige de tous temps le royaume, certains membres du palais ont toujours étés là, la reine meurt toujours en couche, les fées, protectrices du monde et de la volonté des Dieux, viennent à chaque naissance royale bénir de leurs dons le nouveau-né, les barons félons sont toujours vaincus, etc.
Dans une autre partie du monde, il y a toujours une plage avec un fou, un héro et une femme, il y a toujours le danger des cavaliers dorés et tous les dix, sur l’ensemble de Fuinör, un nouveau soleil apparait qui change, dans un cycle arc-en-ciel, la couleurs des choses.
Mais voila un jour né la princesse Rowana et alors que tous entende la bénédiction d’une des fée (quelque chose comme « tu seras stupide et acceptera ton lot de femme ») un mystérieux enchanteur frappe et modifie la « bénédiction » en l’inversant (« tu seras la plus intelligente et tu réfléchiras »). De ce changement grandira une princesse rebelle, nourrie par le savoir de l’enchanteur afin de faire changer le monde et d’affronter, qui sait, les deux divinités qui gouvernent le monde.
En chemin : découvertes, rébellions, trahisons et aventures seront au rendez-vous…
Les flammes de la nuit est un sympathique roman de Fantasy qui subverti le monde des contes de fée pour le faire entrer dans une ère de réflexion plus en phase avec la pensée moderne, le tout par un auteur qui sait diablement bien écrire.

The girl in the tower

Second roman d’une trilogie (après The Bear and the Nightingale), The girl in the tower débute peu de temps après la fin du premier tome. Continuant l’histoire de Vasilisa, il étend également son horizon, et celui des lecteurs, en explorant la cité de Moscou en ci milieux de XIVe siècle fantastique….
Vasilisa, après les événements du premier tome, doit quitter le village où elle a grandit. Elle part bien décider, avec son cheval, à parcourir et découvrir le vaste monde. Mais dans les campagnes russes une bande de brigand sème morts et destructions. Lorsque son chemin croise la route des brigands une fuite dans la forêt et un ensemble de quiproquos l’a fait retrouvé son frère et être prise pour un garçon par le seigneur de Moscou.
Débute alors pour Vasilisa la découverte d’une grande cité, de la liberté d’être un homme par rapport à l’enferment d’être une femme, et un jeu dangereux qui la menace non seulement elle mais aussi son frère et sa sœur. Le tout alors qu’un ennemi sournois et puissant menace Moscou…
The girl in the tower est de la même qualité que  The Bear and the Nightingale : un roman bien écrit, avec une dose de Fantasy, situé alors que le monde chrétien menace l’existence de l’ancien monde fait d’esprits du logis, de puissantes divinités et de sorciers, de l’aventure et une réflexion sur la place des hommes et des femmes dans une société fortement patriarcale. Bref je veux maintenant la suite et fin de l’histoire de Vasilisa….

Le verrou du fleuve

Suite direct de La messagère du ciel, et second tome de ce qui est devenu une tétralogie, Le verrou du fleuve reprend là où le premier tome s’est arrêté.
Pour ceux qui n’ont pas lu le premier tome (vous devriez il est bien), l’intrigue se déroule durant les âges sombres d’Évanégyre, après qu’un cataclysme ait détruit l’Empire qui dominait le monde grâce à sa technologie (une utilisation rationnel de la magie du monde). Aujourd’hui la magie est crainte, des poches de magies instables apparaissent d’ailleurs régulièrement y font muter les êtres vivants qui ont le malheur d’y être piégés, le monde civilisé est une civilisation de type médiévale dont l’église, ressemblant à notre Eglise chrétienne, à la haute mains sur la mortalité (pénitence, méfiance face à la magie et aux femmes, etc).
Alors que le royaume est menacé par une armée de créatures mutées et de technologies issues d’avant le cataclysme, Dieu choisit son messager pour mener l’ultime combat contre son frère. Mais voila tous ne se passe pas comme prévu et le messager est une messagère. Prise pour une suppôt du démon, elle doit lutter contre la société qu’elle tente de protéger…
Dans  Le verrou du fleuve, l’action se concentre sur le siège de la cité qui est le pivot de la défense du royaume. Alternant les points de vu, le roman montre comment la messagère du ciel embrasse son destin et tente l’impossible pour sauver la civilisation des hordes de monstres du Dieu maudit.
Le roman est toujours aussi bien écrit et consiste principalement en le récit du siège, avec quelques apartés sur ce qui se passe dans le reste du royaume (autant de jalons pour ce qui viendra ensuite). Difficile d’ailleurs d’en dire d’avantage sans déflorer les rebondissements du récit; récit d’ailleurs qui aurait peut-être pu bénéficier de quelques coupes par endroits afin de le rendre un peu plus court.
Mais que cela ne douche pas vos envies de lecture tant l’histoire qui se déroule ici est passionnant (et les mystères entrevus dans le premier tome qui s’épaississent d’avantage me font attendre le tome suivant avec impatience pour enfin savoir).

