La Fraternité du Panca III : Frère Kalkin

Frère Kalkin, troisième tome, sur cinq, de la Fraternité du Panca de Bordage (après Frère Ewen et Sœur Ynolde) continue la quête des membres de la fraternité pour reconstituer la chaine quinte qui permettra de sauver l’humanité de l’extinction qui la menace.

Ce troisième opus reprend les ingrédients des opus précédant : les trajectoires de plusieurs personnages (ici Frère Kalkin, l’assassin qui le poursuit, un équipage de vaisseau, une paysanne et une journaliste enquêtant sur la fraternité) qui finissent pas se croiser, un voyage qui semble impossible à l’autre bout de la galaxie (mais la technologie de voyage spatiale s’améliore de tome en tome), des planètes exotiques, des êtres aux pouvoirs qui semblent supra-humains.

Ainsi, si le livre est fort agréablement écrit et haut en couleur, il n’y a rien de nouveau : Bordage fait du Bordage. Il le fait très bien, mais Frère Kalkin ne révolutionne pas le genre.

L’avis (très similaire au miens) de Gromovar.

Utopiales 09

Utopiales 09 est une anthologie de nouvelles parue dans le cadre du festival éponyme. Elle propose six nouvelles de Robert Charles Wilson, Catherine Dufour, Walter Jon Williams, Pierre Bordage, Stéphen Baxter et Jean-Philippe Jaworski, ainsi qu’une préface de Ugo Bellagamba.

De manière générale les nouvelles proposées ici sont de bonnes factures même si je n’ai pas accroché aux nouvelles de Bordage et à celle de Baxter.

Williams propose une nouvelle uchronique intéressante sur ce qu’aurait pu être la vie d’Elvis si elle avait été politisée.

Jaworski, qui est avouons le la raison pour laquelle j’ai acheté ce recueil, propose une sympathique nouvelle sur le destin d’une épée magique dans les grandes steppes de Mongolie.

Dufour et Wilson proposent deux textes de bonne facture, mais j’ai beaucoup de mal avec la première et son texte à la sexualité trop affirmée et à mauvaise escient à mon gout. Le second produit un texte sympathique sur la vie d’un trentenaire divorcé mais j’ai trouvé la fin à base d’entités célestes un peu bizarre.

La préface de Bellagamba sur la vie numérique et la vie réel est très juste et fort plaisante à lire.

Donc, au final, un recueil fort sympathique vu son rapport qualité/prix/temps de lecture.

Rois et Capitaines

Rois et Capitaines est une anthologie de nouvelles de fantasy, contrairement à l’anthologie Dragons, paru également au mois de mai, que j’avais trouvé plaisante mais sans plus, Rois et Capitaines est un vrai petit bijou.

Sans rentrer dans le détail, les différentes nouvelles qui composent se recueil, sur les rois et les capitaines (donc beaucoup de récits de bataille) sont d’excellentes factures. Mes préférées sont les nouvelles de Jean-Philippe Jaworski, de Rachel Tanner, de Lionel Davoust et et de Thomas Day; mais les autres nouvelles du recueils sont tout aussi intéressantes à lire.

Le sommaire de cette incontournable de l’imaginaire français actuel est :

  • Claire & Robert Belmas, « Dans la main de l’orage »
  • Pierre Bordage, « Dans le coeur de l’Aaran »
  • Armand Cabasson, « Serpent-Bélier »
  • Lionel Davoust, « L’impassible armada »
  • Thomas Day, « La Reine sans nom »
  • Johan Heliot, « Au plus élevé trône du monde »
  • Julien d’Hem, « Le Crépuscule de l’Ours »
  • Catherine Dufour, « Le Prince des pucelles »
  • Jean-Philippe Jaworski, « Montefellòne »
  • Laurent Kloetzer, « L’Orage »
  • Maïa Mazaurette, « Sacre »
  • Rachel Tanner, « La Demoiselle »

Gromovar en dit également le plus grand bien sur son blog !