Onirophrenie

Onirophrenie débute là ou le recueil 18.01.16 se termine : avec la fin du monde (ou plutôt le début de la fin du monde).
Le roman suit les pérégrination de Lili, la marcheuse de rêve qui échappe de peu à la mort lorsqu’un une lumière aveuglante tuent la plus grande partie de l’humanité et détruit une grande partie du monde (villes mais aussi zones naturelles).
Survivante de la fin du monde, hantée par un message qui annonce plus que 600 jours avant la fin de l’humanité, traquée par des anges qui semblent jouer avec l’humanité et surtout accablée par son passé qui limitait l’utilisation de son puissant don (Lili peut parcourir les rêves, et donc visiter d’autres mondes, découvrir des secrets, aider ou manipuler les dormeurs et voir des fragments du futur), Lili se lance, avec un jeune homme qu’elle rencontre, dans un long périple qui vont la mener de Renne au Man, du Man à Nantes et peut-être plus loin encore en direction de la « ville invisible aux anges ».
Onirophrenie est une balade dans une France post-apocalyptique, avec ses communautés de survivants, les dangers de la route et la question lancinante : « faut-il en finir maintenant ou attendre, mais attendre quoi ? »
En tant que telle le roman est bien écrit et fait un bon roman post-apocalyptique. Le lecteur sent qu’il se passe d’autres choses d’importances ailleurs et que les pérégrinations de Lili se font en marge des événements qui vont décider du sort de l’humanité et du monde (ceux-ci peuvent être découvert dans Tueurs d’anges), mais ce n’est pas grave car le cœur du roman n’est pas là. Mon seul regret vient sans doute du sentiment que Lili aurait un rôle plus important à jouer dans l’apocalypse, comme si « La balade des marcheurs de rêve » (paru dans 18.01.16) et ce qu’elle laissait entrevoir du rôle de Lili n’était finalement qu’une fausse annonce; mais comme je tiens de l’autrice elle même que le rôle de Lili sera important pour ce qui vient après ce n’est sans doute que partie remise…

Le royaume brisé

Troisième, et dernier, tome de la série du Chant des épines, Le royaume brisé conclut la trilogie de bien jolie manière.
Reprenant quelques mois après la conquête du royaume du nord qui venait à peine de s’unifier, le roman se divise entre de nombreux points de vu en suivant les divers épines survivantes et des personnages proches de ses derniers. Entre rébellion, apprentissage, illusion et recherche d’alliés les épines ont fort à faire pour tenter de libérer leur royaume des forces d’invasion de l’Empire de l’Est.
Sans vouloir déflorer l’intrigue, ce dernier tome apporte de nombreuses réponses et dévoile un conflit plus vaste, plus ancien et mettant en scène des personnages très puissants. C’est d’ailleurs peut-être le seul reproche que je pourrais faire au royaume brisé : le sentiment que pas mal de fois l’auteur fait des clins d’œil aux lecteurs ayant lu les autres romans se déroulant dans le même monde (dans son futur si j’ai bien compris) en leur disant « vous voyez là vous avez la genèse de ce qui vient après ! »). Ce n’est pas gênant, mais n’ayant pas (encore vu comme j’ai aimé cette trilogie) les autres roman cela se voit un peu trop.
Mais que ce petit bémol ne vous empêche surtout pas de vous plonger dans cette trilogie qui met en scène des personnages en nuance de gris et qui développe un monde entre magie et technologie fort intéressant.

La Crécerelle

Premier roman, de Fantasy, de Patrick Moran publié chez Menmos, La Crécerelle conte l’histoire d’une sorcière, meurtrière qui a fait un pacte avec une entité d’hors le monde.
Se déroulant dans un monde de Fantasy, la Perle, flottant dans le chaos, le roman narre la vie de l’assassin nommée La Crécerelle. Pour avoir passé un pacte avec une entité d’hors le monde elle doit tuer pour lui, des victimes apparemment choisi au hasard et de plus en plus nombreuse. Laissant sur son chemin morts et souvent désolation, elle cherche par tous les moyens à se débarrasser de cette entité aux buts inconnus.
J’ai eu un peu de mal à rentrer dans ce roman, pourtant plutôt sympathique. Mais au final les explications sur les buts de l’entité et la manière dont la cosmogonie du monde créé est utilisée a fait que la seconde moitié du roman a finit par me happer et accélérer ma lecture afin de « savoir ».