La fraternité du Panca II : Soeur Ynolde

Sœur Ynolde est le second tome de la pentalogie de la fraternité du Panca commencé avec Frère Ewen.

Ynolde est maintenant en possession de deux implants et doit partir à la recherche du troisième maillon de la chaine pentavique. Elle voyage poursuivie par les ennemis de l’humanité et au proie aux même doutes qui taraudaient son père. Sa quête occupe un chapitre sur deux du roman. Dans l’autre on suit les péripéties de Silf, un jeune assassin envoyé par sa hiérarchie afin de briser la chaine.

Honnêtement, le roman n’a rien d’original et Bordage ressasse ses thèmes de prédilection en suivant un canevas quasi similaire au premier tome. Pourtant, les talents de conteur et d’écrivain de Bordage font de Sœur Ynolde un roman fort agréable à lire, qui s’il n’est pas son meilleur fait néanmoins partie des bon romain de space-opéra de Bordage.

Son nom est personne

Son nom est personne est une nouvelle inédite de Pierre Bordage écrite pour le podcast gratuit utopod. C’est donc à une lecture, fort agréable, de la nouvelle qu’utopode nous convie.

La nouvelle narre, à la première personne, les aventures d’un voyageur temporel qui se rend à la rencontre du jeune Jules Verne afin de comprendre quelles sont les raisons qui l’on fait renoncer à s’engager comme mousse sur un navire et quitter l’Europe.

Bien écrite, portée par une voix féminine agréable et les talents d’écriture de Bordage, cette nouvelle permet de passer un excellent moment.

Liens :

Le lien vers l’épisode d’Utopode;
et, pour les plus fainéants, le lien directe pour télécharger l’épisode (faites « enregistrer la cible du lien sous »).

Chroniques des ombres – saison 1

Chroniques des ombres n’est pas un livre mais une série en podcast; un peu comme nos bonnes vielles sagas radiophoniques mais sur support digital (ici en MP3, avec une vidéo ou l’épisode est illustré par des dessins). J’avais découvert cela il y a déjà une petite année mais à l’époque des histoires de droit d’auteur chez Virgin m’empêchaient d’acheter la saga. Le problème étant aujourd’hui résolu j’ai pu avec bonheur requérir et écouter les 23 épisodes qui composent la première saison des Chroniques des ombres.

Et ma fois, c’est excellent. Tous d’abord les textes sont signés Bordage et j’adore Bordage, ensuite il ne s’agit pas d’une simple lecture mais bien d’une « radio-série », avec bruitages et différentes voix qui narrent et jouent les dialogues. L’histoire est également excellente et tourne autour des thèmes « bordagiens » habituels (fin du monde, technologie aliénante/libératrice, relations privilégiés/opprimés, sectes et sociétés secrétées, devenir de l’humanité, etc.) réinterprété une fois encore avec brio.

Nous sommes à la fin du XXIé siècle, suite à la troisième guerre mondiale le monde est divisé entre habitants des cités unifiées (reliés à un réseau grâce à des biopuces et protégés de la pollution extérieure grâce à des dômes énergétiques) et les habitants du pays horcite (hors-cité) qui survivent dans un environnement pollué et violent. L’histoire est centré sur deux groupes de personnages : un fouineur (inspecteur de police) de la ville de Paris qui enquête avec ses collègues sur de mystérieux assassinats de masse perpétrés par les ombres, des tueurs invisibles et insaisissables; et sur un guérisseur et une femme membres de deux clans du pays horcite.

Les histoires sont palpitantes et le seul reproche que je peux faire à la première saison des Chroniques des ombres c’est de ne pas avoir une fin claire. La saison s’arrête sur un épisode comme les autres et il faut pour le moment patienter pour avoir la suite et connaitre le fin mot de l’histoire. Mais que cela ne vous retiennent pas d’aller jeter une oreilles aux Chroniques des ombres; l’intégralité de la première saison (23 épisode des près de 15 minutes chacun) est en vente pour la modique somme de 20 euros sur le site de MP3minute.

De Brocéliande en Avalon

De Brocéliande en Avalon est une anthologie proposant des nouvelles réécrivant le mythe arthurien en le plaçant à l’époque contemporaine. La majorité des neuf nouvelles de ce recueil ont été créées spécialement pour l’occasion. Ces nouvelles sont, dans l’ensemble, excellentes et agréables à lire.
« Retour sous le hêtre », de Jean Millemann, voit un écrivain prendre des vacances à Brocéliande et rencontrer une mystérieuse femme qui va peu à peu faire revenir des souvenirs anciens à sa mémoire. Ou quand Merlin et Viviane reviennent au XXIe siècle.
« Lancelot aux enfers », de Adam Roy, est une farce absurde où Lancelot se retrouve propulsé dans notre siècle à la recherche de Guenièvre. Le tout alors que deux agents français, parodies de Mulder et Sculy, mènent l’enquête. Objectivement une bonne nouvelle, personnellement je ne l’ai pas appréciés énormément, la moins bonne du recueil.
« Près du mur », de Deirdre Laurin, propulse l’histoire d’amour de Morgane et d’Arthur dans un futur incertain où deux pays, l’un démocratique, l’autre totalitaire vivent une guerre froide. La situation des deux pays me fait penser aux deux Corées dans laquelle une histoire d’amour improbable, reflet du passé prend place.
« Locataires découpés », de Rachel Tanner, voit une vielle Morgane lutter pour ne pas être expulsé de l’immeuble parisien où elle est locataire. Une nouvelle où apparait Merlin et qui est écrite sur un ton comique.
« Owein », de Nathalie Dau, reprend des personnages moins célèbres de la toile arthurienne et les met face à leur mémoire et leur amour.
« L’île close », de Lionel Davoust, nous mène là où les mythes vivent : sur l’île d’Avalon. Là Arthur et ses chevaliers rejouent sans cesse le mythe. Et pour certains d’entre eux la révolte gronde, ils veulent que cela cessent. Une réflexion sur l’imaginaire humain et sur les variations du mythe arthurien.
« Le quadragénaire et la dame d’argent », de Megan Lindholm, met en contacte un descendant de Merlin et une vendeuse de lingerie travaillant dans un grand magasin. Et soudain la magie opère et le quotidien prend une autre saveur… à moins bien sur que tous cela ne soit que le fruit d’une imagination débordante.
« Fort 53 », de Pierre Bordage, rejoue la rencontre ratée entre Perceval et le Graal, sous fond d’une guerre de tranché entre l’Europe chrétienne et le monde musulman. La fin de la guerre est-elle possible ?
« Désaccordé (Tuned in DAGDAD) », de Léa Silhol, pose une nouvelle pièce dans la toile qui éclaire les actions des cours féériques et des anges déchus sous un autre jour tout en étant totalement compréhensible en soi. Perceval, Galhad et Bohort reviennent aujourd’hui, Galhad souhaite vivre sa vie et est devenu un musicien, alors que ses deux compagnons souhaitent reprendre la quête. Sur le coup je suis partiale, j’adore Silhol, mais c’est selon moi la meilleur nouvelle du recueil.
Une bibliographie commentée du mythe arthurien clôt l’anthologie.

La fraternité du Panca I : Frère Ewen

Ewen vit une vie heureuse avec sa femme enceinte et sa fille dans les montagnes de la planète où il a décidé de s’installer. Mais voila Ewen est un frère du Panca, une fraternité mythique reparti dans l’univers dont le but est la sauvegarde du genre humain. Un jour, à travers un implant cérébrale, Ewen est appelé, il doit quitter son monde pour en rejoindre un autre, distant de 80 ans de voyage, afin de donner son implant à un autre frère pour constituer le premier maillon de la mythique chaine quinte. Car l’humanité est en danger.

Au même moment, Olem, un jeune garçon quitte avec sa famille son village pour un voyage qui doit le mener dans le même système qu’Ewen. Son chemin semé d’embuches lui fera rencontrer l’amour, la belle Sayi, et frère Ewen.