Guns of the Dawn

Guns of the Dawn, roman d’Adrian Tchaikovsky, est un roman de guerre se déroulant dans un univers très dix-septième – dix-huitième siècle avec de petites touches de fantasy légère. (des magiciens dont la magie dépend du roi, quelques créatures semi-fantastiques).
Le contexte est celui de deux royaumes, Denland et Lascanne : le premier a subit une révolution « démocratique » et a éliminé sa lignée royale, le second est entré en guerre afin de sauver la royauté.
A partir de cette situation, le lecteur suit l’une des trois filles d’une famille noble sur le déclin, les Marshwic. Emily, car tel est son nom, voit d’abord les hommes de la famille être conscrits pour aller mener la bataille contre le Denland puis lorsqu’arrive une conscription féminine elle doit partir à la guerre. Le lecteur suit alors son parcours et les combats sur un front fait de marrais / jungles où toute victoire n’est que éphémère…
Tchaikovsky écrit bien et son roman est avant tous le récit d’une guerre et du changement d’un monde qui bascule dans la modernité. Guns of the Dawn est avant toute chose un roman de guerre et je regrette quelques longueurs dans la partie consacrée aux combats proprement dit. Il n’est reste pas moins un roman de qualité et j’ai passé un très bon moment durant mon écoute (livre audio oblige).

Semiosis

Premier roman pour Sue Burke, également journaliste, traductrice et autrice de nouvelles, Semiosis se présente comme le récit, sur plusieurs génération, de la colonisation d’une planète par un petit groupe d’humains ayant abandonné la Terre. Particularité de la planète, inconnu des colons bien sur : les plantes sont sentientes…

Se développe alors un récit, raconté par les différents colons générations après générations centré sur l’évolution de la colonie : de sa rencontre avec un bambou particulièrement intelligent vivant dans une cité construit par une race de colonisateur maintenant disparu. De l’évolution de la colonie, mais aussi de la relation avec la plante et peut-être le (re)découverte du destin des anciens colons….

Semiosis est un roman sympathique, bien écrit et avec une histoire intéressante. Ceci dit c’est aussi une grande déception. Les prémisse du livre laisse entrevoir des possibilités pour un roman ambitieux, une histoire passionnante mais aussi des réflexions sur d’autres formes d’intelligence, d’autres évolutions possibles. Et c’est là que le bas blesse, tous le monde n’est pas Le Guin ou Adrian Tchaikovsky et Semiosis pèche par au final un manque d’ambition dans sa réflexion.

Reste donc un roman sympathique mais qui déçoit un peu par ce qu’il aurait pu être.

Les avis de Gromovar et d’Apophis.

L’ascension de la maison Aubépine

Second roman de Aliette de Bodard se déroulant dans un Paris détruit par une guerre magique et dominé par des maisons contrôlées par des anges déchus, L’ascension de la maison Aubépine, lu en version original (anglais), est un bon roman qui se centre sur la maison Aubépine (après que le premier tome ait été centré sur la maison Flèche d’argent); le lecteur y retrouvera d’ailleurs certains personnages.
Multipliant les points de vue (une alchimiste retournant sous la coupe de la maison Aubépine, un immortel cherchant un moyen de ressusciter un ange, un dragon espion, la compagne d’un ange), le roman se centre sur le rapprochement entre la maison Aubépine et le royaume de dragons asiatiques cachés dans/sous la Seine.
Rongé par un trafic d’essence (des os d’anges réduits en poudre, permettant de manipuler une magie puissant mes drogues addictives aux effets mortels), faisant face à une rébellion, le royaume draconique n’a plus le choix et doit chercher des alliances s’il compte survivre. Un mariage avec le dirigeant de la maison Aubépine, le cruel et puisant Asmodeus, semble être le seul chemin possible….
Bien entendu derrière ce scénario se cache des intrigues plus vastes et/ou plus personnels. Le destin de plusieurs personnages va se croiser et déterminera le destin de la maison, qui pourrait bien chuter également, et celui du royaume draconique….
Avec L’ascension de la maison Aubépine Aliette de Bodard livre un roman haletant, qui se double d’une consécution d’un monde dangereux et séduisant : une vraie réussite. Il semblerait qu’un troisième tome soit en cours de rédaction, je ne peux que m’en réjouir….