Ce space-opèra de Bordage qui alterne deux focus de narration (Ewen et Olem) n’est pas en soi original; en effet Bordage ne fait que raconter encore et toujours la même histoire : une menace universelle sur la race humaine, un héro improbable qui doit se mettre en quête pour la contrer, une vision humaniste de l’expansion de la race humaine. Et pourtant, Bordage est un tel conteur, propose une vision si chatoyante de l’univers, que son roman se lit avec délice et plaisir. C’est d’ailleurs le premier d’un cycle qui en contiendra 5.

La trilogie vendéenne

La trilogie vendéenne, L’enjomineur 1792, 1793, 1794 de Bordage revisite l’histoire française en y entremellant du fantastique, un peu à l’image de ce qu’a réalisé Orson Scott Card avec son cycle d’Alvin le faiseur.

On y suit plusieurs personnages dont les destins se croisent et s’influencent. Les deux principaux vont faire un chasser croiser durant les trois ouvrages.

Emile, jeune homme abandonné enfant et élevé de le bocage vendéen par un curé éclairé. Celui que l’on dit fils de fée, traquera l’esprit du mal de la Vendée à Paris. Il cotoyera les êtres de la lune, et les suppôts du soleil, les membres de la société secrete des adorateurs de Mitra.

Cornuaud est une brute, engagé comme matelot sur un navire de la traite, il est ensorcelé par une esclave. Un démon a pris possession de lui qui le pousse à tuer les blancs. Cornuaud tracera son chemin de Nante au bocage de la Vendée, en passant par Paris laissant dernière lui une trainée de cadavres. Servant tours à tours sous les couleurs monarchistes et républicaines, il poursuivra sa quête pour sa survie et peut-être sa rédemption.

Si le premier volume se déroule principalement en Vendée et est teinté d’un légère optimiste, le deuxième opus (centré sur Paris) et le troisième (retour en Vendée) s’enfonce peu à peu dans la Terreur. La folie des hommes est présentées de longs en large, que se soit à travers des horreurs de la répression parisienne ou nantaise, ou dans la tourmente du conflit vendéen. Mais au final cette trilogie reste, à mon sens, la meilleur de Bordage depuis les guerriers du silence. Une fresque historique et humaniste, qui montre ce que l’homme peut de pire et de meilleurs.

Porteurs d’âmes

J’aime beaucoup les livres de Pierre Bordage, ils oscillent en général entre de grandes fresques colorées et des histoires crasses encrées dans un présent légèrement avancé dans le temps. Mais ses livres sont emprunt d’un humanisme fort et, en général, contienne toujours une lueurs d’espoir, même faible, pour le genre humain.

Porteurs d’âmes fait partie de la deuxième catégorie, celle des histoires crasses. A Paris, dans un futur qui pourrait être demain, nous suivons l’histoire de trois personnages : Edmé un inspecteur de la crim’ désillusionné et à bout de souffle, Léonie une jeune libérienne, clandestine et esclave sexuelle récemment auto-libérée, et Cyrian un jeun étudiant de bonne famille qui est sur le point de rejoindre la confrérie des Titans, un groupuscule composé de « l’élite de la France ».

Ces trois personnages vont évoluer et se croiser autour de trois intrigues, bien entendu entremêlées : un charnier découvert dans la Marne, une machine qui permet de faire embarquer son âme comme « passager clandestin » dans une autres personne, et la quête de liberté et d’émancipation de Léonie. Le tout sur fond d’extrême droite toute puissante et de corruption moral et financière de l’administration rampante.

Porteurs d’âmes montre ce que pourrait devenir l’Europe si elle laisse cours aux parties les plus sombres de son âme; mais le roman porte égallement en lui le germe de l’espoir, l’humain possède égallement en lui les capacités d’aimer et de comprendre son prochain, capacités qui seront peut-être notre salvation. Un roman dur, donc, mais qui ouvre des pistes de réflexion intéressantes, même si, à mon sens, ce n’est pas le meilleur qu’aie écrit Bordage.